Présentation du Cours des servitudes
Présentation du cours et date de prononcé
Le cours sur les servitudes d’Antoine Desgodets concerne
principalement un commentaire des articles de la coutume de
Paris sur les servitudes et les rapports d’experts, mais aussi
sur d’autres questions en rapport avec l’architecture : les
réparations locatives, usufruitières et bénéficiaires, la
distinction meubles et immeubles, les prescriptions et le
retrait lignager. Il est délivré aux élèves de l’Académie entre
1723 et 1725. Ce cours se justifie par la volonté de faire
acquérir aux futurs architectes un savoir juridique suffisant
pour agir comme experts à l’instar des entrepreneurs, seuls
détenteurs jusqu’à l’Édit de mai 1690 du pouvoir d’expertise.
Nous n’avons trouvé qu’un seul exemplaire du cours dans sa
version première, non autographe, constitué de deux manuscrits
complémentaires déposés à la Bibliothèque du Sénat. Le premier
(S1) est la transcription « préparatoire » brute par Desgodets
de tous les articles des coutumes de France qui concernent les
servitudes et l’expertise, région par région, localité par
localité[1]. Suit la résolution d’autres questions sur des droits
spécifiques en rapport avec l’architecture résolues à partir
des coutumes qui en traitent (le principal manoir ou le vol du
chapon, les marques de justice et fourches patibulaires, les
colombiers, le franc alleu, le droit de champart, le retrait
lignager, la distinction meuble/immeuble, les réparations
locatives, usufruitières, douairières, bénéficiaires, les cas
fortuits). Enfin le volume se termine par un recueil d’arrêts
de cours de justice variées (parlements, châtelet) en rapport
avec l’architecture et/ou la construction glanés chez les
arrêtistes traitant de sujets des plus divers. Le second (S2)
contient l’explication par Desgodets des articles de la coutume
uniquement de Paris - celle qui représente déjà le droit
français. Ce volume se divise en deux parties : celle sur les
servitudes et rapports d’experts et celle sur les articles
éparpillés dans la coutume que Desgodets estime faire partie
intégrante de ce nouveau droit : réparations, meuble/immeuble,
prescriptions, retrait lignager.
Justification du choix du manuscrit encodé
Nous avons choisi d’éditer ces deux volumes bien qu’ils ne
constituent qu’un extrait de ce que Desgodets a professé,
car ces manuscrits forment une entité de travail réfléchi
et sont riches d’informations sur la connaissance du droit
à l’époque, sur la façon dont un professeur d’architecture
a abordé la science juridique. D’après Goupy, Desgodets
n’aurait enseigné que la coutume de Paris et peut-être même
que les servitudes et rapports d’experts, bref la partie la
plus sollicitée du droit par l’architecture. Cependant, il
n’est pas certain que s’il avait vécu plus longtemps
d’autres parties de son travail de collecte de sources ne
lui eussent pas servi.
De plus, il nous a semblé indispensable d’éditer en ligne
les textes-étapes[2] publiés par la suite et qui ont mis à jour le
savoir juridique des architectes préparé par Desgodets par
le biais d’annotations successives : ainsi celles de
l’architecte expert-bourgeois Martin Goupy[3] en 1748 et en 1768, celles des célèbres avocats du
Parlement de Dijon en 1752 et 1799, celle de l’avocat
Hugues Destrem, 1845 et celles d’un anonyme de la ville de
Grenoble en 1855. Nous envisagerons plus tard de publier
les éditions du juriste P. Lepage (1808 et 1848) et celle
de l’architecte bisontin Ramelet (1822) car ces deux
auteurs ont structuré méthodiquement leurs éditions de
manière raisonnée, totalement différente du texte initial
de Desgodets.
Résultats obtenus à propos du cours par rapport à l’état de l’art : originalité et perspectives ouvertes par ces recherches
En quoi les servitudes sont-elles la partie du droit qui
régit le plus la construction et l’architecture, autrement
dit, qui constitue le point d’entrée de la science
juridique dans le savoir architectural, voire constructif ?
Dès le droit romain, la servitude réelle constitue une
charge qui pèse sur un héritage au profit d’un autre. Elle
s’inscrit d’emblée à l’égard du patrimoine bâti et régit
une entrave à la propriété, régime juridique fondamental
des biens immeubles qui recouvrera des modalités bien
différentes au cours des temps. Le régime des servitudes a
un impact évident sur la réalisation des architectes et
entrepreneurs de bâtiment dans la mesure où il gère les
points de contact entre les biens, qu’ils soient communs ou
pas (par le biais de la mitoyenneté et de ses règles
d’entretien partagé) et d’intrusion d’une propriété sur une
autre (par exemple par le droit d’accès, de passage ou par
celui de vue, etc.). Ces règles juridiques des servitudes
contraignent les maîtres d’ouvrage à s’entendre avec leurs
voisins et les maîtres d’œuvre à respecter selon les
régions les normes de construction spécifiques à la gestion
de ces rencontres.
