Traité des ordres, Manuscrit O1 (présenté à Louis XV le 2 août 1719)
Publié sous la direction de Robert Carvais
Édité par Guillaume Fonkenell, Joëlle Barreau, Béatrice Gaillard, Gabrielle de Roincé
modélisation XML-TEI : Emmanuel Château
encodage : Emmanuel Château
transcription : Joëlle Barreau
première édition électronique, 2008-2013, version bêta
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Extrait du Xe registre des conférences
de l’academie royale d’Architecture
 

du lundy 8 mars 1779
M. Sedaine, secrétaire, a présenté a l’académie assemblée, un ouvrage manuscrit de M. Desgodets (intitulé Traité des ordres d’architecture) qui paroit fait de sa main et sous ses yeux, ainsi que le prouve particulièrement une note de sa main, (qui est à la fin de l’Épitre dédicatoire) par laquelle il dit que cet ouvrage a été présenté à Louis XV le 2. aoust 1719, lorsquil honora l’académie d’architecture de sa présence. et par le respect que l’académie a pour la mémoire d’un de ses anciens professeurs, elle authorise M. Sedaine à en faire l’achat pour être mis dans sa bibliothèque.
 
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Au roy.
Sire,
C’est un heureux présage pour ce traité des ordres d’architecture d’avoir l’honneur de paroistre devant le plus grand Roy
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du monde, en ce jour que Vostre Majesté honore l’académie d’architecture de sa Royale présence, destiné qu’il est à faire connoistre les principes et les premiers élémens de la plus noble partie de l’architecture aux jeunes amateurs de cet art, il ne le peut faire avec plus de succès qu’en servant de leçons aux élèves de cette académie dont Vostre Majesté m’a fait l’honneur de me nommer professeur ; ce traité Sire pour estre util a besoin de la protection de Vostre Majesté, j’espère qu’elle m’acordera cette grâce, estant avec un très profond respect et tout le zèle possible,
Sire
de vostre majesté
le très humble très obéissant
très fidèle et très soumis serviteur et sujetantoine desgodetz.
Ce traité des ordres d’architecture a esté présenté au Roy Louis quinze le 2e aoust 1719 entre onze heures et midi lorsque Sa Majesté honora l’académie d’architecture de sa présence.
Changement de main
Annotation au bas de l’épître dédicatoire. L’écriture est de plus petit module et plus relâchée, mais il peut aussi s’agir de la main de Desgodets. en dessous à gauche
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Traité
des
ordres
d’architecture par
Antoine Desgodetz architecte du Roy

Préface

Entre les différentes parties qui composent l’architecture, la connoissance des ordres est comme la base de celle que l’on nome la beauté, qui sert à orner et décorer les édifices tant par le dehors que par le dedans ; ce qui dépend d’une certaine proporsion que le tout a avec ses parties, et que toutes les parties ont entr-elles, et quoy qu’il n’y soit pas toujours employé des colonnes n’y des pilastres et que les corniches et autres parties d’architecture dont on se sert pour orner ne soient pas partout précisement les mêmes que ce qui en décrit pour les ordres , néanmoins les parties d’une même chose doivent avoir du rapport et de la proportion entr-elles et estre d’un même genre ; il ne conviendroit pas par exemple de mettre à un même étage d’une fassade ou dans une même salle ou autre pièce, des parties d’un caractère rustique avec d’autres d’un caractère délicat, la différence qui si rencontreroit feroit une disproportion qui choqueroit le bon sens qui n’approuve et ne se plaist que dans l’armonie et la régularité, au lieu que si toutes les parties sont d’un même goust rustique dans un endroit où il convient, il ne laira pas que d’y avoir une beauté qui se poura comparer à une autre dont les parties seront d’un goust plus délicat, le tout consiste à bien connoistre la nature de chaque chose dans les édifices que l’on veut décorer, et quand même on les feroit tout simple, l’arangement, la simétrie, et la proportion que l’on y observeroit ne laisseroit pas que de plaire.
Dans cette pencé je me suis étudié à chercher les véritables caractères et les justes proportions des ordres d’architecture, tant par ce qui nous reste des édifices antiques en France et en Italie, desquels j’ay fait un recueil des plus beaux de ceux qui sont à Rome, qui est entre les mains du publique depuis plusieurs années, que dans ce qui est rapporté par les auteurs qui ont écrit de l’architecture et dans tout ce que j’ay pû voir d’édifices modernes parmi lesquels il y en a beaucoup qui méritent d’estre estimez ; et, ce que j’en ay pû apprendre aussi dans les conférences de l’académie d’architecture où j’ay l’honneur d’estre admis avec messieurs les architectes du roy ; après quoy je me suis déterminé à en faire des desseins et les mettre dans l’ordre d’un livre pour m’en servir et savoir à quoi m’en tenir lors qu’il se présentera occasion de les exécuter ; je me donneray néanmoins bien de garde d’avoir la présompsion de croire avoir mis les ordres d’architecture dans leur perfection et je suis très persuadé que
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l’on peut beaucoup mieux les traiter que je n’ay fait, je les ay seullement mis jusqu’où j’ay pû atteindre et j’y ai fait tout de mon mieux.
Pour donner une idée généralle de cet ouvrage, l’on sera averti qu’après avoir déterminé les proportions de chacune des principalles parties de chaque ordre j’en ay fait des desseins et des profils en grand ensorte que la veue en pû estre contente en les comparant avec ce que j’ay remarqué de plus beau dans les édifices antiques et modernes qui m’ont servi de modèles ; j’ay ensuite cherché les proportions que chaques parties en détail avoient entr-elles et avec leur tout, pour pouvoir marquer les mesures certaines de chacune ; ce que j’ay fait en deux manières. Premièrement en divisant toute la hauteur de chaque ordre en un certain nombre de parties égalles pour avoir les hauteurs des piédestaux, des colonnes et des entablemens, redivisant ensuitte chacune de ses hauteurs en une autre quantité, et allant de suitte de subdivision en subdivision jusqu’à ce que je sois parvenu à la mesure de chaque petites parties, ce qui est expliqué le plus clairement que j’ay pû dans les discours que j’ay fait sur chaque dessein. Par la seconde manière j’ay divisé le diamètre du bas des colonnes en deux modules et chaque module en trente parties ce qui fait soixante parties pour tout le diamètre entier et ces parties m’ont servi à mesurer tous les membres de chaque ordre comme je les ay cottez en chiffres sur les desseins, je les ay fait cadrer le plus justement qu’il m’a été possible avec les divisions de la première manière, ce qui a fait que les parties du module ne pouvant pas venir précisement par des unitées aux divisions de tous les membres j’y ay mis les fractions nécessaires. Cette seconde manière est beaucoup plus aysé dans la pratique que la première pour toutes sortes de personnes, mais la première montre mieux les proportions que tous les membres ont entr-eux.
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Traité des ordres
d’architecture[Livre 1er]

Chapitre I.
Des profils des moulures et des colonnes

Avant que de décrire les ordres il est à propos de connoistre et savoir la manière de tracer les parties qui les composent et qui leurs sont communes à tous. Je commenceray par les moulures lesquelles sont de sept espèces ; la première espèce sont les carrées qui sont de plusieurs sortes, l’on nomme larmier celle qui est la plus grande et la plus saillante aux corniche, qui le plus souvent est recreusé par le dessous ; fasse ou bande est une moulure carrée haute et peu saillante, on la nomme plinthe lors qu’elle sert de couronnement et qu’il n’y a point d’autre moulures au-dessus ; on nomme aussi plinthe le carré qui est au bas des bases, et on nomme socle un autre grand carré qui est encore au-dessous ayant peu de saillie ; les petites moulures carrées se nomment filets, on les nomment listeaux lorsqu’ils servent de couronnement et qu’ils n’ont point d’autres moulures par le dessus. La seconde espèce de moulures sont les rondes que l’on nomment tores lors qu’elles sont grosses et astragales lors qu’elles sont petites. La troisiesme espèce sont les demy rondes qui n’ont que la moitié d’un tore, on les noment oves lors que leur saillie est par le haut, et carderond quand leur saillie est par le bas. La quatriesme espèce sont les creuses que l’on noment scoties, on nomment canneaux celles qui sont autours des colonnes ou pilastres et les filets entre deux canneaux se nomment costes. La cinquiesme espèce de moulures sont les demi creuses qui n’ont que la moitié des scoties, on les nomment cavets droits lors que leur saillie est par le haut et cavets renversez quand la saillie est par le bas ; les cavets qui se joignent dans le fond avec une fasse droite se nomment congé. La sixiesme espèce sont les doucines lesquelles sont formées d’un ove et d’un cavet qui se touchent au milieu et touchent aussi les lignes paralelles du haut et du bas par leurs extrémitez, on nomme doucine droitte celle dont la saillie est par le haut et doucine renversée quand elle est en enbas. La septiesme et derniere espèce de moulures sont les talons qui sont aussi formez d’un ove et d’un cavet qui se touchent au milieu mais à contre-sens des doucines en ce qu’ils coupent les lignes paralelles du haut et du bas, ils se nomment talons droits ou talons renversez suivant leur position comme les doucines.
Il faut considérer les moulures en deux sortes de situations, savoir celles qui sont proche de la veue et celles qui en sont esloignez et selon ces deux situations leur profil doit estre différent. Les moulures qui sont proche de la veue doivent estre plus formées affin de satisfaire à l’œil par un contour agréable et le profil doit estre plus doux c’est à dire plus plat à celles qui sont esloignez de la veue, ce qui se doit entendre seullement des six dernieres espèces de moulures, par ce que la grande distance rend leurs ombres plus secq et les confond avec les carrées lors que leur profil est trop formé, ce qui n’arive pas si tost quand leur contour est plus plat en faisant leurs ombres plus doux que les ombres des moulures carrées, pour cette raison je donneray deux manières pour tracer leur profil ; et à l’esgard des moulures carrées leur fasse doit toujours estre à plomb et leur saillie de niveau.
Premiere maniere, pour tracer le profil des moulures proche de la veue
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Chiffre en marge (uniquement aux pages texte 2-3 et 5) permettant de se reporter au dessin de la moulure que le paragraphe décrit.
Le premier dessein de ce chapitre est pour les moulures qui sont proche de la veue, où je commenceray par les tores des bases dont la saillie est plus de la moitié de leur hauteur ; il faut décrire le carré ABCD de toute la hauteur, mener la diagonale AC, couper le costé du bas en deux au point E, marquer la saillie BF sur le costé du haut, mener la ligne EF, tracer la ligne à plomb FG coupant le costé AD en H, diviser la ligne FH en deux au point I et la ligne FE en deux au point L, prendre FM égale à FL, et partager IM en deux au point N, tracer la ligne de
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niveau NO coupant la diagonale en P, prendre FQ égale à OP, mener la ligne PQ et trouver le point G sur la ligne FMG égallement distant des points PQ, mener la ligne GP prolongée vers S ; ensuitte du centre P et de l’intervale PO décrire l’arc de cercle EOS, puis du point G et de l’intervale GS décrire l’arc SF, qui touchera le premier arc en S et la ligne de dessus en F, ce qui formera le profil du tore dont la démonstration est facile.
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Pour tracer le profil des astragales des bases et du haut des colonnes et généralement de tous les autres astragales qui n’ont point d’autre moulures plus saillante par le dessus, il faut mener la ligne aplomb AB à l’extrémité de la saillie, en diviser la hauteur en deux en C, tracer la ligne de niveau CD et prendre CD égale à la moitié de AB, mener la ligne aplomb EDF et du centre D et de l’intervale DC décrire le demi cercle ECF, touchant les lignes du haut et du bas aux points EF, pour former avec les portions de lignes droitte le profil de l’astragale.
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Le profil des astragales des corniches, architraves, impostes et archivoltes, qui sont proches de la veue se tracera comme il est dit cy dessus avec cette différence que le contour du cercle se continura en dessous jusqu’à la rencontre de la fasse du fillet GH.
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Pour tracer le profil des oves proche la veue, il faut mener la ligne aplomb AB de l’extremité du bas laquelle soit de toute la hauteur de l’ove, puis du centre A et de l’intervale AB décrire le quart de cercle BC, qui fera le profil de l’ove ; le profil des carderond ou oves renversez se fera de même.
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Pour tracer le profil des scoties des bases dont le filet du haut est moins saillant que celui du bas, il faut mener la ligne AB de l’extrémité d’un filet à l’autre et la ligne aplomb du fond CD de la hauteur de la scotie et l’autre ligne aplomb BE à l’extrémité de la saillie du bas, prolonger la ligne de niveau du haut CA jusqu’à la rencontre de la ligne BE en F, diviser AB en deux au point G, prendre BH et DI égales à BG, mener HI, couper BF en deux au point L, diviser LH en deux en M, prendre IN égale à BM, trouver le point E sur la ligne BE égallement distant des points M N et le point O sur la ligne HI égallement distant des points IA ; et mener la ligne EN prolongée vers P, ensuitte du centre O et de l’intervalle OA décrire l’arc AI, puis du centre N et de l’intervalle NI décrire l’arc IP, et du centre E de l’intervalle EP décrire l’arc PB ; ce qui formera le profil de la scotie.
paragraphe « tâché » par l’encre non encore sèche d’un autre texte posé sur la feuille (on devine quelques lettres ), sans réellement géner la lecture du texte même.
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Pour tracer le profil des cavets tant droits que renversez proche de la veue, leur saillie estant égale à leur hauteur ; il faut décrire le carré ABCD contenant la saillie et la hauteur ; en suitte de l’angle de dehors A et de l’intervalle de l’un des costez AB tracer le quart de cercle BD, qui fera le profil des cavets.
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Pour tracer le profil des congez proche de la veue, il faut mener les deux lignes aplomb RV, ST au fond et à l’extrémité de leur saillie, diviser la saillie RS en sept, prendre la hauteur ST égale à neuf de ces parties, mener la ligne de niveau TY, prendre RV, TX chacune égale à six des mêmes parties, prendre le point Y sur la ligne TY égallement distant des points VX, et mener la ligne YV prolongée en Z, puis du centre V et de l’intervale VR tracer l’arc RZ, et du centre Y et de l’intervale YZ tracer l’arc ZT, qui touchera le premier arc en Z et la ligne ST en T, ce qui formera le profil du congé.
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Pour tracer le profil des doucines tant droittes que renversées proche de la veue ; ayant déterminé la hauteur et la saillie, il faut mener la diagonale CD suivant la pente de la saillie, tracer les lignes aplomb CB, DA, diviser la diagonale CD en neuf, en prendre cinq parties vers la saillie D, et quatre vers la naissance C, au point E, partager ED, EC chacune en deux au point F, G, et d’iceux points tracer les lignes FA, GB, perpendiculaires à la diagonale, rencontrant les lignes aplomb DA au point A, et CB au point B, mener la ligne AB qui passera par le point E ; puis du centre A et de l’intervale AE décrire l’arc DE, et du centre B de l’intervale BE décrire l’arc EC, lesquels se toucheront au point E, et formeront le profil de la doucine.
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Pour tracer le profil des talons tant droits que renversez proche de la veue ; ayant mené la diagonale AB suivant la pente de leur saillie, couper AB en deux au point C et chacune des parties CA, CB aussi en deux aux points D, E, par lesquels on mènera les lignes DF, EG perpendiculaires à la diagonale, rencontrant les lignes de niveau du haut et du bas aux points G, F, et tracer la ligne GF, qui passera par le point C, puis du centre F et de l’intervale FC décrire l’arc CA, et du centre G de l’intervale GC décrire l’arc CB, lesquels se toucheront en C, et formeront le profil du talon.
Il sera aysé de démontrer que toutes les règles pour tracer les profils cy dessus sont géometrique.
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Profils des moulures qui sont élevées et esloignées de la veue
Le second dessein du premier chapitre est pour les moulures qui sont beaucoup élevées et éloignées de la veue ; je n’ay point reperé sur ce dessein les profils des tores ny des scoties par ce qu’ils se trassent toujours suivant les règles expliquées au dessein précédent, avec cette différence que plus ils sont élevez et moins ils doivent avoir de saillie.
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Le profil des astragales élevez est aussi le même qu’il est expliqué au dessein précédent pour les astragales des bases, et du haut des colonnes, ou le contour de l’arc de cercle ne doit point remonter en dessous vers le filet.
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Pour le profil des oves éloignez de la veue, il faut mener la diagonale BC suivant la pente de la saillie et sur icelle décrire en dedans, le triangle équilatérale CAB, puis du centre A et de l’intervale AB tracer l’arc BC, qui formera le profil de l’ove.
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Pour tracer le profil des cavets éloignez de la veue, il faut mener la diagonale BC, suivant la pente de leur saillie et sur icelle décrire le triangle équilatérale BAC en dehors, et du centre A et de l’intervale AB décrire l’arc BC, qui fera le profil du cavet.
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Pour tracer le profil des congez éloignez de la veue, il faut diviser leur saillie GH en deux parties et faire la ligne aplomb du fond HI égale à trois de ces parties, mener la ligne de niveau IL et la diagonale GI, qu’il faut partager en deux en M et mener MI, perpendiculaire à GI, rencontrant la ligne de niveau IL au point L, puis du centre L et de l’intervale LG décrire l’arc GI, qui touchera la ligne aplomb HI et formera le profil du congé.
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Le profil des doucines éloignées de la veue se fera en menant la diagonale AB suivant la pente de leur saillie, et l’ayant divisé en neuf, il faut prendre le point C qui laisse cinq parties vers la saillie A et quatre vers la naissance B, puis sur AC décrire le triangle équilatérale ADC en dehors, et sur CB le triangle équilatérale CEB en dedans, les deux costez des triangles DC, CE feront une ligne droitte, puis du centre D et de l’intervale DC décrire l’arc AC, et du centre E et de l’intervale EC tracer l’arc CB, les quels arcs se toucheront en C, et formeront le profil de la doucine.
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Pour tracer le profil des talons éloignez de la veue, il faut mener la diagonale AB suivant la pente de leur saillie la diviser en deux au point C, et décrire les deux triangles équilatéraux ADC, CEB, l’un en dedans l’autre en dehors, puis du centre D et de l’intervale DC tracer l’arc AC, et du centre E et de l’intervale EC tracer l’arc CB, les quels arcs se toucheront en C et feront le profil du talon.
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Problème servant à trouver la ligne du contour de la diminution des colonnes
Mon intention estant de donner dans le dessein suivant les règles pour tracer le contour du profil de la diminution des colonnes, il est à propos d’en donner auparavant l’inteligence par ce problème. Soit le point donné A sur la ligne AB et le point C elevé au-dessus de ladite ligne, il faut trouver d’autres points entre A, C qui soient sur la circonférence d’un arc de cercle passant par iceux points dont le centre soit sur la ligne droitte AB.
Soit mené la ligne droitte AC, coupée en deux égallement au point D, duquel on mènera la ligne DE perpendiculaire à AC, et du point soit tiré la ligne AF perpendiculaire à AB, soit divisé l’angle FAD en deux également par la ligne AG, coupant la ligne DE en G, le point G sera sur la circonférence d'un arc de cercle passant par les points AC dont le centre sera sur la ligne AB.
Pour le démontrer soit prolongé la ligne ED jusqu’à ce quelle coupe la ligne AB au point B, et soit mené la ligne BC ; dans le triangle rectangle GAD les deux angles DGA, GAD ensemble sont égaux et un angle droit, c’est-à-dire aux deux angles FAG, GAB ensemble, si on oste les deux angles FAG, GAD qui sont égaux, il restera les deux angles GAB, AGB esgaux entre-eux, donc le triangle ABG est isosel et le costé AB est égale au costé GB ; à present les deux triangles rectangles ADB, CDB ont les costez AD, DC esgaux et le costé DB commun, les autres costez AB, CB sont aussi esgaux et les trois lignes BA, BG, BC estant égales, B sera le centre de l’arc de cercle passant par les points AGC.
On trouvera de même d’autres points sur la même circonférance, menant la ligne GC, et divisant les lignes AG, GC chacune en deux également aux points H, I et menant les lignes HL, IM perpendiculaire à icelles, en suitte divisant l’angle FAG en deux également par la ligne AL coupant la perpendiculaire au point L et faisant IM égale à HL, les points L, M seront sur le même arc de cercle AGC suivant ce qui vient d’estre démontré.
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Description
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Observation sur la diminution et le renflement des colonnes
Les colonnes se font plus menues par le haut que par le bas, ce que l’on nomme diminution ; Vitruve donne la règle de cette diminution au second chapitre de son troisiesme livre, où il dit que les colonnes de quinze pied de haut doivent estre diminuées par le haut d’un sixesme (sic) du diamètre du bas et celles de cinquante pieds d’un huitiesme seullement et les autres à proportion. J’ay observé aux colonnes antiques que j’ay mesuré qu’il y a une grande différence dans leur diminution du haut, quelqu’unes estant diminuées d’un cinquiesme du diamètre du bas et d’autres ne sont diminuées que d’un dixziesme (sic) et mesme d’un douziesme quoy qu’aprochant de même hauteur ; cependant la règle de Vitruve est trop judicieuse et on ne sauroit que bien faire en la suivant généralement dans tous les ordres ; on observera que les colonnes des ordres inférieurs estant plus courtes que les autres à proportion de leur grosseur paroistront plus diminuées que celles des ordres supérieurs quoy qu’elles le soient également.
À l’esgard du renflement des colonnes l’on remarquera sur ce que dit Vitruve au même second chapitre de son troisiesme livre de l’acroissement que l’on adjoute au milieu des colonnes qui est nommé renflement, qu’il marque présisement que c’est au milieu et non pas au tiers, ce qui se doit entendre qu’ayant mené une ligne droitte de l’extrémité du diamètre du bas à l’extrémité de celui du haut on adjoutera
en dessous
quelque chose en dehors au droit du milieu de cette ligne, ce qui fera que le profil du contour de la colonne sera renflé par raport à cette ligne droitte, mais pour cela la colonne ne laira (sic) pas que d’estre toujours plus grosse par le bas que par aucun autre endroit de sa hauteur. Suivant cette remarque et par les observations que j’ay fait sur le renflement des colonnes antiques dont je n’en ay trouvé aucune qui fut plus grosse au tiers de leur hauteur que par le bas, et j’ay trouvé que celles que l’on estime les plus belles ont le contour de leur diminution fait par une portion de cercle qui commence à diminuer dez le bas, je connois que la diminution des colonnes se doit faire dez le bas, et j’ay cherché une règle aisé pour trouver plusieurs points sur un arc de cercle passant par les extrémitéz des diamètres du bas et du haut dont le centre soit sur la ligne de niveau du bas, sans qu’il soit besoin d’avoir d’autre espasse que de la hauteur et grosseur de la colonne que l’on veut tracer, ainsi qu’on le peut voir par la colonne cottée 1, au troisiesme dessein de ce premier chapitre.
Regle pour tracer le contour ou profil de la diminution de la colonne par un arc de cercle
Ayant tracé l’axe de la colonne AB, cotté 1, de la longueur qu’elle doit estre et les diamètres du bas et du haut CD, EF, aux naissances des congez, on mènera la ligne droite CE suivant la diminution, et la ligne CG paralelle à l’axe AB, l’on divisera CE en huit parties égales aux points H I L M N O P, et on mènera les lignes PY, OX, NV, MT, LS, IR, HQ, paralelles aux diamètres, ensuitte diviser la partie de la paralelle du milieu MT, et les parties des autres paralelles vers le bas NV, OX, PY, entre les lignes CG, CE, chacune en huit, et sur la paralelle du milieu MT prendre le point qui laisse quatre parties vers M et quatre parties vers T, sur les trois autres paralelles du bas prendre cinq parties du costé de N et en laisser trois vers V, prendre six parties du costé de O et deux vers X, prendre sept parties du costé de P et en laisser une du costé de Y ; puis sur les paralelles du haut prendre les distances égales à celles des points trouvez sur les paralelles du bas au-delà de la ligne CE, c’est-à-dire que la distance sur la paralelle de L soit égale à celle de N, la distance de I égale à celle de O, et la distance de H égale à celle de P ; les points ainsi trouvez seront sur l’arc de cercle qui formera le profil du contour de la colonne.
La figure à costé sur le même dessein est pour servir de démonstration, où la paralellle du milieu et les trois autres du bas entre les lignes CE, CG estant divisées chacune en huit, le point 2 est la moitié de MT, ayant mené la ligne 2C l’angle MC2 se peut dire estre égale à l’angle 2CT ; le point 4 est aussi la moitié entre les lignes 2C, TC, ayant mené la ligne 4C, l’angle 2C4 est égale à l’angle 4CX ; le point 5 est aussi la moitié de la paralelle entre les lignes 4C, XC, et la ligne 5C coupe l’angle 4CX en deux ; les points 3 et 5 sont également distans de la ligne 2C ; et ayant fait L6 égale à N3, I7 égale à O4, et H8 égale à P5, les points E 8 7 6 2 3 4 5 C sont sur un même arc de cercle dont le centre est sur la ligne CD ainsi qu’il est demeuré par le problème du dessein précédent.
Si la colonne estoit grande on pouroit diviser la ligne de diminution EC en seize parties égales et mener des paralelles par tous les points de division et diviser aussi les paralèles entre la ligne de diminution EC et la ligne à plomb GC depuis celle du milieu jusqu’en bas chacune en seize puis à compter de la ligne de diminution CE prendre huit parties sur la paralelle du milieu, neuf parties sur la paralelle ensuite en decendant, dix parties sur l’autre, onze sur celle qui suit, douze sur celle d’après, treize à celle d’ensuitte, quatorze à l’autre, et quinze sur la dernière du bas, et prendre les mêmes distances sur les paralelles en remontant au-dessus de celle du milieu, à compter toujours de la ligne de diminution CE, observant de faire les distances égales sur les paralelles également esloignées de celle du milieu, tous les points ainsi trouvés seront sur le même arc de cercle. On pouroit de même faire les divisions en trente deux pour avoir les points plus prés après (sic).
Autre maniere pour tracer le contour de la diminution de la colonne par une ligne concoyde suivant la regle de Vignole
Pour tracer le contour de la colonne par une ligne concoyde dont le centre soit sur la ligne de niveau du bas, on le fera aussi dans l’espace de la grandeur de la colonne par une métode qui a esté enseigné par Mr de La Hire. Ayant tracé l ‘axe de la colonne AB cotté 2, et le diamètre du bas CD, et celui du haut EF, mener la ligne CG paralelle à l’axe, prendre la grandeur du demi diamètre du bas CD, et du point E à l’extrémité du diamètre du haut comme centre décrire une portion de cercle coupant l’axe au point H, mener la ligne HE et la prolonger jusqu’à ce qu’elle coupe la ligne CG en G, soit divisé la ligne HB en autant de parties égales que l’on voudra aux points I, et la ligne CG en même nombre de parties égales que HB aux points L, soit menez les lignes LI, sur les quelles lignes il faut faire toutes les distances IO à compter de l’axe égales au demi diamètre BC ; les points EOC seront sur la ligne concoyde qui fera le contour de la diminution de la colonne dont le centre sera sur la ligne de niveau du bas CD prolongée.
En l’une et en l’autre de ces deux métodes on fera ployer une règle de bois mince suivant tous les points trouvez pour servir à tracer la ligne du contour ou profil de la diminution de la colonne.
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Description
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Regle pour tracer les colonnes torses
Quoy que les colonnes torses ne soient point dans la régularité des ordres d’architecture en ce qu’elles paroissent trop grosses par raport à leur hauteur et qu’elles seroient aussi trop menues si on les redressoient, outre qu’elles n’ont pas l’air de solidité que doivent avoir des colonnes qui portent un entablement ; néamoins comme on s’en sert quelque fois dans les décorations et même à des ouvrages plus sérieux ne leur faisant porter que des entablemens mutilez, qui le plus souvent ne sont que des corniches architravées par une licence qui ne se doit faire qu’avec beaucoup de prudence ; j’ay crue devoir donner une règle pour les tracer et une métode pour les tailler, ainsi qu’il va estre expliqué sur le quatriesme dessein de ce premier chapitre.
Ayant tracé une colonne droitte cotte 1. de la hauteur que l’on veut faire la torse dans la proportion de l’ordre que l’on y doit employer, qui ne peut pas estre moins inférieur que l’ionique, il faut diviser la hauteur entre les congez du haut et du bas en douze parties égales par les lignes paralelles EF ; pour faire le profil de la fasse de la colonne torse
en dessous
, coupant les costez de la colonne droitte aux points EF, diviser le diamètre du bas AB en sept parties égalles et de tous les points E descrire les sections de cercles G de l’intervale EG égales à quatre des parties du diamètre du bas, alternativement en dedans et en dehors de la colonne, et des points F et du même intervale tracer les sections H aussi alternativement opposées aux sections G, puis mener les lignes GG passant par les points E, et les lignes HM passant par les points F, et des points G, H décrire les arcs de cercle EE, FF se touchants aux points E, F, alternativement en dedans et en dehors, et à l’égard des naissances des circonvolutions du bas et du haut de la colonne ; pour les arcs concaves BF, CE leurs centres se trouveront par les sections I, L, du mesme intervale que les autres, mais pour les arcs convexes oposez, il faut prendre les points M, N, distans des points A, D, des deux tiers de la hauteur des congez joignants, et partager EM en deux en P, et NF en deux en Q, mener les paralelles PO, QR, prolonger les lignes GE, HF jusqu’à la rencontre de ces paralelles en O, R, et du point O et de l’intervale OE tracer l’arc ME, et du point R et de l’intervale RF décrire l’arc FN, puis tracer d’autres petits arcs dont les centres soient sur les diamètres AB, CD, prolongez, touchans les congez et les arcs ME, FN.
L’on tracera de la même manière la colonne torse d’un autre sens, par exemple, sur l’une des diagonales du plinthe de la base ; toute la hauteur estant divisé en douze parties, l’on prendra les trois quarts d’une de ces parties par le bas pour la première paralelle EF, à la colonne cottée 2, laisant (sic) l’autre quart par le haut entre la dernière paralelle et le congé, on tracera les sections G et H, pour avoir les centres des arcs EE, FF, comme il est expliqué cy dessus, et pour les naissances du bas et du haut , aux costez concaves, on divisera les hauteurs FB, FD, chacune en deux également aux points S, T, d’où l’on mènera les paralelles SI,TL et l’on tracera les lignes HFI, HFL, rencontrant lesdites paralelles aux points I, L, qui seront les centres des arcs FB, FD que l’on continura au lieu des congez vers les listeaux du haut et du bas ; et pour les naissances convexes, il faut prendre les points M, N, distans des points A, C, des deux tiers de la hauteur des congez joignant, diviser les hauteurs ME, EN chacune en deux aux points P, Q,, et mener les paralelles PO, QR, et les lignes GEO, GER, coupant les dites paralelles en O, et R qui seront les centres des arcs ME, EN, et l’on tracera d’autres petits arcs dont les centres seront sur les diamètres AB, CD prolongez touchans les arcs ME, EN, et les congez du haut et du bas comme il est dit cy dessus à la colonne de fasse. On fera de même le profil de la colonne torse sur l’autre diagonale en ne prenant par le bas que le quart d’une des douziesme parties et les trois autres quarts par le haut ; et on fera le profil de la fasse de costé en prenant la moitié d’une des douziesme partie de la hauteur de la colonne par le bas et l’autre moitié par le haut.
Pratique pour tailler les colonnes torses
Pour tailler la colonne torse, il en faut arondir le fust suivant les lignes ponctuées en dehors de la saillie des circonvolutions comme il est marqué à la colonne cotté 1, et partager la circonférence en huit parties égales et tracer des lignes aplomb par les huit points de cette division depuis le bas jusqu’en haut, tailler ensuitte le listeau du bas et l’astragale du haut avec son filet et leurs congez, diviser la hauteur entre deux congez en quarente huit parties puis commenceant par le point du bas d’une des lignes aplomb, prendre une des quarente huitiesme partie de hauteur sur la seconde ligne aplomb ensuitte ; deux parties sur troisiesme ligne, trois parties sur la quatriesme ligne ; et ainsi de suitte en augmentant d’une partie de la hauteur sur chaque ligne aplomb en tournant jusqu’en haut et tracer la ligne spiralle des circonvolutions par tous les points ainsi trouvez ; l’on fera ensuitte une cerse de bois mince ou de tolle suivant la figure cotté VX qui est faite d’un arc de cercle en dehors et de demi arcs en dedans, comme ceux qui forment le profil de la colonne, c’est-à-dire sur les mêmes intervales des demi diamètres GE ou HF, et on taillera la colonne suivant le contour de cette cerse, observant de laisser quatre des parties de la hauteur de la colonne par le bas et quatre par le haut pour les deux moitiées des circonvolutions des naissances ; on conduira la cerse aplomb suivant la hauteur de la colonne posant le point du bout V justement sur la ligne spirale par le haut et le bout X sur la circonvolution de la même ligne spirale au-dessous ; et à l’egard des deux moitié de circonvolution du haut et du bas on fera d’autres cerses différentes suivant les différents contour des naissances, de la manière qu’il est expliqué cy-dessus pour les profils des différents costez de la colonne torse. On remarquera que le profil des congez change au droit des costez concaves, c’est pourquoy, il les faut seullement ébaucher en chanphrin d’abord se reservant à les achever en taillant les deux derniers moitié de circonvolution du haut et du bas.
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Chapitre II
Expositon des cinq ordres
d’architecture

