En abordant la commodité, après la théorie des ordres, et en annonçant qu’il
s’intéressera ensuite aux principes constructifs, Desgodets semble
reprendre les procédés d’analyse d’André Félibien, Des
principes de l’architecture, de la peinture et des autres arts qui en
dépendent. Avec un dictionnaire des termes propres de ces arts,
Paris, Coignard, 1676. Ce dernier commence en effet par exposer les
principes et proportions des cinq ordres avant de présenter succinctement
(4 pages) les « diverses sortes de Bastimens » et certains éléments
constructifs qui vont servir de référence par la suite. Desgodets
s’intéressant largement à la commodité apporte des connaissances
complémentaires, d’autant qu’il semble s’être soucié dans ses cours
essentiellement de l’architecture religieuse et de l’architecture publique.
Le déroulé des cours peut se suivre grâce aux annonces qu’il en fit
régulièrement : le 1er décembre 1722, « M.
Desgodets a présenté à la compagnie comme de coutume les affiches des
leçons [...] ensuite, il donnera un traité sur la distribution et les
proportions des églises et autres édifices. » (Procès-verbaux de l’académie royale d’architecture, publiés sous
la direction de Henry Lemonnier, Paris, Jean Schelit., 1915, t. IV, p. 254), 15 novembre 1723 : « M. Desgodets,
professeur a distribué les affiches qui marquent qu’il s’est proposé de
donner pour leçons aux estudians un traité de la commodité de
l’architecture concernant la distribution et la perspective des édifices.
Il achèvera de donner la dissertation sur le dessein et il donnera la
seconde partie du nouveau commentaire sur les articles de la Coustume de
Paris qui ont du raport à l’architecture », (op.
cit., t. IV, p. 274) ; 13 novembre 1724 : « M. Desgodets a présenté à
la Compagnie l’affiche des leçons qu’il se propose de donner sur les ordres
d’architecture, sur la commodité, la
distribution et la proportion des édifices […], sur les articles de la
Coustume qui ont rapport à l’architecture et sur le toisé des
bastimens » (op. cit., t. IV, p. 293) ; 12
novembre 1725 : « M. Desgodets a présenté ses affiches pour les leçons
publiques. Il continuera de donner le Traitté des ordres d’architecture et
ensuite le Traitté de la commodité de l’architecture concernant la
distribution et les proportions des édifices. Et il compte en cela le toisé
des bastimens » (op. cit., t. IV, p. 312) ; 18
novembre 1726 : « M. Desgodets a présenté l’affiche pour les leçons
publiques. Il donnera aux étudians la seconde partie du Traité des ordres
d’architecture. Il continuera le Traité de la commodité, distribution et
proportion des édifices tant publics que particuliers, et le Traité du
toisé des bastimens aux us et coutumes de Paris » (op.
cit,, t. IV, p. 332) ; 17 novembre 1727 : « M. Desgodets a
présenté à l’Académie les affiches pour les leçons publiques où il se
propose de continuer le Traité de la commodité, distribution et proportion
des édifices publics et particuliers. Il achèvera le Traité du toisé des
bastiments et la seconde partie du Traité des ordres d’architecture.
Ensuite il donnera une dissertation sur le dessein et la perspective et un
Traité de la coupe des pierres » (op. cit., Paris
1917, t. V, p.16). | |
Ce sont finalement les hôtels-Dieu et les hôtels de ville qui sont abordés,
au moins dans le cours conservé ; | |
La 3e section n’est pas conservée mais il est
possible que Desgodets ait abordé ce thème, au moins de 1726 à 1728, dates
au cours desquelles il prononce à nouveau un cours sur les édifices publics
et lit ce cours aux académiciens. | |
Depuis Palladio surtout, les théoriciens de l’architecture essayaient de
lier monde et restes antiques avec une lecture biblique de la chronologie
(voir sur ce sujet J. Rykwert, La Maison d’Adam au
paradis. L’idée de la cabane primitive dans la théorie de
l’architecture, Paris 1976 (1ère éd.
1972, « raison antique et grâce chrétienne, p. 124-163) mais aucun
théoricien, avant Desgodets, ne pousse aussi loin la comparaison. Desgodets
semble s’être inspiré, au moins dans la méthode, de l’Histoire de l’Église de l’abbé de Choisy (Paris, 1703-1720) qui
mêlait quant à lui Histoire et histoire de l’Église et qui pouvait lui
donner une lecture biblique de l’histoire. En revanche, les propos sur l’origine de l’architecture ne sont pas
novateurs stricto sensu. Alberti rappelle que les
« hommes au commencement cherchèrent en regions seures et salutaires,
certaines places pour y habiter en repos », (De re
aedificatoria, Livre I, chapitre 3), propos largement repris par
François Blondel dans son Cours d’architecture 1675,
chapitre I, « De l’origine et de l’accroissement de l’architecture ». Desgodets va ajouter à ces éléments des jalons d’histoire biblique mêlant
ainsi histoire religieuse et théorie traditionnelle (depuis Vitruve) de
l’architecture. Il est vrai que la première partie de son cours se
rapportant à l’architecture religieuse, chrétienne, contrairement à ses
prédécesseurs. | |
Reprise de la théorie vitruvienne (Livre II, chapitre I) que Desgodets
connait par la traduction de Claude Perrault (1684) et qu’il adapte ici à
la Création du monde. | |
Desgodets opère une véritable démonstration sur l’origine de l’architecture,
apportant une vision cartésienne appliquée à l’architecture de cet
événement. Dans la suite de ses propos, il établit une présentation
systématique de l’origine de l’architecture. | |
Dès sa préface, Desgodets entend montrer tous les aspects de l’architecture.
Il rappelle donc quelques principes constructifs qui permettent d’expliquer
certains partis pris distributifs. | |
Genèse 4, 17. | |
Desgodets se croit obliger d’apporter à l’architecture une certaine
continuité qui n’existe pas dans le texte biblique. | |
Cette date était donnée dans le commentaire de la Vulgate. Elle est reprise
notamment dans l’Histoire de l’Ancien Testament tiré de
l’écriture sainte par Arnauld D’Andilly, Paris, Pierre le Petit,
1665 ou encore dans l’Histoire de l’Église de l’abbé
de Choisy (op. cit.). | |
Il s’agit de fait de la première construction décrite dans la Bible. Jean
Bullant (Reigle générale d’architecture des cinq manières
de colonnes, p. 9) avait déjà mentionné explicitement l’arche de
Noé (« […] chose que noz expositeurs des sainctes lettres ayant bien
observé, estimèrent que l’arche faicte au temps du Déluge, fut comprise sur
la figure de l’homme… »). | |
Dimensions données dans la Genèse, 6, 14-16. | |
Genèse 11, 3-4. Desgodets passe ainsi de la
construction en pierre à la construction en bois, établissant un lien avec
la théorie architecturale. | |
Genèse 11, 3-4 … « Allons ! Montons des briques et
cuisons les au four » ; Ex 1, 14, « Les briques leur servirent de pierre
& le bitume leur servi de mortier ». Une nouvelle fois, ici Desgodets
entend lier histoire de l’architecture et histoire de la construction. | |
Desgodets dans les lignes qui suivent va sans cesse mettre en lien solidité,
beauté et distribution qui sont les clefs pour concevoir une bonne
architecture depuis Vitruve. La beauté sera intimement liée à son
ordonnancement, la solidité à la construction, la commodité ou distribution
étant au cœur de ses propos. Par ce biais, il insiste immédiatement sur le
fait que la distribution ne peut être étudiée seule ; il a une vue
globalisante de la commodité. Pour les principes vitruviens fondamentaux et
leur utilisation dans la théorie architecturale, voir aussi Georg Germann,
Vitruve et le vitruvianisme. Introduction à
l’histoire de la théorie architecturale, [Darmstadt, 1980],
Lausanne, 1991 ; Werner Szambien, Symétrie, goût,
caractère. Théorie et terminologie de l’architecture à l’âge classique,
1550-1800, Paris, Picard, 1986. | |
1 R5, 22-25. | |
Livre des Chroniques. | |
Il y a ici un problème de copie, les bois du Liban se rapportant à un
matériau de construction. | |
1 R5, 22, Hiram à Salomon : « Oui je te donnerai tout le bois de cèdre &
le bois de cyprès que tu voudras. » Cette référence au bois se trouve dans
le livre des Chroniques, 2 chroniques 2, 3, 4, 5. C’est avec cette
référence au temple de Salomon, que s’achève la création du monde juif et
chrétien. | |
En abordant cette partie de l’histoire de l’architecture, Desgodets reprend
le fil traditionnel de la théorie architecturale. C’est peut être la raison
qui le conduit à être très concis sur ce point alors qu’il s’est montré
très explicite dans son histoire biblique. | |
Desgodets mêle ici les principes traditionnels depuis Vitruve (beauté,
solidité notamment) au thème principal de son ouvrage, la distribution,
s’inspirant des théoriciens ayant abordé la commodité des édifices privés
(L. Savot, Architecture françoise des bâtiments
particuliers, Paris, S. Cramoisy, 1624 ; Pierre Le Muet, Manière de bâtir pour toutes sortes de personnes,
1623, rééd. et augmenté en 1647, 1669, 1681 ou plus récemment le cours
prononcé par son prédécesseur indirect, Philippe de La Hire, Traité
d’architecture, resté à l’état de manuscrit, RIBA ms 825, B. Institut ms
8125). | |
Desgodets étaient particulièrement à même d’apprécier les restes antiques
puisqu’il en avait fait le relevé à la demande de Colbert (1674-1678) ; le
résultat de ses travaux avait été publié Les Édifices
antiques de Rome, Paris, Coignard, 1682. | |
Desgodets fait ici référence à la pratique d’identification de ruines
romaines par le biais d’ouvrages historiques, comme l’ont pratiqué Serlio
(Le Antiquita di Roma e le altre cose que sono in
Italia e fuori d’Italia ou Terzo libro,
Venise, 1540) et Palladio (Palladio Andrea, I
Quattro libri dell’architettura, Venise 1570, ed. fr. Paris,
Martin, 1650). L’ouvrage de Serlio inspire d’ailleurs beaucoup Desgodets
pour son approche méthodique dans les Édifices antiques
de Rome (paris, 1682) mais aussi dans ce cours. | |
Reprise des débats entre les Anciens et les Modernes. Desgodets ne pouvait
que se montrer partisan des Modernes, compte tenu de la protection royale
ancienne dont il avait bénéficié, compte tenu aussi de son statut de
professeur à l’Académie royale d’architecture. Dans sa jeunesse, Desgodets
avait aussi certainement assisté aux débats académiques à ce sujet (entre
Perrault et Blondel) puisqu’il est est autorisé à assister aux séances et
cours académiques dès 1676. | |
Desgodets aurait ainsi abordé les ordres (élément insdispensable pour la
beauté d’un édifice, 1er cours), la commodité
(2e cours) et la construction (pour la
solidité). Il inversait ainsi de fait les priorités par rapport à Vitruve
qui lui commençait son 2e livre par la
construction. Ce cours n’a jamais vu le jour mais, tout au long de son
traité, Desgodets fait fréquemment référence à la construction, par
quelques petites phrases. Son prédécesseur, Philippe de La Hire avait quant
à lui dispensé un cours précis sur la construction, notamment sur les
matériaux au sein de son cours d’architecture (op.