Quelles sont les finalités des règles des servitudes ? Le
droit des servitudes a toujours eu pour objectif de réguler
les litiges nés des effets du voisinage et de trouver les
moyens de départager ceux qui se trouvaient lésés dans leur
droit de propriété au sens le plus large possible, de
jouissance, de possession, de détention ou du moins de
prévenir de tels conflits, d’où l’établissement de règles
d’établissement, d’exercice et de disparition des
servitudes, balancées, selon les époques et les lieux,
entre une certaine souplesse du système ou plutôt vers une
rigidité de celui-ci.
Mais il est une autre finalité à ce droit des servitudes,
c’est de réguler l’architecture elle-même. En effet, on ne
construira pas de la même façon une bâtisse selon les
contraintes existantes en matière d’emplacement du bien
immeuble sur le terrain, selon la situation même de la
parcelle par rapport aux autres l’entourant, selon
l’orientation de la construction. Mais davantage en ville
qu’en milieu rural, l’impact des servitudes commande les
méthodes constructives. On ne saurait construire un élément
potentiellement dangereux ou polluant en contact avec une
propriété voisine. Les matériaux utilisés pour l’élévation
des murs mitoyens ne doivent en aucun cas générer des
dégâts sur la propriété limitrophe. De ces règles tout
naturellement découleront les questions d’obligations
partagées d’entretien de ces biens communs, d’où l’origine
d’une réflexion sur les choses rares dénommées biens
communs qui deviennent aujourd’hui d’une grande actualité.
Mais encore au-delà du régime des réparations d’immeubles,
s’entrevoit la question des vices de construction, des
malfaçons et de toute la responsabilité des acteurs à
l’acte de construire. De cette question initiale des
servitudes se déroule tout le droit de la construction.
Sur un terrain plus général, Vitruve a déjà justifié
l’importance de la connaissance du droit par l’architecte,
homme au centre des préoccupations universelles. Cependant
Alberti, pourtant lui-même juriste, en doute dans son De re aedificatoria. Philibert De
L’Orme, dans un passage quelque peu oublié, pose les
véritables enjeux du débat plus complexe qu’il n’y paraît
et au fond moins dichotomique qu’on ne le pense. Il écrit
en 1567 « qu’il suffit [que l’architecte] entende les
Ordonnances & coutumes des lieux pour faire son rapport
au juge », et en « ordonne selon les Loix ... (La) charge
(d’expert) est plus propre aux maistres maçons &
officiers … qu’à l’Architecte, qui a autre profession &
beaucoup plus grande & honorable ». Le droit se doit
d’être connu de l’architecte mais il poursuit une toute
autre mission plus élevée à son actif. Le maçon seul comme
expert doit y être confronté. Cette vision réaliste de
Philibert fondera l’enseignement des servitudes par
Desgodets à l’Académie, comme de ses initiateurs[4].
Trois figures précèdent et guident l’entreprise de
Desgodets.
Le premier à notre connaissance n’est pas en lien direct
avec notre propos puisqu’il n’est pas destiné aux
architectes, mais il insuffle la démarche et la méthode. Il
est peu probable que Desgodets en ait eu connaissance. Le
maître charpentier Jean Pussot (1544-1626) rédige un traité
manuscrit à l’aube du XVIIe
siècle, « d’avertissement sur les difficultés, obscurités
et contrariétés qui se trouvent aux articles du chapitre
des servitudes et droits réels de la coutume de Reims ».
Cet ouvrage juridique, à la différence du journal de
l’auteur, demeure ignoré des historiens. Daté de 1600, il
tente de clarifier la matière par le bon sens, l’usage des
cas concrets dont il a eu connaissance, la comparaison avec
les autres coutumes et la connaissance des ouvrages
classiques de sciences, d’architecture et de géométrie. Il
cherche également à réhabiliter les experts méprisés comme
« gens mécaniques ». Sa devise « nulle commodité sans
incommodité » explique comment une servitude sur autrui qui
apporte un avantage certain à son titulaire peut se révéler
à lui également « pernicieuse et dommageable ». Il commente
successivement les trente articles (450-480) de la coutume
de Reims. Et bien que demeuré manuscrit, il fut souvent
produit devant les juges, copié et utilisé par les
praticiens du droit.
Le second, Louis Savot[5] (1570-1640), médecin du roi et humaniste, publie en
1624 L’architecture françoise des
Bastimens particuliers. Cette œuvre présente trois
originalités : examiner l’économie du bâti, considérer la
question juridique de la construction et dresser une
bibliographie d’architecture. Deux chapitres sont en effet
consacrés au droit. Le chapitre XXXIV précise la hiérarchie
des sources et une bibliographie sur les servitudes :
d’abord les lois, les ordonnances, statuts et coutumes
locales, puis le droit romain et ses commentaires, enfin
les coutumes les plus proches de Paris. Pour en savoir
davantage, il renvoie au droit savant et aux commentateurs
des coutumes, sans omettre en dernier lieu le « bon et
savant avocat du pays ». Le chapitre suivant analyse les
articles de la coutume de Paris sur les servitudes,
accompagné de la conférence des coutumes distinguant les
dispositions identiques, modifiées ou contraires. Réédité
en 1632 et 1642, l’ouvrage connaît deux éditions illustrées
par l’entremise de François Blondel en 1673 et en 1685. Il
s’adresse directement cette fois aux architectes et
s’intéresse à la coutume de Paris quant à ses dispositions
concernant les servitudes. Le ton est donné, mais Savot
n’est pas architecte et n’enseigne pas.