Dorique, l’Ionique, le Corinthien, et le Composite Les noms des différents ordres sont précédés d’une majuscule se détachant du reste du texte ; le dorique l’ionique et le corinthien ont esté inventez les premiers par les grecs ; le toscan et le composite on esté inventez depuis par les latins, je ne rapporteray point l’histoire de leur origine qui est décrite assez au long dans Vitruve, ou les auteurs modernes ont puisez ce qu’ils en ont écrit.
Chaque ordre est composé de trois principalles parties, qui sont le piédestal, la colonne, et l’entablement et chacune de ces parties est encor composée de trois autres parties. Savoir pour le piédestal la base, le dé, et la corniche ; pour la colonne la base, le fust, et le chapiteau ; et pour l’entablement ; l’architrave, la frise, et la corniche. La colonne est la principalle partie et c’est par elle que l’on détermine les proportions de chaque ordre, lesquelles sont reglées par le diamètre du bas ; en sorte qu’à l’ordre toscan la hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau a sept fois son diamètre ; la hauteur de la colonne dorique est de huit diamètres, celle de la colonne ionique est de neuf diamètres ; et la hauteur de la colonne corinthienne est de dix diamètres, toutes avec leur base et leur chapiteau, ainsi les hauteurs des colonnes augmentent dans ces quatre ordres par progression aritteméthique d’un diamètre à chacune, et à l’égard de la colonne de l’ordre composé, elle a les mêmes proportions que celle de l’ordre corinthien ; et dans la plus parts des exemples antiques qui nous restent, l’ordre composé n’est différent du corinthien que par le chapiteau dont il y en a presque d’un infinité de façons, quoy que l’on suive ordinairement celui qui est composé du corinthien et de l’ionique comme estant le plus régulier.
La hauteur des piédestaux est le tiers de la hauteur de la colonne dans tous les ordres, ce qui les rend proportionnez avec la solidité ou la délicatesse des colonnes les piédestaux se trouvant plus large à proportion que les colonnes sont moins haute par rapport à leur grosseurs.
Les entablemens ne doivent pas estre proportionnez à la hauteur des colonnes, par ce que les colonnes délicates se trouveroient chargées d’un plus gros entablement que les autres, et comme les colonnes n’ont de la force qu’à proportions de leur grosseur, c’est aussi leur grosseur qui doit régler la hauteur de leur entablement ; à la réserve de l’ordre toscan dont l’entablement est le quart de la hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau, la hauteur des entablemens des autres ordres est deux fois le diamètre du bas de leur colonne ; ce qui revient aussi au quart de la hauteur de la colonne à l’ordre dorique ; aux deux neufiesme de la même hauteur à l’ordre ionique, et au cinquiesme à l’ordre corinthien et à l’ordre composé.
Pour trouver les proportions généralles de chaque ordre, à l’ordre toscan et à l’ordre dorique il faut diviser toute la hauteur en dix-neuf, en donner quatre au piédestale, douze à la colonne, et trois à l’entablement ; à l’ordre ionique l’on divisera toute la hauteur en quatorze, le piédestal en aura trois, la colonne neuf, et l’entablement deux ; aux ordres corinthien et composé toute la hauteur se divisera en vingt-trois parties, on en donnera cinq pour la hauteur du piédestal, quinze à la colonne, et trois à l’entablement.
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Chapitre III
Description de l’ordre
toscan

Les trois ordres grecs ayant esté mis en usage avant les deux ordres latins, il semble qu’on les deveroit expliquer les premiers ; mais comme il ne s’agit point icy de la prééminence des temps je suiveray ce qui est receut par l’usage ordinaire, et je commenceray par l’ordre toscan qui est le plus solide et le plus simple.
Je n’ay rien trouvé dans les restes des édifices antiques que j’ay veu qui puisse passser pour estre véritablement de l’ordre toscan et l’autorité de Vitruve fait seulement connoistre qu’il estoit receut de son temps au nombre des ordres d’architecture quoy que la description qu’il en donne soit fort obscure ; j’ay suivi dans les profils et les proportions que j’ay marqué pour cet ordre, ce qui m’a paru estre le plus générallement aprouvé par les habils architectes.
L’ordre toscan par sa simplicité ne peut guerre estre employé dans les dedans, si ce n’est aux vestibules et aux cloistres principallement lorsqu’il y a des colonnes isolées pour porter des voûtes , ou des travées de planchers, où on a besoin de grands espasses entre les colonnes pour ne point incommoder le passage ; à l’égard des dehors cet ordre peut estre employé aux ouvrages solides comme aux portes de villes ou de parcs, aux terrasses des jardins et même aux fassades des maisons où l’on veut de la simplicité.
J’ay fait cinq desseins pour marquer les distributions de l’ordre toscan ;
[premier dessein]
le premier représente la proportion de l’ordre avec des colonnes isolées en péristile, ou portique, dont les bases sont posées sur le pavé. La hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau est sept fois le diamètre de sa grosseur par le bas, lequel diamètre est divisé en deux modules, et chaque module en trente parties, ce que j’ay observé générallement dans tous les ordres, et tous les desseins que j’en ay fait sont cottez par ces parties de module. La base de la colonne a un module de hauteur y compris le filet ou listeau du bas de la colonne, ce qui est pratiqué en cet ordre seullement et je ne prétend pas pour cela qu’il soit d’une pièce séparée du fust car le joint doit estre entre le listeau et le tore de la base. Le chapiteau a aussi un module de hauteur à prendre du dessus de l’astragale du haut du fust. La colonne est plus menue par le haut que par le bas et le diamètre du haut n’a qu’un module vingt parties, c’est-à-dire les cinq sixsiesme du diamètre du bas. La diminution de la colonne commence dez le bas, et le contour de son profil est fait d’un arc de cercle suivant la règle que j’en ay donné sur le troisiesme dessein du premier chapitre ; ce que j’ay observé dans tous les ordres tant pour la diminution du haut qui est toujours d’un sixsiesme du diamètre du bas, que pour le contour du profil qui commence à tous à diminuer dez le bas, et la raison pour la quelle je diminue égallement les colonnes de tous les differents ordres, est que celles des ordres inferieurs ayant moins de hauteur à proportion de leur grosseur, paroistront plus sensiblement diminuées que les colonnes des ordres superieurs, ce qui leur donnera l’aspect de solidité que l’on demande sans qu’il soit besoin de les diminuer les unes plus que les autres.
L’entre-colonnement ou la distance entre les colonnes de l’ordre toscan est trois fois le diamètre de leur grosseur par le bas, c’est-à-dire de six modules.
La hauteur de l’entablement de l’ordre toscan est le quart de la hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau, ensorte qu’ayant divisé toute la hauteur de l’ordre lors qu’il n’y a point de piédestaux en cinq la colonne en a quatre et l’entablement une, qui revient à trois modules et demi, et cette hauteur de l’entablement estant divisé en vingt une parties l’architrave en a six, la frise sept et la corniche huit ; ainsi l’architrave est d’un module, la frise un module cinq parties et la corniche un module dix parties ; la saillie de la corniche est d’un module et demi.
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[deuxième dessein]
Le second dessein de l’ordre toscan est pour la proportion des arcs lors qu’il n’y a point de piédestaux sous les colonnes, j’y ay seullement mis un socle dont la hauteur est d’un module et demi, qui est les trois quarts du diamètre du bas de la colonne, et sa largeur est de deux modules vingt cinq parties. La largeur de l’arc est de sept modules et demi et sa hauteur est de quatorze modules qui est égalle à la hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau ; cette hauteur est moins que le double de sa largeur ; par ce que j’ay observé qu’il y eut quelque rapport entre les hauteurs des arcs et la proportion des colonnes, en faisant les arcs plus élevez aux ordres où les colonnes sont plus seveltes. La hauteur de la clef entre le haut de l’arc et le dessous de l’architrave est d’un module et demi. La largeur des alettes aux costez des colonnes est d’un module ensorte que toute la largeur du trumeau est de quatre modules. La hauteur de l’imposte est d’un module, et la largeur de l’archivolte est aussi d’un module. Les colonnes ont un module et demi de saillie hors le corps du tremeau (sic), c’est-à-dire les trois quarts de leur diamètre, ce que j’ay observé dans tous les ordres lors que les colonnes sont attachées aux murs et cela pour les faire paroistre rondes par les reflets de la lumière et aussi pour éviter que les saillis des impostes et des autres moulures qui vont fraper contre les colonnes n’en interompe le profil.
Pour avoir la répartition de l’ordre toscan où il y a des socles sous les bases des colonnes, il en faut diviser toute la hauteur en trente huit parties, et en donner trois au socle, vingt huit à la colonne, et sept à l’entablement.
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Le troisiesme dessein de l’ordre toscan représente l’ordre avec des piédestaux,
la hauteur desquels est le tiers de la hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau ; qui est une proportion généralle pour les piédestaux dans tous les ordres. En sorte que pour avoir la distribution de l’ordre toscan lors qu’il y a des piédestaux, il faut diviser toute la hauteur en dix-neuf parties, le piédestal en aura quatre, la colonne douze, et l’entablement trois.
La distribution des parties du piédestal se trouvera en divisant sa hauteur en sept, on en donnera deux à la base, quatre au dez, et une à la corniche. La largeur du dez est égalle à sa hauteur, et le plinthe de la base de la colonne est aussi de la même largeur ; ainsi la base du piédestal à un module un tiers de hauteur, le dez deux modules deux tiers tant de hauteur que de largeur, et la corniche est de deux tiers de module.
La hauteur de l’entablement est la même avec des piédestaux que sans piédestaux, ce qui est aussi observé dans tous les autres ordres.
La largeur de l’arc de l’ordre toscan lors qu’il y a des piédestaux est de huit modules et demi, et sa hauteur a dix-sept modules un sixsiesme, ce qui le fait plus haut que le double de sa largeur d’un sixiesme de module ; ayant observé que les arcs doivent estre plus haut à proportion de leur largeur lors qu’il y a des piédestaux que lors qu’il n’y en a point. Les alettes aux costez de la colonne sont chacun d’un module, ce qui fait quatre modules pour la largeur du tremeau. La hauteur de la clef entre le haut de l’arc et le dessous de l’architrave est d’un module et demi. La hauteur de l’imposte et la largeur de l’archivolte sont les mêmes qu’aux arcs sans piédestaux, c’est-à-dire chacun d’un module.
La saillie de la colonne doit estre d’un module et demi hors la fasse du tremeau, pour les raisons qui ont esté expliquées sur le dessin précédent.
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Le quatriesme dessin de l’ordre toscan est celui du piédestal, de la base de la colonne, de l’imposte et de l’archivolte des arcs, et de la moitié de la fasse d’un chapiteau de pilastre
Les proportions du piédestal de l’ordre toscan sont comme il a esté expliqué sur le dessein précédent ; la base a un module dix parties de hauteur, le dez en a le double et est carré ayant deux modules vingt parties de hauteur et autant de largeur, la corniche a vingt parties, ainsi sa hauteur est la moitié de celle de la base et le quart de celle du dez , ce qui fait quatre modules deux tiers pour toute la hauteur du piédestal. La hauteur de la base du piédestal se divise en dix parties le filet est à une partie et le socle neuf, la saillie du socle est d’un sixsiesme de module de chaque costé au-delà du dez et la saillie du filet est la moitié moins. La hauteur de la corniche du piédestal se divise aussi en dix le filet en a une partie et la fasse neuf, la saillie du filet de la corniche est égalle à sa hauteur et la saillie de la fasse est le double de celle du filet.
La hauteur de la base de la colonne est d’un module compris le listeau ou filet du bas de la colonne ; cette hauteur se divise en deux parties égallles, celle du bas est pour le plinthe, et celle du haut estant divisé en cinq parties le tore en a quatre et le listeau une ; la largeur de la fasse du plinthe est égalle à celle du dez du piédestal, ce qui fait un tiers de module de saillie de chaque costé au-delà du vif du bas de la colonne, la saillie du tore est égalle à celle du plinthe et la saillie du listeau est égalle à sa hauteur.
L’imposte des arcs de l’ordre toscan est une grande fasse avec un filet au-dessous, toute sa hauteur est d’un module laquelle se divise en dix parties, le filet en a une, et la fasse neuf, toute la saillie de la fasse est d’un sixsiesme de module et la saillie du filet est égalle à sa propre hauteur.
La largeur de l’archivolte est aussi d’un module, laquelle estant divisé en six, la bande en a cinq et le listeau une, le nud de la bande répond au nud des allettes et la saillie du listeau a les quatre cinquiesme de sa propre hauteur, c’est-à-dire que si l’on divise la hauteur du listeau en cinq parties sa saillie en aura quatre.
La moitié de la fasse du chapiteau pilastre est pour les pilastres de l’ordre toscan qui ne sont point diminuez et qui sont aussi large par le haut que par le bas, ce qui fait que son tailloir est plus large que celui du chapiteau de la colonne de toute sa diminution, parce que les saillies du tailloir et des autres moulures sont les mêmes au-delà du vif de l’un et de l’autre et ils ont les mêmes profils et les mêmes proportions comme il sera expliqué sur le dessein suivant pour le chapiteau de la colonne. Lorsque les pilastres de l’ordre toscan seront diminuez comme les colonnes les saillis de leurs chapiteaux et la largeur de leurs tailloirs seront les mêmes à l’un et à l’autre.
Il faut observer que les mesures cottées pour les saillies du piédestal, de la base de la colonne, et du chapiteau pilastre, sont à compter de la ligne aplomb qui passe par le milieu de la colonne ou du pilastre ; ce qui est une règle généralle pour tous les desseins cy aprés de tous les cinq ordres. Les saillies de l’imposte et de l’archivolte sont à compter entre la ligne à plomb de leur extrémité du haut et la partie cotté.
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Le cinquiesme dessein de l’ordre toscan représente l’entablement avec la fasse et le plan du chapiteau de la colonne
Le diamètre du haut de la colonne est d’un module vingt parties, ce qui est un sixsiesme moins que le diamètre du bas, ainsi la diminution est de dix parties. L’astragale du haut de la colonne a un dixiesme de module de hauteur qui fait trois parties ; le filet de dessous a la moitié de la hauteur de l’astragale. La saillie de l’astragale est égalle à sa hauteur jointe avec celle du filet, et la saillie du dit filet est la moitié de celle de l’astragale.
La hauteur du chapiteau de la colonne est d’un module, le gorgerin en a le tiers, le filet au-dessus est la cinquiesme partie du gorgerin, l’ove a trois fois et demi la hauteur du filet, la fasse du tailloir quatre fois la hauteur du même filet, et le listeau du tailloir une fois et demi le dit filet ; le diamètre du gorgerin est le même que celui du haut de la colonne, la saillie du filet et celle de l’ove sont chacun égale à leur hauteur, la saillie de la fasse du tailloir est au-delà de l’ove les trois quart de celle du filet, et le listeau du haut du tailloir saille plus que la fasse, de la hauteur du dit filet ; ce qui fait que toute la saillie du listeau est une fois et un quart la hauteur du gorgerin, et toute la largeur de la fasse du dit listeau du haut du tailloir est de deux modules et demi. Pour le plan du chapiteau, le gorgerin, le filet, et l’ove sont circulaires ; la fasse et le listeau du tailloir sont carrez.
La hauteur de l’entablement de l’ordre toscan est de trois modules et demi, qui est le quart de la hauteur de la colonne ; cette hauteur estant divisé est vingt-une parties, l’architrave en a six, la frise sept, et la corniche huit. La hauteur de l’architrave se divise en six parties la fasse en a cinq et le listeau une ; la fasse répond à plomb du vif du haut de la colonne et la saillie du listeau est les quatre cinquiesme de sa hauteur au-delà de la fasse. La frise est aussi aplomb du vif du haut de la colonne. Toute la hauteur de la corniche estant de quarente parties, le talon du bas en a onze, le larmier quinze, le filet au-dessus trois, et l’ove du haut onze ; le soffite ou dessous du larmier est recreusé en montant de la hauteur du filet de dessous l’ove et forme un autre filet qui couronne le talon, et une goute ou mouchette pendente par le devant, et cette mouchette se doit observer à tous les larmiers des corniches d’entablement pour empêcher que l’eau de la pluye qui peut couler au long de la fasse du larmier ne communique jusqu’aux autres moulures de dessous et par ce moyen met à couvert l’édifice ; la saillie de toute la corniche est plus grande que sa hauteur d’un huitiesme de la même hauteur, la saillie du larmier est moindre autant que contient la hauteur de l’ove avec son filet, et la saillie du filet qui couronne le talon du bas est au-delà du vif de la frise égale à la hauteur du talon.
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Chapitre IV
description de l’ordre
dorique

L’ordre dorique qui suivant l’opinion commune a esté le premier inventé de tous les ordres, se place ordinairement le second dans les descriptions que les architectes donnent des cinq ordres d’architecture, comme estant le plus solide qui suit après le toscan. Il se voit encor plusieurs monument de l’ordre dorique dans ce qui nous reste des édifices antiques, sur les quels je me suis reglé pour les proportions des desseins que j’en ay fait, non pas que j’en aye aucun précisément, mais j’ay observé ce qu’il y a de plus beau dans chacun des monumens que j’en ay veu et j’en ay composé un ordre suivant ce que les maistres de l’art en aprouvent le plus, et même où l’antique ne m’a pas fourni les parties qui estoient nécessaire pour faire une belle composition, je me suis servi de ce qui m’a paru convenable dans les ouvrages des architectes modernes.
J’ay fait six desseins pour expliquer les proportions de l’ordre dorique, suivant la même métode que j’ay pratiqué pour l’ordre toscan, ce que j’ay observé aussi dans les autres ordres.
Le premier dessein est pour les colonnes en portique dont les bases posent sur le pavé
La hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau est huit fois le diamètre du bas, le quel diamètre formant deux modules, toute la hauteur de la colonne est de seize modules, dont la base en a un, le fust quatorze, et le chapiteau un ; la colonne est diminuée par le haut d’un sixsiesme du diamètre du bas, ainsi le diamètre du haut est d’un module deux tiers, la diminution commence dez le pied et son profil est un arc de cercle. L’entrecolonnement de l’ordre dorique c’est-à-dire la distance entre deux colonnes est de deux diamètres trois quarts qui font cinq modules et demi.
La hauteur de l’entablement est encor à l’ordre dorique le quart de la hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau, en sorte que quand il n’y a point de piédestaux l’on divise toute la hauteur en cinq parties, on en donne quatre à la colonne, et une à l’entablement, qui fait justement deux fois le diamètre du bas de la colonne, qui sont quatre modules ; cette hauteur de l’entablement estant divisé en huit parties, l’architrave en a deux, et la frise et la corniche chacune trois, ainsi l’architrave a un module, la frise un module et demi et la corniche aussi un module et demi. La frise est ornée de trigliphes qui font le caractère esssentiel de l’ordre dorique, la largeur des trigliphes est les deux tiers de leurs hauteur qui est celle de toute la frise, ce qui fait un module pour leur largeur, l’espasse entre deux trigliphes se nomme métope et doit estre carré et avoir un module et demi de largeur ; il faut toujours observer de faire répondre le milieu d’un trigliphe au milieu des colonnes ou des pilastres, ce qui rend la distribution du plan de l’ordre dorique difficile et il faut beaucoup de prudence pour l’employer dans les édifices sans rien altérer aux proportions des trigliphes et des métopes et sans confondre les bases et les chapiteaux des colonnes n’y des pilastres l’un dans l’autre, ce que l’on doit éviter avec soins.
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Le second dessein de l’ordre dorique est pour la proportion des arcs lors que les colonnes sont sans piédestaux,
il y a seullement un socle dont la hauteur est une fois et demi la hauteur de la base de la colonne et a en largeur le double de sa hauteur, c’est-à-dire que la hauteur du socle est d’un module et demi et sa largeur a trois modules ; la raison pour laquelle je met un socle sous les bases des colonnes aux costez des arcs où il n’y a point de piédestaux est qu’outre la grâce que cela donne à l’ordre, les bases et les colonnes sont moins exposées à estre écornées qu’elles le seroient si elles posoient à cru sur le pavé du rez-de-chaussée des places ou des cours et c’est par la même raison que je met aussi un socle sous le plinthe des bases des piédestaux, il n’arive pas la même chose aux bases des colonnes des portiques par ce qu’ordinairement on y monte par des degrez qui empêchent les voitures d’en aprocher et les socles en incommoderoient le passage qui est toujours assez serré.
La hauteur des colonnes et de l’entablement sont les mêmes qu’il a esté expliqué au dessein précédent, et la hauteur de la clef entre le haut de l’arc et le dessous de l’architrave estant égale à la hauteur des socles qui sont sous les bases des colonnes la hauteur de l’arc se trouve estre de seize modules dont la largeur en a la moitié qui est huit modules ; les alettes aux costez de la colonne ont chacun un module un quart, ce qui fait quatre modules et demi pour la largeur du tremeau, et douze modules et demi du milieu d’une colonne à l’autre, ce qui donne par ce moyen une distribution juste pour la proportion des trigliphes et des métopes. Les colonnes saillent les trois quarts de leur diamètre hors la fasse des tremeaux, ce qui est observé à toutes les colonnes qui sont adossées contre des murs comme il a esté expliqué à l’ordre toscan.
La hauteur de l’imposte et la largeur de l’archivolte sont chacune d’un module.
Pour avoir la répartition de l’ordre dorique qui n’a qu’un socle sous la base de la colonne comme en ce dessein, il faut diviser toute la hauteur en quarente-trois parties, en donner trois au socle, trente-deux à la colonne, et huit à l’entablement.
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II. dessein / DE L’ORDRE DORIQUE. / ch. IV
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Le troisiesme dessein de l’ordre dorique est avec des piédestaux,
dont la hauteur est le tiers de la hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau. La distribution généralle de tout l’ordre quant il y a des piédestaux se trouve en divisant toute la hauteur en dix-neuf parties comme en l’ordre toscan, on en donnera quatre au piédestal, douze à la colonne, et trois à l’entablement.
La hauteur du piédestal estant divisé en huit parties, la base en aura deux, le dez cinq, et la corniche une la largeur du dez a une fois et deux cinquiesme le diamètre du bas de la colonne, c’est-à-dire deux modules vingt-quatre parties ; ce qui est le même que la largeur du plinthe de la base de la colonne.
La largeur de l’arc a cinq fois le diamètre du bas de la colonne et sa hauteur est le double de sa largeur ; la hauteur de la clef entre le haut de l’arc et le dessous de l’architrave est d’un module un tiers ; les alettes aux costez de la colonne sont chacun d’un module et demi, ce qui fait cinq modules pour la largeur du tremeau et quinze modules du milieu d’une colonne à l’autre. La règle qui me paroist raisonnable de faire les arcs des ordres où il y a des piédestaux plus haut à proportion de leur largeur que ceux des mêmes ordres où il n’y en a point, ne se peut pas facillement exécuter à l’égard de l’ordre dorique à cause de la sugession que donne la distribution des trigliphes et des métopes, dont on ne doit point changer les proportions.
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Le quatriesme dessein de l’ordre dorique représente le piédestal avec la base de la colonne suivant le profil le plus ordinaire, une autre base de colonne d’un nouveau profil, l’imposte, et l’archivolte
Quelque architectes ont crû que l’ordre dorique ne devoit pas avoir de base à sa colonne et par conséquent point de piédestal ; par ce que le premier ordre du theastre de Marcellus à Rome et d’autres exemples antiques n’en ont point, et aussi sur ce que Vitruve n’en parle point, et même il semble que dans le premier chapitre de son quatriesme livre il ait voulu faire entendre que l’ordre ionique soit le premier au quel on ait mis une base aux colonnes ; mais si on suit l’opinion de plusieurs qui prétendent que le premier ordre du Colisée et l’ordre qui se voit dans les fragmens qui restent des bains de Paul œmile, soient d’ordre dorique à cause que leurs proportions et leurs profils ne conviennent point à l’ordre toscan et qu’il ne leur manque que les trigliphes qu’ils n’ayent tous les caractères de l’ordre dorique, on remarquera qu’il y a une base aux colonnes du Colisée et même d’un profil particulier, quoy qu’il ne soit pas bien récent, et qu’aux bains de Paul œmile outre la base qui est attique il y a aussi un piédestal ; et on se pourra laisser perduader (sic) que l’ordre dorique seroit mutilé si on en retranchoit la base de la colonne qui est une partie assé considérale dans tous les ordres, et que le piédestal y convient comme aux autres ordres lors que le cas le requêre.
Toute la hauteur du piédestal de l’ordre dorique qui est de cinq modules un tiers estant divisé en huit parties comme il a esté expliqué sur le dessein précédent, sa base en a deux, le dez cinq, et sa corniche une, ce qui fait un module un tiers pour la base, trois modules un tiers pour le dez et deux tiers de module pour la corniche. La hauteur de la base du piédestal se divise en huit, le socle en a cinq parties et les moulures trois ; la hauteur desquelles estant partagé en douze, le filet du bas en a trois, la doucine sept, et le filet du haut deux ; la saillie du socle est au-delà du nud du dez égale à la hauteur des moulures qui est un demi module et la largeur du dez est de deux modules vingt-quatre parties la hauteur de la corniche du piédestal estant divisé en douze parties le talon du bas avec sont (sic) filet en auront quatre, le larmier cinq, et le cavet avec son listeau trois ; lequel listeau a les deux tiers de la hauteur du cavet, et le filet du bas le quart du talon ; toute la saillie de la corniche est égale à celle du socle de la base.
Plusieurs architectes ont employez la base attique aux colonnes de l’ordre dorique, mais comme cette base convient beaucoup mieux à l’ordre ionique, je suiveray l’opinion de ceux qui ont fait une base particulière pour l’ordre dorique en adjoutant une astragale dessus le tore de la base toscane, la hauteur de cette base est d’un module non compris le listeau du bas de la colonne, le plinthe en a la moitié, et l’autre moitié se partage en quatre le tore en a trois et l’astragale une, le listeau du bas de la colonne a les deux tiers de la hauteur de l’astragale ; la saillie du plinthe et du tore est d’un cinquiesme du diamètre de la colonne de chaque costéz et répond au nud du dez du piédestal, la saillie de l’astragale est la moitié de celle du tore, et celle du listeau la moitié de la saillie de l’astragale.
La répétition de deux moulures semblables et qui se touchent à la base que je vient de décrire et la hauteur du listeau du bas de la colonne qui aproche de celle de l’astragale, ne font pas un effet aussi agréable qu’il seroit à souhaiter, ce qui me donne lieu de proposer un autre profil de base pour la colonne dorique, sur l’idée de la base des colonnes du temple de Vesta à Rivoli, à laquelle j’ay adjouté le plinthe ; il me paroist qu’estant moins ornée de moulures que la base attique elle peut convenir à l’ordre dorique, quoy qu’elle soit employé à Rivoli à un ordre corinthien. La hauteur de cette base est aussi d’un module, le plinthe avec la tore inférieur en ont ensemble les deux tiers, lesquels estant divisé en cinq parties le plinthe en a trois et le tore deux, l’autre tiers de la hauteur de la base se partage en deux, le tore supérieur en a la moitié, et l’autre moitié estant divisé en cinq, le filet en a deux et le cavet trois ; le listeau du bas de la colonne a la moitié de la hauteur du tore supérieur ; la saillie du plinthe et du tore inférieur est aussi d’un cinquiesme du diamètre de la colonne de chaque costé, la tore supérieur a la moitié de cette saillie, et le listeau du bas de la colonne a la moitié de la saillie du tore supérieur.
L’imposte a un module de hauteur qui se partage en huit parties, la première bande en a deux, la seconde bande trois, le filet avec l’ove au-dessus deux, et le listeau du haut une, la hauteur de l’ove et du filet estant divisé en cinq le filet en a une et l’ove quatre ; toute la saillie de l’imposte est le tiers de sa hauteur.
L’archivolte a aussi un module de hauteur, qui estant divisé en quinze, la première bande en a quatre, la seconde six, le talon trois, et le listeau deux ; la première bande de l’archivolte répond au nud de l’alette, la saillie de la seconde bande est la huitiesme partie de la hauteur de la première, et le listeau est plus saillant que la seconde bande de la hauteur du talon.
p. 29
   