cit.). | |
Desgodets va se rapporter à plusieurs reprises à son cours sur les Ordres et
au traité éponyme. Desgodets présente clairement ici les deux parties de
son Traité (La description des ordres et leur accompagnement ; La manière
de les placer régulièrement aux édifices) et nous savons que les cours sur
les ordres et la commodité sont dispensés en parallèle (voir note 1). | |
Vitruve posait déjà les principes de commodité, parallèlement à la solidité
et à la beauté dans le De architectura. Elle est
reprise par tous les théoriciens de l’architecture à partir d’Alberti | |
Desgodets a en fait une conception très extensive de l’architecture
puisqu’il envisage toute une série d’objets architecturaux. Il dresse ici
une véritable typologie des objets d’étude. Ses prédécesseurs François
Blondel (1671-1685) et Philippe de La Hire (1686-1718) n’avaient pas
évoqués tous ces aspects. | |
L’indication des sujets abordés dans les cours est vaste et reste imprécise,
semblant indiquer que Desgodets n’a pas encore établi une liste définitive
de tous les objets qu’il sera amené à étudier. Nous pouvons suivre
cependant la nature des cours dispensés par les affiches des cours (voir
note 1). | |
Il faut attendre le professorat de Jean Courtonne (1730-1739) pour que les
places et marchés soient abordés dans un cours dispensé aux élèves de
l’Académie (B. Institut ms 1032). | |
Les fortifications ont été présentées par François Blondel dans son
cours. | |
Les écluses et canaux avaient été étudiés par Philippe de La Hire dans son
cours. | |
Cette référence aux ponts et chaussées indique clairement que Desgodets
envisageait, dans un second temps au moins, de présenter des thèmes
s’adressant aux ingénieurs, comme François Blondel ou Philippe de La Hire
avaient pu le faire (voir sur ce sujet, sur François Blondel, Gerbino
Anthony, François Blondel: Architecture, Erudition, and
the Scientific Revolution. London and New York, Routledge, 2010
(titre de la thèse publiée) et sur Philippe de La Hire, Hélène
Rousteau-Chambon, « Un savant chez les hommes de l’art », Philippe de La Hire entre architecture et sciences, Paris, 24-26
juin 2010, dir. Antonio Becchi, Hélène Rousteau-Chambon, Joël Sakarovitch,
édition des actes, Paris, Picard, mars 2013, p. 107-119). Cette insertion
dans son texte aurait été d’autant plus bienvenue que le corps des
ingénieurs commençait à apparaître avec la création d’un Premier ingénieur
du corps des ingénieurs, en la personne de Jacques V Gabriel (1716). | |
Cette partie du cours n’est pas conservée. Les élèves de l’Académie royale
pouvaient par ailleurs se référer à la Théorie et
pratique du jardinage (Paris, 1713) de Dezallier d’Argenville. | |
Desgodets adapte l’énumération qu’avait pu faire en son temps Vitruve. Il se
montre tout à fait « Moderne » dans sa démarche. | |
Desgodets n’a en fait jamais annoncé explicitement un cours portant sur ce
sujet. | |
Desgodets annonce clairement ici qu’il traitera de la construction et de ses
matériaux, de la stéréotomie et de la charpenterie, reprenant ainsi la
présentation de la dernière partie du Traité d’architecture (cours dispensé
à l’Académie) de Philippe de La Hire (RIBA, ms 825, B. Institut, ms
8125). | |
Une nouvelle fois, Desgodets prend le contrepied de la pratique de ses
contemporains qui commencent par les édifices privés. Mais en prenant les
lieux de culte chrétiens pour point de départ, il ne fait qu’adapter le
texte de Palladio qui commençait par l’étude des temples antiques… La
démarche de Desgodets peut donc être comprise comme un acte offensif de la
défense des Modernes. | |
Les règles de proportions occupent une place centrale dans le cours de
Desgodets. Elles apparaissent d’autant plus fondamentales que Desgodets va
donner des modèles, qui ne peuvent donc être compris qu’avec une étude des
proportions. Par ces proportions et ces modèles, Desgodets donne en fait
des règles, des normes à l’architecture religieuse. Et nous savons combien
il semble crucial, encore dans ces années, d’apporter des règles à
l’architecture, l’Académie royale d’architecture ayant été justement fondée
dans le but de normer l’architecture (voir sur ce sujet, Basile Baudez, Architecture et tradition académique au siècle des
Lumières, Rennes, presses universitaires, 2012. | |
Dans toute cette partie, très novatrice de la part d’un architecte,
Desgodets développe des connaissances liturgiques et historiques, intérêt
rare de la part des architectes. Mais pour Desgodets, ces connaissances
sont fondamentales pour qui veut bâtir des édifices religieux. Dans ce
chapitre précisément, montre un intérêt particulier pour les aménagements
liturgiques qui seront fondamentaux dans les développements concernant les
lieux de culte contemporains (autel, baptistère,…). En initiant son cours
par une présentation des premières églises, Desgodets se situe dans la
droite ligne de Jean-Baptiste Thiers (Dissertations
ecclésiastiques sur les principaux autels dans les églises, Paris,
1688, p. 63-64) qui défend une conception simplifiée de l’espace ecclésial
en se référant à l’ « Antiquité sacrée ». Voir sur ce sujet, Émilie
Roffidal-Motte, « Architecture et théorie au XVIIIe siècle en France, La question de l’aménagement intérieur des
églises », Sabine Frommel, Laurent Lecomte (dir.), La
place du chœur. Architecture et liturgie du Moyen Âge aux Temps
modernes, Paris, Picard, 2012, p. 237-245. | |
Desgodets applique une méthode qu’il réutilise dans chaque section de son
Traité : il énonce des principes, plaçant les
usages des édifices au cœur de ses préoccupations avant d’étudier les
proportions ; pour lui, la fonction prime sur la forme, la commodité sur la
beauté. Desgodets inverse donc ici les propositions vitruviennes mais en
revanche, il reprend celles de l’abbé Jean-Louis Cordemoy, Nouveau Traité de toute l’architecture ou l’Art de
bastir, … Paris, 1706, ouvrage qu’il ne cite pas explicitement
mais qui semble l’avoir marqué à plusieurs égards. | |
Desgodets réaffirme constamment la suprématie des usages sur les
proportions, qu’il reprend dans tous ces préambules. Il rappelle ainsi que
ce principe est ancien, lié à l’histoire même de l’Église à la Tradition.