Le troisième, Pierre Bullet (1639-1716), fils d’un maçon,
devient architecte et ingénieur du roi et de la ville et
entre à l’Académie en 1685. Il s’intéresse aux questions
techniques. Son ouvrage principal L’Architecture pratique (1691) n’est en réalité
qu’un manuel de toisé pour ceux qui veulent bâtir. Afin de
comprendre les règles indispensables à l’économie de la
construction, il est contraint de se référer à la manière
de toiser selon les us et coutumes de Paris afin d’y
apporter ses propres observations. Il est ainsi tout
naturellement enclin à exposer et commenter les articles de
la coutume sur les servitudes et rapports des jurés. Son
ouvrage connaît une fortune exceptionnelle avec plus de
vingt éditions constamment mises à jour entre 1691 et 1838
en raison de sa maniabilité (in-8°) et du manque qu’il
comble[6]. Avec Bullet nous nous rapprochons de l’Académie et
des architectes, mais le droit n’occupe dans son ouvrage
qu’une quarantaine de pages, les commentaires y sont
succincts, même s’il accorde aussi de la place à quelques
dispositions juridiques comme les manières d’aligner les
murs mitoyens ou l’élaboration du devis. Il ne s’agit
toujours pas d’enseignement et le texte paraît au moment où
le roi autorise officiellement les architectes à exercer la
charge d’expert.
Quelles sont les nouveautés apportées par Desgodets dans son
cours ? Et pourquoi choisit-il ce sujet juridique ? Nous
avons démontré que l’enjeu d’enseigner le champ juridique
pour Desgodets est de diffuser aux architectes le savoir
qui soutient la pratique de l’expertise (comme pour le
toisé d’ailleurs). Mais davantage, l’enjeu serait d’enrayer
l’ombre portée aux architectes par les entrepreneurs maçons
depuis l’origine des temps dans ce domaine, comme nous
l’explique déjà très clairement Philibert. L’enjeu serait
en fait la constitution d’une nouvelle profession
d’architecte qui cumulerait ses fonctions de créateur du
projet architectural avec celles d’exécutant du chantier.
Il s’agit bien ici de la création de l’architecte que nous
appelons moderne. De plus il se trouve que le moment est
véritablement propice à une telle démarche d’organisation
et de transmission du savoir à l’Académie. Les débats et
les méthodes usités par les savants architectes du roi sont
explicites à ce sujet[7].
Desgodets enseigne les servitudes de 1723 à 1725 sur trois
années. Nous connaissons son cours à la différence de celui
sur les ordres et la commodité et celui du toisé par une
publication posthume (1748) d’un de ses collègues,
expert-bourgeois architecte, Martin Goupy, sous le titre
fétiche de Loix des bâtiments. Cet
ouvrage composé à partir du cours délivré à l’Académie,
annoté, corrigé et mis à jour par ce suiveur devient un
véritable best-seller qui sera réédité, complété et
remodelé pendant un siècle – par des juristes –, et ce
malgré la mutation opérée en droit par le Code civil.
Or, dans le cadre de l’édition des cours de Desgodets, il
nous est apparu indispensable de retrouver par une autre
voie le texte initial du professeur. Malgré les précautions
éditoriales de Goupy, quelle était la part originale
d’Antoine Desgodets ?
- Tout d’abord, nous avons été surpris de ne trouver
quasiment aucune copie du cours dispensé alors que, selon
l’expert éditeur, le cours enseigné à l’Académie était « le
plus parfait et le plus exact que nous ayons en ce genre,
& qui depuis longtemps est en manuscrit dans les
bibliothèques des jurisconsultes, & entre les mains de
la plupart des architectes & des entrepreneurs. »[8] À la différence des ordres pour lesquels nous avons
trouvé 9 manuscrits et du toisé, 12 manuscrits, les
servitudes donnent lieu à la survivance de deux manuscrits,
S1 et S2, comme pour les deux sur la commodité[9].