IV. dessein. / DE L’ORDRE DORIQUE / ch. IV.
p. 30
   
ch. IV. / DE L’ORDRE DORIQUE.
[cinquième dessein]
J’ay fait deux desseins différents pour l’entablement de l’ordre dorique ; celuy dont l’idée est prise du theastre de Marcellus à Rome, se peut employer dans les dedans, et aux édiffices de moyenne grandeur pour les dehors, et l’autre qui a esté mis en oeuvre par plusieurs architectes modernes convient pour les dehors des grands édifices. Les proportions du premier sont marquées dans le cinquiesme dessein de cet ordre, avec la fasse et le plan d’un chapiteau de colonne et le soffite du larmier de la corniche.
Le chapiteau a un module de hauteur qui se divise en trois dont le tiers du bas est pour le gorgerin, les deux autres tiers se divisent en vingt parties, le filet du bas en a une, l’astragale deux, l’ove six, la fasse du tailloir sept, le talon deux un quart et le listeau du haut un trois quarts ; l’astragle du haut de la colonne a la moitié de la hauteur de l’ove et le filet au-dessous en a le quart, c’est-à-dire la moitié de la hauteur de l’astragale ; la grosseur de la colonne par le haut est d’un module deux tiers comme il a esté expliqué cy-devant, le gorgerin du chapiteau a le même diamètre ; la saillie de la fasse du tailloir est égale à la hauteur du gorgerin et la saillie du listeau du haut est au-delà de cette fasse égale à la moitié de la hauteur de l’ove ; le plan du tailloir est carré, et celui de l’ove et des moulures au-dessous est rond, comme la colonne.
La hauteur de l’entablement qui est de quatre modules estant divisé en huit parties l’architrave en a deux, la frise et la corniche chacune trois ; la hauteur de l’architrave se partage en six, le listeau du haut en a une partie et la bande cinq, les goutes qui répondent au droit des trigliphes sous le listeau de l’architrave ont avec leur filet la même hauteur que le listeau c’est-à-dire une partie dont les goutes en ont les deux tiers et le filet à l’autre tiers.
La frise est ornée de trigliphes qui en occupent toute la hauteur qui est d’un module et demi, leur largeur est d’un module, il doit y avoir le milieu d’un trigliphe aplomb du milieu de chaque colonne, les métopes entre les trigliphes doivent estre carrez et avoir autant de largeur que la frise a de hauteur c’est-à-dire un module et demi, le nud de la frise et la bande de l’architrave répondent aplomb sur le vif du haut de la colonne, ainsi il reste un espasse entre le trigliphe et l’angle du retours qui a un tiers de module ; la largeur de chaque trigliphe est divisé en douze parties qui sont distribuées en trois costés chacune de deux parties, deux cannelures triangulaires de pareille largeur entre les costés et deux demi cannelures aux extrémités chacune d’une partie ; il y a six goutes sous le listeau de l’architrave dans la largeur des trigliphes, elles sont en forme de petites piramides dont le sommet est au haut du filet qui leur sert de chapiteau dans le quel elles sont engagées ; lors que l’on met des ornemens dans les métopes il faut observer qu’ils ne soient pas plus saillans que les trigliphes et qu’ils ayent du rapport avec l’usage de l’édifice.
La hauteur de la corniche se partage en neuf, le chapiteau des trigliphes en a une partie, sa saillie est égalle à la moitié de sa hauteur et il fait retour au-dessus de chaque trigliphe, le talon au-dessus a une autre partie, le filet un tiers de partie, la bande des denticules une partie deux tiers, le cavet sur les denticules deux cinquiesme de parties, la fasse du larmier deux parties, l’autre filet au-dessus deux cinquiesme, la cimaise une partie trois cinquiesme et le listeau du haut trois cinquiesme de partie ; toute la corniche a un tiers de module de saillie plus que sa hauteur lorsqu’elle est employé par le dehors de édifices, mais sa saillie doit estre égalle à sa hauteur pour les dedans, le larmier est moins saillant que le listeau du haut d’un tiers de module, le haut du talon du bas de la corniche a un tiers de module de saillie du nud de la frise, le filet sous les denticules est plus saillant d’une cinquiesme partie de la hauteur du même talon, les denticules sont refendus et distribuez en sorte qu’il y a un denticule qui répond au milieu de chaque trigliphe et huit autres entre les deux, leur largeur est les deux tiers de leur hauteur et le refend entre deux à l’autre tiers, la saillie des denticules au-delà du filet du dessous est égale à leur largeur, le soffite ou dessous de la saillie du larmier aux corniches des dehors est bordé par le devant de deux listeaux ou mouchettes pendantes et une scotie entre deux le restant du soffite est orné de compartimens dont les uns répondent au droit des trigliphes où il y a dix huit goutes circulaires disposées en trois rangs chacun de six goutes de front, les autres compartimens répondent au-dessus des métopes et sont remplis d’un ornement qui doit avoir rapport à l’usage auquel l’édifice est dessiné, ce qui se pratique seullement pour les dehors car dans les dedans des édifices où le larmier n’est pas si saillant il doit y avoir seullement un listeau ou mouchette pendante par le devant et un filet par le derrier pour couronner le cavet qui est au-dessus des denticules et le soffite en doit estre lisse.
p. 31
   