Par cette approche, Desgodets se situe, de fait, dans la lignée de Michel
de Frémin (Mémoires critiques de l’architecture contenans
l’idée de la vraye & de la fausse architecture, Paris, 1702,
sixième lettre, p. 22) « Je dis donc que l’architecture est un art de bâtir
selon l’objet, selon le sujet & selon le lieu ; cela signifie que le
premier soin d’un Architecte consiste en faisant son dessin de concevoir la
fin pour laquelle l’on luy ordonne le Batiment ; c’est ce que j’entends par
le mot d’objet ; il doit ayant bien compris l’usage propre du Batiment
imaginer & arranger tout ce qui naturellement doit s’assortir à cette
fin ; dessiner dans sa tête tout son édifice, examiner si tout ce qu’il
pense a une union parfaite ; si dans cette union toutes les parties y
trouvent leur juste convenance, & un rapport régulier, c’est ce que
j’entends bâtir selon l’objet, & quand il a conçu que tout ce qu’il
pense s’approprie à son objet, & y est naturellemnt affidé, il doit
opposer tout ce qu’il a imaginé à la situation du terrain… ». Frémin allait
d’ailleurs beaucoup plus loin car il en profitait pour critiquer très
fortement la conception selon laquelle l’architecture se résume à la
théorie des ordres (« un Architecte qui ne sçait parler que des mesures des
Cinq ordres est un architecte tres petit & tres mince », Ibidem), ce que Desgodets ne pouvait décemment
accepter. | |
Les principes que Desgodets énonce ici se retrouvent dans toutes ses
descriptions. Il indique donc son plan (usage et plan, proportions,
présentation de l’élévation et des éléments architecturaux nécessaires à
une bonne compréhension de l’édifice). | |
Desgodets se réfère ici explicitement à l’abbé Claude Fleury, Les Mœurs des Chrestiens, Paris, Veuve, Gervais
Clouzier, p. 2-3. Cependant Desgodets se contente de rapporter les aspects
architecturaux tandis que Fleury s’intéresse dans cet ouvrage
essentiellement à une étude « sociologique ». | |
Desgodets rappelle ici l’étymologie du mot « église », montrant ses
connaissances historiques et liturgiques. | |
Pour cette partie, Desgodets semble se fonder sur l’ouvrage de l’abbé Claude
Fleury, Op. cit., 1682, p. 84-85. | |
Ce terme apparait dès le XVe siècle. Furetière
dans son Dictionnaire universel (la Haye-Rotterdam,
1690) note : « Vieux mot qui signifoit autrefois, Palais de Prince ou
seulement, Grande sale ; et depuis il a signifié une grande Église. On
appelle encore en Italie, la basilique de St.
Pierre … » | |
Desgodets place l’architecte dans la droite ligne de Salomon, qui par sa
sagesse, bâtit le 1er « temple au Seigneur ».
Une telle ascendance donne une importance fondamentale à l’architecte mais
aussi indique aussi les devoirs (bienséance et les connaissances
liturgiques) auquel il est contraint. | |
Desgodets fait siens les propos écrits par l’abbé Jean-Louis de Cordemoy qui
avait donné dans son traité (Nouveau traité de toute
l’architecture, Paris, J.B. Coignard, 1706, p.1) une règle courte,
certaine, & aisée pour construire chaque ordre d’Architecture &
pour bien établir ce qui convient le plus à rendre gracieux à la vüe, mais
encore de leur proposer [« aux bons ouvriers »] sur toutes les différentes
manières de bâtiemens, certains avis généraux qu’ils doivent suivre, ou du
moins ne pas ignorer », et qui rappelait dans son chapitre III, p. 85, « De
quelle manière la Bienséance doit être gardée dans toutes les différentes
especes d’Édifices ». | |
Desgodets rappelle que les architectes doivent se fonder essentiellement sur
les pemiers temps de l’Église. En ce sens il se montre assez proche des
propositions de Moléon (Voyages liturgiques de France ou
recherches faites en diverses villes du Royaume contenant plusieurs
particularités touchant les rits & les usages des Églises avec les
Découvertes sur l’Antiquité Ecclesiastique & payenne, Paris,
Florentin Delaulne, 1718). | |
Abbé Fleury, (1640-1723), avocat puis prêtre (ordonné en 1668). Est connu
pour son rôle de percepteur du fils du prince de Conti puis du comte de
Vermandois, avant de devenir en 1689 sous-précepteur des ducs de Bourgogne,
Anjou, Berry (Fénelon étant leur précepteur) puis confesseur et premier
catéchiste du jeune Louis XV (1716-1722). En remerciement de ses bons
offices, il fut abbé de l’abbaye de Loc Dieu et prieur de Notre-Dame
d’Argenteuil. Il écrivit de très nombreux ouvrages dont l’Histoire ecclésiastique (1691), 20 vol. Ses ouvrages étaient
appréciés des protestants (il est notamment loué par P. Bayle dans ses Institutions, 3e partie,
p. 456) mais il était aussi parfois jugé trop proche des jansénistes. Voir
abbé F. Gaquère, La Vie et les oeuvres de Claude Fleury
(1640-1723), Paris, J. de Gigord, 1925. | |
Desgodets fournit ici une référence très explicite permettant de ne pas
douter de ses assertions. Une telle démarche n’est pas encore chose commune
(Jacques-François Blondel par exemple ne cite que rarement ses sources).
Mais s’il fait référence à Fleury, il ne mentionne pas que ce dernier donne
en fait une traduction de l’Histoire Ecclésiastique
d’Eusèbe de Césarée (265 et 339) qui avait dédicacé l’église de Tyr et en
avait fourni la première description. | |
Desgodets fait ici référence aux destructions liées à l’édit de Dioclétien
(303). | |
Dès la fin du IIe siècle, est institué un évêché
à Tyr. La première église est détruite à la suite de l’édit de Dioclétien
(303) qui interdit la religion chrétienne. Une nouvelle église est
construite au IVe siècle à la suite de l’Édit
de Milan (313) ; elle est dédicacée vers 315 par Eusèbe de Césarée. Enfin,
en 1127, une nouvelle église dans laquelle les rois de Jérusalem furent
couronnés à partir de 1244, est construite par les Vénitiens. A. Baud, A.
Devillechaise, P. Ferreira, A. Flammin, Cl. Piaton, « La cathédrale
médiévale », Mission archéologique de Tyr, rapport préliminaire 2008-2009,
BAAL 14, 2012 et Victor Guérin, « Sur la
topographie de l’ancienne Tyr », Comptes-rendus des
séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 23e
année, N. 2, 1879, p. 133-137. | |
Il s’agit du premier dessin du cours. Desgodets décrit précisément ce
dessin, comme il le fera constamment par la suite. Il explique la fonction
de chaque partie, et parfois l’évolution du nom ou de la forme donnée, en
partant du plus général pour s’attacher ensuite aux détails, dont il ne
parle pas systématiquement pour les églises anciennes. Dans toute sa
description, il veille à lier architecture et liturgie, expliquant ainsi la
fonction des différents éléments (galeries pour les catéchumènes, fontaines
pour se purifier,…) et l’évolution de certains espaces liturgiques
(bénitiers qui ont remplacé les fontaines). La description étant très
précise, il serait possible de se passer d’illustration. | |
Cette disposition liturgique est commune dans les églises paléochrétiennes.
Voir, par exemple, Richard Krautheimer, Corpus
basilicarum christianarum Romae : le basiliche christiane antiche di
Roma (sec. IV-IX), Città del Vaticano New York, Pontificio Istitut
di archeologia Cristiana-Institute of Fine arts, New York University,
1937-1980 (5 vol.), Richard Krautheimer, Rome, profile of
a city (312-1308), Princeton, University Press, 1980. | |
Claude Fleury, Histoire ecclésiastique (1691), t.
III, p. 5, « Cette église est la première dont nous trouvions la
description, mais celles que nous voyons incontinent dans les autres pays y
sont si conformes qu’elles paraissent avoir été bâties sur le même modèle
[…] Une enceinte de muraille enfermait tout le lieu saint dont l’entrée
estoit un grand portail tourné à l’Orient, si élevé qu’il paraissait de
fort loin, attirant les regards des infidèles comme pour les appeler à
l’église. On entrait d’abord dans une grande cour carrée, environnée de
quatre galleries soutenues de colonnes, c’est à dire un péristyle, &
entre les colonnes était un treillis de bis, en sorte que les galeries
étaient fermées mais à jour […]. Au milieu de la cour, & vis à vis
l’entrée de l’église étaient les fontaines qui donnaient de l’eau en
abondance (pour se laver). Ayant passé la cour, on trouvait aussi le
portail de l’église ouvert aussi sur l’orient par trois portes, celle du
milieu était beaucoup plus haute & plus large que les deux autres, ses
battants étaient de cuivre avec des liaisons de fer, ornés de sculptures
agréables. Par cette principale porte, on entrait dans la nef ou le corps
de la basilique & par les autres dans les bas côtés ou galeries qui
l’accompagnaient de part et d’autre au dessus desquelles étaient des
fenêtres fermées seulement de treillis de bois d’un ouvrage délicat avec
divers ornements. Car dans les pays chauds les vitres ne sont pas d’usage.