- De plus, ces deux très longs manuscrits ne sont pas
comparables mais complémentaires. En effet, le premier
volume coté Ms 94 (S1) de la Bibliothèque du Sénat nous
offre le résultat des recherches entreprises par Desgodets
sur les rapports du droit et de l’architecture. Sous le
titre « Extrait des Coutumes généralles et particulières de
France et des Gaules, en ce qui concerne les servitudes
réelles, les édifices et bâtiments et le fait des rapports
de juréz, avec un recueil d’arrests concernant ces sortes
de matières, tiréz de plusieurs arrestistes et de différens
Parlements », il se présente sous la forme d’un recueil in
folio, manuscrit non autographe, copié de l’original dans
une écriture très lisible et régulière[10], d’une seule main à l’exception peut-être des
mentions marginales, de 280 folios écrits. Nous avons
découvert les sources juridiques qui permettent à Desgodets
cette collecte de coutumes. Il s’agirait du Bourdot de
Richebourg qui paraît en 1724[11], ce qui tendrait à prouver qu’il a rédigé ce volume
dans un second temps par rapport au cours portant
uniquement sur la coutume de Paris, seul objet probable de
son enseignement. Desgodets découvre deux choses : d’une
part que les coutumes ne traitent pas uniquement des
servitudes à proprement parler et d’autre part que, au-delà
de la coutume, la jurisprudence des cours constitue une
source non négligeable du droit. Ainsi, dans une première
partie, rapporte-t-il les articles des coutumes de France
sur les servitudes, mais aussi traite-t-il de questions de
droit transversalement par rapport aux coutumes. Dans une
seconde partie, il extraira des recueils d’arrêts ceux qui
sont en rapport avec la construction. Il a de ce fait une
vision globale de son sujet. Le second volume coté Ms 95
(S2) de la Bibliothèque du Sénat, bien qu’intitulé
« Commentaire sur les titres de la Coutume de Paris,
concernant les édifices, héritages, servitudes et raports
des juréz », se révèle n’être qu’une « explication » des
articles de la coutume de Paris en rapport avec ces sujets.
Pour ce faire, l’auteur ne dissimule pas ses sources en
l’usage de l’œuvre principale de Claude de Ferrière : le
Corps et compilation de tous les
commentateurs sur la coutume de Paris dont son
fils Claude-Joseph vient de faire paraître la seconde
édition en 1714 en 4 volumes in folio et que l’Académie
possède. Il ne se contente pas d’analyser les articles sur
les servitudes et rapports d’experts (art. 184 à 219), mais
complète dans un second temps son travail par l’étude des
articles concernant d’autres questions en rapport avec
l’architecture comme les réparations locatives,
usufruitières, bénéficiaires, la distinction
meubles-immeubles, la prescription et le retrait lignager.
Les passages en exergue des manuscrits, à eux seuls nous en
disent long sur la circulation des cours :
S1 : « Ce précieux manuscrit vient directement de Sr.
desgodets, architecte du Roy, membre de son Académie ; il
l’avait rédigé et dressé d’après les savantes recherches et
sur les notes de Sr Claude de La Ferrière, célèbre docteur
en droit ; des mains de Sr Desgodets ce manuscrit passa
dans celles de Sr Goupil, architecte expert ; il y a
plusieurs notes et marques qui sont de lui. A son décès ce
manuscrit passa entre les mains de Sr Pierre Desmaisons,
architecte du Roy, et de son académie, mais avant il était
architecte expert ; c’est de la bibliothèque de cet artiste
que ce manuscrit m’est parvenu. Cet ouvrage n’a jamais été
imprimé, mais dans les questions difficiles, quel que fois
l’académie d’architecture en faisait la demande à Sr.
Desmaisons pour le consulter ; voir le 74e chapitre de mon histoire de
L’académie d’architecture, le 76e et 83e [paraphe
illisible] ».
S2 : « Ce manuscrit me vient de Sr Pierre Desmaisons
architecte du roy lequel l’avait reçu en don directement de
son ami desgodets en 1727. Je l’ai reçu en 1793. Cette
coppie avoit été ordonnée par l’académie d’architecture,
attendu que ce recueille contient toutes les conférences de
cette Académie, et que la compagnie avait arrêté qu’il en
serait donné un exemplaire à chaque académicien de ce
temps-là. Voir mon histoire de l’académie, chapitre
7 [paraphe illisible] ».
Nous n’avons pu identifier l’auteur de ces exergues. On a
pensé en vain à Julien-David Leroy qui aurait commencé une
histoire de l’Académie, à Jean-Baptiste Beausire, aux
historiographes en titre de l’Académie, Desmaisons,
Delespée fils, Sedaine, etc.
Ces deux manuscrits constituent le premier état d’un droit
de la construction sous l’Ancien Régime – imparfait certes
(sans toute la réglementation technique, ni les règles de
voirie) – dans son intégralité : la diversité de la France
coutumière et la domination uniforme de la coutume de
Paris. Nous ne savons pas exactement de quoi était composé
le cours des servitudes dicté à l’Académie. Il est fort
probable qu’Antoine Desgodets se soit contenté d’expliquer
uniquement la coutume de Paris sur le sujet. C’est ce que
laissent entendre les procès-verbaux de l’Académie et les
Loix édité par Martin Goupy. Il
choisit sans doute de ne diffuser que la coutume de la
capitale car celle-ci était avant tout déjà un épitomé du
droit français[12].
Cependant, nous avons alors opté pour une position plus
conforme aux textes dont nous disposions et considéré que
le cours était constitué des deux recherches opérées par
Desgodets à travers les coutumes de France, les questions
diverses relatives à l’architecture et ce qui transparaît
de la coutume de Paris, même s’il n’eut pas le temps du
fait de son décès d’aller plus loin. Afin d’avoir une
vision plus exacte de la portée et de l’évolution de la
pensée de Desgodets nous avons tenu à numériser les
différentes éditions des Loix des
bâtiments pour déterminer l’exacte portée de son
cours sur les suiveurs.