V. dessein. / DE L’ORDRE DORIQUE. / ch. IV.
p. 32
   
ch. IV. / DE L’ORDRE DORIQUE.
[sixième dessein]
Le sixiesme dessein de l’ordre dorique est le second profil pour l’entablement,
lequel est aussi de quatre modules de hauteur divisé comme le précédent, l’architrave a un module de hauteur, la frise et la corniche ont chacune un module et demi.
La hauteur de l’architrave estant partagé en six, la première bande en a deux parties, la seconde bande trois, et le listeau une, les goutes sous le listeau au droit des trigliphes ont une pareille partie de hauteur avec le filet qui leur sert de chapiteau dont les gouttes en ont les trois quarts et le filet un quart elles sont faites ainsi que les trigliphes et les métopes de la frise comme il a esté expliqué au dessein précédent, mais le listeau du haut de l’architrave fait retours au-dessus des goutes comme le chapiteau des trigliphes le fait par le haut d’iceux.
Toute la hauteur de la corniche se partage en deux, et la moitié du bas se divise encore en deux, la première partie qui est pour le chapiteau des trigliphes, le filet et l’ove, se divise en neuf, le chapiteau des trigliphes en a quatre, le filet une et l’ove quatre, la bande où sont les chapiteaux des trigliphes se profille en cavet au droit des métopes ; la seconde partie se divise en quatre la bande des mutules en a trois et le talon qui leur sert de chapiteau une ; la moitié du haut de la corniche se divise en neuf, le larmier en a quatre et la cimaise trois, la hauteur des deux autres parties estant divisé en cinq, le filet entre le larmier et la cimaise en a deux et le listeau au-dessus de la cimaise trois. La saillie du larmier est égale à toute la hauteur de la corniche et le listeau du haut est plus saillant autant que le larmier a de hauteur ; les mutules répondent aplomb des trigliphes, ils sont moins saillant que le larmier de la hauteur du listeau du haut de la corniche, ils ont la même largeur que les trigliphes et leur saillis au-delà du fond de leur bande est égale à leur largeur ; c’est-à-dire que leur soffite a en carré le demi diamètre du bas de la colonne, ce qui fait trois fois la hauteur du larmier, ainsi la saillie du fond de leur bande est au-delà du nud de la frise égale à quatre fois la hauteur du listeau du haut de la corniche.
Le chapiteau de la colonne qui est dessiné sous ce second entablement a les mêmes proportions et le même profil que celui qui est expliqué au dessein précédent à la réserve qu’il y a un cavet et un filet sous l’ove à la place de l’astragale qui est à l’autre pour éviter la répétition de deux astragales proche l’un de l’autre, savoir celui du haut de la colonne et l’autre au-dessus du gorgerin du chapiteau.
Le dessein du chapiteau des pilastres est le même que celui de la colonne si on compte les saillies des moulures à prendre du vif de l’un et de l’autre.
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VI. dessein / DE L’ORDRE DORIQUE. / ch. IV.
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ch. V. / DE L’ORDRE IONIQUE.
CHAPITRE V.
DESCRIPTION DE L’ORDRE
IONIQUE.
L’ordre ionique suit en progression aritmétique les deux ordres précédens, en ce que la hauteur de la colonne de l’ordre toscan avec la base et le chapiteau est sept fois le diamètre de sa grosseur par le bas, la colonne dorique a huit fois son diamètre, et la colonne de l’ordre ionique aussi avec la base et le chapiteau a neuf diamètre de hauteur. Le caractère le plus essenciel de l’ordre ionique est dans son chapiteau, tant par ses volutes que par l’ove qui est posé imédiattement dessus l’astragale du haut de la colonne ; il y a deux sortes de manières de chapiteau ionique, l’une qui a des volutes seullement par le devant et par le derrier et des rouleaux par les costez et l’autre qui a les quatre fasses égales par le moyen des volutes angulaires ; la première est la plus encienne mais elle est la plus incommode par ce que si l’on met des colonnes de fasse et d’autres en retours, le chapiteau de la colonne angulaire aura des volutes par la fasse de devant et un rouleau par la fasse de costé, ce qui sera différent des autres chapiteaux des retours, ou bien il faudra qu’ils présentent tous le costé de leur rouleau, ce qui seroit très désagreable, et c’est pour éviter cette difformité qu’au temple de la Fortune virile à Rome, les chapiteaux des angles ont une de leur volute angulaire et les autres volutes sont à l’ordinaire ; mais cela fait une autre iréguliarité par l’angle rentrant de derrier aux colonnes isolées de la fasse du portique où il y a des portions de volutes qui se confondent l’une dans l’autre. L’autre manière de chapiteau ionique avec quatre volutes angulaires est beaucoup plus commode et a même plus de grâce ; l’une et l’autre ont leurs exemples dans l’antique ; outre le temple de la Fortune virile qui fourni à tous les deux, au theastre de Marcellus et au Colisée les chapiteaux de l’ordre ionique sont avec des volutes par le devant et des rouleaux par les costez, et au portique du temple de la Concorde, les chapiteaux ont quatre volutes angulaires et les quatre fasses sont semblables, et quoy qu’ils soient d’un gouts asséz mauvais ils n’ont pas laissé que de fournir une idée qui a esté perfectionné par les architectes modernes, aussi bien que la corniche de leur entablement qui a introduit une manière de modillons propre à l’ordre ionique.
J’ay fait huit desseins pour l’explication de l’ordre ionique,
[premier dessein]
le premier représente les colonnes en portique ; la hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau, est neuf fois le diamètre de sa grosseur par le bas, qui font dix huit modules, la base a un module , le fust seize modules sept parties, et le chapiteau non compris les volutes vingt trois parties et les volutes decendent plus bas de treize parties ; la grosseur de la colonne par le haut est d’un module deux tiers, ce qui fait la sixsiesme partie du diamètre du bas pour toute la diminution, laquelle diminution commence dez le bas.
La hauteur de l’entablement est deux fois le diamètre du bas de la colonne, ce qui fait les deux neufiesmes de sa hauteur avec la base et le chapiteau ; ainsi toute la hauteur de l’ordre quand il n’i (sic) a point de piédestal se divise en onze parties, dont la colonne en a neuf et l’entablement deux. La hauteur de l’entablement se divise en dix parties, l’architrave et la frise en ont chacune trois, et la corniche quatre ; la première bande de l’architrave et la frise répondent à plomb du vif du haut de la colonne ; la corniche a autant de saillie que de hauteur.
L’entre-colonnement de l’ordre ionique est de deux diamètres et demi, qui font cinq modules entre deux colonnes, et sept modules du milieu d’une colonne à l’autre.
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I. dessein. / DE L’ORDRE IONIQUE. / ch. V
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ch. V. / DE L’ORDRE IONIQUE.
[deuxième dessin]
Le second dessein de l’ordre ionique est pour la proportion des arcs lors qu’il n’y a point de piédestaux mais seullement un socle sous la base des colonnes, dont la hauteur est une fois et demi celle de la base, et sa largeur est double de sa hauteur ; ce qui fait trois modules pour la largeur du dit socle et un module et demi pour sa hauteur.
La hauteur de la colonne et celle de l’entablement sont les mêmes qu’au dessein précédent ; la hauteur de la clef de l’arc jusque sous l’architrave est égale à la hauteur du socle, ensorte que la hauteur de l’arc est de dix huit modules comme la colonne et sa largeur est de huit modules et demi ; ainsi sa hauteur est un module entier plus que le double de sa largeur.
Les alettes aux costez de la colonne ont chacun un module de largeur ce qui fait quatre modules pour la largeur du tremeau et douze modules et demi du milieu d’une colonne à l’autre.
Les colonnes ont un module et demi de saillie hors la fasse du tremeau.
L’imposte a un module de hauteur, et l’archivolte un module de largeur, le centre de l’arc est au niveau du dessus de l’imposte, ce que j’ay observé généralement à tous les arcs des cinq ordres.
Pour avoir les répartions (sic) généralles de l’ordre ionique où il y a des socles sous les bases des colonnes, il en faut diviser toute la hauteur en quarente sept parties, le socle en aura trois, la colonne trente six, et l’entablement huit.
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II. dessin / DE L’ORDRE IONIQUE. / ch V
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ch. V. / DE L’ORDRE IONIQUE.
[troisième dessin]
Le troisième dessein de l’ordre ionique est pour la proportion des arcs qui ont des piédestaux sous les colonnes ; la hauteur desquels piédestaux est comme il a esté dit par la règle généralle le tiers de la hauteur de la colonne ; ainsi ayant divisé toute la hauteur de l’ordre en quatorze parties le piédestal en aura trois, la colonne neuf, et l’entablement deux.
La hauteur du piédestal qui est de six modules se divise en neuf parties, la base avec son socle en a deux, le dez six, et la corniche une, ainsi la base a le tiers de la hauteur du dez et est le double de la corniche.
La hauteur de l’arc est de vingt deux modules et demi, laissant un module et demi pour la hauteur de la clef jusque sous l’architrave, sa largeur est de dix modules et demi, ce qui fait que sa hauteur est un module et demi plus que le double de sa largeur ; les alettes aux costez de la colonne ont chacun un module un quart de large, ce qui fait quatre modules et demi pour la largeur du tremeau, et quinze modules du milieu d’une colonne à l’autre.
La hauteur de l’imposte et la largeur de l’archivolte sont chacune d’un module.
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III. dessein / DE L’ORDRE IONIQUE. / ch. V
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ch. V. / DE L’ORDRE IONIQUE.
[quatrième dessin]
Les proportions et profils du piédestal, de la base de la colonne, de l’imposte, et de l’archivolte de l’ordre ionique sont expliquez par le quatriesme dessein de cet ordre.
Le piédestal a six modules de hauteur que l’on divise en neuf parties pour en donner deux à la base, six au dez, et une à la corniche, comme il a esté expliqué au dessin précédent. La hauteur de la base qui est d’un module un tiers se divise en cinq parties, dont trois sont pour le socle, et deux pour les moulures, la hauteur desquelles estant divisé en seize, le filet en a trois parties, la doucine huit et demi ; la saillie du socle est les deux tiers de sa hauteur au-delà du nud du dez ; le dez a quatre modules de hauteur et deux modules quatre cinquiesme de largeur ; c’est-à-dire qu’ayant divisé la hauteur en dix parties on en donnera sept à sa largeur.
La corniche du piédestal qui a deux tiers de module de hauteur se divise en vingt parties, le filet du bas en a une, l’astragale deux, l’ove cinq, le larmier sept, le talon trois, et le listeau du haut deux ; toute la saillie de la corniche est égalle à celle du socle de la base.
La base dela colonne qui convient le mieux à l’ordre ionique est celle que l’on nomme attique, elle a un module de hauteur, dont le plinthe en a le tiers, le tore inférieur est les trois quarts du plinthe, le filet inférieur est la dixiesme partie du même plinthe, le restant de la hauteur de la base se partage en deux, le tore supérieur en a la moitié, le filet supérieur est égale à l’inférieur, le reste entre deux est pour la scotie ; le listeau du bas de la colonne n’est point compris dans la hauteur de la base, il est le quart de la hauteur du plinthe ; la largeur du plinthe est égalle à la largeur du dez du piédestal, ainsi il y a deux cinquiesme de module de saillie au-delà du vif de la colonne de chaque costez, le tore inférieur a la même saillie que le plinthe, le filet inférieur et le tore supérieur sont un sixsiesme de module moins saillans que le plinthe, le fond de la scotie et le listeau du bas de la colonne n’ont que le quart de la saillie du plinthe, et le filet supérieur est une fois et demi sa hauteur plus saillant que le fond de la scotie.
L’imposte des arcs a un module de hauteur, qui se divise en cinq, les deux parties d’en bas sont pour la grande bande, la partie du milieu est pour l’ove avec son filet, lequel filet a le quart de l’ove, les deux autres parties sont pour la fasse, le talon et le listeau du haut, lesquels talon et listeau ensemble ont la sixsiesme partie de toute la hauteur de l’imposte, le reste est pour la fasse, et le listeau est au talon comme neuf est à onze ; toute la saillie de l’imposte est le tiers de sa hauteur, et la fasse n’a que les trois quarts de cette saillie.
Comme il y a deux sortes d’entablement pour l’ordre ionique, il y a aussi deux différents archivoltes qui ont l’un et l’autre un module de largeur, celui qui est cotté A, est pour mettre avec l’entablement où il y a des denticules dans la corniche, sa largeur se divise en vingt parties la bande inférieure en a cinq, et la bande supérieure huit, les deux astragales en ont chacun une, le talon trois et le listeau du haut deux ; la saillie du listeau est égale à la hauteur de la bande inférieure, l’astragale supérieur est moins saillant que le listeau de la hauteur du talon, et les astragales sont plus saillant que les bandes qu’ils couronnent des cinq sixsiesme de leurs hauteur ce qui reste de la saillie est pour la bande supérieure, la premiére bande répond au nud de l’alette. L’autre archivolte qui est cotté B est pour accompagner l’entablement où il y a des modillons à la corniche, sa largeur se divise en quatre, la premiére bande en a une partie, l’ove avec le listeau du haut une autre partie, et les deux parties du milieu sont pour la seconde bande avec le talon au-dessous et le filet au-dessus, le talon est égale au tiers de la hauteur de la première bande et le filet au-dessus de la seconde bande est la moitié du talon, ensorte que la seconde bande a une fois et demi la hauteur de la première, la partie du haut destinée pour l’ove et le listeau se partage en cinq, le listeau en a deux et l’ove trois ; la saillie du listeau du haut de l’archivolte est un cinquiesme moins que la saillie de l’imposte, la première bande répond aussi au nud de l’alette, et la saillie de la seconde bande est égalle à la hauteur du talon qui est entre deux.
Lorsque les moulures de l’entablement sont ornées l’on doit aussi orner celles de l’imposte et de l’archivolte, ensorte touttefois qu’il n’y ait que deux membres ornez dans l’imposte et deux dans l’archivolte.
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IV. dessein. / DE L’ORDRE IONIQUE. / ch. V.
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ch. V. / DE L’ORDRE IONIQUE
[cinquième dessein]
Il y a deux sortes d’entablement pour l’ordre ionique, l’un qui a des denticules à sa corniche, et l’autre des modillons, c’est ce qui m’a engagé à en faire deux desseins différents, ils ont tout deux les mêmes proportions généralles ; le cinquiesme dessein de cet ordre représente celui où il y a des denticules, avec la fasse d’un chapiteau colonne et la fasse d’un chapiteau pilastre, où les volutes sont par les fasses de devant et de derrier ayans des rouleaux par les costez.
Le chapiteau pilastre et le chapiteau colonne ne sont différents que par leur largeur lors que le pilastre n’est pas diminué par le haut, car les volutes, les profils des moulures, et les hauteurs sont pareilles, et si le pilastre avoit la même diminution que la colonne leurs chapiteaux seroient egaux, à la réserve que le plan de l’ove de celui de la colonne seroit rond et il seroit carré à celui du pilastre, et aussi que les révolutions du dedans de la volute du chapiteau pilastre sortiroient plus en dehors qu’à celui de la colonne, à cause de la saillie de l’ove.
La volute estant le principal caractère de l’ordre ionique, c’est elle dont je me sers pour déterminer les proportions du chapiteau ; sa hauteur est d’un module, et la hauteur du tailloir au-dessus est égalle à la cinquiesme partie de la hauteur de la volute ; le centre de l’oeil de la volute est au niveau du dessus de l’astragale du haut de la colonne, et aplomb de la grosseur de la colonne par le bas, c’est-à-dire que la distance du centre d’une volute à l’autre est de deux modules au chapiteau colonne, et à l’égard du chapiteau pilastre cette distance est plus grande de ce que la colonne est diminuée, le bas du talon du tailloir répond aplomb du centre de l’oeil de la volute, le reste des proportions du chapiteau sera expliqué au dessein suivant.
La hauteur de l’entablement qui est de quatre modules se divise en dix parties, l’architrave et la frise en ont chacun trois, et la corniche quatre.
La hauteur de l’architrave se divise en douze parties, la premier (sic) bande avec le talon au-dessus en ont quatre, la seconde bande cinq, l’ove avec son filet au-dessous deux, et le listeau du haut une ; la hauteur du talon entre les deux bandes est égalle à la sixsiesme partie de la hauteur de la seconde bande, et le filet au-dessus de la seconde bande est la moitié du talon, le reste est pour l’ove, la saillie de la seconde bande est égale à la hauteur du talon, et la saillie que le listeau du haut a au-delà de la seconde bande est égale à la hauteur de l’ove et du filet ensemble.
La hauteur de la corniche estant partagé en seize, le talon du bas avec son filet en ont deux parties, la bande des denticules trois, le cavet avec son filet une, l’ove deux, le larmier avec le petit talon au-dessus quatre, la cimaise avec le filet au-dessous trois, et le listeau du haut une ; le premier talon et son filet estant divisé en six le talon en a cinq et le filet une, le cavet et son filet se partage en trois, le cavet en a deux et le filet une, la hauteur marquée pour le larmier et le petit talon au-dessus se divise en neuf le larmier en a sept et le talon deux, le filet au-dessus est égale à la moitié du dit petit talon, la cimaise a le reste de la hauteur qui leur est marquée ; toute la saillie de la corniche est égalle à sa hauteur, la saillie du filet sous les denticules est égalle à la hauteur du talon du bas, la bande des denticules est les deux tiers de sa hauteur plus saillante que le dit filet, les moulures entre les denticules et le larmier ont autant de saillie que de hauteur non compris le filet qui est entre deux, le larmier en moins saillant que le listeau du haut de la corniche autant que la bande des denticules a de saillie au-delà de la frise ; la largeur des denticules est égalle aux deux tiers de leur hauteur et le refend entre deux à la moitié de leur largeur, on doit observer qu’il y ait un denticule qui réponde justement aplomb sur le milieu du chapiteau de chaque colonne et assujetir pour cela la répartition des denticules aux entre-colonnemens.
On peut orner deux des moulures de la corniche outre les denticules, et deux à l’architrave, et laisser les autres membres lisse pour éviter la confusion ; l’on observera que les ornemens que l’on y mettra ne soient point embrouillez de petites parties pour que la veue puisse aysement les distinguer d’en-bas sans qu’il soit besoin de les tailler d’un goust trop sec.
Il seroit à propos de laisser la frise toute lisse sans ornemens mais au cas que l’on y en voulu mettre il ne faut pas faire plus saillant que la seconde bande de l’architrave et ne rien changer à la hauteur de la frise, qui doit toujours estre la même soit qu’il y ait des ornemens ou qu’il n’y en ait point.
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V. dessein. / DE L’ORDRE IONIQUE / ch. V.
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ch. V. / DE L’ORDRE IONIQUE
[sixième dessin]
Le sixsiesme dessein de l’ordre ionique représente, le plan, le profil par le milieu, et la moitié du costé d’un chapiteau de colonne qui a des volutes devant et derrier et des rouleaux par les costez, la moitié du plan, la moitié du costé et le profil par le milieu d’un pareil chapiteau de pilastre qui n’est point diminué, avec la manière de tracer le contour des volutes, par des quarts de cercles qui se touchent précisement, suivant une nouvelle règle que j’ay trouvé, par laquelle les révolutions tournent uniformément sur le centre de l’oeil ; et l’oeil de la volute est marqué plus en grand à costé pour faire mieux distinguer les centres des quarts de cercles et pour y pouvoir placer les lettres et les chiffres.
Règle pour tracer le contour des volutes
Ayant tracé la cathere ou ligne à plomb AC, de la hauteur que doit avoir la volute, qui est d’un module, il la faut diviser en trente parties dont on en laissera dix sept au-dessus du centre de l’oeil et treize au-dessous, et on mènera la ligne de niveau BD, passant par le centre de l’oeil, on décrira ensuitte le cercle de l’oeil dont le diamètre OP, sera de quatre parties, dans ce cercle il faut décrire un carré 1 2 3 V, autour du centre, les costez duquel seront de deux parties et seront paralelles à la cathere AC et à la ligne de niveau BD, l’on divisera chaque costez de ce carré en six parties et par chaque point de division on mènera des lignes paralelles aux dits costez, ce qui formera deux autres petits carrez dans le premier, tous lesquels carrez donneront les centres pour décrire la volutes ; les trois angles du grand carré 1 2 3, seront les centres des trois premiers quarts de cercles, le quatriesme centre se trouvera en prolongeant le carré du moyen carré sur le costé du grand carré 3V, au point 4 ; les 5, 6 et 7 centres seront les trois pareils angles du moyen carré, le huitiesme se trouvera de même en prolongeant le costé du petit carré sur le carré du moyen au point 8, les 9, 10 et 11 centres seront aussi les trois pareils angles du petit carré, et le douziesme centre sera le point où le costé d’en-bas du petit carré coupe la cathere. Il faut prolonger les costez des trois carréz comme ils sont au dessein, savoir ceux qui regardent le dedans du chapiteau seront prolongez vers le haut et ceux qui regardent le dehors seront prolongez vers le bas, ceux de dessus seront prolongez vers le dehors et ceux de dessous vers le dedans ; l’on doit sous entendre que les chifres et les lettres qui sont cottez sur les carrez de l’oeil tracer en grand sont cottez de même sur les petits qui sont dans la volute à cause que le peu d’espasse ne permet pas de les y mettre, et ensuite du centre I, et de l’intervale 1, E sur le costé V, t du carré prolongé jusqu’à la ligne du niveau du haut où commence le contour de la volute au point E, il faut tracer le quart de cercle EF ; du centre 2 et de l’intervale 2F qui est le point où le premier quart de cercle coupe la ligne du costé 1, 2 du dessus du grand carré prolongé, tracer le second quart de cercle FG ; du centre 3 et de l’intervale 3G sur le troisiesme costé du grand carré prolongé tracer le quart de cercle GH ; du centre 4 et de l’intervale 4H sur le quatriesme costé du grand carré prolongé tracer le quart de cercle HI ; du centre 5, et de l’intervale 5I sur le costé du moyen carré prolongé tracer le cinquiesme quart de cercle, et ainsi des autres jusqu’au douziesme quart de cercle TO, qui touchera le cercle de l’oeil au point O ; ce qui se peut démontrer par le calcul.
Quoyque par la téhorie (sic) suivant la règle cy-dessus le dernier quart de cercle des révolutions de la volute doit toucher le cercle de l’oeil au point O, comme on se pouroit tromper dans la pratique en ne mettant pas précisément la pointe du compas aux points des centres ; pour rendre la chose plus facile j’ay marqué avec des chiffres la longueur qu’il doit y avoir sur chacune des lignes paralelles produites par les costez des carrez prolongez comme il a esté dit cy-dessus, depuis les points cottez ou les quarts de cercles se touchent jusqu’à la cathere, ou bien jusqu’à la ligne de niveau passant par le centre de l’oeil, ainsi la distance de la paralelle depuis le point E où commence la volute jusqu’à la ligne de niveau est de dix sept des parties dont toute la cathere est à trente, la distance de la paralelle depuis le point F jusqu’à la cathere est de quinze parties, la distance du point G jusqu’à la ligne de niveau est de treze (sic) parties, la distance du point H à la cathere onze parties, la distance du point I neuf parties un tiers, celle du point L huit parties, celle du point M six parties deux tiers, celle du point N cinq parties un tiers, celle du point Q, quatre parties un tiers, celle du point R trois parties deux tiers, celle du point S trois parties, et celle du point T deux parties un tiers.
Le contour des révolutions du dedans du listeau qui tourne au tours de la volute se tracera en cette manière, ayant divisé la distance EI en quatre, on en prendra une partie pour la largeur du listeau à l’endroit E que l’on partagera en quinze, dont quatorze de ces petites parties seront la largeur du listeau à l’endroit F, treize à l’endroit G, douze à H, onze à I, dix à L, neuf à M, huit à N, sept à Q, six à R, et cinq au droit de S ; pour avoir les centres des quarts de cercle du dedans du dit listeau il faut mener la diagonale 1, 3 et les demi diagonales de l’angle 2 au centre et du point 4 au point 12 dans les carrez, et diviser les intervalles entre les carrez, savoir 1, 5; 2, 6 ; 3, 7 etc. chacune en cinq parties, les points de ces divisions les plus près de chacun des centres des quarts de cercles de la volute seront les centres pour tracer le dedans du listeau, de sorte que le point de division sur la diagonale le plus près du centre 1, sera le centre du dedans du listeau, de sorte que le point de division sur la diagonale le plus près du centre 1, sera le centre du dedans du listeau qui répond à EF, et ainsi des autres.
La proportion du profil par le milieu du chapiteau de la colonne est déterminée par le centre de l’oeil de la volute qui est au niveau du dessus de l’astragale de la colonne, sa hauteur jusque sous le tailloir est de dix sept des parties de la cathere, dont l’ove en huit, la hauteur qui se trouve entre le tailloir et le dessus de la première révolution de la volute est pour la bande avec son filet, ce qui reste entre la bande et l’ove est pour un filet renfoncé qui les sépare ; la hauteur du talloir qui est la cinquiesme partie d’un module se divise en huit, le talon en a cinq et le listeau trois ; la saillie de l’ove au-delà du vif du haut de la colonne est d’un tiers de module ; l’astragale du haut de la colonne a la moitié de la hauteur du tailloir, le filet au-dessous est de la moitié de l’astragale, la saillie de l’astragale est les deux cinquiesme de celle de l’ove, le filet en a la moitié, le listeau du tailloir est un quart de toute la hauteur du tailloir moins saillant que l’ove, le bas du talon répond à la grosseur de la colonne par le bas, la ceinture du milieu du rouleau du costé du chapiteau decend aussi bas que le dessous de l’astragale de la colonne, et ce rouleau est fait en balustre comme on le peut le voir au dessein du costé du chapiteau ; le profil du chapiteau pilastre et le dessein du costé sont les mêmes que ceux de la colonne, en y adjoutant aux saillies la différence qu’il y a de la largeur du pilastre à la grosseur du haut de la colonne.
Par les plans des chapiteaux de la colonne et du pilastre on connoistra la différence de leurs fasses de devant et de derrier, d’avec celles des costez et aussi la différence de la grandeur de l’un à l’autre, le plan de leur tailloir est carré, si la colonne est cannellée on y met vingt quatre canneaux, et sept à chaque fasses du pilastre dont les costés ont le tiers de la largeur du creux à la réserve des costés des angles du pilastre qui ont les trois huitiesme du creux, les canneaux sont en demi cercle.
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VI. dessein. / DE L’ORDRE IONIQUE. / ch. V
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ch. V. DE L’ORDRE IONIQUE.
[septième dessin]
Le septiesme dessein de l’ordre ionique est le second profil pour l’entablement, où il y a des modillons à la corniche ; il convient mieux que l’autre pour les fasses de dehors des édifices ; à costé est le soffite du larmier, et au bas est la fasse d’un chapiteau de colonne et celle d’un chapiteau de pilastre, qui ont des volutes angulaires et les quatre fasses égales.
La proportion des volutes des chapiteaux, et la hauteur de leurs membres et de leur tailloir, sont les mêmes qu’il a esté expliqué aux desseins précédens ; les hauteurs de l’architrave, de la frise, et de la corniche, sont aussi les mêmes.
La hauteur de l’architrave qui est d’un module et un cinquiesme se divise en neuf, la première bande en a deux parties et demi, l’astragale au-dessus demi partie, la seconde bande quatre partie, les deux parties du haut sont pour le talon et le listeau, lesquelles estant divisé en huit le listeau en a trois et le talon cinq, la saillie de la seconde bande est égale à la hauteur de l’astragale, et le listeau du haut est plus saillant autant que le talon a de hauteur.
La frise a aussi un module et un cinquiesme de hauteur, et elle doit estre lisse sans ornemens.
La hauteur de la corniche est d’un module et trois cinquiesme, elle se divise en huit, le cavet du bas avec son filet ont une partie, l’ove une autre partie, la bande des modillons avec le petit talon qui leur sert de chapiteau en ont deux, le larmier avec le second talon au-dessus deux parties, la cimaise avec le filet au-dessous une partie et demi, et le listeau du haut l’autre demi partie ; la hauteur marquée pour la bande des modillons avec son petit talon se partage en vingt quatre, le petit talon en a cinq et la bande dix neuf dont la hauteur du front des modillons en a quinze et la plus grande hauteur du corps des modillons dix sept ainsi la bande décend plus bas que les modillons de deux de ses parties ; la hauteur marqué pour le larmier avec le second talon au-dessus se divise en neuf, le larmier en a sept et le talon deux, le filet sous la cimaise est égale à la moitié de la hauteur du second talon, le reste est pour la cimaise, et le filet du cavet du bas est égale à celui sous la cimaise ; toute la saillie de la corniche est égale à sa hauteur, la saillie des moulures sous la bande des modillons est égale à leur propre hauteur, la saillie de la bande des modillons au-delà de l’ove est égale au quart de la hauteur de l’ove, la distance entre la sailie de la dite bande et la ligne aplomb du milieu de la colonne se partage en sept, la largeur du front des modillons en a deux ; et la distance entre les modillons quatre, ce qui fait qu’il se trouve un modillon aplomb du milieu de la colonne, le larmier est moins saillant que le listeau du haut de la corniche autant que le front d’un modillon a de largeur et le front des modillons est moins saillant que le larmier, de la hauteur du talon qui leur sert de chapiteau.
L’on peut mettre des ornemens à l’astragale et au talon de l’architrave, à l’ove et aux deux talons de la corniche et renfoncer de petits cadres dans le soffite du larmier entre les modillons, où on mettra des roses, et le reste de l’entablement lisse.
Lors que l’on exécutera ce second profil de l’entablement ionique avec des modillons, il faudra assujétir la distance des entre colonnes avec la distance des modillons, en sorte qu’il y ait un modillon qui réponde au milieu de chaque colonne, sans rien altérer aux proportions, des uns et des autres, qui puisse estre sensible, ce qui se doit faire avec beaucoup de prudence, il faudra aussi observer que toutes les distances des modillons soient de même grandeurs dans une mesme fassade.
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VII. dessein. / DE L’ORDRE IONIQUE. / ch. V
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ch. V. / DE L’ORDRE IONIQUE.
[huitième dessin]
Le huitiesme dessein de l’ordre ionique représente un chapiteau de colonne sur la diagonale, le profil par le milieu, et le plan du même chapiteau ; le profil par le milieu, et la moitié du plan d’un chapiteau de pilastre, les quels sont avec des volutes angulaires.
Les proportions de la hauteur des volutes, du tailloir, et de l’ove du chapiteau ; de l’astragale et du filet du haut de la colonne, sont de même qu’aux desseins précédens, tant pour la colonne que pour le pilastre.
Au dessein du chapiteau de la colonne sur la diagonale, la distance d’une corne du tailloir à l’autre est de trois modules deux tiers, les volutes ont la même saillie, les cornes du tailloir ont un tiers de module de largeur, et le front des volutes a les sept dixiesme de cette largeur ; les fasses du tailloir sont recreusées suivant un arc de cercle, comme il se connoist par le plan, pour en avoir le centre il faut tirer une ligne droite de l’extrémité d’une corne à l’autre suivant une des fasses, et décrire un triangle équilateral sur cette ligne, le sommet duquel, cotté A sera le centre de la courbure du tailloir ; les fasses des volutes sont plus courbées que le tailloir, le centre de leur courbure se trouvera en divisant la ligne tirée du sommet du triangle équilatéral perpendiculaire à la base en treize parties, et prenant le point de division B, qui laisse deux parties vers le sommet du triangle ; le contour des révolutions des volutes et de leur listeau se tracera suivant la règle expliquée au sixiesme dessein de cet ordre, à la reserve qu’au lieu que la bande et le listeau des révolutions vont tout droit sous le tailloir aux chapiteaux qui n’ont que deux fasses à volutes à ceux qui ont les volutes angulaires, il se continu une autre portion de révolution qui rentre dans l’ove du chapiteau dont le centre se trouvera en prolongeant le costé du grand carré de l’oeil où est le premier centre jusqu’à la ligne de niveau du bas de la volute.
Les canneaux de la colonne et du pilastre ont les mêmes proportions qu’aux desseins précédens, il y a aussi vingt quatre oves au chapiteau de la colonne qui répondent aux vingt quatre cannelures du fust, mais il y en a une grande partie caché derrier les volutes.
Au plan du chapiteau de pilastre le tailloir est plus grand qu’à celui de la colonne d’un tiers de module, par ce que le pilastre n’est pas diminué comme la colonne, ce qui fait que la diagonale d’une corne à l’autre est de quatre modules, les largeur du front des cornes du tailloir et des volutes sont les même (sic) qu’au chapiteau de la colonne, et le centre de la courbure des fasses du tailloir est aussi au sommet d’un triangle équilatéral, mais la fasse des volutes n’est pas si courbée par ce quelles doivent avoir un peu plus de saillie que l’ove dont le plan est carré, il doit y avoir sept oves à chaque fasse comme il y a sept cannelures, mais il n’y a que l’ove du milieu qui réponde à la cannelure, à cause que la largeur de la fasse de l’ove est plus grande que celle du pilastre, il y en a aussi une grande partie caché derrière les volutes, le contour de la volute du chapiteau de pilastre est de même qu’à celui de la colonne. Lors que le pilastre est diminué par le haut comme la colonne le plan du tailloir de son chapiteau est le même qu’au chapiteau de la colonne.
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VIII. dessein. / DE L’ORDRE IONIQUE. / ch. V.
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ch. VI. / DE L’ORDRE CORINTHIEN.
CHAPITRE. VI.
DESCRIPTION DE L’ORDRE
CORINTHIEN.
L’ordre corinthien est le plus sevelte et le plus délicat de tous les ordres, et si on avoit égard à sa délicatesse il deveroit estre placé apres l’ordre composé, suivant la méthode usité de décrire les proportions des ordres les plus solides les premiers ; mais comme le composé a ses profils et ses proportions meslez de l’ordre corintien (sic) et de l’ionique, il est à propos de faire connoistre l’ordre corinthien avant que de donner la description de l’ordre composé.
Le caractère essenciel de l’ordre corinthien est comme aux autres ordres dans son chapiteau, qui a deux rangs de feuilles, doù sortent les tigettes, les colicaules, et les volutes ; il ne laisse pas aussi d’y avoir un caractère particulier dans sa base et dans la manière des modillons de sa corniche ; j’ay fait sept desseins pour représenter toutes les parties de cet ordre et en expliquer les proportions.
[premier dessin]
Le premier dessein de l’ordre corinthien est pour les colonnes en portiques ou peristils, dont les bases posent sur le pavé ; toute la hauteur de la colonne avec sa base et son chapiteau a dix fois le diamètre de sa grosseur par le bas, qui est un diamètre de plus que la colonne de l’ordre ionique, la hauteur de la base est comme aux autres ordres le demi diamètre qui fait un module, et le chapiteau a un diamètre et un sixiesme, c’est-à-dire deux modules un tiers, et il reste seize modules deux tiers pour la hauteur du fust ; la colonne est diminuée par le haut d’un sixiesme du diamètre du bas, et sa diminution commence dez le pied.
La hauteur de l’entablement est deux fois le èdu bas de la colonne, ce qui fait la cinquiesme partie de la hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau. L’on remarquera que j’ay observé de faire la hauteur des entablemens de tous les ordres égale à deux fois le diamètre du bas de leurs colonnes, lors que les deux diamètres n’exèdent point le quart de la hauteur de la colonne, comme il ariveroit à l’ordre toscan, auquel cas je l’ay réduit au quart ; la raison pour laquelle je proportionne la hauteur des entablemens à la grosseur des colonnes, est que ce qui est porté doit avoir de la proportion avec la force de ce qui le porte, et il est évident que de deux colonnes qui sont de même grosseur et d’inégale hauteur, celle qui est la plus courte est plus forte que celle qui est la plus haute ; sur ce principe il seroit contre la raison naturelle de proportionner la hauteur des entablemens à la hauteur des colonnes, indifférament dans tous les ordres, parce que l’ordre corinthien dont la colonne est délicate, auroit son entablement beaucoup plus pesant que les ordres inférieurs, dont les colonnes sont plus solides.
La proportion des parties de l’entablement corinthien se trouvera ayant divisé sa hauteur en vingt quatre parties, l’architrave et la frise en auront chacune sept, et la corniche dix, la première bande de l’architrave et le nud de la frise sont aplomb du vif du haut de la colonne, et la saillie de la corniche est égale à sa hauteur.
L’entrecolonnement de l’ordre corinthien est de deux diamètres de la colonne, qui font quatre modules entre les colonnes, et six modules du milieu d’une colonne à l’autre ; cet entrecolonnement de l’ordre corinthien est plus serré que tous ceux des autres ordres, ayant observé suivant la règle de Vitruve, de diminuer la largeur des entrecolonnemens à proportion de ce que les colonnes ont moins de grosseur, tant pour les raisons rapporté par Vitruve au second chapitre de son troisiesme livre, que pour donner moins de charge aux colonnes menues qu’à celles qui sont plus grosse, en diminuant la largeur des travées des entablemens qu’elles portent.
Pour avoir la distribution généralle de l’ordre corinthien lors qu’il n’y a point de piédestal, il en faut diviser la hauteur en six, et en prendre cinq pour la colonne, et une pour l’entablement.
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I. dessein. / DE L’ORDRE CORINTHIEN. / ch. VI.
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ch. VI. / DE L’ORDRE CORINTHIEN.
[deuxième dessin]
Le second dessein de l’ordre corinthien est pour la proportion des arcs lors qu’il n’y a point de piédestaux sous les colonnes.
La hauteur et la grosseur de la colonne, et la hauteur de l’entablement, sont les mêmes qu’il a esté expliqué au dessein précédent ; la hauteur du socle sous la base est les trois quarts du diamètre du bas de la colonne, et sa largeur est d’un diamètre et demi, ce qui fait trois modules ; la hauteur de la clef de l’arc jusque sous l’architrave est égale à la hauteur du socle, qui est d’un module et demi, la hauteur de l’arc est égale à la hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau, c’est-à-dire de vingt modules, et sa largeur est de neuf modules ; en sorte que la hauteur est plus du double de sa largeur, d’un diamètre de la colonne. La largeur des tremeaux entre les arcs est de quatre modules et un cinquiesme, ce qui fait un module et un dixiesme, pour la largeur des aletes aux costez de la colonne, et treize modules un cinquiesme du milieu d’une colonne à l’autre, et cette largeur se trouve proportionné à la distribution de onze intervalles des modillons de la corniche.
Les colonnes ont les trois quarts de leur diamètre de saillie hors la fasse des tremeaux, pour les raisons expliquées cy devant.
La hauteur de l’imposte, et la largeur de l’archivolte des arcs, sont d’un module, le centre de l’arc est au niveau du dessus de l’imposte.
Pour avoir la distribution généralle de l’ordre corinthien où il y a un socle sous la base des colonnes, il en faut diviser toute la hauteur en cinquante et une parties, pour en donner trois au socle, quarente à la colonne, et huit à l’entablement.
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II. dessein. / DE L’ORDRE CORINTHIEN. / ch. VI.
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ch. VI. / DE L’ORDRE CORINTHIEN.
[troisième dessin]
Le troisiesme dessein de l’ordre corinthien fait connoistre la proportion des piédestaux, et des arcs où ils sont employez.
La hauteur des piédestaux estant le tiers de la hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau ; la hauteur de tout l’ordre se divisera en vingt trois parties, le piédestal en aura cinq, la colonne quinze et l’entablement trois.
La hauteur de la clef de l’arc jusque sous l’architrave est égale au quart de la hauteur du piédestal, ce qui revient à un module deux tiers, ainsi il restera vingt cinq modules pour la hauteur de l’arc, sa largeur est de onze modules, de sorte que la hauteur est trois modules plus que le double de la largeur, ce qui est la plus grande hauteur que l’on puisse donner aux arcs à proportion de leur largeur ; les aletes aux costéz de la colonne sont d’un module un tiers, ce qui fait quatre modules deux tiers pour toute la largeur du tremeau, et quinze modules deux tiers pour la distance du milieu d’une colonne à l’autre l’imposte (sic) et l’archivolte sont les mêmes qu’au dessein précédent, et le centre de l’arc est aussi au niveau du dessus de l’imposte.
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III. dessein. / DE L’ORDRE CORINTHIEN. / ch. VI.
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ch. VI. / DE L’ORDRE CORINTHIEN.
[quatrième dessin]
Le quatriesme dessein de l’ordre corinthien contient le piédestal, la base de la colonne, l’imposte, et l’archivolte.
Le piédestal ayant six modules deux tiers de la hauteur, sa base avec le socle en ont le quart qui est un module deux tiers, le quel estant divisé en dix, le socle avec le plinthe en auront sept, et les moulures trois, la hauteur marqué pour le socle et le plinthe se partage en cinq pour en donner quatre au socle, et une au plinthe ; la hauteur des moulures qui est le quart du diamètre de la colonne se partage aussi en cinq, le tore avec le filet au-dessus en ont deux, la doucine deux, et l’astragale avec son filet une, le premier filet est la cinquiesme partie du tore, et le filet du haut est la moitié de l’astragale, de sorte que les deux filets sont égaux, la saillie du socle est un demi module au-delà du nud du dez, c’est-à-dire qu’elle est égale à la hauteur des moulures, le plinthe et le tore sont de la hauteur d’un des filets moins saillans, le premier filet est moins saillant que le tore de la moitié de la hauteur de la doucine, la saillie de l’astragale est égale à sa hauteur avec son filet, lequel filet n’a que la moitié de la saillie de l’astragale.
Les trois quarts de la hauteur du piédestal qui restent au-dessus des moulures de sa base, se divisent en cinquante parties dont le nud du dez en a quarente une, l’astragale du haut avec son filet en ont une, le gorgerin trois, et la corniche cinq ; la largeur du dez a vingt huit des mêmes parties qui font deux modules quatre cinquiesme.
La hauteur de la corniche se trouve estre égale à celle des moulures de la base qui est un demi module, cette hauteur se partage en trois, les moulures du bas en ont une, le larmier une, et les moulures du haut une ; la partie d’en-bas estant divisé en six, le filet en a une, l’astragale deux, et le bas de la doucine trois, le haut de la doucine monte dans le dessous du larmier les deux tiers de sa hauteur d’enbas ; la hauteur qui est marqué pour les moulures du haut de la corniche se divise en cinq, le listeau en a deux, les trois autres sont pour l’ove avec son filet au-dessous, le quel filet a le tiers de la hauteur de l’ove.
La base de la colonne a un module de hauteur, qui se divise en dix le plinthe en a trois, le tore inférieur deux, le filet au-dessus un quart, la scotie inférieure une, et le tore supérieur une et demi, le reste se partage en deux, la partie d’en haut est divisé en cinq, le filet sous le tore supérieur en a une et la scotie supérieure quatre, l’autre partie restante entre les deux scoties se partage en huit, les deux astragales en ont chacun trois, et leurs deux filets chacune une ; le listeau du bas de la colonne qui n’est pas compris dans la hauteur de la base a la moitié de la hauteur du tore supérieur. La largeur du plinthe est égale à celle du dez du piédestal ce qui fait un cinquiesme du diamètre de la colonne de saillie de chaque costé, le tore inférieur a la même saillie, le filet dessus le dit tore n’en à (sic) que les deux tiers, et le filet sous le tore supérieur le tiers, le tore supérieur est plus saillant que le dit filet de la moitié de sa hauteur, le listeau du bas de la colonne a le quart de la saillie du plinthe, le fond de la scotie supérieure est aplomb du dit listeau, les filets des astragales sont plus saillant que le même listeau de la hauteur de la scotie supérieure, les astragales sont plus saillants que leurs filets de la hauteur du filet inférieur de la base, et le fond de la scotie inférieur est moins saillant que les filets des astragales autant que le fond de la scotie supérieure l’est du filet qui est au-dessus.
La hauteur de l’imposte est d’un module non compris l’astragale et le filet du bas, le gorgerin a le tiers de cette hauteur, le reste au-dessus se divise en vingt, le filet l’astragale et l’ove ensemble en ont sept, la fasse huit, le talon trois et le listeau deux, la hauteur des sept parties du bas se partage en neuf, le filet en a une, l’astragale deux, et l’ove six ; l’astragale au bas du gorgerin est égale au listeau du haut de l’imposte et le filet au-dessous en a la moitié ; la saillie de l’imposte est égale à la hauteur du gorgerin, la fasse est moins saillante autant que le talon a de hauteur.
La largeur de l’archivolte est aussi d’un module, qui se divise en huit, la première bande avec le filet et l’ove au-dessus en ont trois, la seconde bande trois, les deux autres sont pour les moulures du haut, le listeau en a le tiers, le reste se partage en cinq, l’astragale en a une et le talon quatre, les trois parties d’en-bas estant divisé en dix, l’ove en a deux, le filet au-dessous une et la première bande sept ; elle répond aplomb du nud des alettes ; toute la saillie de l’archivolte est égale au quart de sa largeur et la seconde bande est au moins saillante autant que le talon a de hauteur.
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IV. dessein. / DE L’ORDRE CORINTHIEN. / ch. VI.
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ch. VI. / DE L’ORDRE CORINTHIEN.
[cinquième dessin]
Le cinquiesme dessein de l’ordre corinthien représente l’entablement et la fasse du chapiteau de la colonne avec le soffite du larmier de la corniche.
La hauteur du chapiteau corinthien a une fois et un sixiesme le diamètre du bas de la colonne, les feuilles inférieures ont les deux septiesme de toute la hauteur du chapiteau, qui font deux tiers de module, les feuilles supérieures sont moins hautes de la dixiesme parties de la hauteur des inférieures, le tailloir a la moitié de la hauteur des feuilles supérieures, les volutes angulaires ont les deux tiers des mêmes feuilles, ce qui reste entre les dites feuilles et les volutes est pour les caulicolles, les volutes du milieu sont moins hautes que les angulaires de la hauteur de la lèvre du vase ou tambour, qui est la sixiesme parties des volutes angulaires ; la hauteur de l’astragale du haut de la colonne est le tiers du tailloir et le filet au-dessous est la moitié de l’astragale ; le diamètre du haut de la colonne est d’un module deux tiers.
La hauteur de l’entablement est deux fois le diamètre du bas de la colonne, laquelle estant divisé en vingt quatre parties, l’architrave et la frise en ont chacune sept, et la corniche dix.
L’architrave se divise en quatorze parties, la bande inférieure avec son astragale en ont trois, la bande du milieu avec son talon quatre, la bande supérieure quatre, et les moulures du haut trois ; l’astragale inférieur est le quart de la bande du bas, le talon du milieu est aussi le quart de la bande du milieu, l’astragale supérieur est égale à l’inférieur, et ce qui reste au-dessus se partage en trois, le talon supérieur en a deux, et le listeau du haut une ; la bande inférieure de l’architrave et la frise répondent à plomb du haut du fust de la colonne ; toute la saillie de l’architrave est égale à la hauteur de la bande du milieu, la saillie de la quelle bande du milieu est égale à la hauteur de l’astragale au-dessous, la bande supérieure est plus saillante autant que le petit talon entre-deux a de hauteur.
La hauteur de la corniche se divise en dix, le talon du bas avec son filet en ont une, la bande inférieure avec le filet et l’astragale au-dessus en ont deux, et l’ove en a une ; la hauteur des six autres parties restantes au-dessus se divise derechef en dix, la bande des modillons en a trois le larmier avec les deux petits talons qui le touchent en ont quatre, et la cimaise avec le filet au-dessous et le listeau du haut ont les trois autres ; la hauteur marqué pour le talon du bas avec son filet se partage en cinq, le talon en a quatre et le filet une, la hauteur de la bande inférieure du filet et de l’astragale se partage aussi en cinq, la bande en a quatre, le filet et l’astragale une, dont le filet a un tiers et l’astragale deux tiers, la hauteur du larmier et des deux petits talons se divise en douze, le talon de dessous qui sert de cimaise au modillons en a une deux tiers, le larmier huit, et le talon du haut deux un tiers, la hauteur marqué pour la cimaise avec le filet et le listeau se divise en neuf, le filet au-dessous en a une, la cimaise six et le listeau du haut deux ; toute la saillie de la corniche est égale à sa hauteur, la saillie de la bande inférieure est égale à deux fois la hauteur du talon et du filet au-dessous, la bande des modillons est plus saillante que la bande inférieure autant que les moulures entre-deux ont de hauteur, le larmier est trois fois sa hauteur plus saillant que la bande des modillons, le filet du haut est plus saillant autant que le talon entre deux a de hauteur, le reste de la saillie est pour la cimaise, la largeur entre la saillie de la bande des modillons et la ligne à plomb du milieu de la fasse de la colonne se divise en sept, les modillons en ont deux parties de largeur et l’espace entre-deux modillons en a quatre, ainsi il se trouve le milieu d’un modillon à plomb du milieu de la colonne et il faut observer qu’il soit de même à chaque colonne et y assujettir la distance des entrecolonnemens, les cadres renfoncez pour les roses dans le soffite du larmier entre les modillons sont carrez ; on peut orner quatre des moulures de la corniche outre les modillons et les roses, qui sont les trois talons et l’ove, et trois à l’architrave savoir les deux talons et l’astragale du bas et laisser le (sic) autres membres lisse et l’on doit faire que les distances des ornemens conviennent avec les distances des modillons, il seroit à propos de laisser la frise toute lisse, mais si on y veut mettre des ornemens il ne doivent pas exéder le tiers de la saillie de l’architrave, c’est-à-dire qu’ils doivent estre moins saillans que sa bande supérieure ; il ne faut aussi rien changer à la hauteur de la frise qui doit avoir la même proportion soit qu’elle reste lisse ou qu’il y ait des ornemens.
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V. dessein. / DE L’ORDRE CORINTHIEN / ch. VI.
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ch. VI. DE L’ORDRE CORINTHIEN.
[sixième dessin]
Le sixiesme dessein de l’ordre corinthien donne les proportions du chapiteau de la colonne par la diagonale, avec le plan et le profil par le milieu.
La hauteur du chapiteau est comme il est dit au dessein précédent, une fois et un sixieme le diamètre du bas de la colonne, les feuilles inférieures ont le tiers du même diamètre ou les deux septiesme de toute la hauteur du chapiteau, leur hauteur se divise en dix et les feuilles supérieures en ont neuf parties, les revers de chaque feuille se recourbe en bas de la hauteur des trois des mêmes parties, la hauteur du tailloir est la moitié de la hauteur des feuilles supérieures, et les volutes angulaires ont les deux tiers de la même hauteur des feuilles supérieures, ce qui reste entre les deux est pour les caulicolles ; la hauteur des volutes angulaires estant divisé en six, les volutes du milieu en ont cinq, et la lèvre du vase une, les revers de tous les caulicolles se recourbent en bas de la moitié de la hauteur des volutes du milieu ; la hauteur du tailloir se partage en neuf, le cavet en a cinq, le filet une, et l’ove trois ; l’astragale du haut de la colonne est égale à la hauteur de l’ove du tailloir, et son filet en a la moitié.
La largeur d’une corne du tailloir à l’autre sur la diagonale a deux fois le diamètre du bas de la colonne, la largeur du front des dites cornes est égale à la hauteur du tailloir, la saillie des feuilles inférieures est au-delà du nud du haut de la colonne égale à la moitié de leur hauteur et la saillie des feuilles supérieures est les trois quarts de la même hauteur des feuilles inférieures, la saillie des volutes angulaires aussi au-delà du nud du haut de la colonne est égale à deux fois un tiers leur propre hauteur, la saillie des volutes du milieu est égale à la hauteur des volutes angulaires, et la lèvre du vase est moins saillante que les volutes du milieu du tiers de leur saillie.
Pour décrire le plan du haut du tailloir, il faut tracer sur les deux diagonales les lignes du front des cornes chacune distante du centre du chapiteau de la grandeur du diamètre du bas de la colonne, et faire la largeur du front des dites cornes égale à la hauteur du tailloir, et de l’extrémité de l’une de ces lignes à l’autre opposé sur la même fasse mener la ligne cotté AB, sur le dessein, sur laquelle il faut décrire le triangle équilatéral ACB, l’angle du sommet C est le centre pour tracer la courbure de la fasse du tailloir ; la saillie des moulures du tailloir au droit des cornes est deux fois la hauteur de l’ove du haut, et au droit de la courbure des fasses ses moulures n’ont de saillie que la hauteur de la scotie du bas.
Lorsque les colonnes sont cannellées il y a vingt quatre cannellures dont les costés ont le tiers de la largeur des canneaux.
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VI. dessein. / DE L’ORDRE CORINTHIEN. / ch. VI.
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ch. VI. / DE L’ORDRE CORINTHIEN.
[septième dessin]
Le septiesme dessein de l’ordre corinthien est pour les proportions du chapiteau pilastre, lors que le pilastre n’est pas diminué et qu’il est aussi large par le haut que par le bas, le plan, le profil par le milieu, et la fasse du chapiteau, qui y sont représentez en donnent toutes les mesures.
Les hauteurs des feuilles, des caulicolles, des volutes tant angulaires que du milieu, de la lèvre du vase et du tailloir sont les mêmes qu’au chapiteau de la colonne, expliqué aux desseins précédens ; le plan du haut du tailloir est aussi le même que celui du chapiteau de la colonne, mais les saillis des moulures y sont différentes, au droit des cornes elles ont leur saillie égale à la hauteur de la scotie, et au droit des courbures des fasses, la saillie est égale à la hauteur de l’ove et du filet ensemble ; la saillie de la lèvre du vase au droit du milieu est de deux fois sa hauteur au-delà du nud du haut du pilastre, elle est bombée en son plan, et est moins saillante vers les angles, le centre de son bombement est le même que le centre de la courbure du tailloir de la fasse oposée ; les volutes angulaires sont aussi saillante que le bas de la scotie des cornes du tailloir, la saillie des feuilles supérieures angulaires est moindre que la saillie du haut de l’ove des mêmes cornes autant que le tailloir a de hauteur ; la saillie des volutes du milieu est égale à la hauteur du tailloir et de la lèvre du vase ensemble, les feuilles supérieures des fasses sont plus saillante que les volutes du milieu d’une fois la hauteur de la lèvre du vase, et la saillie des feuilles inférieures est égale à la hauteur du tailloir le tout à prendre du nud de la fasse du pilastre.
Lors que les pilastres sont cannellez il y a sept canneaux à chaque fasse, les costés ont le tiers de la largeur des canneaux, à la réserve des costés des angles qui sont plus large que les autres de deux dix septiesme de la largeur des dites costés.
Si les pilastres estoient diminuez par le haut, les saillies de toutes les parties de leur chapiteau seroient les mêmes que celles du chapiteau de la colonne, à la réserve de la saillie des feuilles angulaires qui auroient la moitié de la saillie que le haut de l’ove des cornes du tailloir auroit au-delà de l’angle du nud du haut du pilastre.
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VII. dessein. / DE L’ORDRE CORINTHIEN. / ch. VI.
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ch. VII. / DE L’ORDRE COMPOSÉ.
CHAPITRE. VII.
Description de l’ordre
composé.
L’ordre composé tient le milieu entre l’ordre ionique et l’ordre corinthien ; il est plus sevelte que l’ordre ionique en ce que ses proportions généralles sont les mêmes que celles de l’ordre corinthien ; mais il est moins délicat que l’ordre corinthien par ses moulures et par les volutes de son chapiteau qui tiennent beaucoup de l’ordre ionique ; ce qui a donné occasion à quelques auteurs qui ont écrit de l’architecture de le placer entre l’ordre ionique et l’ordre corinthien, et pour cela ils en ont changé les mesures pour lui donner une proportion moyenne entre ces deux ordres ; d’autres, dont le nombre est plus grands l’ont placé au-dessus de l’ordre corinthien, et plusieurs d’entr-eux ont diminué la hauteur de la colonne corinthienne par raport à sa grosseur affin de rendre cet ordre moyen entre l’ordre ionique et l’ordre composé. Cependant n’y les uns n’y les autres ne paroissent pas avoir fait le juste dicernement que l’on en peut faire, car il sera toujours vray de dire que le caractère de l’ordre composé a l’air plus solide que celui de l’ordre corinthien, et néamoins quand on met deux ordres l’un sur l’autre il ne convient point de mettre l’ordre corinthien au-dessus du composé ; n’y de mettre l’ordre composé sur le corinthien, parce qu’ayant les mêmes proportions ils ne doivent pas estre mis l’un sur l’autre en quelque manière que ce soit ; pour les raisons qui seront expliqué cy après lors qu’il sera parlé des proportions convenables aux ordres qui sont mis l’un sur l’autre.
Le caractère qui distingue l’ordre composé est dans son chapiteau qui a deux rangs de feuilles et le tailloir comme le corinthien et des volutes comme l’ionique angulaire ; j’ay essayez néamoins suivant le sentiment des meilleurs auteurs de donner aussi un caractère particulier aux autres parties de cet ordre comme on le peut voir par leurs profils.
J’ay fait sept desseins pour donner une entière description de l’ordre composé dans la même métode que j’ay suivi pour les autres ordres.
[premier dessin]
Le premier dessein donne la proportion des colonnades ou portique de cet ordre dont les bases posent sur le pavé, où l’on remarquera que les entrecolonnemens ont leur largeur moyenne entre ceux de l’ordre ionique et ceux de l’ordre corinthien, ayant deux diamètres un quart entre-deux colonnes qui font quatre modules et demi ; et six modules et demi du milieu d’une colonne au milieu de l’autre ; parce que j’ay observé de faire les entre colonnemens plus grands aux ordres dont les colonnes sont les plus solides, pour les raisons qui ont esté rapporté ci-devant, ainsi l’entrecolonnement de l’ordre toscan est de trois diamètres du bas de la colonne, celui de l’ordre dorique est de deux diamètres trois quarts, celui de l’ordre ionique deux diamètres et demi, celui de l’ordre composé deux diamètres un quart, et celui de l’ordre corinthien deux diamètres.
La hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau a dix fois son diamètre du bas, et l’entablement a deux diamètres de hauteur, qui est la cinquiesme partie de la hauteur de la colonne ; la base et le chapiteau de la colonne, l’architrave, la frise et la corniche, ont les mesmes hauteurs qu’il a esté dit à l’ordre corinthien, la grosseur de la colonne par le haut est aussi d’un module deux tiers qui font les cinq sixiesmes du diamètre du bas, et la diminution commence dès le bas, comme à tous les autres ordres.
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I. dessein / DE L’ORDRE COMPOSÉ / ch. VII.
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ch. VII. / DE L’ORDRE COMPOSÉ.
[deuxième dessin]
Le second dessein de l’ordre composé donne la proportion des arcs de cet ordre lors qu’il n’y a point de piédestaux et que les bases des colonnes posent simplement sur un socle, qui a une fois et demi la hauteur des dites bases et duquel la largeur est double de sa hauteur ; les proportions de la colonne et de l’entablement sont les mêmes qu’il a esté dit au dessein précédent.
La hauteur de l’arc est égale à la hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau, et la hauteur de la clef de l’arc jusque sous l’architrave est égale à la hauteur du socle, ce que j’ay observé dans tous les ordres où il n’y a point de piédestaux ; la largeur de l’arc est de quatre diamètres deux tiers du bas de la colonne qui font neuf modules un tiers, ainsi sa hauteur est plus que le double de sa largeur d’un module un tiers ; les tremeaux ont quatre modules et demi de largeur, ce qui fait treize modules cinq sixiesme du milieu d’une colonne à l’autre, les colonnes saillent les trois quarts de leur diamètre du bas hors la fasse des tremeaux.
L’on remarquera que j’ay observé de proportionner la hauteur et la largeur des arcs avec la solidité des ordres donnant plus de largeur aux arcs des ordres les plus solides ; ainsi à l’ordre toscan sans piédestaux la hauteur de l’arc est moindre que le double de sa largeur d’un module, à l’ordre dorique la hauteur de l’arc est justement le double de sa largeur, à l’ordre ionique l’arc est un module plus haut que le double de sa largeur, à l’ordre composé l’arc est un module un tiers plus haut que le double de sa largeur ainsi qu’il vient d’estre expliqué, et l’arc de l’ordre corinthien est deux modules plus haut que le double de sa largeur.
La hauteur de l’imposte et la largeur de l’archivolte des arcs sont chacun d’un module de même qu’aux ordres précédens et le centre de l’arc est aussi au niveau du dessus de l’imposte.
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II. dessein. / DE L’ORDRE COMPOSÉ. / ch. VII.
p. 68
   