[p. 6] La basilique était grande & élevée et soutenue de colonnes
beaucoup plus hautes que celles du péristyle. Le dedans était bien éclairé
& brillait de tout côtés, orné des matières les plus précieuses et des
ouvrages les plus exquis […]. Au fond on voyait des trones, c’est à dire
des sièges fort élevés pour les prêtres et pour l’évêque au milieu d’eux.
Ces sièges étaient disposés en demi cercle qui enfermait l’autel par
derrière car il n’y en avait qu’un seul, en sorte que l’évêque dans les
prières regardait les peuples en face et était tourné à l’orient. Le
sanctuaire était fermé au peuple par une balustrade ou un treillis de bois
orné de sculptures d’une délicatesse admirable […]. » | |
Desgodets insiste ici sur le rôle de modèle que tient l’église de Tyr. Sur
les premières églises voir Mickaël Gendry, L’église, un
héritage de Rome, essai sur les principes et méthodes de l’architecture
chrétienne, Paris, l’Harmattan, 2009. | |
Le choix de Desgodets reflète son gout pour les édifices antiques, les
églises étudiées étant pour lui au moins partiellement antiques. Desgodets
reprend pour l’histoire des différentes églises les propos que Palladio
avait développés dans sa Descritione de le chiese,
stationi, indulgenze e reliquie de corpi che sonno in la citta de
Roma, 1554. Dans l’approche et la présentation des églises mais
aussi l’importance donnée au chœur et à l’autel ou encore le chapitre sur
le baptistère, Desgodets reprend la même démarche que l’abbé Fleury (Mœurs des Chrestiens…), p. 218-233. | |
Pour l’histoire du bâtiment voir supra le chapitre consacré à cet
édifice. | |
Saint-Alexis est une église fondée sans doute au IVe siècle. Elle fut consacrée à Boniface et Alexis en 1217. En
1426, elle fut confiée aux Hiéronymites. À la fin du XVIe siècle, menaçant ruine, elle fut restaurée
(1582). Dans son recueil (B. Institut, ms 2718, p. 73), Desgodets en donne
un plan et mentionne « dessiné à veu ». Il n’en fait qu’un seul dessin. | |
Pour l’histoire de cette église voir supra, au
chapitre que Desgodets consacre à cette église. | |
Il s’agit sans doute de l’église Saint-Paul hors les murs, le plus vaste
édifice après le Saint-Pierre moderne. Elle était de dimension identique à
la basilique Ulpienne qui se trouvait sur le forum de Trajan. C’est
Constantin qui transforma une cella memoriae en
basilique, avant que Valentin II (386), puis Théodose, l’agrandissent ;
l’édifice était alors divisé par 80 colonnes. Le pape Sixte V la fit
couvrir d’un plafond. C’est l’état que Desgodets put voir mais il n’en
donne aucun dessin dans son Recueil. | |
La suite de ces églises indique clairement que pour l’architecte Desgodets,
les basiliques majeures ne sont pas les seuls édifices intéressant d’un
point de vue architectural. Pour les sources des églises citées, il est
probable que Desgodets se soit inspiré du Ritratto di
Roma moderna…, Roma, Filippo de’Rossi, 1692, très largement
diffusé, d’autant qu’il était dédicacé au maréchal de Villeroy, ambassadeur
de France à Rome. Rossi ne livre jamais les dimensions mais il apporte tous
les éléments historiques nécessaires à Desgodets. | |
Une fois encore, Desgodets insiste sur les usages liturgiques permettant
d’expliquer le choix du plan. | |
À partir de quelques édifices qu’il a pu voir à Rome (Sainte-Sabine,
Sainte-Marie du Trastevere, baptistère de Constantin) mais qui ne sont pas
publiés dans ses Édifices antiques de Rome (Paris,
1682), Desgodets donne quelques jalons essentiels de l’histoire liturgique,
montrant ainsi clairement combien la liturgie et les connaissances que l’on
doit en avoir, sont au cœur des questions de distribution des églises, et
donc du métier d’architecte, encore au XVIIIe
siècle. | |
Église fondée en 422-432 par Pierre d’Illyrie mais sans doute à proximité de
la « maison de Sabine ». En 824, le pape Eugène IV fit constuire une
iconostase, un ambon et un ciborium. En 1222, le pape Honorius III confia
cette église à Saint Dominique ; un cloître et un clocher furent alors
construits. En 1587, l’édifice est restauré par Domenico Fontana. C’est
donc cet état qu’a pu connaître Desgodets lorsqu’il a séjourné à Rome. Il
donne trois dessins de Sainte-Sabine dans son Recueil (p. 67-69) : le plan, la coupe et les dessins des
chapiteaux. | |
Desgodets ne donne pas d’indication de mesure dans le texte mais se contente
de renvoyer à la légende du dessin, liant indubitablement texte et dessin.
Il n’empêche, qu’exceptionnellement, Desgodets donne les mesures en pieds
de Paris. | |
Dans ce paragraphe historique, Desgodets reprend exactement les termes
utilisés dans le Ritratto di Roma moderna…, Roma
Filippo de’Rossi, 1692, p. 100. | |
Cette interprétation a conduit Desgodets à s’intéresser à cette église lors
de sa mission romaine. Il l’a donc visitée mais ne l’a pas retenue dans ses
monuments antiques : elle ne figure que dans son Recueil et non dans la publication des Édifices
antiques de Rome (1685). | |
C’est la datation donnée généralement aujourd’hui. | |
C’est un élément particulièrement remarquable pour Desgodets qui en donne un
dessin dans son Recueil (p. 69) et dans son Traité. | |
Cette référence permet d’insister sur le fait que les principes vitruviens
sont ainsi bien appliqués, alors qu’il s’agit d’un édifice du Ve siècle. | |
Le dessin que donne Desgodets dans son Traité s’inspire de celui du Recueil mais Desgodets l’a retravaillé pour cette
publication : il ajoute un chancel, l’autel et le presbyterium qui ne
figurent pas dans son dessin in situ. De même dans
son Recueil, il ne fournit pas les dimensions qu’il
indique dans son Traité. | |
La qualité de ce matériau l’impressionne et il le mentionne explicitement
dans son recueil : « les colonnes, bases et chapiteaux, les chambranles
sont de marbre blanc », (B. Institut, ms 2718, p. 68) | |
Desgodets mentionne ici une spécificité constructive indiquant clairement
les différences existant entre les pratiques françaises et italiennes. | |
Desgodets souligne ici une spécificité française, la connaissance de la
stéréotomie. Dans les lignes qui suivent il va insister sur les différences
entre la France et l’Italie quant aux techniques constructives. Desgdodets
avait écrit un mémoire sur les dômes, notamment sur celui de Saint-Pierre,
qu’il lut à l’Académie le 13 août 1708 (P.V., t.
III, p. 300). Ce texte fut commenté dans l’institution royale jusqu’au 3
décembre 1708 (P.V., t. III, p. 306). | |
Desgodets insiste ici sur les caractères de l’architecture italienne dans le
domaine de la construction. Il n’a pas beaucoup parlé de construction,
adoptant une démarche radicalement différente de ce qu’ont pu pratiquer
Palladio ou Pierre Bullet par exemple. Mais dans ce passage, il se montre
très précis. Aucun élément constructif ne figure dans son Recueil. | |
Dans son recueil, Desgodets donne même le relevé d’une colonne sans dessiner
le chapiteau pour bien souligner les proportions des colonnes antiques. | |
Tous les chapiteaux de Sainte-Sabine sont certes corinthiens mais Desgodets,
comme ses contemporains, ne voit pas les remplois. | |
Desgodets reprend ici les mesures prises sur place : il indique dans son
Recueil : « la hauteur de la colonne avec la base et le chapiteau est de 19
mod[ules] 21 1/2 parties. La colonne est
cannellée de 24 canneaux remplis d’un baston depuis le pied jusqu’à la
hauteur de 5 mod[ules] 13 1/3. La largeur des costés des canneaux est de
5/13 de la largeur du creux. Ces arestes des costés des canneaux sont
arrondies ce qui cause une grande tendresse et fait paroistre ces colonnes
d’un très bon goût ». | |
Desgodets reprend le dessin qu’il a fait dans son Recueil (B. Institut, ms 2718, p. 69). | |
Ce chapiteau l’avait tout particulièrement intéressé et il en avait fait un
relevé à Rome (B. Institut, ms 2718, Recueil, p.