Dans cette démarche nous avons découvert les sources exactes
de l’auteur qui loin de faire une véritable œuvre créatrice
s’est fortement inspiré des travaux des jurisconsultes.
Loin d’en constituer un plagiat, il adapta le travail des
juristes à l’attention des architectes avec un vocabulaire
spécifique et une approche davantage pratique que
théorique, et plus généralement de maître d’œuvre plutôt
que d’homme du droit. C’est ce qui lui garantira la
réussite de son cours même si deux années de cours ne
furent certainement pas suffisantes pour l’imposer auprès
des élèves architectes. Il a fallu la compréhension des
suiveurs pour que le miracle se produise.
Comment a été poursuivi cet enseignement ? Le droit de la
construction s’est développé à travers les livres édités
d’architecture comme L’Architecture
moderne[13], ou le Cours d’architecture
de Jacques-François Blondel[14]. Le droit y figure sur un mode identique (le
commentaire) mais dans une proportion restreinte[15]. Si nous n’avons trouvé aucun autre manuscrit du
cours de servitudes de Desgodets, la principale raison en
revient sans doute à l’existence de l’édition
continuellement renouvelée de ce cours – posthume – en 1748
par Martin Goupy.
A défaut de trouver plusieurs manuscrits comparables, nous
avons cru bon d’accroître les œuvres à éditer, en
particulier toutes les éditions du cours de 1748 à 1848 (M.
Goupy, P. Lepage, H. Destrem, voire anonymes), ce qui
permet de vérifier que le cours (Ms 95 ou S2) est bien
repris dans son intégralité par l’édition de Goupy avec
même quelques emprunts au Ms 94 ou S1, en particulier
l’introduction. La mise en ligne des éditions successives
donne par ce système d’annotation successive en entonnoir
la possibilité d’accroître, sur chaque article de la
coutume de Paris en rapport avec les servitudes et les
questions liées à l’architecture, les commentaires dans le
temps et selon les points de vue différents. Vous trouverez
ci-dessous le tableau des versions mises en lignes.
S1 |
Bibliothèque du Sénat, Paris (France)
Ms 94
|
« Extrait des Coutumes généralles et
particulières de France et des Gaules, en ce
qui concerne les servitudes réelles, les
édifices et bâtiments et le fait des rapports
de juréz, avec un recueil d’arrests concernant
ces sortes de matières, tiréz de plusieurs
arrestistes et de différens Parlements »,
papier, reliure cuir, 280 feuillets, 370 x 245
mm.
[Copie d’un ms préparatoire de Desgodets pour
son cours sur les servitudes. Une note
liminaire anonyme retrace l’itinéraire de ce ms
des mains de Desgodets, Goupy, Desmaisons et
l’auteur anonyme de la note supposé être
Sedaine. Œuvre d’un copiste en raison des pages
préparées. Avertissement + index des coutumes,
extraits des coutumes, extraits de
jurisprudence, table en forme de conférence de
coutumes, table des arrêts]
|
S2 |
Bibliothèque du Sénat, Paris (France)
Ms 95
|
« Commentaire sur les titres de la Coutume de
Paris, concernant les édifices, héritages,
servitudes et raports des juréz », papier,
reliure veau raciné, 610 pages, 370 x 240
mm.
[Copie de l’essentiel du cours de Desgodets sur
les servitudes. Une note liminaire anonyme
indique la filiation du manuscrit des mains de
Desgodets, Desmaisons et l’auteur de la note
supposé être Sedaine. Œuvre d’un copiste en
raison des pages préparées. Première partie :
commentaire des articles de la coutume de Paris
concernant les édifices, héritages, servitudes
et rapport des jurés (184 à 219) ; Deuxième
partie : commentaire des articles de la coutume
de Paris en rapport avec l’architecture (161,
171, 262, 287, 267, 336, arrêts, 90-92, 113,
114, 116, 118, 127, 129, 130-159)]
|
S3 | Collection privée | Les loix des bâtimens suivant la coutume de Paris, traitant de ce qui concerne les servitudes réelles, les rapports des jurés-experts, les réparations locatives, douairières, usufruitières, bénéficiales, etc., enseignées par M. Desgodets, Architecte du Roi, dans l’École de l’Académie d’Architecture, avec les notes de M. Goupy, Architecte Expert Bourgeois, Paris, 1748. |
S4 | Collection privée | Les loix des bâtimens suivant la coutume de Paris, traitant de ce qui concerne les servitudes réelles, les rapports des jurés-experts, les réparations locatives, douairières, usufruitières, bénéficiales, etc., enseignées par M. Desgodets, Architecte du Roi, dans l’École de l’Académie d’Architecture, avec les notes de M. Goupy, Architecte Expert Bourgeois, Nouvelle édition augmentée de la conférence des coutumes sur chaque article, Paris, Chez Nyon, Quai des Augustins, à lhez Nyon, Quai des Augustins, à l’Occasion, 1768. |