ch. VII. / DE L’ORDRE COMPOSÉ.
[troisième dessin]
Le troisiesme dessein de l’ordre composé est pour la proportion des arcs avec des piédestaux.
Les piédestaux ont le tiers de la hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau, comme dans tous les autres ordres ; ce qui les rend de même caractère que les colonnes qu’ils portent, ensorte que si les colonnes sont grosses par rapport à leur hauteur ; leurs piédestaux ont une proportion réciproque, et si elles sont seveltes leurs piédestaux le sont aussi.
La largeur des arcs est de onze modules un quart, et leur hauteur est de vingt cinq modules, ainsi ils sont plus large par rapport à leur hauteur que ceux de l’ordre corinthien, leurs tremeaux sont aussi plus large ayant cinq modules, ce qui leur donne une proportion plus solide, suivant ce qui a été remarqué cy-devant sur le caractère de l’ordre composé.
J’ay observé de donner plus de hauteur aux arcs où il y a des piédestaux à proportion de leur largeur qu’à ceux où il n’y en a pas et j’ay aussi proportionné leurs hauteurs aux différents ordres en la manière qui a été dit sur le dessein précédent, quoy qu’avec une plus grande différence par rapport au double de leurs largeurs.
La hauteur de l’imposte et la largeur de l’archivolte sont d’un module suivant la règle générale dans tous les ordres.
J’ay desja fait remarquer que lors qu’il y a des modillons ou des mutules aux corniches des entablemens l’on doit observer qu’il y en ait toujours un qui réponde justement au milieu de chaque colonne et assujettir pour cela, la distance des colonnes, soit qu’il y ait des arcs ou non, ensorte qu’il se trouve entre-deux un certain nombre d’espaces égalles pour le modillons, sans rien changer qui puisse estre sensible à la veue, aux proportions tant des modillons ou mutules, que des arcs ou de leurs tremeaux et des entrecolonnemens.
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III. dessein. / DE L’ORDRE COMPOSÉ. / ch. VII.
p. 70
   