69) | |
Pour bien souligner les qualités de cet édifice, Desgodets établit un
parallèle entre cet édifice et l’architecture antique, car les proportions
de cette église étant justes selon lui, elle ne peut être paléochrétienne…
Il adopte une démarche identique pour certaines églises à plan centré dans
ses Édifices antiques (San Stefano rotondo
interprété comme le Temple du Faune, ou Santa Costanza vue comme un temple
de Bacchus). | |
Pour les sources historiques, Desgodets s’est sans doute inspiré su Ritratto di Roma moderna…, Roma Filippo de’Rossi,
1692, p. 63-68. | |
Sainte Marie in Trastevere est la première église ouverte au culte chrétien
à Rome. Fondée selon la tradition par saint Calixte (221-227) et terminée
par saint Jules (341-352), elle est reconstruite par Innocent II
(1130-1143). | |
Desgodets insiste sur l’aspect disparate de l’édifice montrant combien il a
étudié l’édifice avec précision. Comme pour Sainte-Sabine, Desgodets
dispose des mesures réelles, semblant indiquer qu’il a lui-même mesuré ces
édifices. | |
Il semble que Desgodets fasse une confusion, les colonnes de Sainte-Marie du
Trastevere étant essentiellement ioniques, à l’exception de quelques unes.
Ces colonnes et chapiteaux sont tous des remplois. | |
Ces chapiteaux sont différents de ceux construits en France, chapiteaux
scamozziens, aux XVIIe et XVIIIe siècles. | |
Le trait de la volute ionique du chapiteau de Sainte-Marie in Trastevere a
marqué tous les architectes à partir la Renaissance. Claude Perrault dans
les commentaires de sa traduction aux Dix livres
d’architecture, (Paris, 1673) fait un rappel de tous les
commentateurs du dessin de la volute depuis la Renaissance. Les membres de
l’Académie royale d’architecture s’emparent aussi de cette question : le 7
septembre 1693, relisant le traité d’architecture de Philibert de l’Orme,
les académiciens comparent toutes les formes de volutes proposées par les
différents théoriciens. Ils étudient à nouveau ce thème à plusieurs
reprises, notamment au moment de la lecture du « 2e chapitre du quatrième livre de la première partie du
cours d’architecture de M. Blondel où il traitte des différentes
manières de tracer la volute ionique ». Surtout, le 4 juillet
1701, Philippe de La Hire lut « à la Compagnie un mémoire intitulé Méthode facile et assurée pour décrire la volute avec son
istelle ou bandelette à la manière des anciens ». À la séance
suivante, Desgodets présenta une « Méthode facile pour
tracer géométriquement le contour de la volute du chapiteau de l’ordre
ionique par des quarts de cercle », plaçant la volute au cœur des
préoccupations des académiciens. Dans son traité sur les ordres (Ha 23a,
f°56) rappelle aussi que « Le caractère le plus essentiel de l’ordre
ionique est dans son chapiteau, tant par ses volutes que par l’ove du bas
qui est posé immédiatement dessus l’astragale du haut de la colonne sans
gorgerin ». | |
Une nouvelle fois, Desgodets souligne l’utilisation du marbre blanc, élément
qu’il a déjà souligné dans son recueil. Est-ce pour insister sur la grande
différence entre Rome qui dispose de carrières de marbres et de la France,
où le marbre est moins courant ? voir Pascal Julien, Marbres : de carrières en palais, du Midi à Versailles, du sang des
dieux à la gloire des rois, XVIe-XVIIIe siècle, Le Bec en l’air éd., 2006. | |
Forme de croix qui n’est pas mentionnée dans le Dictionnaire de D’Aviler. | |
Desgodets n’hésite pas à donner son avis sur certaines parties de l’édifice
(bon goût ou non). Desgodets qui ne semble pas particulièrement apprécié
cet édifice disparate relève donc ici un élément architectural de bon goût,
indiquant combien il examine cet édifice avec attention, et combien, un
édifice existant peut être beau dans certains de ses détails. | |
Une nouvelle fois, Desgodets distingue ce qui peut être imité, la
délicatesse des ornements, de ce qui ne doit en aucun cas servir de modèle,
l’absence de proportion par exemple. Il enjoint donc aux jeunes architectes
de pratiquer le discernement dans toute imitation ; ce que les jeunes
architectes n’ont plus besoin de faire quand il fournit des modèles
(chapitres suivants)… | |
Dans cette « conclusion », Desgodets inverse les propos par rapport à ce
qu’il avait dit précédemment. Il avait sans cesse réaffirmé que la fonction
primait sur la forme et à ce titre commençait par rappeler les
considérations liturgiques indispensables à un dessin d’église. Cette fois,
il commence par donner quelques principes sur les proportions et les
dimensions des églises, ce qui est inhérent, avant de rappeler les éléments
liturgiques fondamentaux. Il revient ainsi aux préoccupations chères aux
architectes des Temps modernes. Cette présentation va lui permettre en fait
de revenir précisément sur les caractéristiques de l’architecture des
premiers temps chrétiens, qu’il présente de manière objective. | |
Desgodets redonne ici les proportions vitruviennes. | |
Desgodets se réfère ici explicitement aux propos de l’abbé Fleury, Les mœurs des Chrétiens, op.
cit., p. 219. Desgodets semble s’être beaucoup inspiré de cet
ouvrage réédité à de très nombreuses reprises aux XVIIe et XVIIIe
siècles. Il est aussi possible que cette précision soit aussi liée à la
publication de la Dissertation sur les porches des
églises dans lesquelles on fait voir les divers usages auxquels ils
sont destinez, que ce sont des lieux saints & dignes de la
vénération des fidèles et qu’il n’est pas permis d’y vendre aucunes
marchandises, non pas mesmes celles qui peuvent servir à la piété,
par M. Jean-Baptiste Thiers, curé de Champrond, Orléans, chez François
Hotot, 1679. | |
Desgodets a pu voir cette disposition dans certaines églises romaines,
notamment à Saint-Clément dans laquelle est encore présente cette
disposition liturgique. | |
Desgodets donne ici une explication qu’il a pu voir dans certaines églises,
en France aussi, puisqu’il vit à l’époque au cours de laquelle les chaires
commencent à devenir plus nombreuses. | |
Desgodets va revenir très précisément dans ses modèles sur l’emmarchement et
le nombre de marches nécessaires pour assurer une dignité à l’édifice
religieux et faire en sorte que le célébrant puisse être visible par tous,
développant un principe tridentin fondamental. Par ces quelques lignes, il
indique clairement combien Charles Borromée (Instructionum fabricae et supellectilis ecclesiasticae, Libri II,
v. 1572) reprend un certain nombre de principes anciens, inscrivant la
tradition liturgique dans une histoire longue, dans une tradition. Il est
possible qu’il se réfère aussi aux Dissertations
ecclésiastiques sur les principaux autels des Églises, les jubés des
églises, la clôture du chœur des églises par M. Jean-Baptiste
Thiers, Paris, A. Dezallier, 1688, chap. XIII : « Les anciens
autels n’avoient qu’un ou deux degrés, aujourd’hui on leur en donne
ordinairement trois. Et d’expliquer ce pourrait bien être la qu’on se
seroit avisé dans ces derniers tems de faire des Autels où l’on monte par
un grand nombre de degrés », p. 77. | |
Desgodets reprend ici sans doute les propos de l’abbé Fleury, op. cit., p. 213.. | |
Desgodets va, tout au long de son texte sur la commodité, insister sur la
place de l’autel dans l’édifice religieux. Cette préoccupation relève
évidemment du rôle dévolu à l’eucharistie qui est réaffirmé lors du concile
de Trente, d’une part, et dans les Instructionum fabricae
et supellectilis ecclesiasticae, Libri II, v. 1572, de Charles
Borromée (rééd. sous la direction de S. della Rorre, M. Marinelli, Libreria
editrice Vaticana, 2000). | |
Veut-il parler de Saint-Pancrace, qui est cité ultérieurement ? Il existe
une erreur de transcription dans les deux manuscrits conservés. | |
Dans son Recueil (B. Institut, ms 2718), Desgodets ne
donne les relevés que de la « chapelle des fons batismaux », f°66, de
Sainte-Sabine (f°67-69), de Sainte-Marie in Trastevere (f°70-72), de
Saint-Alexis, très remanié en 1750 (f°73), et les temples circulaires qui
sont en fait des églises Sainte-Agnes (« temple de Bacchus », f°56-59) et
San Stefano rotondo (« temple du Faune », f°60). | |
Desgodets rappelle par ces quelques mots qu’il y avait déjà eu une réforme
liturgique au IXe siècle. Sur ce sujet voir
Alfred Schmid (éd.), Riforma religiosa e arti nell’epoca
carolingia, atti del XXIV congresso CIHA, Bologna dal 10 al 18
settembre 1979, 1983 ; Carol Heitz, Architecture
religieuse carolingienne : les formes et leurs fonctions, Paris,
Picard, 1980. | |
Desgodets retrouve ici un principe premier de toute œuvre architecturale, le
site dans lequel est implanté l’édifice ; Vitruve le mettait déjà en avant
et les théoriciens reprennent régulièrement ce principe. Cependant,
Desgodets prend acte d’une pratique continue depuis le XIIIe siècle, le fait que les églises soient
essentiellements édifiées en milieu urbain. Il ne se réfère pas aux vents
dominants, comme ont coutume de le faire les théoriciens pour
l’architecture privée, mais insiste sur l’impact du portail qui doit être
bien visible et parlant. Pour ce sujet, voir Frédéric Cousinié, Le saint des saints, maîtres-autels et retables parisiens
du XVIIe siècle, Aix en Provence, 2006. | |
Desgodets fait ici implicitement référence au texte de Jean-Baptiste Thiers,
Dissertations ecclésiastiques sur les principaux
autels des Eglises, les jubés des églises, la clôture du chœur des
églises, A. Dezallier, 1688, chap. XII et XIII quant à
l’orientation du maître autel. Desgodets donne une longue explication sur
la forme de l’autel, sa présentation et celle du lieu de conservation de
l’eucharistie, sujet largement débattu aux XVIIe et XVIIIe siècles. | |
Desgodets reprend aussi le livre de l’Exode. | |
Fleury donne ces quelques éléments dans les Mœurs des
chrétiens, op. cit., p. 222. | |
Fleury donne ces quelques éléments dans les Mœurs des
chrétiens, op. cit., p. 223. | |
Etymologiquement, le terme de catacombe signifie « carrière ». | |
Desgodets fait une confusion terminologique mais montre toujours sa
connaissance des anciennes pratiques. Au XVIIe
siècle, les catacombles sont difficilement accessibles, seule celle de San
Sebastiano, sur la voie Appia, est ouverte partiellement. | |
Une nouvelle fois, Desgodets explique la pratique liturgique par l’histoire
religieuse. Il peut se référer au texte de Jean-Baptiste Thiers, Traité de l’exposition du Saint-Sacrement de
l’autel, Paris, 1673. | |
Jean-Baptiste Thiers, Disserations ecclésiastiques, op.