S5 | Collection privée | Les Loix des Batimens suivant la Coutûme de Paris, par Desgodets et Goupy, architectes, nouvelle édition revüe par de célébres Avocats du Parlement de Dijon, qui y ont ajouté des Notes, pour faire voir quel est l’Usage de la Bourgogne sur les différens articles de ce Livre. Ouvrage utile aux Propriétaires & aux Locataires, de même qu’aux Personnes chargées de la construction des Bâtimens & aux Juges qui en doivent connoitre. Genève, Antoine Philibert, 1752, 2 vol. in-12, (1f.), VI-XXX-330pp. et (1f.), p.331 à 703, basane mouchetée époque, dos à nerfs. |
S6 | Collection privée | Les Lois des Batimens, par Goupy et Desgodets, architectes, Nouvelle édition, revue, corrigée et considérablement augmentée par de célèbres jurisconsultes du département de la Côte-d’Or, qui y ont ajouté des notes spécialement relatives aux départements qui formaient la ci-devant Bourgogne, Bresse, Bugey, Mâconnais, Auxerrois et pays adjacens, Dijon, Chez Edme Bidault, Libraire, place d’Armes, An VIII, 1799, 2 vol. in-12, |
S7 | Collection privée | Les Lois des Bâtiments suivant la coutume de Paris par Desgodets avec les notes de Goupy, nouvelle édition mise en rapport avec les lois et la jurisprudence modernes relatives aux constructions, par Hugues Destrem, Avocat à la cour royale de Paris, Paris, Videcoq, Père et fils, 1, Place du Panthéon, Durand, Libraire, 3, rue des Grès,1845. |
S8 | Collection privée | « Extrait des lois sur les bâtiments par MM. Desgodets et Goupy, avec le texte du Code Napoléon et de nouvelles notes sur les ouvrages à faire et les distances intermédiaires à laisser contre les murs mitoyens, pour certaines constructions » dans Annuaire statistique de la Cour impériale de Grenoble et du département de l’Isère, pour l’année 1855, Grenoble, 1855, 68 p. |
En ce qui concerne le droit, nous pouvons confirmer nos deux
hypothèses : d’une part que Desgodets s’est largement
inspiré de la littérature juridique existante pour écrire
son cours (doctrine, jurisprudence, coutumes) et d’autre
part que le traitement de son cours par les nombreuses
éditions successives que celui-ci a connu, permet de suivre
l’évolution du droit en général pendant un siècle autour de
la mise en place du Code civil. Les Loix
des bâtiments constitueraient donc un texte
fondateur du droit à l’instar, toutes proportions gardées,
du De re aedificatoria d’Alberti
pour l’architecture.
- Il devient le modèle[16] de réflexion sur la question tant pour démontrer
les tendances du droit au moment de la Révolution que pour
poursuivre l’adaptation du droit après le Code civil :
- Le droit coutumier par rapport au droit romain : certaines éditions des Loix dès 1752 sont commentées à travers le droit savant romain par des juristes bourguignons ;
- Le droit de la capitale par rapport au droit des Français[17] : après 1804, les éditions des Loix par le juriste P. Lepage[18] concèdent l’aspect visionnaire de Desgodets en ayant ciblé son propos sur la coutume parisienne. C’est encore plus fort chez Hugues Destrem qui met à jour à proprement parler la coutume de Paris un siècle après la parution des Loix, alors que seul le Code aurait force de loi.
- Le droit des provinces par rapport à l’uniformité du Code civil : la survivance des usages locaux au XIXe siècle donne l’occasion au cours de Desgodets de revivre à l’aune de nouvelles éditions locales, par exemple à Besançon par l’architecte Ramelet ou à Grenoble anonymement, les Loix paraissent dans un Annuaire statistique de la cour impériale de Grenoble et du département de l’Isère en 1855.
- Le droit français par rapport au droit étranger[19] : de nombreuses mentions de Desgodets sont repérées à l’étranger via Lepage pour l’Italie[20], mais aussi en Grande-Bretagne[21].
D’ailleurs, Desgodets est réellement l’instigateur en Europe
d’une telle nécessité en faveur d’une écriture du droit de
la construction, comme nous pouvons le constater en Italie
à travers les intentions de l’architecte Bernardo Antonio
Vitonne (1704-1770) de l’Académie de Saint-Luc de Rome
qu’il n’aura pas le temps de réaliser[22] ou dans celles réalisées par Francesco Milizia
(1715-1798) dans Principi di architettura
civile[23].
- Il ouvre le débat de la création des disciplines juridiques au travers de la naissance des branches du droit.
- Ainsi, il nous apparaît que cette naissance n’est pas réservée à un public particulier. Ici un droit est modelé par la pratique d’abord artisanale des bâtisseurs, puis des architectes avant d’atteindre le monde des juristes. Ce nouveau paradigme mis au jour ici s’applique-t-il à d’autres champs du savoir ? Le droit ne serait pas a priori le domaine réservé des juristes. Ce principe aurait un corollaire :
- Le besoin de création part d’un besoin social qui serait ici en l’occurrence la régulation du voisinage à travers la question de la propriété, d’où l’importance des servitudes et de la mitoyenneté dans la constitution de ce droit. Plus généralement, cette nécessité invariante pourrait se concrétiser dans la recherche du bien commun.