ch. VII. / DE L’ORDRE COMPOSÉ.
[quatrième dessin]
Le quatriesme dessein de l’ordre composé représente toutes les parties du piédestal, de la base de la colonne, de l’imposte et de l’archivolte.
La hauteur du piédestal est de six modules deux tiers, qui est le tiers des vingt modules de la hauteur de la colonne ; il se divise comme celui de l’ordre corinthien en quatre parties dont la base en a une ; les trois autres estant divisé en dix, la corniche en a une, le gorgerin au-dessous a les trois cinquiesme de la hauteur de la dite corniche et ce qui reste est pour la hauteur du dez avec l’astragale du haut et son filet ; la largeur du dez est les deux tiers de sa hauteur compris l’astragale du haut et est la mesme que celle du plinthe de la base de la colonne.
La hauteur de la base du piédestal se divise en dix le socle et le plinthe en ont sept et les moulures trois, le plinthe a le quart de la hauteur du socle ; la hauteur des moulures qui est le quart du diamètre de la colonne se partage en cinq, le tore avec son filet en ont deux, la doucine deux, et l’autre est pour le cavet avec son filet, le dit filet est la moitié du cavet, et le filet au-dessus du tore est égale à celui du cavet ; toute la saillie du socle au-delà du dez est égale à la hauteur des moulures, le plinthe et le tore sont moins saillans de la hauteur de l’un des filets, le premier filet est moins saillant que le tore autant que le cavet avec son filet ont de hauteur, et la saillie du dit filet du cavet est égale à sa même hauteur avec le cavet.
La hauteur de la corniche est aussi le quart du diamètre de la colonne, les moulures du bas en ont le tiers, dont la moitié est pour le cavet avec son filet et l’autre moitié est pour la doucine, le listeau du haut à la cinquiesme partie du restant de la corniche, le talon est égale à la doucine, le reste est pour le larmier ; la hauteur du cavet et du filet du bas se partage en cinq, le cavet en a trois, et le filet deux, il se renfonce un autre filet sous le larmier qui est égale à celui du cavet ; la saillie de la corniche est égale à sa hauteur, celle du larmier est moindre autant que le talon a de hauteur, la saillie de la doucine est la moitié de celle du larmier et celle du haut du cavet est égale à sa hauteur avec son filet ; la hauteur de l’astragale au bas du gorgerin est égale à celle du listeau de la corniche, et le filet au-dessous en a la moitié.
La hauteur de la base de la colonne est d’un module non compris le listeau au-dessus, elle se partage en vingt le plinthe en a six, le tore inférieur quatre, le tore supérieur trois, la scotie inférieure avec ses deux filets trois et un sixiesme, la scotie supérieure aussi avec ses deux filets deux et cinq sixiesme et l’astragale du millieu une ; les deux filets joignant l’astragale ont chacun le tiers du dit astragale, et les deux autres filets joignant les tores ont chacun les deux tiers du même astragale ; le listeau du bas de la colonne est égale à la hauteur de l’astragale avec ses deux filets ; la saillie du plinthe au-delà du fust de la colonne est les deux cinquième d’un module et toute sa largeur se trouve égale à celle du dez du piédestal, la saillie du tore inférieur est égale à celle du plinthe, le filet au-dessus a les deux tiers de cette saillie, les deux filets de l’astragale en ont la moitié, le listeau du bas de la colonne et le fond de la scotie supérieure le quart, le tore supérieur est plus saillant que les filets de l’astragale de la hauteur d’un des dits filets, et l‘astragale est plus saillant que les mêmes filets des deux tiers de sa hauteur, la saillie du fond de la scotie inférieure est moindre que celle du filet du bas de toute sa hauteur, et le filet sous le tore supérieur est moins saillant que le fond de la scotie inférieure de la hauteur d’un des filets de l’astragale.
La hauteur de l’imposte est la moité du diamètre de la colonne, non compris l’astragale et le filet du bas du gorgerin ; le gorgerin a le tiers de cette hauteur, les deux autres tiers estant divisé en quinze, la doucine avec ses deux filets en ont cinq, la fasse six, et les moulures du haut quatre, lesquels estant partagé en cinq, le listeau du haut en a deux et les trois autres sont pour l’ove avec son filet, lequel filet a le tiers de la hauteur de l’ove, les deux filets de la doucine du bas ont chacun la huitième partie de la hauteur de la fasse ; la hauteur de l’astragale au bas du gorgerin est la cinquième partie du dit gorgerin et le filet a la moité de l’astragale ; la saillie de l’imposte est égale à la hauteur du gorgerin, et celle de la fasse est égale à la hauteur de la doucine avec ses deux filets.
La largeur de l’archivolte est aussi la moitié du diamètre de la colonne elle se partage en vingt-quatre, la bande du bas en a six, le talon deux, la bande supérieure neuf, l’astragale avec son filet deux, l’ove trois, et le listeau du haut deux, l’astragale a le double de son filet ; toute la saillie de l’archivolte est égale à la hauteur de sa première bande, laquelle première bande répond à plomb de l’alette, la saillie de la bande supérieure est égale à la hauteur du talon.
Lors que l’entablement a des ornemens il convient d’orner aussi la doucine et l’ove de l’imposte, l’ove et le talon de l’archivolte.
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IV. dessein. / DE L’ORDRE COMPOSÉ. / ch. VII.
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ch. VII. / DE L’ORDRE COMPOSÉ.
[cinquième dessein]
Le cinquiesme dessein de l’ordre composé est celui de l’entablement, et de la face du chapiteau de la colonne ; le soffite du larmier est à costé.
Le chapiteau a la même hauteur que celui de l’ordre corinthien qui est un diamètre du bas de la colonne et un sixiesme compris le tailloir, dont la hauteur est égale à celle du plinthe de la base de la colonne ; l’astragale du haut de la colonne a le tiers de la hauteur du tailloir, et le filet au-dessous a la moitié de l’astragale ; le diamètre du haut de la colonne est ainsi qu’il a esté dit les cinq sixiesme du diamètre du bas. Les proportions en détail du dit chapiteau seront expliqué au dessein suivant.
La hauteur de l’entablement qui est de deux diamètre du bas de la colonne, se partage en vingt quatre l’architrave et la frise en ont chacune sept et la corniche dix.
La hauteur de l’architrave se divise en vingt-huit, la bande inférieure en a sept, la bande supérieure avec l’ove et le filet au-dessous treize, l’astragale avec son filet deux, le talon quatre, et le listeau du haut deux, la hauteur marquée pour la bande supérieure avec l’ove et le filet au-dessous se divise en vingt deux, le filet en a une, l’ove trois, et la bande dix huit ; le filet au-dessus de la bande supérieure est la moitié de l’astragale. La première bande répond aplomb du haut du fust de la colonne, la saillie de la seconde bande est égale à la hauteur de l’ove avec son filet, et tout la saillie du listeau du haut est égale à trois fois la même hauteur de l’ove avec son filet.
La frise est droitte et répond aussi aplomb du haut du fust de la colonne.
La hauteur de la corniche se divise en vingt-deux parties, le cavet du bas avec son filet en ont deux et demi, l’ove ensuitte deux et demi, les mutules sept, le larmier avec le talon au-dessus cinq, et les cinq autres sont pour la cimaise avec le filet au-dessous et le listeau du haut ; la hauteur des mutules se partage en vingt-quatre, la première bande en a six, le talon deux, la seconde bande douze, le filet au-dessus une, et l’ove du haut trois ; la largeur du front des mutules par le haut de leur ove est égale à leur hauteur, leur largeur au droit de la bande du milieu est égale à la hauteur du larmier avec son talon, et la largeur des dits mutules au droit de la première bande est égale à deux fois et un quart la hauteur de la dite première bande ; la hauteur du larmier est égale à la largeur du bas des mutules, le reste est pour son talon, le filet au-dessus du cavet du bas de la corniche et le filet sous la cimaise sont égaux à la hauteur du talon entre les deux bandes des mutules, la hauteur qui reste pour la cimaise et le listeau du haut se partage en quatre, la cimaise en a trois et le listeau une. Toute la saillie de la corniche est égale à sa hauteur, la saillie du cavet et de l’ove du bas est égale à la hauteur de chacun, la saillie de la première bande du fond des mutules est en tout égale à la hauteur de chacun, la saillie de la première bande du fond des mutules est en tout égale à trois fois sa hauteur, et la saillie des mutules est de deux fois leur largeur du bas au-delà de cette bande, ce qui revient en tout au-delà de la plomb (sic) de la frise aux trois cinquiesme de la hauteur de la corniche, la saillie de leur seconde bande et de leurs moulures du haut règne tout pourtour suivant les mesures marquées ci dessus pour leur front ; la saillie du larmier est les deux tiers de sa hauteur au-delà du front de l’ove du haut des mutules, le filet au-dessus du talon est plus saillant que le larmier de la hauteur du listeau du haut de la corniche, le reste de la saillie est pour la cimaise.
Le soffite du larmier fait voir la proportion du plan des mutules et des cadres renfoncez pour les roses entre-deux, avec le canal renfoncé au-delà des mutules.
Si on veut orner les moulures de l’entablement, il conviendra orner l’ove et le talon de l’architrave, les deux oves et les deux talons de la corniche, et laisser tous les autres membres lisse, pour pouvoir bien distinguer les moulures l’une d’avec l’autre, et observer que les ornemens que l’on y mettra ne soient point confus en sorte qu’on les puisse connoistre d’en-bas ; la frise sera plus noble si on la laisse lisse, mais si on la vouloit orner il ne faudroit rien changer à la proportion de sa hauteur, et ne donner tout au plus aux ornemens que la moitié de la saillie de l’architrave, il seroit à propos que les ornemens y fussent interrompus par des places lisses qui y donnassent [des] des repos, ce qui feroit mieux que d’estre continus.
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V. dessein. / DE L’ORDRE COMPOSÉ. / ch. VII.
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ch. VII. / DE L’ORDRE COMPOSÉ.
[sixième dessein]
Le sixiesme dessein de l’ordre composé est pour les proportions du chapiteau de la colonne, lesquelles sont marquées par le plan, le dessein sur la diagonale, et le profil par le milieu.
Toute la hauteur du chapiteau qui est de deux modules un tiers estant divisé en trente cinq parties les feuilles du bas en ont dix, les seconde feuilles neuf, l’espace entre les dites feuilles et les volutes une et demi, les volutes dix au-dessous du tailloir, et le tailloir quatre et demi les revers des feuilles ont trois parties, l’astragale du haut de la colonne a la moitié de la hauteur des dits revers qui est une partie et demi, et le filet au-dessous a trois quarts de parties ; la hauteur du tailloir se partage en neuf, le cavet en a cinq, le filet une, et l’ove trois, la distance entre le dessous du tailloir et le dessus de l’ove du vase ou tambour est égale à la moitié de la hauteur du tailloir, et la hauteur de l’ove est les deux tiers de celle du tailloir, l’astragale au-dessous est le tiers de l’ove, et le filet est la moitié de l’astragale ; les volutes remontent dans le tailloirs le tiers de la hauteur d’icelui et semble ensuitte rentrer dans le corps du vase, leur contour sera expliqué au dessein suivant.
Toute la largeur de la diagonale du tailloir d’une corne à l’autre est deux fois le diamètre du bas de la colonne, les volutes sont moins saillantes autant que le taillloir a de hauteur, la saillie des premières feuilles est au-delà du haut du fust de la colonne égale à la sixiesme partie du diamètre du bas, et la saillie des seconde feuilles est le quart du mesme diamètre, les revers des dites feuilles recourbent en dedans des deux tiers de la hauteurs des mêmes revers, l’astragale du haut de la colonne a sa saillie égale à sa hauteur avec son filet, la saillie de l’astragale du haut du vase du chapiteau est aplomb de celui du haut de la colonne, et la saillie de l’ove au-delà du fust de la colonne est égale à la hauteur du tailloir.
Le plan du tailloir est au chapiteau composé le même que celui du chapiteau corinthien, la largeur du front des cornes est égale à sa hauteur, et ayant tiré une ligne droitte AB, de l’extrémité d’une des cornes à l’autre sur une des fasse l’on décrit un triangle équilatérale ACB, le sommet C du quel est le centre de la courbure du tailloir en arc de cercle, le plan des fasses des volutes suit la même courbure, la largeur du front des volutes a deux neufiesme moins que le front des cornes du tailloir ; la saillie des moulures du tailloir au droit des cornes est égale à deux fois la hauteur de son ove, et au droit des courbures des fasses leur saillie est en tout égale à la hauteur du cavet, la saillie de la rose du milieu des fasses du tailloir repond à plomb du plinthe de la base ; il y a huit feuilles à chaque rangs, celles du haut répondent aux milieux des fasses et des diagonales et celles du bas sont entre deux.
Lors que la colonne est cannellée il y a vingt quatre canneaux dont la largeur des costes est le tiers de la largeur des canneaux et l’on fait répondre le milieu d’un canneau au milieu de chaque fasse du chapiteau.
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VI. dessein. / DE L’ORDRE COMPOSÉ. / ch. VII.
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ch. VII. / DE L’ORDRE COMPOSÉ.
[septième dessein]
Le septiesme dessein de l’ordre composé est pour le chapiteau des pilastres qui ne sont point diminuez ; lequel est representé par sa fasse, par son profil du milieu, et en plan.
Au dessein de la fasse et au profil toutes les hauteurs sont les mêmes qu’au dessein précédent pour le chapiteau de la colonne, mais les saillies sont différentes, la saillie des premières feuilles et du haut de l’ove du vase au-delà du nud du pilastre est égale à la hauteur du tailloir, la saillie de l’astragale du pilastre et de l’astragale du vase est la moitié de celle de l’ove, la saillie des seconde feuilles au-delà des premières est égale à la hauteur de l’ove du tailloir avec son filet, la saillie de la rose du milieu des fasses du tailoir est au-delà de l’ove du vase égale à la hauteur du cavet du tailloir.
Le plan du tailloir est le même et a les mêmes mesures que celui du chapiteau de la colonne, mais ses moulures ont moins de saillie ; au droit des cornes leur saillie est égale à la hauteur du cavet, et au droit des courbures des fasses elles n’ont de saillie que la hauteur de leur ove avec son filet ; la saillie du front des volutes est la même que celle du bas du cavet du tailloir, et les feuilles angulaires sont moins saillante autant que l’ove du tailloir et son filet ont de hauteur ; la largeur du front des volutes est la même qu’au chapiteau de la colonne quoy que le plan de leur fasse soit différents, il est fait par une portion de cercle dont le centre est au point E sur la ligne perpendiculaire CD du triangle équilatérale qui sert à tracer le plan du tailloir, autant distant du point C que la dite perpendiculaire CD a de longueur en dedans le triangle ; le plan de l’ove du vase est plus saillant au droit du milieu des fasses que vers les angle, et son bombement est en portion de cercle qui a pour centre le sommet C du triangle équilatérale de la fasse opposée, en sorte que son rayon ou demi diamètre est depuis le centre C jusqu’au point F de la saillie de l’ove au droit du milieu.
Pour tracer le contour des volutes du chapiteau composé, tant de la colonne que du pilastre, il faut diviser toute sa hauteur en trente-deux parties, en prendre dix-neuf par le haut et treize par le bas y tracer une ligne de niveau, et prendre sur cette ligne quinze des mêmes parties en dedans de la saillie des volutes pour avoir le centre de l’oeil par lequel on mènera une ligne aplomb, il faut décrire le cercle de l’oeil GH dont le diamètre soit de quatre parties, et dans icelui les carrez comme à la volute de l’ordre ionique, et prolonger le costé supérieur IL du grand carré jusqu’en M et faire LM égale au costé IL, abesser la perpendiculaire MN jusquà ce qu’elle rencontre la ligne ON au niveau du dessous de la volute, et de l’angle du bas du grand carré mener les deux diagonales PM, PN, les quelles on divisera chacune en quatre ; ensuitte du centre N et de l’interval NQ, qui est toute la hauteur de la volute décrire l’arc de cercle QR, qui paroist rentrer dans le vase du chapiteau, et du centre M et de l’intervale MQ, tracer le quart de cercle QS, puis du centre I, et de l’intervale IS décrire le quart de cercle ST, et ensuitte continuer comme à la volute ionique jusqu’à ce que le dernier quart de cercle vienne à toucher l’oeil de la volute en G ; et pour tracer le contour du dedans de la bande des révolutions dans la partie d’en haut, il faut prendre sur la diagonale PM le point V de la première division vers M, et de l’intervale VX tracer le quart de cercle XY ; puis du point Z sur l’autre diagonale et de l’intervale ZY tracer la portion de cercle Y&, qui rentre aussi dans le vase du chapiteau ; l’on pourra décrire le contour du listeau de cette volute comme il a esté enseigné à la volute du chapiteau ionique.
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VII. dessein. / DE L’ORDRE COMPOSÉ. / ch. VII.
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ch. VIII. / DES ORDRES L’UN SUR L’AUTRE.
CHAPITRE VIII.
DES ORDRES D’ARCHITECTURE
MIS L’UN SUR L’AUTRE.
Il arrive quelque fois que la décorations des portails des églises, ou des fassades des palais, ou d’autres édifices, requière de mettre des ordres d’architecture l’un sur l’autre, comme il s’en voit plusieurs exemples tant antiques que modernes ; il est assez ordinaire de mettre deux ordres l’un sur l’autre, il est rare d’en mettre trois, il est extraordinaire d’en mettre quatre, et il seroit contre le bon goust d’en mettre cinq. Il est de la prudence de l’architecte de savoir faire le choix des ordres qui conviennent ensemble et de les bien proportionner l’un avec l’autre ; on peut mettre un ordre dorique ou un ordre ionique au-dessus d’un ordre toscan, un corinthien n’y un composé n’y conviendroit pas bien, parce que la colonne corinthienne ou la composée paroistroit trop menue par rapport à la toscane ; l’un des trois ordres superieurs conviendra bien au-dessus d’un ordre dorique ; un ordre corinthien ou un composé se peut mettre au-dessus d’un ordre ionique ; mais on ne doit pas mettre un ordre composé sur un ordre corinthien par ce qu’il est moins délicat que le corinthien, on ne doit point aussi mettre un ordre corinthien sur un composé quoy qu’il soit plus délicat, par ce qu’ayant les mesmes proportions la colonne de dessus seroit trop grosse par rapport à celle de dessous, ou bien l’ordre de dessus deviendroit trop bas si on proportionnoit les grosseurs des colonnes, ce qui n’arrive pas aux autres ordres que je vient de marquer, en ce que la hauteur de la colonne toscane estant de sept diamètres, la dorique de huit l’ionique de neuf et la corinthienne ou la composé de dix, cette différence des hauteurs des colonnes rend la grosseur de celles de dessus proportionné à celles de dessous en conservant une juste proportion dans la hauteur des ordres.
[premier dessin]
La règle pour proportionner les hauteurs des ordres mis l’un sur l ‘autre, est qu’ayant déterminé la hauteur du premier ordre cotté A sur le dessein, l’on ostera de la hauteur de sa colonne avec la base et le chapiteau la moitié du diamètre du bas pour avoir la hauteur de la colonne du second ordre cotté B, aussi avec la base et le chapiteau ; s’il y a trois ordres on ostera la moitié du diamètre du bas de la colonne du second ordre B de sa hauteur, pour avoir la hauteur de la colonne du troisiesme ordre cotté C ; et enfin s’il y a quatre ordres on ostera la moitié du diamètre du base de la colonne C de sa hauteur, pour avoir la hauteur de la colonne du quatriesme ordre D, toujours avec la base et le chapiteau. On donnera au diamètre du bas de toutes les colonnes la proportion qui est marqué dans chaque ordre par rapport à leur hauteur ; mais on ne fera pas le diamètre du haut moindre que le diamètre du bas de la colonne qui sera au-dessus, en sorte que la colonne ionique ne sera pas diminué d’un sixiesme de son diamètre, lors qu’il y aura un ordre corinthien ou un composé au-dessus, et on observera alors de ne diminuer le haut de la colonne corinthienne ou composé, qu’à proportion de la diminution que l’on aura donné à la colonne ionique.
Si l’on ne met point de piédestaux aux ordres qui sont l’un sur l ‘autre il faut mettre un socle sous les bases des ordres de dessus pour qu’elles ne soient point cachées par les saillies des corniches sur les quelles elles posent, et la hauteur de ce socle ne doit pas estre moins des trois quarts du diamètre du bas de la colonne du premier ordre, mais il pourra estre plus haut si le cas le requiere, l’on peut mettre des piédestaux à l’ordre du bas et des socles aux ordres au-dessus.
Lors qu’il y aura des piédestaux aux ordres l’un sur l’autre, ils auront le tiers de la hauteur de leur colonne, et il sera à propos de donner moins de saillie aux moulures des bases et des corniches des piédestaux des ordres de dessus, qu’il n’est marqué à l’explication des ordres en particulier, et même de diminuer aussi quelque chose à la saillie des bases des colonnes, pour qu’il y ait moins de porte-à-faux au-delà du nud de la frise des ordres de dessous, mais l’on doit observer que ce changement des saillies soit fait avec asséz de prudence pour n’estre point sensible à la veue s’il ni a pas de piédestal à l’ordre du bas il n’en faut point mettre à ceux au-dessus.
Quoy qu’il ait esté marqué dans l’explication des ordres que la hauteur des entablemens ne doit pas exéder deux fois le diamètre de leur colonne, cela se doit entendre l’ors (sic) qu’ils sont seuls, car il est à propos de changer quelque chose à cette proportion quant il y a plusieurs ordres l’un sur l’autre, et donner à la hauteur des entablemens des ordres de dessus la même proportion que l’entablement de l’ordre du bas à (sic) avec sa colonne ; par exemple si l’ordre du bas est toscan ou dorique, dont l’entablement a le quart de la hauteur de la colonne, on donnera aussi aux entablemens de tous les ordres qui seront au-dessus le quart de la hauteur de leur colonne, et si l’ordre du bas est ionique on donnera à la hauteur de l’entablement de l’ordre au-dessus les deux neufieme de la hauteur de sa colonne comme est celui de l’ionique ; la raison est que la veue compare les entablemens l’un à l’autre, et que ceux du haut paroistroient trop bas par rapport à ceux de dessous, si on ne les faisoient que de la hauteur qu’ils doivent avoir lors que les ordres sont seuls ; et l’on observera dans ce changement qui se fait à la hauteur des entablemens, que leurs membres conservent entr’eux les proportions marquées dans leurs ordres ; c’est-à-dire que les hauteurs de l’architrave, de la frise, et de la corniche ayent entr’elles les mêmes proportions estant comparées l’une à l’autre qu’elles auroient si leur socle estoit seul, et ainsi de leur moulures.
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I dessein. / DES ORDRES L’UN SUR L’AUTRE. / ch. VIII.
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ch. IX. / DES ARCS L’UN SUR L’AUTRE.
CHAPITRE IX.
DES ARCS AUX ORDRES D’ARCHITECTURE
MIS L’UN SUR L’AUTRE.
Il peut arriver que l’on mette des ordres d’architecture l’un sur l’autre où il y ait des arcs, soit pour des loges galleries, ou autrement ; il est à propos de donner une règle pour les pouvoir faire dans une proportion qui soit convenable avec les proportions marquées au chapitre précédent pour la hauteur des ordres.
Les arcs et les tremeaux doivent estre à plomb l’un sur l’autre, et ceux du haut de même largeur que ceux du bas.
S’il n’y a que deux ordres l’un sur l’autre et qu’il n’y ait point de piédestaux, mais seullement des socles ; on fera decendre l’arc du second ordre jusque sur la corniche de l’entablement du premier, et on luy donnera les proportions marquées pour son ordre, tant pour sa largeur et hauteur que pour la hauteur de la clef entre le haut de l’arc et le dessous de l’architrave, on mettra des marches dans la hauteur du socle du bas, pour en élever le rez-de-chaussée des premières loges et on proportionnera la hauteur de l’arc du premier ordre avec sa largeur suivant la proportion marqué pour cet ordre par rapport à l’arc seullement à compter du dessus du socle et ce qui restera par le dessus jusqu’à l’architrave sera pour la hauteur de la clef.
Si les deux ordres l’un sur l’autre ont des piédestaux, on proportionnera aussi la largeur et la hauteur de l’arc du haut suivant son ordre, et on mettra des marches dans la hauteur du socle de la base du piédestal du premier ordre pour monter aux loges du bas, et on proportionnera la hauteur de l’arc du dit premier ordre par rapport à sa largeur, ce qui restera au-dessus sera pour la hauteur de la clef, au cas que cette auteur (sic) de la clef n’exède pas deux modules et demi, car il peut quelquefois rester plus selon les différents espèces d’ordres ; pour lors on réduira la hauteur de la clef à deux modules et demi et on fera le premier arc plus haut.
S’il y avoit trois ordres l’un sur l’autre, l’on ne pouvoit pas faire précisement les arcs de chacun dans la juste proportion que leur largeur doit avoir avec leur hauteur dans chaque ordre en particulier, et il se faudroit contenter de les faire le plus près qu’il se pouroit de cette proportion ; par ce que la hauteur des ordres diminuant à mesure qu’ils s’élèvent l’un sur l’autre, il se trouve beaucoup plus de hauteur à l’ordre du bas qu’à celui du haut.
Pour avoir la proportion de trois arcs l’un sur l’autre quand il n’y aura point de piédestaux, on ostera de la hauteur de la colonne et du socle du troisiesme ordre cotté C sur le dessein, une fois le diamètre du bas de la colonne du premier ordre cotté A et la moitié de ce qui restera sera la largeur des arcs, on fera ensuitte la hauteur de la clef de l’arc du troisieme ordre jusqu’au desssous de l’architrave égale à cinq douziesme du même diamètre du bas de la colonne du premier ordre, ainsi cet arc se trouvera les sept douziesme du dit diamètre plus haut que le double de sa largeur ; on fera la hauteur de l’arc du premier ordre le double de sa largeur, à compter du dessus du socle, qui sera comme il est dit cy-dessus le rez-de-chaussée des premières loges ; et on fera la hauteur de l’arc du second ordre compris le socle, moyenne entre les hauteurs des arcs du haut et du bas.
Lors qu’il y aura des piédestaux aux trois ordres l’un sur l’autre, l’on ne poura pas se dispencer de faire tous les trois arcs égaux en hauteur et largeur, et pour en avoir la proportion l’on fera la hauteur de la clef du troisiesme ordre cotté F, entre l’arc et le dessous de l’architrave égale aux sept douziesme du diamètre du bas de sa colonne, ce qui restera jusqu’à la corniche du second ordre sera pour la hauteur de chacun des trois arcs, dont on ostera les deux tiers du diamètre de la colonne du premier ordre et on prendra la moitié du restant pour faire la largeur des arcs ; au second ordre cotté E, l’arc se prendra du dessus de la corniche du premier ordre, mais au premier ordre cotté D, le bas de l’arc sera le dessus du socle du piédestal qui sera le rez-de-chaussée des loges.
La largeur des tremeaux soit qu’il y ait deux ou trois ordres l’un sur l’autre, sera de la moitié de la largeur des arcs autant que faire se poura, en les faisant cadrer à la distribution des mutules, ou des modillons des entablemens ; et s’il y avoit un des ordres qui fut dorique il faudroit faire que la largeur des tremeaux jointe avec celle des arcs convint avec un certain nombre de trigliphes et de métopes pour qu’il y eut un trigliphe au droit de chaque colonne.
Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de donner une règle pour quatre arcs l’un sur l’autre, estant un cas qui ne se rencontre presque jamais, et qui même ne sauroit faire un bel effet.
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I dessein. / DES ARCS L’UN SUR L’AUTRE. / ch. IX.
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ch X. / DES PILASTRES.
CHAPITRE X.
DES CAS OÙ LES PILASTRES
DOIVENT ESTRE DIMINUEZ.
Les pilastres ne sont point isolez pour l’ordinaire, et ils tiennent par quel qu’une de leurs fasses au mur de leur édifice, il est même assez rare qu’ils ayent trois fasses entiere, ils en ont quelque fois deux, et bien souvent ils n’ont qu’une fasse ; leur saillie reussit assez bien estant de la sixiesme partie de la largeur de leur fasse, on la peut faire du quart de leur largeur lors qu’il y a des impostes ou autres parties d’architecture qui viennent joindre contre pour qu’ils ne soient point coupez par la saillie de ces parties ; il y a de certain cas où on peut faire les pilastres saillans de la moitié, ou même des deux tiers de leur fasse, comme à des retours d’avant corps, ainsi qu’il sera expliqué cy après.
La nature des pilastres demande qu’ils soient aussi large par le haut que par le bas, par ce qu’estant appliquez contre des murs qui sont aplomb, leur diminution les feroient paroistre pancher en arriere ; cependant il se trouve plusieurs cas où il semble qu’il soit nécessaire de les diminuer, lors qu’ils sont mis avec des colonnes pour porter un même entablement ; car s’ils ne sont pas diminuez, ou l’architrave portera aplomb sur le haut des colonnes et en retraitte sur les pilastres, ou aplomb sur les pilastres et à faux sur le haut des colonnes, ou enfin moitié en retraitte sur les pilastres et moitié à faux sur les colonnes ; toutes ces manieres ne sont pas selon la regularité de l’architecture, qui demande que le bas de l’architrave reponde justement aplomb sur le vif du haut des colonnes et des pilastres ; et aussi de faire un ressaut à l’entablement au droit des pilastres cela fait peine à voir, à moins qu’il n’y ait une longueur suffisante pour faire paroistre un corps séparé.
Il se voit dans les édiffices antiques qui nous restent, des exemples de differentes manieres ; aux uns il y a de petits ressauts à l’entablement sur les pilastres, à d’autres le pilastre est diminué par la fasse qui regarde la colonne et ne l’est pas par l’autre fasse et l’entablement y passe tout droit, aux autres les pilastres sont diminuez comme les colonnes sur toutes leurs fasses, il s’en trouve où les pilastres sont diminuez environ la moitié moins que les colonnes et le bas de l’architrave porte moitié à faux sur les colonnes et moitié en retraite sur les pilastres, et il y en a enfin où les pilastres ne sont point diminuez et où l’architrave porte aplomb sur le haut des colonnes et entierement en retraitte sur les pilastres ; en sorte que l’on ne peut rien decider de tous ces exemples differents.
[premier dessin]
Il m’a paru que je pouvois proposer les cas où il est necessaire de diminuer les pilastres pour suivre la regularité de l’architecture, et les autres cas où on le peut éviter ; les premiers sont representé sur le premier dessein de ce chapitre, où j’ay mis le plan du haut des colonnes et des pilastres qui portent les entablemens ; l’on observera quand on diminura les pilastres qu’ils le doivent estre sur toutes leurs fasses, et qu’ils ne doivent jamais estre renflez, mais que leur diminution doit commencer des le bas comme je l’ay marqué pour les colonnes.
Le premier cas où il est necessaire de diminuer les pilastres est cotté A, au quel les pilastres 1, répondent aux colonnes 2, et ensuitte des retours des pilastres 1, sont des murs 4, sur les quels regne l’entablement ; les pilastres 1, doivent estre diminuez comme les colonnes, par ce qu’un ressaut à l’entablement du costé qui regarde les colonnes feroit tres mal, il est necessaire de diminuer aussi le autres pilastres 3 au derrier des colonnes pour qu’il y ait de l’uniformité.
Le second cas est cotté B, où les pilastres 5, repondent sur une même ligne aux colonnes 6, faisant avant corps avec des angles de pilastres 7, aux retours, et les murs ensuitte sont ornez de pilastres 8, les pilastres 5, et les pilastres 9, au derrier des colonnes doivent estre diminuez pour les raisons cy dessus, mais on se peut dispenser de diminuer les angles de pilastres 7, et les autres pilastres 8.
Le troisiesme cas est cotté C, où les colonnes 1, font avant corp ayant des pilastres 2, au derrier et l’entablement continu en retours sur les murs 3 ; les pilastres 2 doivent estre diminuez comme les colonnes pour recevoir les retours de l’entablement, à cause qu’ils sont plus saillans que n’est le bas de l’architrave audroit des murs 3.
Le quatriesme cas est cotté D, au quel il y a des colonnes 1, tant à la fasse qu’aux retours, et des pilastres 2, au derrier des colonnes, ces pilatres doivent estre diminuez à cause des retours de l’entablement vers le pilastre de l’angle.
Le cinquiesme cas est cotté E, où l’entablement fait avant corps sur les colonnes du milieu 3 , et retours sur les autres colonnes 3, des angles et continu sur les aisles ensuitte ornées de pilastres, on doit diminuer les pilastres 4, au derrier des colonnes à cause des retours d’angles, et on se peut dispenser de diminuer lés angles de pilastres 5, et le (sic) autres pilastres 6, des aisles.
Il peut y avoir encor d’autres cas où il est nécessaire de diminuer les pilastres, mais ceux que je viens de proposer suffisent pour les faire connoistre, et dans tous les cas où on diminura les pilastres par le haut leur largeur par le bas doit toujours estre égalle au diamètre du bas de la colonne.
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I dessein. / DES PILASTRES / ch. X.
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ch X. / DES PILASTRES.
Ayant representé sur le premier dessein de ce chapitre plusieurs cas où il est nécessaire de diminuer les pilastres, il est à propos de faire connoistre par un second dessein d‘autres cas où il est mieux de ne les pas diminuer.
[deuxième dessin]
Le premier cas est cotté G où il y a des colonnes 1, 2, en portique avancé, et des pilastres 3, au corps de l’édifice au derrier, et d’autres pilastres 4, 5 en retours par les flancs sur l’allignement des colonnes 2 des angles ; on peut continuer le retours de l’entablement de la colonne de l’angle 2 jusqu’au pilastre 4 opposé, où faisant un ressaut sur ce pilastre l’entablement passera ensuitte sur le pilastre 5 ; alors les pilastres 3, 4, 5 ne doivent pas estre diminuez, par ce que la distance des pilastres des flancs 4, 5 estant assé grande pour former le corps de l’edifice, le portique des colonnes peut passer pour un corps avancé, separé de l’autre.
Le second cas cotté H, a des colonnes 5, 6 formant un avant corps au devant des pilastres 7, 8, qui sont sur le même alignement des autres pilastres 9, de la même fasse ; le retours de l’entablement par le costé de la colonne 6 de l’angle, peut aller jusqu’à la rencontre de la fasse du pilastre 8, d’où il retournera sur la fasse du pilastre 9, sans qu’il soit besoin de diminuer aucun des pilastres.
Le troisiesme cas est celui cotté I, qui a les pilastres 1, sur une même ligne, au devant desquels sont les colonnes 2, formant un avant corps et d’autres colonnes 3, ensuitte sur chacune desquelles l’entablement fait retours jusqu’à l’alignement de la fasse des pilastres 1, où l’entablement est continué de l’un à l’autre ; ce qui dispence de diminuer les pilastres.
Le quatriesme cas L, a des colonnes 1, et des pilastres 2, 3 d’alignement sur une même fasse, et d’autres pilastres 4 recullez au derrier des colonnes ; l’entablement qui passera sur les colonnes 1 peut aller jusqu’aux pilastres 2, où il fera ressaut pour estre continué sur les autres pilastres 3, tous les quels pilastres, comme aussi les pilastres 4, n’ont pas besoin d’estre diminuez.
Le cinquiesme cas est cotté M, où les colonnes 1, 2, sont en avant corps de portique au devant des pilastres 3, 4 ; le retour de l’entablement sur les colonnes 2 des angles va jusqu’à la rencontre de la fasse des pilastres 3, et continu sur les pilastres 4 par le dehors, et retourne sur les pilastres 3, 5 par le dedans ; tous ces pilastres 3, 4, 5 ne doivent pas estre diminuez.
Comme il seroit infini de representer tous les cas qui peuvent arriver où il est à propos de ne pas diminuer les pilastres, de même qu’il a esté dit au dessein precedent pour ceux où il est necessaire de les diminuer ; ceux que je viens de proser peuvent suffire pour faire connoistre les uns et les autres.
Remarque.
Ce que j’ay expliqué cy dessus touchant les cas où les pilastres ne doivent pas estre diminuez par le haut est le sentiment receut de tout temps par les architectes ; neamoins si l’on fait attention que la bonne construction des édifices demende que les fasses des murs de dehors soient un peu penchées en dedans, ce que l’on nomme avoir du fruit ; l’on remarquera que les fasses des pilastres doivent suivre la même inclination des murs contre les quels ils sont adossez ce qui les rendra plus menus par le haut que par le bas autant de chaque costéz que le mur aura de fruit sur la hauteur des pilastres, mais cette diminution ne se doit pas faire en ligne droite aux pilastres comme au mur, il la faut faire par une ligne en portion de cercle dont le centre soit sur la ligne de niveau du bas ; comme il est expliqué au premier chapitre pour la diminution des colonnes.
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II. dessein. / DES PILASTRES. / ch. X.
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ch XI. / DES COLONNES ET DES PILASTRES
CHAPITRE XI.
DE LA MANIERE DE PLACER LES COLONNES
ET LES PILASTRES AUX ÉDIFICES.
Les colonnes et les pilastres se peuvent placer de differentes manieres, aux avants corps, et aux angles saillans ou aux angles rentrans des édifices ; il y a des manieres qui conviennent pour la regularité des chapiteaux et des entablemens, et d’autres qui y font de la confusion les quelles il faut eviter. Je representeray celles qui sont le plus aprouvées, sur les trois desseins qui dépendent de ce chapitre, où je ne répèteray point ce qui est contenu sur les desseins du chapitre précédent dont on peut suivre aussi les différentes manières.
[premier dessin]
Le premier dessein est pour les pilastres et les colonnes seuls.
À l’avant corps A, le pilastre de l’encogneure 1, a deux fasses entieres et est accompagné du pilastre 2, par la fasse de devant, d’un angle de pilastre 3, au derrier, et d’un autre pilastre 4, en retours au corps de l’edifice ; les distances entre les pilastres 1, 2, et entre l’angle de pilastre 3, et les pilastres 1, 4, sont égalles, et ne doivent pas estre moindre que la moitié de la fasse du pilastres dans tous les ordres ; observant de les faire plus grandes s’il est nécessaire, soit pour empecher les chapiteaux de se confondre l’un dans l’autre, ou pour les faire convenir avec la distribution des mutules ou des modillons, et à l’ordre dorique l’on doit faire ces distances ensorte que les metopes soient carréz et qu’il y ait un trigliphe qui reponde au milieu des fasses de chaque pilastre et que les bases et les chapiteaux soient separéz et qu’il n’y ait rien de confondus l’un dans l’autre ; ce qui se doit pratiquer dans tous les exemples cy après tant pour les colonnes que pour les pilastres, et estre en toutes sortes de cas pour une regle geralle (sic).
L’avant corps B, n’a qu’un pilastre 1, à l’encogneure ayant deux fasses entieres, un angle de pilastre 2 au derrier, et un autre pilastre 3, en retours au corps de l’edifice, les distances entre l’angle de pilastre 2 et les pilastres 1, 3, sont égalles, suivant la regle cy dessus.
À l’avant corps C, le pilastre de l’encogneure 1, a sa fasse de devant entiere, et celle de costé avec la fasse du pilastre 2, en retours qui se joignent n’ont chacune que les deux tiers, ou les trois quarts de la fasse de devant du pilastre 1 ; selon qu’il conviendra pour l’espece de l’ordre ; mais s’il n’y a point de sujetion on préferera les deux tiers aux trois quarts ; ce qui se doit observer toutes les fois qu’il y aura des pilastres ployez.
À l’angle saillant D, le pilastre d’angle 1, a ses deux fasses égalles, et est accompagné des pilastres 2 et 3, en retours dont la distance entre deux est comme il est dit cy dessus.
L’angle saillant E, n’a qu’un pilastre à l’angle, dont les deux fasses sont égalles.
À l’angle saillant F, les deux pilastres 1, 2, forment un angle rentrant à l’encogneure, et les deux fasses qui se joignent n’ont que les deux tiers, ou les trois quarts des autres fasses, ainsi qu’il conviendra ; l’entablement doit suivre le même plan.
À l’angle saillant G, les pilastres 1, 2, sont éloignez de l’angle 3, lequel est formé par les murs de l’edifice ; ce qui reste des dits murs entre l’angle et les pilastres, ne doit pas estre moindre que les deux tiers de la fasse des pilastres ; l’entablement doit faire retours sur le costé des dits pilastres vers l’angle, en arrier corps sur la partie des murs qui éxede au-delà.
L ‘angle rentrant H, a un angle de pilastre 1, et un pilastre 2, 3 en retours de chaque costé, dont les distance entre deux sont égalles, ainsi qu’il est dit cy dessus.
L’angle rentrant I, a un pilastre ployé 1, 2, d’ans (sic) l’angle dont les fasses doivent avoir les deux tiers ou les trois quarts des fasses des pilastres entieres 3, 4, ainsi qu’il est expliqué cy dessus.
Les colonnes qui ne sont point accompagnés de pilastres sont ou isolées, ou en partie encastrées dans les murs ; à celles qui sont isolées leur distances des murs doit estre suffisante pour que les bases et les chapiteaux soient entiers, et celles qui sont engagées doivent estre les trois quarts de leur diamètre du bas hors les murs.
L’avant corps L, a une colonne 1, à l’encogneure, une autre colonne 2, à costé par la fasse, une colonne d’angle 3 au derrier, et une autre colonne en retours 4 au corps de l’edifice ; les distances entre ces colonnes sont les mêmes qu’il est dit pour les pilastres.
L’avant corps M, a une colonne 1, à l’encogneure, une autre colonne 1, à costé par la fasse, une colonne d’angle 3, au derrier sur l’alignement de la colonne 4 au corps de l’edifice.
L’avant corps N, a une colonne seule 1, à l’encogneure et une colonne d’angle 2, au derrier.
L’angle saillant O, a une colonne 1, à lencogneure, accompagné d’une autre colonne en retours de chaque costé 2, 3.
L’angle saillant P, a une colonne 1, seule à l’encogneure à l’alignement des colonnes des fasses 2, 3.
L’angle saillant Q, est formé par les deux murs de l’edifice 3, ayant les deux colonnes 1, 2, plus reculées au moins des deux tiers de leur diamètre du bas, et l’entablement y fera retours.
L’angle rentrant R, a une colonne d’angle 1, accompagnée des deux autres colonnes 2, 3 en retours de chaque costéz.
L’angle rentrant S, a une colonne d’angle seule 1, sur l’alignement des colonnes 2, 3 des deux fasses en retours.
L’avant corps T, a ses colonnes isolées, des murs, et les colonnes 2, 3, pour accompagner la colonne d’encogneure 1.
L’angle saillant V, avec des colonnes isolées à la colonne 1, a l’encogneure accompagnée des colonnes 2, 3, en retours.
On peut aussi mettre des colonnes isolées dans la maniere de celles de l’angle Q, mais l’on fera la distance entre l’angle des murs 3, et les colonnes 1, 2, au moins du diamètre du bas des colonnes.
L’angle X, avec des colonnes isolées n’a qu’une colonne 1, dans l’angle rentrant, à l’alignement des colonnes 2, 3 aux fasses en retours.
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I. dessein. / DES COLONNES ET DES PILASTRES. / ch XI.
p. 88
   