cit., chapitre XVIII, « L’usage de l’Église est de mettre des
croix sur le milieu des Autels » et chap. XIX, « Ce n’est que depuis le
10e siècle que les Latins mettent des
chandeliers et des cierges ». | |
Jean-Baptiste Thiers, op. cit., chapitre III, « On ne
voit guères de vuide sous la pluspart des Autels d’aujourd’hui. Il y en
avoit néanmoins sous presque tous les anciens Autels ». | |
Il semble que Desgodets fasse ici une erreur, la réserve de malades se
nommant pyxide. | |
Desgodets va présenter longuement les formes de réserves eucharistiques,
alors que les débats entre les théologiens font rage entre les partisans
des tabernacles, inspirés de Rome, et les suspenses eucharistiques dont
parle Charles Borromée. Desgodets évoque une tradition plus ancienne qui
tend alors à disparaître les armoires eucharistiques. Sur ce sujet, voir
Mathieu Lours, L’autre temps des cathédrales, du Concile
de Trente à la Révolution française, Paris, Picard, 2010 ; Bruno
Neveu, Érudition et religion aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, A. Michel, 1994. | |
Desgodets évoque ici les suspenses eucharistiques qu’il va donner en modèle
pour ses dessins d’église paroissiale. | |
Ciborium, toujours en usage en Italie, dans les basiliques majeures
notamment. | |
Il s’agit de Saint-Paul hors les murs. Desgodets n’a sans doute pas visité
l’édifice qui l’aurait sans doute impressionné étant le deuxième plus grand
édifice religieux romain. | |
Il s’agit sans doute de Saint-Laurent hors les murs, Desgodets citant cinq
des sept basiliques permettant de faire le tour des basiliques lors des
pélerinages. | |
Édifice fondé au Ve siècle, transformé au IXe puis au XIIe
siècle avant sa grande restauration au XVIe
siècle puis en 1725 et 1823. | |
Saint-Pancrace, édifice construit au Ve siècle,
totalement refait dans les années 1600, et à nouveau réaménagé au XVIIIe siècle. Il y a des catacombes de
Saint-Pancrace sous l’église, expliquant peut être l’intérêt de Desgodets
pour cet édifice. | |
Édifice fondé selon la tradition par Constantin au dessus de la maison de
Saint Eustache, martyr (120). L’église est reconstruite au XIIe siècle, avant d’être transformée en 1724. | |
Il s’agit de l’église Saint-Nérée-et-Achille, située à proximité des thermes
de Caracalla, datant du IVe siècle, modifiée
par le pape Léon III (800), reconstruite au XVe, avant d’être restaurée à nouveau et décorée en 1597. | |
Sur le ciborium, Desgodets semble se référer à Fleury, Mœurs des chrétiens…, p. 224-225. | |
L’origine du mot baldaquin est plus complexe que ne l’indique Desgodets. Le
« Baldacchino » est un riche drap de soie, étoffe nommée baldac ou baldoc
au Moyen Âge par les Toscans, car provenant de Bagdad. | |
Desgodets admet qu’un autel puisse être surmonté de 6 colonnes, occultant
qu’un baldaquin, même à Rome, peut être constitué de quatre colonnes
seulement (Sainte-Marie Majeure, Saint-Jean de Latran…). Veut-il ainsi
implicitement comdamner la pratique du Bernin à Saint-Pierre ? | |
Cette disposition s’explique aussi par le choix que Desgodets va faire pour
son modèle de cathédrale. | |
Desgodets aborde maintenant un édifice spécifique, situé à proximité des
cathédrales, le baptistère. Une fois de plus, il se fonde sur les propos de
Fleury (Mœurs des Chrétiens…). Il existe une
définition du baptistère dans le Dictionnaire de d’Aviler, Cours d’architecture, Explication des termes
d’architecture, Paris, chez Jean Mariette, 1710, p. 411,
« baptistaire », « C’était anciennement une petite Église auprès d’une
grande, où depuis que l’exercice de la Religion chrétienne fut permis par
les Souverains, on administroit le baptême, comme le Baptistère de
Constantin prés de S. Jean de Latran à Rome. Ce nom étoit donné à une
Chapelle qui sans une Église servoit au même usage. » | |
Desgodets en a fait un relevé qui figure dans son Recueil (B. Institut, ms
2718, p. 66). Il mentionne d’ailleurs cet édifice avant les basiliques. | |
Constantin reçoit le baptème sur son lit de mort…Mais une fois de plus,
Desgodets reprend les termes de Filippo de’Rossi,
Ritratto di Roma moderna…, (Roma, 1692), p. 454-455. | |
Si Fleury explique l’iconographie des peintures du bapstitère en vu
d’édifier le lecteur (Mœurs des Chrétiens…, p. 231).
Desgodets n’évoque absolument pas le programme iconograhique. Pourtant les
peintures de Sacchi, Camassei, Gimignani, C. Maratta ont été terminées un
demi-siècle seulement avant le séjour de Desgodets à Rome. | |
Desgodets explique l’ancienne pratique du baptème par immersion même s’il
n’est plus d’actualité au XVIIIe siècle. | |
Par cette histoire, Desgodets explique la raison de l’emplacement des
baptistères au XVIIIe siècle, alors même que
des bébés et non plus des adultes sont baptisés. Il est en effet peu
probable que Desgodets prenne en considération les « Nouveaux convertis »,
réformés, l’Édit de Nantes ayant été révoqué depuis près de quarante ans,
au moment du cours. Il est étonnant que Desgodets n’ait pas profité de la
proximité de Saint-Jean de Latran pour en faire la description. Mais il est
vrai que la cathédrale de Rome avait été transformée d’une manière radicale
par Borromini peu de temps avant (1646-1650 et 1656-1657), ne laissant plus
véritablement apparaître la structure des premiers temps médiévaux. | |
Dernier élément liturgique pour Desgodets, les cloches et leur utilisation.