- L’autonomie d’une discipline se marque souvent par le biais d’un enseignement ou d’un traitement savant, d’une compilation de textes ou d’un code. Ces différents moyens doivent se multiplier pour être efficaces. Cependant ce sera toujours l’autorité politique qui déclenchera le mécanisme et qui restera maître de l’instauration finale et effective.
- De surcroît, nous n’avons pas pu nous intéresser aux cours dispensés par Antoine Desgodets sans travailler sur trois questions qui sont apparues comme incontournables.
Tableau de tradition
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Version S1 - édition critique
Desgodets, Antoine (1653-1728)
Commentaire sur les titres de la coutume de Paris concernant
les édifices, héritages, servitudes et rapports des jurez ; commentaire des
articles de la coutume de Paris en rapport avec l'architecturecodexpapier à la cuve, 592 pages, 370 x 245
Paris (France), Bibliothèque du Sénat, 3FPM94 [Ms 94].
Version S2 - édition critique
Version S2 - édition critique
Incipit : « Une partie qui aura nommé un Expert, le poura révoquer si bon lui semble,
sans être tenu d’en dire le sujet et elle en peut nom... »
Desgodets, Antoine (1653-1728)
Extrait des Coutumes généralles et particulières de France,
et des Gaules, en ce qui conerne les Servitudes réelles, les Édifices, et
Bâtiments : et le fait des Raports des jurez, Avec un Recueil d’Arrests,
Concernant ces sortes de Matières, tirez de plusieurs arrestistes, et de
différens Parlemenscodex., 610 pages, 370 x 240
Paris (France), Bibliothèque du Sénat, Ms 95.
Notes
À la différence de sa source
(Bourdot de Richebourg), Desgodets adopte un chemin de
présentation des extraits de coutume en spirale à
partir de la capitale.
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Nous n’avons publié que les
éditions qui apportent un supplément d’information,
pas les rééditions à l’identique.
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Sur ce personnage lire : Hervé
Collet, « Claude
Goupy, architecte et seigneur du fief de Meaux à
Eaubonne » ( "http://valmorency.fr/14.html"
http://valmorency.fr/14.html), consulté le 5 juillet 2013. Notice sur
Claude-Martin Goupy sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Martin_Goupy,
dernière modification : 20 février 2013, consulté
le 22 mai 2013. Notice sur Martin I Goupy sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_I_Goupy,
dernière modification : 23 novembre 2012, consulté
le 7 mai 2013. Généalogie des Goupy, http://www.genea-bdf.org/BasesDonnees/genealogies/goupy.htm
, consulté me 22 mai 2013.
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Robert Carvais, « Creating a Legal Field:
Building Customs and Norms in Modern French Law »,
in K.-E. Kurrer, W. Lorenz et V. Wetzk (éd.), Proceedings of the Third
International Congress on Construction
History, Cottbus, Brandenburg University
of Technology, 2009, p. 321-328.
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Robert Carvais,
Préparation d’un article sur Savot, précurseur de
Desgodets pour les Mélanges Hélène Vérin sous le
titre L’éclat technique. La construction historique
des savoirs de l’action, XVIe - XXIe
siècle (Apports et prolongements de l’œuvre
d’Hélène Vérin) que je co-dirige avec
Anne-Françoise Garçon et André Grelon (à paraître
Chez Classiques Garnier).
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Voir ce qui sera dit de Bullet
au regard du travail de Desgodets dans son cours
sur le toisé.
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Pour s’en persuader, il convient de parcourir les
procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture
dans les années qui précèdent la nomination
d’Antoine Desgodets comme professeur d’architecture
à l’Académie. Voir en 1715 la volonté de
l’institution de porter à l’ordre du jour une
réflexion des plus « utiles » sur les « us et
coutumes, qui contiennent deux parties, savoir les
servitudes et le toisé » (H. Lemonnier, t. IV, p.
84 et s.).
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Préface, p. VII.
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Robert Carvais, « Un
traité des servitudes chez les architectes » dans
Journée d’études organisée par le projet
« Desgodets » sélectionné par l’Agence nationale de
la recherche (ANR) dans le cadre du programme
« Corpus et outils de la recherche en sciences
humaines et sociales » et l’Institut national
d’histoire de l’art (INHA), 31 mars 2010 (à
paraître).
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Les pages sont préparées par
le copiste et réglées à la mine de plomb.
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Charles A. Bourdot de Richebourg,
avocat au Parlement, Nouveau
Coutumier général ou Corps des coutumes
générales et particulières de France et des
provinces connues sous le nom de Gaules,
Paris, 1724, 4 volumes
in-folio.
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Robert Carvais, « La
coutume de Paris, épitomé du droit français sous
l’Ancien Régime ? L’exemple des servitudes » dans
Thierry Belleguic et
Laurent Turcot (dir.),
Les histoires de Paris
(XVIee siècle), Paris, Éditions
Hermann, 2012, 2 vol., t. 1, p. 333-358.