ch XI. / DES COLONNES ET DES PILASTRES.
[deuxième dessin]
Le second dessein du onziesme chapitre est pour les colonnes accompagnées de pilastres, en plusieurs manieres ; où on observera qu’aux colonnes qui seront couplées, tant entrelles, qu’avec des pilastres, soit par les costez ou par le derrier, la distance entre deux doit convenir avec la saillie des bases et des chapiteaux pour qu’ils ne se confondent pas l’un dans l’autre, et avec la distribution des modillons ou mutules des entablemens, et même des trigliphes si l’ordre est dorique, ainsi qu’il a esté expliqué sur le dessein precedent.
Aux avants corps A, B, qui ont des peristiles aux costez, dont celui cotté A, a des colonnes couplées tant à la fasse de l’avant-corps qu’au peristile, et celui cotté B, n’a que les colonnes de l’avant corps qui soient couplée et les autres sont simples ; à l’un et à l’autre le pilastre de l’encogneure est accompagné d’un pilastre 4, par la fasse de l’avant corps, et par l’autre costé de la colonne 2 ; à l’alignement des autres colonne 3 du peristile, et au devant de ces pilastres sont les colonnes 5, 6 qui forment l’avant corps ; au fond du peristile sont les pilastres 7, 8 qui répondent aux colonnes 2, 3 estant à même distance des dites colonnes que la colonne 2, l’est de la colonne 3, et l’angle de pilastre 9 répond aux pilastres 1, 7 ; et les distances entre les colonnes et les pilastres couplez sont égalles à celles entre les pilastres et lé (sic) colonnes qui les accompagnent à l’avant corps.
L’avant corps C, est semblable à l’avant corps B exepté qu’il n’a point de peristile, et que la colonne 2 est égallement distante des pilastres 1 et 7.
L’avant corps D, a un pilastre 1, simple à l’encogneure ayant un angle de pilastre 2 au derrier, accompagné du pilastre 3, en retours au corps de l’edifice, la colonne 4 répond au devant du pilastre 1, et la colonne 5 répond au costé du même pilastre 1 et au devant du pilastre 3.
À l’angle saillant E le pilastre de l’encogneure 1 qui a deux fasses, est accompagné de chaque costé en retours d’un autre pilastre 2 et 3, ayant par la fasse de devant les deux colonnes couplées qui repondent aux pilastres 1, 2, et par le retours les autres colonnes couplées 7, 8 qui répondent au même pilastre 1, et au pilastre 3 ; l’entablement y fera retours en angle rentrant sur les colonnes 5, 7.
L’angle saillant F est entourré d’un portique de colonnes, ayant un pilastre seul 1 qui a deux fasses à l’encogneure, et d’autres pilastres 2, 3, plus recullez, les colonnes 4, 5 de la fasse répondent aux pilastres 1, 2, et les colonnes 6, 7 du retours par le costé répondent au même pilastre 1, et au pilastre 3 ; la colonne 8 à l’angle du portique est d’alignement avec les colonnes 4, 5, et 6, 7, et les distances entre les colonnes et les pilastres sont égalles aux entrecolonnemens.
L’angle saillant G, a un pilastre seul 1, à l’encogneure accompagné des colonnes 2, 3, par le devant, et par le retours ayant une autre colonne 4, à l’angle, couplée avec les colonnes 2 et 3.
L’angle saillant H, est comme l’angle G à la reserve qu’il n’a point de colonne angulaire et l’entablement fait retours en angle rentrant sur les colonnes 2 et 3.
À l’angle saillant I, l’encogneure 1 est formé par les murs de fasse et de retours, et les pilastres 2, 3, sont plus recullez ayant les colonnes simples 4, 5, au devant sur lesquelles l’entablement fait retours vers l’angle en maniere d’avant corps.
À l’angle rentrant L l’angle de pilastre 1, est accompagné des pilastres 2 et 3 en retours, et la colonne seulle 4 répond à chacun des pilastres 2 et 3.
À l’angle rentrant M, le pilastre angulaire 1 est d’alignement avec les colonnes 2, 3, d’une fasse et avec les colonnes 4, 5 de l’autre fasse en retours ayant les angles de pilastres 6, 7, au derrier accompagnez des autres pilastres 8, 9 en retours ayant les angles de pilastres 6, 7, au derrier accompagnez des autre pilastres 8, 9 en retours qui respondent aux colonnes 2 et 4.
Les angles rentrans N, O, sont pour les portiques ou peristils de dedans à celui cotté O, la colonne 1 , de l’angle est couplée avec la colonne 5, d’une fasse et avec la colonne 6, de l’autre fasse en retours ; et à celui cotté N, il n’y a qu’une colonne simple 1, dans l’angle ; à tous les deux les pilastres 2, 3, répondent chacun d’alignement à la colonne 1, de l’angle ; et l’angle de pilastre 4, répond diagonallement à la même colonne 1 ; les costez du dit angle de pilastre et les costez des pilastres 2, 3 qui le regardent sont de la moitié de la largeur de la fasse des dits pilastres, afin que le dit angle de pilastre 4 ait assez de corps pour figurer avec les pilastres et que les distances entre les pilastres 2 et 3 et la colonne 1, soient égalles aux entrecolonnemens 5, 7 ; 6, 8 ; ou 1, 7 ; 1, 8.
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II. dessein. / DES COLONNES ET DES PILASTRES. / ch XI.
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ch XI. / DES COLONNES ET DES PILASTRES.
L’on dispose les pilastres pour les pilles des églises où il y a des retours en forme de croix entre la nef et le coeur, autrement qu’il n’a esté expliqué sur les desseins precedens ; et cela en trois sortes de manieres comme il se voit sur le troisiesme dessein de ce chapitre.
[troisième dessin]
Premièrement en y mettant deux pilastres qui se joignent formant ensemble un angle rentrant, comme à la pille cottée A, où le pilastre 1, qui est d’alignement avec le pilastre 3, se joint avec le pilastre 2, au retours de l’alignement du pilastre 4, et les fasses des costez des pilastres 1, et 2 qui se croisent n’ont pas moins que les deux tiers n’y plus des trois quarts des fasses entieres des mêmes pilastre, ainsi qui conviendra pour leurs chapiteaux et pour leur entablement.
Secondement en mettant des pilastres continus ployez en trois pans octogonne, sur l’angle ; aux pilles B, C, qui se peuvent employer où il y aura de petits dosmes, soit que les pilastres des fasses soient simples comme à la pille B, où le pilastre 1, est d’alignement avec le pilastre G, et le pilastre 2, de l’autre fasse d’alignement au pilastre 7 ; ou qu’ils soient coupleez comme à la pille C, où les deux pilastres 1, 3, sont d’alignement avec le pilastre 6, et les pilastres 2, 4, d’alignement avec le pilastre 7 ; pour avoir la proportion que doivent avoir les pans des dits pilastres ployez en trois, il faut sur le plan en grand cotté G, diviser la fasse du pilastre 1, 2, en trois, faire les retours 1, 3, et 5, 4 chacun d’un tiers, et le pans du milieu 3, 4 des deux tiers ; cette proportion convient tres bien pour les chapiteaux dans tous les ordres et particulierement à l’ordre corinthien au quel les cornes du tailloir repondent aux angles 1, 5, la rose au milieu du pans 3, 4, et les tigettes aux angles 4, 3.
La troisiesme maniere est pour les moyens dosmes comme les pilles D, E, ou pour les grands dosmes comme la pille F, où les pilastres 1, 3 sont ployez par les costez 2, 4 suivant le pans octogonne ; aux pilles D, E, des moyens dosmes la distance entre les deux pilastres ployez est au moins comme il est dit ci devant aux pilastres couplez, ils peuvent estre simples par les fasses comme à la pille D, ou couplez avec d’autres pilastres 5, 6, comme à la pille E et ils sont d’alignement avec les pilastres de la nef et de la croisée 7, 8.
La pille F, qui est pour les grands dosmes a un espasse considerable entre les pilastres ployez 2, 4, et les pilastres d’encogneure 1, 3, sont couplez avec d’autres pilastres 5, 6, par ce que s’ils estoient simples les arcs doubleaux seroient trop estroits pour porter un grand dosme, ces pilastres sont d’alignement avec les autres pilastres 7, 8, de la nef et de la croisée.
La proportion des pilastres ployez à pans octogonne est expliqué par le plan en grand cotté H, au quel ayant divisé la fasse du pilastre 1, 2, en sept parties on en donnera quatre à chaque costé du pilastre ployé 1, 4 et 4, 3. Cette proportion de pilastre ployé en octogonne servira aussi pour les pilastres que l’on placera aux angles des salons ou aux vestibules, et autres endroits où les pans seront suivant le même angle.
Il se peut faire des pilles pour porter les dosmes plus ornées de pilastres que celles qui sont representées sur ce dessein, mais les proportions des pilastres ployez en deux ou en trois y sera toujours la même ; il pouvoit aussi y avoir des colonnes au devant de quelqu’uns des pilastres sans rien changer à cette proportion.
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III. dessein. / DES COLONNES ET DES PILASTRES. / ch XI.
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ch. XII. / DES FRONTONS
CHAPITRE XII.
DE LA PROPORTION DES FRONTONS.
Les frontons ont pris leur origine des pignons des toits et leur proportion a esté reglé sur ceux de la Grece, où une pente mediocre suffit pour écouler les eaux de la pluye ; car quoy que la hauteur des combles change suivant les differents climats, estant beaucoup plus élevéz à ceux du nord qui sont suject aux néges, qu’ils ne le sont en Grece, la hauteur des frontons doit partout avoir aprochant la même proportion si l’on veut observer le bon goust de l’architecture ; mais comme il seroit tres desagreable de voir un toit en pignon pointu élevé au-dessus d’un fronton qui doit couronner l’edifice on y fait le comble en croupe par le devant en sorte qu’il ny paroist que le fronton.
On doit eviter de mettre deux frontons l’un sur l’autre en un même corps d’édifice, à moins que le fronton du bas ne couronne un corps saillant plus étroit que le corps qui est couronné par le fronton du haut, afin que celui du bas paroisse estre la couverture d’un espece de porche et l’autre la couverture de l’édifice, en ce cas l’un et l’autre pouront estre en angle en forme de toits, et l’on doit particulierement observer que le fronton du haut soit toujours angulaire, car si l’on admet allieurs les frontons en arc de cercle on ne les doit employer qu’avec beaucoup de prudence, tant à cause que leur figure ne resemble point à un toit, que par ce qu’ils ont l’aspect plus pesant que les angulaires, ce qui fait qu’ils ne reussisent jamais bien lors qu’ils sont grands.
On pouroit mettre avec succest des frontons pour couronner de petits avants corps qui serviroient à orner des fenestres, des portes, des niches, ou autres parties des fassades en observant que ces avants corps ne fissent pas de trop petites parties et qu’ils eussent de l’union avec toute la fassade où ils seroient appliquez et s’il y avoit une suitte repeté de ces sortes d’avant corps, on pouroit y faire alternativement un fronton angulaire et un autre circulaire, afin que par leurs diversité la veue pusse plus aysement distinguer l’economie des ornemens de la fassade, ce qui se voit asséz heureusement pratiqué à plusieurs endroits ; et il semble que ce soit en ce cas seullement ou en d’autres semblable que l’on puisse se servir des frontons circulaires.
Les frontons doivent en quelque maniere estre proportionnez avec les corps d’édifices qu’ils couronnent, c’est à dire que si le corp est plus large que haut le fronton doit estre plus plat et s’il est plus haut que large il doit estre plus pointu, par ce que si les frontons avoient la même proportion en l’un et en l’autre, la comparaison qui se fait à l’oeil de la hauteur du fronton avec la hauteur de l’edifice les feroit paroistre trop elevé aux édifices plus large que haut et aux contraire ils paroitreroient trop plats aux édifices plus haut que large, néamoins il ne faut pas que leur difference soit sensible et il est à propos d’en donner les regles.
[premier dessin]
La plus belle proportion des frontons est celle qui est cotté AEB sur le premier dessein de ce chapitre, dont l’angle du sommet est en un seguement de quart de cercle, elle peut servir pour les frontons qui couronne un corps aussi haut que large ; pour la trouver on divise toute la longueur du filet AB sous la cimaise de la corniche droitte en deux au point C par lequel on mene la ligne aplomb ED, et l’on fait CD égale à la moitié de AB, ensuitte du point D comme centre et de l’intervale DA ou DB, on trace l’arc AED, le quel coupe la ligne aplomb au point E qui determine la hauteur du fronton non compris la cimaise, et ayant mené les lignes AE, BE on fait au-dessous de ces lignes la meme corniche qui est à l’entablement droit qui porte le fronton sans la cimaise, la quelle cimaise on adjoute au-dessus des même lignes ; or comme il se pouroit faire que par la grandeur du fronton on ne pouroit pas tracer l’arc de cercle, on aura la même proportion à tres peu de chose prés en divisant toute la longueur AB en vingt quatre parties dont on en donnera cinq à la hauteur CE.
La plus haute proportion des frontons est cotté FIG qui est pour ceux qui couronne un corps dont la hauteur est double de sa largeur ; toute la longueur du filet FG se divise en vingt trois parties dont on en donne cinq à la hauteur HI non compris la cimaise.
Les frontons qui couronnent un corp dont la hauteur n’est que la moitié de sa largeur doivent estre suivant la proportion cotté LOM pour la quelle l’on divise toute la longueur du filet LM en cinq et on en donne une à la hauteur du fronton NO, non compris la cimaise.
Suivant ces règles la plus haute proportion des frontons est à leur largeur comme cinq à vingt trois ; la moyenne de cinq à vingt quatre, et la plus basse de cinq à vingt cinq ; et selon que les corps des édifices seront plus ou moins haut, à proportion de leur largeur, on fera aussi leurs frontons plus ou moins haut entre ces trois regles.
Les proportions des frontons circulaires sont les mêmes que pour les frontons angulaires.
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I dessein. / DES FRONTONS / ch. XII.
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ch. XII. / DES FRONTONS. / ch. XII.
Tout ce qui concerne les frontons n’ayant pû estre expliqué sur le dessein precedent il est nécessaire d’un second dessein pour remarquer plusieurs particularité que l’on y doit observer ; qui sont que la corniche droitte qui est sous le fronton ne doit point avoir de cimaise ; elle doit estre continuée toute droitte d’une extremité à l’autre et l’on ne doit pas légerement prendre la licence de la couper n’y de l’interompre, soit en la faisant profiler en dedans et la suprimant en une partie du milieu, ou la faisant remonter en haut en arc de cercle ou autrement en maniere d’un second fronton, par ce que ces sortes de licences font pour l’ordinaire un tres mauvais effet et l’on ne doit point les admetre sans des obligations qui puissent rendre raison d’elles mêmes du suject qui les a fait faire ; à l’egard des corniches rampantes qui forment le fronton l’on ne doit jamais les couper ny les interrompre par des retours ny autrement, par ce qu’un toit ne peut convenir avec ces sortes d’entre coupures ; et si l’on estoit indispensablement obligé de faire retourner en arrier corp la corniche droitte qui porte le timpan, comme il est representé par le fronton ABC ; il seroit à propos de faire monter les corps saillans DE dans le timpan, sur lesquels on feroit retourner les moulures du bas de la corniche du fronton jusqu’au soffite du larmier, et continuer le larmier et les moulures du haut de la corniche sans retours jusqu’au sommet B, ce qui rendroit le soffite du larmier plus large audroit de l’arrier-corp du milieu ; s’il y avoit des mutules ou modillons à la corniche rampante du fronton, on les feroit à l’endroit de l’arrier corp de la saillie de leur proportion ordinaire et le surplus de la largeur du soffite du larmier éxederoit au-delà d’iceux.
La cimaise que l’on suprime à la corniche droitte qui porte le fronton, se met aux corniches rampantes qui le forme et elle se doit raccorder directement avec la cimaise des retours des bouts sans faire aucun plis, que les ouvriers nomment oreille, mais comme cela donne plus de hauteur à la cimaise rampente qu’elle n’a par les retours il lui faut donner moins de saillie afin qu’elle paroisse à peu pres de même grandeur à la veue, ainsi qu’il est marqué par les figures I, L ; il faut faire le profil de la cimaise des retours a, b, suivant la proportion de son ordre et des extremitez a, et b, mener les lignes a, c ; b, d, suivant la rampe du fronton que l’on travercera par la ligne d’equesre c, e ; l’on tracera les lignes aplomb a, f ; b, g. et les lignes de niveau a, g ; b, f. des extremitez du profil de la cimaise des retours ; l’on prendra sur la ligne g, b, prolongée par le haut, la distance g, h, égale à la hauteur de la cimaise rampente c, e ; ayant mené la ligne h, a ; coupant la ligne b, f, en i, l’on prendra la distance e, d ; sur la ligne du haut de la cimaise rampente égale à la distance i, f, ce qui sera la saillie de la cimaise du fronton, dont on tracera le profil suivant la même regle dont on se sera servi pour tracer le profil de la cimaise des retours.
Lors que la corniche droitte a des mutules ou des modillons l’usage a introduit d’en mettre aussi aux corniches rampente du fronton ; quelques architectes ont esté d’avis qu’ils doivent estre d’equesre avec la ligne de pente, supposant quils representent les bouts des pannes du comble qui sont carrées pour l’ordinaire ; mais le plus grand nombre les mettent aplomb, apuyez sur l’autorité des plus beaux exemples tant antiques que modernes, et on les fait repondre justement aplomb de ceux de la corniche droite qui est au-dessous, ainsi qu’ils sont representé sur le dessein aux frontons ABC, FGH ; cette maniere de mettre les modillons aplomb ne repugne en rien à la resemblance des pannes, car les piesses de bois que l’on suppose estre taillées en consolles pour faire les modillons peuvent aussi estre taillées en lozange au lieu d’estre carrées ; il est à propos avant qu’il se peut faire de mettre un modillon ou mutule ployé au milieu de la pointe des frontons pour y representer le faitage. Les denticules et les autres ornemens des corniches des frontons doivent aussi estre aplomb, et ce qui est dit pour les modillons, mutules, denticules et autres ornemens aux frontons angulaires se doit entendre de même pour les frontons circulaires.
Si l’on veut orner les timpans des frontons il est à propos que les ornemens que l’on y mettra ayent du rapport avec l’usage de l’edifice ; les basreliefs de figures y conviennent tres bien et particulierement aux églises, où l’on doit éviter de mettre des armoiries pour la bien seance et le respect que l’on doit à la religion, à l’esgard des palais ou autres édifices publiques ou particuliers l’on y peut mettre des armoiries dans les timpans observant de les traiter en basreliefs et de les accompagner de figures ou ornemens convenables qui ne ressente pas la maniere des anciens cartouches à la gottique.
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II. dessein. / DES FRONTONS. / ch. XII.
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ch XIII. / PROPORTION DES PORTES.
CHAPITRE XIII.
DE LA PROPORTION DES PORTES
SELON LES DIFFERENTS ORDRES.
Il y a de trois sortes de portes, savoir les rondes, celles à plattebandes droitte et les bombées ; les rondes sont les mêmes que les arcs dont les proportions ont esté expliquées dans les chapitres precedents pour chacun des ordres ; ainsi il ne sera parlé dans ce chapitre que des portes à plattebande droitte et de celles qui sont bombées.
La proportion de la largeur avec la hauteur des portes à plattebande droitte change suivant les differents especes des ordres de même qu’il a été remarqué pour les arcs, afin de se conformer à la simplicité des uns et à la delicatesse des autres ; l’ordre toscan dont les colonnes sont les plus courtes demandant une porte plus basse par rapport à la largeur et l’ordre corinthien qui est le plus sevelte des ordres doit avoir sa porte plus haute que les autres ordres à proportion.
La regle pour avoir les differentes proportions de la hauteur des portes à plattebandes droitte à l’esgard de leur largeur est qu’ayant divisé la largeur en douze, la hauteur de la porte de l’ordre toscan en aura vingt trois, celle de l’ordre dorique vingt quatre, celle de l’ordre ionique vingt cinq, celle de l’ordre composé vingt cinq et demi, et celle de l’ordre corinthien vingt six ; ainsi la porte toscan sera moins haute que le double de sa largeur d’un douziesme de la largeur, la porte dorique sera justement le double de sa largeur, la porte ionique sera plus haute que le double de sa largeur d’un douziesme de la largeur, la porte composé sera plus haute que le double d’un huitiesme de sa largeur, et la porte corinthienne sera plus haute que le double d’un sixiesme de sa largeur, ce qui est representé par les portes marquées sur le dessein de ce chapitre.
La proportion de la largeur des chambranles des portes est ordinairement la sixiesme partie de la largeur de l’ouverture de la porte lors que le sixiesme n’exede pas le demi diamètre des colonnes ou pilastre, mais si la largeur de la porte avoit plus de trois fois le diamètre de la colonne il ne faudroit faire la largeur du chambranle que d’un module, afin qu’il fut au plus dans la proportion qui a été marqué pour les archivoltes ; leurs profils sont les mêmes que ceux qui on été décrit pour les archivoltes des arcs dans chaque ordre.
Les portes à plattebande droite qui sont accompagné de colonnes ou pilastres auront une belle proportion lors qu’il ny aura que des socles sous les bases, si on fait le dessus du travers du chambranle au niveau du dessus de l’astragale du haut du fust des colonnes, et pour lors on fera la largeur du chambranle d’un module et pour trouver la largeur de la porte, à l’ordre toscan on divisera la hauteur de l’ouverture en vingt trois dont on en donnera douze à la largeur, à l’ordre dorique on divisera la hauteur en deux et la largeur en aura une, à l’ordre ionique la hauteur estant divisé en vingt cinq la largeur sera de douze, à l’ordre composé la hauteur se divisera en dix sept et la largeur en aura huit, et à l’ordre corinthien on divisera la hauteur de la porte en treize pour en donner six à la largeur.
S’il y avoit des piédestaux sous les colonnes qui accompagnent les portes à plattebandes droittes ces colonnes paroistroient trop menues si les portes occupoient toute la hauteur de l’ordre, il sera à propos en ce cas de ne les faire que de la hauteur des quatre cinquiesme de la hauteur du dessous de l’architrave jusqu’au pavé, c’est à dire que ayant divisé cette hauteur en cinq on en prendra quatre pour la hauteur de l’ouverture de la porte ; la proportion de la largeur des portes et de leurs chambranles sera toujours la même qu’il est expliqué ci dessus suivant la difference des ordres. On observera d’orner l’espasse entre le dessus du chambranle et le dessous de l’architrave d’une maniere convenable à l’edifice.
Les portes bombées se font lors que par quelque obligation elles sont plus larges par rapport à leur hauteur que les proportions marquées pour les portes à plattebande droitte ; on les peut accompagner de colonnes comme les autres ou les couronner seullement d’une corniche qui suive leur bombement portée sur un avant corp orné de consolles, comme il est representé au dessein des portes bombées. Le centre du bombement se trouvera en prenant sur la ligne aplomb du milieu la hauteur AB égale à la hauteur de l’ouverture de la porte, le point B sera le centre de l’arc du bombement CAD, en sorte qu’ayant mené les lignes CD, CB, DB, le triangle CBD soit équilateral.
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PROPORTION DES PORTES. / ch. XIII.
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ch. XIV. / PROPORTION DES FENESTRES.
CHAPITRE XIV.
DE LA PROPORTION DES FENESTRES,
SELON LES DIFFERENTS ORDRES.
Les fenestres estant destinées pour éclairer les logemens doivent estre proportionnées par le dedans avec les piesses qu’elles éclairent, elles doivent aussi avoir du rapport par le dehors avec la decoration des fassades ; leur proportion du dedans est qu’elles contiennent toute la hauteur de l’étage jusque sous l’architrave de chaque piesse et qu’elles y soient de scimetrie ; et leur proportion par le dehors doit suivre le caractere des ordres differents ; c’est de cette dernier proprotion (sic) qu’il est traité dans ce chapitre. Il y a de trois sortes de fenestres de même qu’il a été dit pour les portes au chapitre precedent, qui sont les ceintrées, celles à plattebande de droitte , et les bombées.
Les fenestres ceintrées sont pour les vestibules, les sallons, les galleries, et même pour les grands appartemens ; elles doivent occuper toute la hauteur qui marque leur étage par le dehors ; si leurs apuis sont de pierre on comptera leur hauteur du dessus des apuis jusque sous la clef de leur ceintre, mais si elle sont ouvertes jusqu’au bas du plancher avec un apuy de fer en balcon leur hauteur se comptera dés le bas, ces sortes de croisées ne conviennent bien qu’aux ordres ionique, composé, et corinthien ; pour avoir leur proportion à chacun de ces ordres il en faut diviser la largeur en douze et en donner vingt huit à la hauteur de la fenestre ceintrée de l’ordre ionique depuis le bas de l’ouverture par le dehors jusque sous la clef du ceintre, on en donnera vingt neuf à la fenestre ceintrée de l’ordre composé, et trente à celle de l’ordre corinthien, ainsi qu’elles sont cottées sur le dessein ABC. Si les fenestres ceintrées occupent toute la hauteur de l’ordre on fera la largeur de leurs pilastres d’alette, la hauteur de leur imposte, et la largeur de leur archivolte d’un module si l’ordre a des colonnes ou pilastres, et s’il n’y a point de colonnes ny de pilastres on les fera de la huitiesme partie de la largeur de l’ouverture, mais si l’ordre occupe la hauteur de deux étages, on poura faire les pilastres d’alette, l’imposte, et l’archivolte de la sixiesme partie de la largeur de l’ouverture, pourveu qu’ils n’exedent pas un module ; les profils des impostes et des archivoltes sont les mêmes qu’il a eté expliqué pour les arcs des ordres.
Les fenestres à plattebande droitte ne doivent pas estre si hautes par rapport à leur largeur que les ceintrées ; leur proportion se trouvera pour chacun des ordres en divisant leur largeur en douze, on en donnera vingt quatre à la hauteur de la fenestre de l’ordre toscan, vingt cinq à celle de l’ordre dorique, vingt six à celle de l’ordre ionique, vingt sept à celle de l’ordre composé et vingt huit à celle de l’ordre corinthien le tout à compter du dessus de l’apuy, jusque sous la plattebande. S’il y a des piédestaux à l’ordre ils doivent regner sous les fenestres et le dessus de la corniche des piédestaux sera le dessus de l’apuy, bien entendu que l’on elevera le plancher par le dedans pour que l’apuy soit à une hauteur convenable, qui est entre deux pieds six pouces et deux pieds neuf pouces lors que les apuis sont de pierre et trois pieds lors que l’on y met des balcons de fer à cause du peu d’epesseur du fer qui mettroit ceux qui y regarderoient en danger de tomber si ils estoient plus bas, ce qui n’arrive pas aux apuis de pierre dont la largeur supplé à la hauteur des balcons. S’il ni a point de piédestaux sous les colonnes ou pilastres le dessus de l’apuy des fenestres sera le dessus du socle s’il est assez haut, ou au niveau du dessus des bases si le socle est trop bas, car il faut observer que l’aire du plancher ne soit pas plus bas que le dessus de la corniche de l’etage au-dessous, quoy qu’il puisse estre plus haut ; on doit observer que les apuis des fenestres du rez-de-chaussée soient au moins à cinq pieds du pavé des cours ou places. Lors que les fenestres à plattebande droitte occupent la hauteur de l’ordre on se poura contenter d’y mettre un chambranle au pourtour dont la largeur sera la sixiesme partie de la largeur de l’ouverture si le sixiesme n’exede pas le demi diamètre des colonnes ou pilastres de l’ordre et s’il devenoit plus grand on reduiroit la largeur du chambranle à un module, son profil est le même que celui de l’archivolte des arcs. Les fenestres qui n’occuperont pas la hauteur de l’ordre pouront estre ornées comme celles qui sont cottées D, E, F, G, H sur le dessein, ou le dessous de l’architrave de l’ordre est representé par la ligne NM. Quant les chambranles sont accompagnez d’un cantalabre en avant corp comme ils sont au dessein, le chambranle sera la huitiesme partie de la largeur du vide, et le cantalabre sera la sixiesme partie de la même largeur du vide de l’ouverture des fenestres.
Les fenestres bombées tiennent lieu aux ordres toscan et dorique des ceintrées aux autres ordres ; la hauteur de leur apuis sera reglé suivant ce qui est dit cy dessus, et elles doivent occuper le reste de la hauteur jusque sous l’architrave si faire se peut, comme sont les fenestres cottées I, L au dessein, où la ligne NM represente le dessous de l’architrave ; leur proportion sera de même que celles à plattebande droitte, c’est à dire que la largeur estant divisé en douze la hauteur de la fenestre bombée toscane sera de vingt quatre, et celle de l’ordre dorique de vingt cinq, la largeur de leur chambranle sera aussi de même ; le centre de leur bombement se trouvera de même qu’il a été dit pour les portes en prenant sur la ligne aplomb du milieu la hauteur ab, égale à la largeur des fenestres, le centre sera au point b, qui est l’angle d’un triangle équilateral cbd.
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PROPORTION DES FENESTRES. / ch. XIV.
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ch. XV. / PROPORTION DES NICHES.
CHAPITRE XV.
DE LA PROPORTION DES NICHES ET DES FIGURES
PAR RAPORT AUX ORDRES D’ARCHITECTURE.
L’on met souvent des niches aux fassades et aux dedans des édifices pour les décorrer, et elles y font un ornement tres considerable, quant elles y sont employez avec prudence dans les lieux qui leur conviennent ; elles sont ordinairement destinez pour y placer des figures, et leur proportion dépend en quelque maniere de celle que les figures doivent avoir, selon leurs differentes situation ; ainsi il est à propos de regler la grandeur des figures, pour avoir celle des niches.
L’on doit considerer et proportionner les figures, suivant les differentes grandeurs et situation des ordres qu’elles accompagnent ; et satisfaire en même temps à la comparaison qui se fait de ces figures avec la grandeur naturelle des personnes qu’elles represente ; en sorte qu’elles ne paroissent pas trop petites, n’y trop gigantesses. Les figures ne doivent pas aussi avoir une même proportion dans tous les ordres de differents especes, par ce que les colonnes ou pilastres de même hauteur n’y sont pas de même grosseur, et des figures qui seroient proportionnéz pour des colonnes toscane seroient trop fortes pour des colonnes corinthienne ; comme aussi une certaine proportion de figure feroit tres bien avec une petite colonne, qui ne feroit pas le même effet dans la même proportion avec une colonne plus grande ; il faut aussi observer lors que l’on place des figures à des ordres mis l’un sur l’autre, que les figures du haut doivent estre d’égale hauteur à celles du bas, quoy que les colonnes du haut soient plus menues et moins hautes que les autres, par ce que la comparaison qui se fait des figures l’une à l’autre est plus sensible que celle des figures aux colonnes.
Sur ce principe il est à propos de poser les proportions extremes de la grandeur des figures avec celle des colonnes ; c’est à dire leurs differentes proportions pour estre avec de petites ou de grandes colonnes. Je suppose d’abord tous les ordres estre seul à seul et posez à la hauteur de la veue, et je prend pour les petites colonnes celles de dix pieds de haut, le diamètre du bas sera un peu plus de dix sept pouces à la colonne toscane, quinze pouces à la dorique, treize pouces un tiers à l’ionique, et douze pouces aux composé et corinthienne ; à cette hauteur de colonne l’on donnera à la figure de l’ordre toscan quatre diamètre de sa colonne, qui font cinq pieds huit pouces ; à celle de l’ordre dorique quatre diamètre un tiers faisant cinq pieds cinq pouces ; à celle de l’ordre ionique quatre diamètres deux tiers, faisant cinq pieds deux pouces ; et aux figures des ordres composé et corinthien cinq diamètres, qui font cinq pieds ; posant ensuitte des colonnes de soixante pieds de haut pour les plus grandes ; la figure de l’ordre toscan sera de deux diamètres, qui font dix sept pieds deux pouces ; celle de l’ordre dorique deux diamètres un sixsiesme, revenant à seize pieds trois pouces ; celle de l’ordre ionique deux diamètres un tiers, revenant à quinze pieds six pouces ; et à celles des ordres composé et corinthien deux diamètres et demi, qui vallent quinze pieds. Ces deux extrêmes estant posez dans chaque ordre, l’on prendra les proportions aritemétique entre deux pour avoir les différentes hauteurs des figures, selon les différentes hauteurs des colonnes ; par exemple à l’ordre corinthien la figure ayant cinq pieds pour une colonne de dix pieds et quinze pieds pour une colonne de soixante pieds, la figure d’une colonne de vingt pieds sera de sept pieds, celle d’une colonne de trente pieds sera de neuf, celle d’une colonne de quarente en aura unze, et celle d’une colonne de cinquante pieds sera de treize pieds et ainsi des autres tant au-dessus qu’au-dessous de ces hauteurs de colonnes.
À l’egard des figures placées aux ordres mis l’un sur l’autre, l’on trouvera suivant la règle cy-dessus les hauteurs des figures de l’ordre du haut et de celui du bas chacune par raport à leur colonne, l’on aditionnera ces deux hauteurs ensemble, et l’on prendra la moitié de la somme pour la hauteur commune de toutes les figures, observant de faire la figure du bas d’une proportion masle, et celle du haut très sevelte ; par ce moyen l’on évitera deux deffaut opposez, l’un qui rendroit la figure du haut trop petite par comparaison à celle du bas si elles estoient exactement proportionnées à leurs colonne ; et l’autre qui feroit les figure s du haut trop fortes par raport à leurs colonnes si l’on suivoit les règles de l’obtique (sic) comme quelque uns l’on prétendu.
La proportion des figures estant réglé, elles doivent estre placées dans les niches, ensorte que les yeux soient au niveau du centre du ceintre de la niche ; c’est-à-dire que la niche soit plus haute que les yeux de la figure de la moitié de sa largeur, et l’on mettra un plinthe sous les pieds de la figure qui soit au moins de la hauteur d’une demi teste ; comme elles sont aux niches cottée A, B, sur le dessein ; ainsi les plus petites niches ne seront pas moins hautes que la moitié de leur largeur de plus que la hauteur reglé pour la figure de l’ordre où elles seront placées, mais elles pouront estre plus grandes si le cas le requière, et pour lors les yeux de la figure seront toujours au niveau du centre du ceintre de la niche, et l’on mettra un espèce de piédestal sous le plinthe de la figure pour décendre jusqu’au bas de la niche, comme à la niche cotté C, au dessein.
S ‘il y a un imposte régnant dans les entrecolonnemens, les niches doivent estre entièrement au-dessous comme celles cottées A, B, ou bien le centre de leur ceintre doit estre justement au niveau du dessus de l’imposte, au quel cas on poura suprimer quelqu’un des menbres du bas de l’imposte à l’endroit de la niche et y faire tourner les autres menbres comme à la niche cottée C.
Lorsqu’il y aura des piédestaux aux ordres les niches commenceront au niveau du dessus des bases des colonnes, et s’il n’y a point de piédestaux il faut laisser au-dessous des niches au moins la hauteur des apuis des fenestres, et n’y pas laisser plus du tiers de la hauteur de la colonne ; ce qui se doit entendre pour les niches destinées pour des figures seule, et à l’égard des niches destinées pour des groupes de figures, elles pouront décendre jusqu’au bas de l’ordre, comme est la niche cottée D.
L’on ne doit pas mettre deux hauteurs de niches l’une sur l’autre dans un même ordre, par ce qu’il ne convient pas que des figures ayent les pieds sur la teste des autres.
La proportion de la hauteur à la largeur des niches doit suivre la différence des ordres. Aux niches destinées pour des figures seule, la largeur se divisera dans tous les ordres en douze parties ; à l’ordre toscan toute la hauteur de la niche en aura vingt-huit, à l’ordre dorique vingt-neuf, à l’ordre ionique trente, à l’ordre composé trente-un, et à l’ordre corinthien trente-deux. Les grandes niches pour les groupes qui décendront jusqu’au bas des ordres, doivent estre moins hautes à proportion de leur largeur que celles pour les figures seule, l’on y divisera aussi la largeur en douze parties, on en donnera vingt-six à la hauteur de la niche de l’ordre toscan, vingt-sept à celle de l’ordre dorique, vingt-huit à celle de l’ordre ionique, vingt-neuf à celle de l’ordre composé, et trente à la niche de l’ordre corinthien.
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PROPORTION DES NICHES / ch. XV.
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ch. XVI. / DE L’ORDRE ATTIQUE.
CHAPITRE XVI.
DESCRIPTION DE L’ORDRE
ATTIQUE
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Outre les cinq ordres d’architecture expliquez par tous les chapitres précédens et connus sous les noms de toscan, dorique, ionique, corinthien et composé ; il y a un autre espèce d’ordre qui se nomme attique, qui a été employé divercement par les enciens, ainsi qu’il se voit encor en plusieurs édifices antique qui sont restez jusqu’à nôtre temps, et qui est assez souvent, usité par les architectes modernes qui l’ont beaucoup perfectionné, en luy donnant une forme d’ordre qui a son caractère particulier qui ne se confond point avec les autres ordres ; et quoy que l’ordre attique ne doive pas estre mis en parallèle avec les autres parce qu’il ne peut pas estre employé aux mêmes usages, et qu’il lui manque la principalle partie qui est la colonne, n’ayant que des pilastres adossez contre le corp de l’edifice, et aussi en ce qu’il ne peut pas estre posé au rez-de-chaussée n’estant destiné que pour servir d’exaussement au-dessus d’un autre ordre, il doit néamoins avoir ses règles et ses proportions particulières comme les autres, et c’est ce que j’ay étudié avec soins par la comparaison que j’ay fait de tous les attiques que j’ay veue tant antiques que modernes, et j’ay reunis les idées de ce que j’y ay trouvé de plus parfait dans chacun pour en composer l’ordre, ainsi qu’il sera expliqué sur chaque dessein.
[premier dessin]
Le premier dessein représente l’ordre attique entier tant avec des piédestaux que sans piédestaux, où l’on remarquera qu’il n’y a qu’une corniche et une frise qui tienne lieu d’entablement sans architrave ; la frise est formée par le gorgerin du chapiteau lequel se trouve confondu avec la frise et les moulures du bas de la corniche au-dessous du larmier.
La hauteur de l’ordre attique doit estre la moitié de l’ordre sur lequel il pose, soit qu’il y ait des piédestaux ou qu’il n’y en ait point, c’est-à-dire que si l’ordre qui est sous l’attique a des piédestaux on prendra la moitié de toute la hauteur de l’ordre avec le piédestal et l’entablement pour faire la hauteur de l’attique auquel on fera aussi des piédestaux, et si l’ordre de dessous n’a qu’un socle sans piédestal la moitié de cet ordre avec le socle et l’entablement sera aussi pour la hauteur de l’attique, auquel on ne fera de même qu’un socle.
Lors qu’il y a des piédestaux ils ont le quart de toute la hauteur de l’attique, les trois autres quarts se divisent en sept, dont une se prend pour la largeur du pilastre qui fait deux modules, divisez chacun en trente parties, la base du pilastre a un module, la frise qui fait le gorgerin du chapiteau un autre module, et la corniche un module deux tiers, ensorte qu’il reste dix modules un tiers pour la hauteur du fust.
S’il n’y a qu’un socle sous la base du pilastre on divisera toute la hauteur de l’attique en huit parties dont on en donnera une à la hauteur du socle et une à la largeur du pilastre, et le reste des proportion comme cy-dessus.
L’on ne peut rien déterminer pour la largeur des entre-pilastres de l’ordre attique par ce qu’ils dépendent des entre-colonnemens de l’ordre de dessous.
Á l’esgard des fenestres de cet ordre, s’il y a des piédestaux leur corniche y doit servir d’apuy et la proportion de la largeur à la hauteur sera comme trois à cinq, la largeur du chambranle sera la sixiesme partie de la largeur de la fenestre, en sorte que pour en avoir la distribution on divisera la hauteur depuis le dessus de la corniche des piédestaux jusqu’au-dessus de l’astragale du bas de la frise en douze, on en donnera une à la corniche de la fenestre, une autre à la largeur du chambranle tant par le haut que par les costez, et dix pour la hauteur de la fenestre, dont la largeur sera de six ; le plinthe du bas du chambranle sera de la hauteur du plinthe de la base du pilastre.
Lors qu’il n’y aura pas de piédestaux on suprimera la corniche des fenestres et leur largeur sera les deux tiers de leur hauteur, leur chambranle sera aussi la sixiesme partie de la largeur du vide, on le fera regner par le bas de l’apuy les dernières moulures d’icelui feront des oreilles ou crossettes tant par le dessous de l’apuy que par le haut des piedroits, la saillies (sic) de ces crossettes sera du quart de la largeur du chambranle ; pour avoir la distribution de ces fenestres on divisera la hauteur depuis le dessus de la base du pilastre jusqu’au-dessus de l’astragale du bas de la frise en onze parties un quart, on donnera le quart pour l’exédent des crossettes de dessous, une partie pour le chambranle d’apuy, une autre pour celui de la platte bande, et neuf pour la hauteur de la fenestre, dont la largeur sera de six ; la hauteur des crossettes du haut des piédroits sera le quart de la hauteur du fust du pilastre compris l’astragale du haut, et les crossettes du bas auront chacune le quart de la largeur de la fenestre avec ses chambranles des piédroits.
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ch. XVI. / DE L’ORDRE ATTIQUE
[deuxième dessin]
Le second dessein de l’ordre attique explique les proportions du piédestal, de la base et de la table renfoncée du pilastre, avec les profils du chambranle et de la corniche des fenestres.
La hauteur du piédestal se divise en sept, la base en a deux le dez quatre et la corniche une, ainsi la corniche est la moitié de la base, et le quart du dez ; la hauteur de la base du piédestal se divise en dix le listeau en a une et le socle neuf, la hauteur de sa corniche se divise en cinq le talon du bas en a une et la plattebande quatre, en sorte que le talon de la corniche est égale au listeau de la base ; la largeur du dez a une fois et un cinquiesme la largeur du pilastre, et la saillie du socle de la base et de la plattebande de la corniche est de chaque costé égale au quart de la hauteur de la corniche.
La base du pilastre a un module de hauteur y compris le listeau du bas du pilastre, ce qui fait la moitié de toute la largeur du dit pilastre, cette hauteur se partage en trois le plinthe en a deux et les moulures une, qui se divise en quatre dont le tore en a trois et le listeau une, la saillie du plinthe et du tore est de chaque costé la cinquiesme partie de toute la hauteur de la base, et le listeau est moins saillant, de la moitié de la hauteur du tore.
La table renfoncée du fust du pilastre est bordée tant par les costez que par le bas d’un listeau qui a la dixiesme parties de toute la largeur du pilastre et d’un talon qui a la moitié de la largeur du listeau en sorte qu’il reste pour la largeur de la table les sept dixiesme de la largeur du pilastre ; elle est plus renfoncée que les listeaux autant que le talon a de largeur.
La largeur du chambranle des fenestres se divise en quatorxe, la bande inférieure en a trois, le petit talon au-dessus une, la bande supérieure six, le filet la moitié d’une, l’ove deux et le listeau du haut une et demi ; la saillie de ce listeau au-delà de la bande inférieure est le quart de la largeur du chambranle et cette bande répond au nud du mur.
La hauteur de la corniche des fenestres se divise aussi en quatorze les moulures au-dessous du larmier en ont quatre et demi, le larmier six, le talon au-dessus deux et le listeau du haut une et demi, la hauteur pour les moulures du bas se divise en deux la partie du haut est pour le bas de la doucine qui remonte dans le dessous du larmier du quart de la hauteur du dit larmier, l’autre partie du bas se partage en trois le cavet en a deux et le filet une, toute la saillie de la corniche au-delà du listeau du chambranle est égale à sa hauteur non compris son listeau du haut, le larmier est de la hauteur du talon moins saillant, la largeur du listeau au-dessous est le quart de la hauteur du larmier, et la saillie du filet du cavet du bas est égale à celle que le listeau du haut de la corniche a au-delà du larmier.
Lors que l’ordre de dessous l’attique est beaucoup orné on doit aussi orner le talon de la table du pilastre, le talon et l’ove du chambranle, la doucine et le talon de la corniche des fenestres ; ce qui se doit régler par la qualité de l’ordre qui est au-dessous, comme il sera plus emplement expliqué sur le dessein suivant.
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[troisième dessin]
Le troisiesme dessein de l’ordre attique représente la fasse du chapiteau du pilastre et la corniche d’entablement au-dessus avec le plan du même chapiteau et le soffite de la corniche.
Le pilastre attique doit toujours estre aussi large par le haut que par le bas et sa table renfoncée est la même qui a eté expliqué sur le dessein précédent. L’astragale du haut du pilastre règne aussi aux entre pilastres pour former la frise, sa hauteur est la vingtiesme partie de la largeur du pilastre, le filet au-dessous en a la moitié, la saillie de l’astragale est égale à sa hauteur avec son filet, et la saillie du filet en est la moitié.
La hauteur de la frise est comme il a esté dit la moitié de la largeur du pilastre, elle est droite et à plomb du nud du mur aux entre pilastres, et de la face du pilastre où elle sert de gorgerin au chapiteau.
La hauteur de la corniche d’entablement qui est les cinq sixiesme de la largeur du pilastre, se divise en cinq , les deux parties du bas sont pour les moulures au-dessous du larmier, lesquelles servent au chapiteau des pilastres, les trois autres parties sont pour le larmier et les moulures du haut ; les deux parties sous le larmier se divise en dix, le filet du bas en a une demi partie, l’astragale une, l’ove trois, la plattebande quatre et le cavet au-dessus une et demi ; toutes ces moulures font retours sous le larmier pour former le chapiteau du pilastre, la saillie de la plattebande est égale à la hauteur des moulures qui sont au-dessous, le haut du cavet est plus saillant d’une fois et un tiers sa hauteur, et la saillie de l’astragale est égale à sa hauteur avec son fillet ; la hauteur marquée pour le larmier et les moulures au-dessus se divise en quinze, le larmier en a sept, le talon une trois quart, le filet au-dessus trois quart, la cimaise quatre et le listeau du haut une et demi, ainsi le talon est le quart du larmier et le filet la moitié du listeau du haut ; toute la saillie de la corniche à l‘endroit des pilastres est égale à sa hauteur ; le larmier est moins saillant autant que les moulures du haut non compris le listeau ont de hauteur ; le filet sous la cimaise est plus saillant que le larmier autant que le talon a de hauteur, le larmier est recreusé en mouchette pendante par le dessous de son soffite de la septiesme partie de sa hauteur, ce qui forme un filet qui couronne le cavet au-dessous, la largeur du listeau de la mouchette pendante est égale à la hauteur du listeau du haut de la corniche ; on observera que le larmier passant tout droit d’un pilastre à l’autre et les moulures au-dessous faisant retours pour le chapiteau, le soffite du larmier se trouve plus large au droit des entre-pilastres qu’il n’est sur les pilastres autant que les pilastres ont de saillie sur le corp de l’édifice, ainsi à ces endroits la corniche a plus de saillie que de hauteur.
Si l’entablement de l’ordre de dessous est orné on ornera aussi l’ove et le talon de la corniche de l’attique le gorgerin du chapiteau qui contient la hauteur de la frise est orné de deux feuilles de refends sur les angles et une autre au milieu avec des fleurons entre deux, la hauteur du gorgerin estant divisé en dix parties la hauteur des feuilles en a neuf et leur revers décendent de deux parties, leur saillie est égale à celle du haut de l’ove.
Le plan du chapiteau fait connoistre la saillie du pilastre, la scituation des feuilles, et le profil des tables renfoncées dans les fasses du pilastre.
L’on remarquera que pour que cet ordre attique puisse convenir avec chacun des cinq ordres en particulier il en faut plus ou moins retrancher les ornemens estant icy exposé tel qu’il pouroit estre au-dessus des ordres ionique, corinthien, et composé, qui seroient ornez comme ils sont représentez dans ce livre ; car s’ils estoient moins ornez dans leurs moulures il faudroit aussi moins orner celui-cy ; mais si cet ordre attique estoit posé au-dessus d’un ordre dorique il faudroit seullement orner le gorgerin et l’ove du chapiteau et laisser l’ove au droit des entre pilastres et toutes les autres moulures lisse tant à la corniche d’entablement qu’à la table renfoncée du pilastre, au chambranle et à la corniche des fenestres ; et s’il estoi posé au-dessus d’un ordre toscan il ne faudroit point faire de table renfoncée dans les fasses du pilastre et laisser le gorgerin et l’ove du chapiteau tout lisse sans aucun ornemens comme le reste.
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ch. XVII. / DES BALUSTRADES.
CHAPITRE XVII.
DESCRPTION (sic) DES BALUSTRADES.
Les balustrades servent ordinairement pour terminer le haut des fassades des édifices couvert en platteforme, et pour servir d’apuy au devant des terrasses, ou autres lieux semblable, auxquels il faut remédier au danger de se précipiter sans borner la veue ; elles servent aussi beaucoup à la décoration quand elles sont placées aux endroits qui leur conviennent et qu’elles sont faites avec proportion. Pour les bien placer il faut observer qu’elles soient nécessaires aux endroits où on les met, pour y servir d’apuy et empêcher que ceux qui y fréquente ne tombent ; ainsi elles feroient très mal si elles estoient engagées dans un mur plain au milieu de la hauteur d’une fassade, sans y avoir de passage entre la balustrade et le mur, ou bien si on les faisoient servir à porter un toit ; et généralement à tous les endroits où elles paroistroient inutilles.
La proportion de la hauteur des balustrades doit dépendre de la hauteur des hommes et non de la hauteur des édifices qui les portent par ce qu’estant destinées pour servir d’apuy aux hommes elles leurs sont toujours comparé ensorte que dans les plus grandes élevations où on les puisse mettre et de quelque grandeur que soit l’ordre au-dessous, leur hauteur ne doit point éxeder quatre pieds parisien depuis le dessous de leur base jusqu’au-dessus de leur tablette par leur fasse de dehors, non compris le socle que l’on adjoute au-dessous de la base pour la dégager de ce que l’obtique cache par la saillie de la corniche qui est au-dessous, et leur hauteur ne doit pas estre moindre de deux pieds et demi aussi non compris le socle, quelque bas qu’elles soient placées, mais on en peut suprimer le socle si elles devenoient plus du quart de la hauteur de la colonne et de l’entablement de l’ordre au-dessous ; on peut aussi n’y point mettre de socle quand elles servent d’apuy aux terrasses, à moins que le mur au-dessous ne soit très haut et le cordon bien gros.
Les travées entre deux piédestaux ne doivent pas avoir plus d’onze balustres n’y moins de cinq pour l’ordinaire si ce n’est dans quelque cas particulier causé par la distribution de l’ordre au-dessous ; il est mieux de mettre un allete à chaque costéz des piédestaux, qu’un demi balustre pour porter le bouts des tablettes, et la largeur de ces alletes sera la moitié du diamètre de la pance des balustres.
Les balustrades doivent respondre au caractère des ordres sur lesquels elles sont posées, c’est à dire qu’elles sont de cinq sortes comme je les ay représentées sur le dessein de ce chapitre, savoir la balustrade toscane dont la base n’est qu’un plinthe uni et la tablette a un seul filet carré par le bas, son balustre est plus gros et a peu de moulures ; la dorique est un peu plus ornée de moulures et ainsi des autres jusqu’à la corinthienne qui est la plus délicate de toutes à la quelle la base a un petit tore et un filet au-dessus et la tablette a un cavet par le bas avec son filet et un ove au-dessus, son balustre est plus menu et plus orné de moulures que les autres à la réserve du corps qui est fait en vase tout lisse pour avoir plus de délicatesse.
Les dez des piédestaux des balustrades ionique, composée, et corinthienne, sont ornez d’une table de relief, et les dez des deux autres sont unis.
Les balustrades qui se mettent au-dessus d’un attique suivent le caractère de l’ordre qui est au-dessous de l’attique.
Pour avoir la distribution générale des parties des balustrades en quelque ordre que ce soit ; lors que l’on en aura réglé la hauteur non compris le socle, il la faut diviser en dix-neuf parties, desquelles on en donnera quatre à la base, douze au dez, qui est la même hauteur que le balustre, et trois à la tablette d’apuy ; on fera ensuitte le socle le double de la base ; la largeur du dez sera au plus du diamètre du haut de la colonne de l’ordre au-dessous s’il est petit, et si l’ordre est grand, ce sera la largeur du socle qui aura le diamètre du haut de la dite colonne, mais lors qu’il n’y a point de sujection d’ordre, la largeur du dez aura deux fois et demi le diamètre de la pance du balustre.
À l’esgard des distributions particulières ; à l’ordre toscan et à l’ordre dorique on divisera la hauteur de la tablette en six parties, et l’on fera le filet du bas de la toscane, et le talon de la dorique d’une partie les cinq autres seront pour la plattebande ; le filet du haut de la base dorique sera égale au talon de sa tablette ; aux ordres ionique et composé on divisera la hauteur de la tablette en cinq dont une partie sera pour les moulures et les quatre autres pour la plattebande, la hauteur des moulures de la base est égale à celle des moulures de la tablette ; à l’ordre corinthien la hauteur de la tablette sera divisé en neuf la hauteur des moulures en aura deux et la plattebande sept, les moulures de la base auront la même hauteur que celles de la tablette ; la saillie du plinthe de la base et de la plattebande de la tablette sera à toutes égalle à la hauteur de leur moulures.
La proportion des balustres est qu’à l’ordre toscan la hauteur estant divisé en cinq on en donnera deux au diamètre de sa grosseur au droit de la pance ; à l’ordre corinthien le diamètre de la grosseur de la pance sera le tiers de la hauteur, et les balustres des trois autres ordres auront leur grosseur à proportion entre deux, c’est-à-dire qu’ayant à tous divisé leur hauteur en soixante parties, la grosseur du balustre toscan en aura vingt-quatre, celle du dorique vingt-trois, celle de l’ionique vingt-deux, celle du composé vingt-un, et celle du corinthien vingt ; la distribution de leur principalles parties se trouvera par les divisions que j’ay marquées aux balustres que j’ay dessiné plus en grand, où on observera que les divisions pour les balustres dorique, ionique, et composé sont les mêmes que pour le toscan et le corinthien que j’ay représentez, ou ayant tracé les lignes AB, CD de niveau au bas et au-dessus du balustre, et les lignes AC, BD à plomb aux extrémitez du diamètre de sa pance ; on divisera la largeur AB en neuf parties dont on en prendra quatre pour la grosseur du col, et du fond du cavet de la base ; huit pour la fasse du tailloir, et huit et demi pour la largeur du plinthe de la base ; on divisera la hauteur AC en cinq, la partie d’en bas sera pour la hauteur de la base ; les quatre autres parties se diviseront derechef en cinq dont la partie du haut sera pour le chapiteau et les quatres derniers parties au-dessous seront pour le corps du balustre ; la hauteur destiné pour la base, se divisera en trois et la partie du bas sera pour le plinthe ; la hauteur du chapiteau se divisera aussi en trois, dont le tailloir en aura une, les moulures au-dessous une autre, et le gorgerin l’autre à la reserve du toscan qui a son gorgerin plus haut n’ayant qu’un filet pour y servir de moulures. Le plinthe de la base et la fasse du tailloir sont carrez, tout le reste du balustre est rond à tous les ordres.
p. 108
   