Les cloches restent en effet au cœur non seulement de la vie religieuse
mais aussi de la vie civile en rythmant la vie par les sonneries des heures
ou des cérémonies religieuses. Cette fois encore, l’usage influe sur la
forme et l’emplacement des clochers. | |
Palladio ou Serlio notamment avaient déjà commentés des édifices religieux,
mais des temples antiques. Surtout, l’un comme l’autre, ils étaient
relativement succints dans leur description. Desgodets pour les édifices
chrétiens présente un modèle à chaque fois (et non une série d’exemples) et
surtout entre dans les moindres détails, pour le plan, les proportions et
les méthodes pour édifier les lieux de cultes. La bibliographie sur
l’architecture religieuse reste rare mais quelques études ont été menées
récemment : Sven Ochsenreither, Kunst und Kirche am Ende
der klassischen Moderne : eine kunsthistorische Untersuchung am
Beispeil der art sacré in Frankreich, Frankfurt am main, P. Lang,
2004;La construction des lieux de culte du Moyen Âge
à nos jours, actes des journées d’étude de la Société d’histoire
religieuse, Rouen-Le Bec Hellouin, 9-10 mai 1986, Paris, Société
d’histoire religieuse de la France, 1987. | |
Desgodets fait référence à la paix de l’Église signée en 313. Il va
expliquer en introduction l’origine typologique des édifices religieux,
église cathédrale, église paroissiale, monastique. | |
Desgodets entre dans les détails de la division ecclésiastique pour
expliquer la hiérarchie existant entre cathédrale et églises paroissiales.
| |
Desgodets est le premier théoricien à dresser une typologie de
l’architecture religieuse, typologie qui a des conséquences sur la
distribution de chacun d’eux. | |
Après cette introduction générale, Desgodets livre une description précise
de la cathédrale, l’édifice le plus important du diocèse. Il présente la
cathédrale de manière générale et systématique avant d’entrer dans les
détails. Ce type de présentation n’est pas nouveau, Scamozzi, Delorme ou Du
Cerceau par exemple, procédaient de même. Mais cette fois, Desgodets
l’applique aux édifices religieux contemporains, ce que ses prédécesseurs
ne faisaient pas. | |
Desgodets indique sans doute par ces termes que le transept n’est pas
saillant. D’Aviler qui précise beaucoup de termes dans son dictionnaire
n’évoque pas ce type de plan. | |
Desgodets ne distingue pas le dôme de la coupole contrairement à D’Aviler,
op. cit., qui parle de la « cupola », précisant
que ce nom est d’origine italienne, « est la partie concave d’une voûte
sphérique qu’on orne de compartiments… » | |
Cette description est quelque peu confuse. Le dessin est là pour expliciter
la description. | |
Cette présentation générale permet de saisir les principales
caractéristiques quant à la distribution. Mais Desgodets indique aussi
quelques solutions constructives et, cette fois, le cours qui était dicté
pouvait être aisément compréhensible pour les élèves de l’Académie, ces
derniers prenant en note ou dessinant simplement ce qu’énonçait le
professeur. | |
Panache selon d’Aviler, op. cit. : « portion
triangulaire de voûte qui aide à porter la tour du dôme, voy. Pendentif ».
Ici Desgodets se montre donc assez redondant dans sa recherche de
définition. | |
Cette notion de niche est confuse car traditionnellement il s’agit d’un
« renfoncement pris dans l’époisseur d’un mur pour y placer une figure ou
une statue » (D’Aviler, op. cit.). C’est aussi dans
ce sens que Desgodets emploie le mot « niche » dans son Traité sur les
ordres. Ici, Desgodets semble avoir des difficultés à définir l’hémicycle
du chœur et insiste donc sur la forme. | |
Pour Desgodets, la proportion reste très importante car c’est d’elle dont
dépend la beauté d’un édifice. Cependant, les proportions restes
dépendantes de la commodité qui lui permet de donner une plus gande décence
et une convenance à l’édifice. | |
Après avoir présenté les formes générales, Desgodets entend préciser la
fonction de chaque élément qu’il soit architectural ou liturgique. Ces
caractérisations permettent d’exposer une fois de plus sa connaissance sur
ce thème spécifique, mais aussi d’expliquer aux élèves de l’Académie la
fonction de chaque élément liturgique, la fonction primant sur le plan, et
la commodité. | |
Desgodets en précise la fonction ultérieurement. | |
Ces chambres au Trésor restent fondamentales, l’évêque pouvant toujours
faire usage de l’ancienne orfèvrerie religieuse. | |
Instrument qui se développe beaucoup aux XVIIe
et XVIIIe siècles et prend alors
systématiquement place sur une tribune. | |
Pour D’Aviler (op. cit.) un portique comprend « toute
disposition de colonnes ». Cet architecte-théoricien dans sa définition
opère un rapprochement avec la colonnade de Saint-Pierre à Rome. Mais de
fait, Desgodets a une vision ici plus restrictive de ce portique, librement
inspiré de celui du Panthéon par exemple. Pour l’étude de la façade
principale des édifices religieux voir Armin Krauss, Tempel und Kirche, zur Ausbildung von Fassade un « portail » in der
französischen Sakralarchitektur des 17. und 18 Jahrunderts, VDG
Weimar, 2000, spécialement « Frémin, Cordemoy und Desgodets : Die portikale
Kirchenfassade une die Evolution des architektur teorischen Diskurses », p.
167-193. | |
Après cette description générale des différentes parties de l’édifice, en
plan et les unes par rapport aux autres, Desgodets s’intéresse tout
particulièrement au maître-autel. Il semble ici reprendre l’idée de l’abbé
Cordemoy qui le définit comme la « pièce principale d’une église », mais il
adopte la présentation en baldaquin de cet autel, présentation que Cordemoy
condamne. Desgodets se montre ici un digne fils du Concile de Trente, et
montre sa parfaite compéhension de la nature d’une église en donnant à
l’autel la place d’honneur. | |
L’emplacement du maître autel pose problème aux XVIIe et XVIIIe siècles. Desgodets se
montre très pédagogue dans son explication. Il aborde les réalités
liturgiques et pratiques : à la croisée du transept, l’autel peut être vu
de partout (un des principes fondamentaux du concile de Trente, largement
diffusé par les Jésuites), les chants des religieux se diffusent mieux et
couvrent partiellement les voix des fidèles qui ne chantent pas toujours
justes… | |
En présentant les stalles, Desgodets présente essentiellement un aspect
pratique, la préservation du froid et des courants d’air. | |
Le choix d’un baldaquin (D’Aviler, op. cit.,
« ornement d’autel d’une église qui consiste en un dais ou amortissement
posé sur des colonnes ») pour l’autel de la cathédrale peut sembler
étonnant, car il en existe assez peu à Paris, hormis au Val-de-Grâce. Il
est vrai qu’ils avaient été choisis pour le maître autel des cathédrales
d’Angers, de Sens, de Verdun ou de Châlons. C’est la présence et
l’emplacement de cet autel surmonté d’un baldaquin qui conditionne, pour
Desgodets, l’architecture générale et les proportions de l’édifice. En
reprenant cette forme, Desgodets entend faire référence au modèle par
excellence, Saint-Pierre de Rome, et reprend un principe majeur développé
lors du concile de Trente. Le baldaquin a, par ailleurs, beaucoup de succès
auprès des dessinateurs. Voir sur ce sujet, Anne Le Pas de Secheval,
« Entre hommage et trahison : la réception et l’adaptation du baldaquin de
Saint-Pierre dans les églises parisiennes », Le Bernin et
l’Europe, du baroque triomphant à l’âge romantique, Paris,
publications de la Sorbonne, 2002, p. 375-390. | |
Pour les proportions, Desgodets se fonde sur la tradition vitruvienne.
« Pour bien ordonner un Édifice il faut avoir égard à la proportion qui est
la chose que les Architectes doivent surtout observer exactement. Or la
proportion depend du rapport que les Grecs appellent Analogie. Car Rapport
est la convenance de mesure qui se trouve entre une certaine partie des
membres & le reste de tout le corps de l’ouvrage par laquelle toutes
les proportions sont réglées », Vitruve, Dix livres
d’architecture, livre III, chap. I, trad. de Claude Perrault. Ce
sont aussi des propos similaires que développe d’Aviler, « proportions :
c’est la justesse des membres de chaque partie d’un batiment & la
relation des parties au tout ensemble, comme par exemple, une colonne dans
ses mesures, par rapport à l’ordonnance d’un bâtiment ». | |
Desgodets va utiliser des modules et non des chiffres, alors que Pierre
Bullet par exemple, dans son Architecture pratique
(1691), qui est aussi un recueil de modèles, préfère donner des dimensions
chiffrées, absolues, pour rendre une adaptation plus aisée de ses modèles.