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En 1728 paraît un ouvrage anonyme, attribué à
Tiercelet (Gilles ou Augustin-Claude) sous le titre
Architecture moderne ou l’Art
de bien bâtir pour toutes sortes de personnes
tant pour les maisons des particuliers que pour
les palais, en 2 volumes. L’originalité de
cet ouvrage réside surtout dans son contenu. Divisé
en cinq parties ou « traités », il pourrait
représenter, à lui seul, le savoir complet des
experts. En effet, sa première partie porte sur
« la construction et l’emploi des matériaux », le
quatrième sur le « toisé des bâtiments selon la
coutume de Paris » et la cinquième sur les « us et
coutumes concernant les bâtiments et rapports des
jurés experts ». De plus le 3e livre concerne la manière de faire un
devis, question éminemment juridique. En réalité,
cet ouvrage inachevé est le résultat de ce que
l’Académie souhaitait transmettre à ceux qu’elle
était censée former.
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Ou Traité de la décoration,
distribution & construction des
bâtiments, commencé par feu J.F. Blondel,
architecte du roi & Professeur de l’Académie
royale d’architecture et continué par M. Patte,
architecte de S.A.S. Mgr le Pince Palatin, duc
régnant de deux-ponts, Paris, 1771-1777, 6 vol., t.
5, p. 438-464.
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Les explications dépassent
rarement les quelques pages par article et ne sont
abordés strictement que les servitudes et les
rapports d’experts.
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L’expression est utilisée par
l’architecte bisontin Ramelet qui dans ses lois
relatives aux bâtiments (1822) écrit en
avertissement : « … j’ai imité Desgodets, comme on
peut s’en convaincre à la lecture de sa préface et
de son livre. Je ne pouvais suivre, en tout, un
meilleur modèle, bien que je sois loin de l’avoir
égalé ». Voir Robert Carvais, « Comment traduire les Loix des Bâtiments après
l’avènement du Code civil ? » dans les Journées
d’études consacrées à « Traduire l’architecture –
2 » organisées par le CNAM et l’INHA organisées par
Valérie Nègre et
moi-même, Paris, INHA, 14 et 15 décembre 2011 [à
paraître].
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Sur l’uniformité du droit
de la construction pour l’ensemble des
Français, lire de l’architecte Madin, l’Extrait de l’Essai sur les
Loix des bâtiments, Paris, An V,
1797.
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Nous connaissons fort peu
de choses sur cet auteur. P. Lepage apparaît
sur la page de titre comme « ancien avocat ».
C’est dire qu’il a servi sous l’Ancien régime.
En effet, il est, entre autres, l’auteur d’Eléments de la science du
droit, à l’usage de toutes les matières et
de toutes les classes de citoyens (deux
éditions en 1819 et 1823) mais surtout d’un Traité des saisies et des
contraintes en 1807, 2 vol. in-8° où il
se nomme « Ancien avocat au Parlement de Paris,
auteur du Nouveau Style de la
Procédure Civile, des Questions sur le Code
Judiciaire » et peut-être d’un Traité des devis et marchés
selon les codes Napoléon et de
commerce, signé L…, ancien avocat (Paris,
Garnery, 1809). Il a par ailleurs collaboré au
Nouveau Denisart. Ce
juriste se serait spécialisé dans la reprise
éditoriale des classiques du droit de l’Ancien
Régime. On apprend que l’auteur s’honore d’être
l’ami de M. Try, substitut de M. le procureur
général impérial, près la Cour d’Appel du
département de la Seine, auteur du projet de
Code de procédure auquel il aurait fait relire
son manuscrit.
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Robert Carvais, « For a
Comparative Study of Construction Laws » in Robert Carvais, André Guillerme, Valérie Nègre et Joël Sakarovitch, Nuts & Bolts of
Construction History. Culture, Technology
and Society, Paris, Picard, 2012, 3
vol., t. 1, p. 475-487.
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Les œuvres du juriste P.
Lepage furent traduites en italien, puisque le
Code civil régnait dans ce pays sous l’ère
napoléonienne. Nous avons repéré plusieurs
éditions des Loix des
bâtimens, un 2e, suivant celle éditée à Naples, à
Fuligno en 1854 et une autre romaine qui la
précède en 1845.
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Voir les travaux de
l’architecte James Elmes, A Practical
Treatise on architectural
Jurisprudence, London, 1827, p. IV qui
prend exemple sur Desgodets pour réclamer à son
souverain un nouveau code de la construction.
Son ouvrage qui emprunte au droit romain et au
droit jurisprudentiel anglo-saxon se présent
comme un dictionnaire analytique de notions du
champ. Voir également James Kent, Commentaries in American
Law, New York, 1828, vol. 3, p. 344-362
: “Of easements and aquatic rights” et surtout
p. 350.
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Merci à Edoardo Piccoli pour cette information. Istruzioni diverse concernenti
l’officio dell’architetto civile, Lugano,
1766, p. XIII.
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T. 3, 1785, dans son chapitre
VIII intitulé “Della Giurisprudenza relativa all’
Architettura”, 298-315.
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