DES BALUSTRADES. / ch. XVII.
p. 109
   
Fin.
p. 110
   
[en bas, à droite, hors cadre : "Ee"]

Tables
des chapitres
contenus en ce livre

ChapitresPages
I. ……… Des profils des moulures et des colonnes ……………………………………………  1.
II. ……… Exposition des cinq ordres d’architecture …………………………………………... 10.
III. …… Description de l’ordre toscan……………………………………………………………… 12.
IV. …… Description de l’ordre dorique…………………………………………………………… 22.
V. ……… Description de l’ordre ionique …………………………………………………………… 34.
VI. …… Description de l’ordre corinthien……………………………………………………… 50.
VII.…… Description de l’ordre composé ………………………………………………………… 64.
VIII …… Des ordres d’architecture mis l’un sur l’autre …………………………………… 78.
IX. …… Des arcs aux ordres d’architecture mis l’un sur l’autre ……………………… 80.
X. ……… Des cas où les pilastres doivent estre diminuez ………………………………… 82.
XI. …… De la manière de placer les colonnes et les pilastres aux édifices ……… 86.
XII. …. De la proportion des frontons ………………………………………………………… 92.
XIII. …… De la proportion des portes suivant les différents ordres ………………… 96.
XIV. …. De la proportion des fenestres suivant les différents ordres …………… 98.
XV. …… De la proportion des niches et des figures ………………………………………… 100.
XVI. …. Description de l’ordre attique ……………………………………………………………  102.
XVII. … Description des balustrades ……………………………………………………………… 108.
Fin.
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