Dans les Édifices antiques, Desgodets indiques les
mesures en pieds de Paris et en modules. En utilisant le module, Desgodets
reprend une unité de mesure déjà utilisée par Vitruve puis par Palladio,
quand ils abordent les ordres. Palladio se servait du module pour insister
sur le rapport entre les proportions des colonnes en fonction de l’ordre
utilisé (dorique, ionique,…). Mais Desgodets va plus loin car il opte pour
le module dans les proportions générales, ce qui lui permet d’insister sur
le fait que toutes les parties de l’édifice doivent être proportionnées
entre elles. Cette méthode doit conduire les jeunes architectes à apprendre
à dessiner correctement les proportions. De fait, Desgodets se situe aussi
dans la tradition Brunelleschienne qui définit un module pour proportionner
l’ensemble de la construction à cette unité de mesure. | |
Desgodets donne ici son module qu’il déclinera. Cette importance de la
colonne comme unité de mesure se rerouve dans les traités sur les ordres et
en particulier dans le Parallèle de l’architecture
antique avec la Moderne de Robert Fréart de Chambray (1650). Il
est vrai que cet ouvrage passait pour être une anthologie des ordres
antiques et modernes et servit de référence pour les textes à commenter au
sein de l’Académie royale d’architecture. Il fut réédité en 1689 et en
1702. | |
On retrouve ici comme partout dans ce texte cette notion de colonne comme
module. | |
Les références au Traité des ordres qui est prononcé parallèlement au cours
sur la commodité, sont nombreuses dans ce texte. Il est fait ici une
première référence. | |
Desgodets détaille les proportions de toutes les parties de l’édifice
religieux, reprenant les principes vitruviens de bonne proportion,
d’harmonie entre les différentes parties. Jacques-François Blondel qui dans
son Cours (3e vol.,
chap. V, p. 369ss) est le seul architecte théoricien à présenter des
modèles d’édifices religieux, s’intéressera aux lieux de culte à la suite
de sa présentation des ordres appliqués à l’architecture et non dans le
cadre de l’étude sur la distribution : « Nous avions dessein de ne
rapporter les plans des Églises dont nous allons parler, qu’en traitant, au
quatrième volume, de la distribution en général ; mais comme celle des
Temples exige une étude particulière, nous avons cru que nous venons de
faire plusieurs édifices de ce genre, élevés par nos plus célèbres
architectes […] les réflexions générales que nous y ferons, pourrant leur
servir de guide pour la meilleure disposition & le caractère
particulier qu’il convient de donner à chacun de ces édifices. » | |
Dans toute cette partie, Desgodets a donné toutes les proportions générales
du plan. Ces données peuvent d’ailleurs aider les élèves pour répondre au
sujet du concours pour le Grand Prix de 1724 « desseins, plans, élévations
et profils d’un grand autel pour une église cathédrale dont l’échelle sera
d’un pouce et demi », Procès verbaux de l’Académie royale
d’architecture, éd. par Henri Lemonnier, Paris, 1915, t. IV, p.
287. Des concours portant sur l’architecture religieuse sont aussi donnés
en 1721, alors que Desgodets est professeur depuis deux ans, en 1725, 1726
et 1729. Desgodets est le professeur qui donnera le plus de sujets portant
sur l’architecture religieuse, pour le concours nouvellement institué
régulièrement. Pour les Grands prix, voir Jean-Marie Pérouse de Montclos,
Les « Prix de Rome », concours de l’Académie royale
d’architecture au XVIIIe siècle, Paris Berger-Levrault/ENSBA, 1984. | |
Pour les proportions, Desgodets suit le même type de présentation que pour
le plan : après avoir étudié les proportions en général, il se penche sur
des éléments d’architecture en particulier et commence bien sûr par le
maître-autel, cœur de l’édifice cultuel. Il reste néanmoins assez succinct
sur les colonnes du baldaquin et ne s’intéresse pas ici aux proportions de
l’autel majeur puisque, à la fin de son étude sur la cathédrale, il
consacre plusieurs pages au maître-autel, dans ses moindres détails. | |
Nous retrouvons cette préoccupation constante de la part de Desgodets :
inscrire une pratique architecturale dans son histoire. Par cette
introduction historique, il aborde les sépultures dans les édifices
religieux, en insistant sur les raisons de leur implantation en ces lieux
(fonction) et sur les raisons constructives. | |
Être enterré dans une église reste alors un privilège assez répandu. Il faut
attendre le milieu du XVIIIe pour trouver un
début d’opposition aux inhumations dans les églises, et 1776 pour qu’une
ordonnance royale interdise les inhumations dans les églises, excepté pour
les archevêques et évêques qui peuvent être inhumés dans leur cathédrale ;
les curés peuvent aussi être enterrés dans leur église, de même pour les
patrons et hauts justiciers qui conservent ce droit dans les édifices
qu’ils patronnent. Voir Madeleine Lassère, Villes et
cimetières en France de l’Ancien régime à nos jours : le territoire des
morts, Paris-Montréal, L’Harmattan, 1997, p. 25-31, mais l’auteur
opère peu de distinction entre les cimetières autour et dans les églises.
Desgodets ne condamne donc pas explicitement la pratique des sépultures
dans les lieux de culte, mais il essaie d’en tempérer les effets négatifs.
| |
Desgodets lie une fois de plus la fonction d’une partie de l’édifice à son
utilité, cette fois constructive : assurer une plus grande stabilité par la
présence des « caves » qui deviennent les lieux de sépultures. Encore
aujourd’hui, les évêques sont les seules personnes pouvant demander à se
faire enterrer dans les cathédrales. | |
Dans les lignes qui suivent, Desgodets commentent les dessins qu’il doit
montrer parallèlement aux élèves de l’Académie. Ce commentaire est
tellement précis que le dessin peut-être exécuté grâce au seul commentaire,
permettant aux élèves qui respectent la dictée de refaire chez eux le
dessin des « caves », ou sous-sols de la cathédrale. | |
Desgodets commence ici l’analyse de chacun des niveaux. Il en donne le plan
général, les proportions et caractéristiques constructives. Il donne toutes
les indications pour qu’il y ait un bon report entre le plan du sous-sol et
celui des autres niveaux et veille à se montrer très précis et à bien lier
fonction et distribution. Il s’agit véritablement d’un ouvrage sur la
commodité, dans tous les sens du terme. Dans ce paragraphe, il part du chœur pour ensuite présenter la distribution
et les proportions de l’ensemble du sous-sol. Il donne ainsi l’impression
de « visiter » précisément son modèle. | |
D’Aviler, op. cit. : « C’est une voûte en plein
cintre qu’on pratique ordinairement aux cours, aux écuries, aux arches des
ponts ». | |
D’Aviler (op. cit.) dans son Dictionnaire, ne parle pas de berceau sphérique mais de voûte
sphérique : « voûte qui est circulaire par son plan et par son profil. On
la nomme aussi cul de four. La voûte de cette sorte,
la plus parfaite, est le plein cintre ». | |
Une nouvelle fois, Desgodets commence par rappeler l’origine de cette
confession. | |
Il s’agit ici de la fenestella. Étonnement, Desgodets
ne rappelle pas l’usage de cette fenestella pendant
le Moyen Âge : adorer les reliques par le biais de cette baie et inciter
les fidèles à faire le tour du chœur. Est-ce parce que Desgodets ignorait
cet usage, tombé en désuétude alors, ou est-ce parce que cet usage était
propre au Moyen Âge et non aux premiers temps chrétiens auxquels, il se
réfère en revanche constamment dans son histoire religieuse ? Cette absence
de référence ne permet donc pas d’insister sur l’utilité liturgique de la
fenestella, Desgodets mettant en avant
uniquement la fonction constructive. | |
Cette disposition reprend une fois encore la pratique liturgique du XVIIe siècle avec les deux pôles où se lisent deux
parties de la Bible. | |
Desgodets explique indirectement ici la manière dont on pratique les
sépultures aux XVIIe et XVIIIe siècles. | |
Dans son modèle, Desgodets réserve un statut particulier aux fondations se
situant sous le maître-autel, ce qui permet d’insister une fois de plus sur
le statut particulier de ce mobilier. | |
Desgodets va à présent exposer longuement le niveau principal, le rez-de
chaussée. Il commence par analyser une nouvelle fois, les proportions du
chœur, reprenant la démarche qu’il a pu adopter pour le sous-sol, en
insitant sur le maître-autel, objet majeur de l’édifice. | |
Desgodets fait, une nouvelle fois, référence à son Traité sur les ordres. Il
reprend des termes identiques et donne en même temps une explication
géométrique de son dessin, ce qui permet, d’une part, d’asseoir
l’architecture au rang des arts libéraux, et des « sciences », et d’autre
part de lier la présentation des proportions avec les principes de
construction. Desgodets ne donne pas un dessin nouveau ici. Il se contente
de référer à celui des ordres et à la description qui en est donnée (BNF
est Ha 23, f° 250) : « Le troisième plan represente le chevet d’une église,
terminé en niche ou cul de four dont le centre est le point T, sur la ligne
TA qui passe par le milieu de la largeur de l’église… ». Desgodets procède
de manière beaucoup plus détaillée dans cette description du Traité des
Ordres mais il doit, certes, introduire son sujet. Les chiffres et lettres
entre ces deux textes changent parfois. | |
Desgodets évoque un problème primordial dans les débats académiques auxquels
il participe activement, à partir de 1699 : le 12 octobre 1699, il « a
aussy lu et présenté à la Compagnie un mémoire intitulé Observation sur le
renflement des colonnes & la règle pour tracer ce renflement par une
portion de cercle dont le centre est sur la ligne de niveau au bas de la
colonne. Ce mémoire contient un examen de la courbure des plus belles
colonnes antiques et la règle pour tracer cette courbure par une portion de
cercle, en trouvant plusieurs points sans sortir du diamètre de la
colonne » (Mémoire conservé dans les archives de l’Académie des Beaux
arts), le 16 novembre 1699 , il présente un mémoire contenant les
« Observations sur les différentes dispositions des colonnes qui en peuvent
faire augmenter ou diminuer la grosseur », thème abordé ici et le 30 juin
1705, « M. Desgodets a proposé aussy une manière de déterminer le
surhaussement des voutes suivant des distances données, à la hauteur de
l’œil, et par rapport à la hauteur de la voûte sous la clef (…) » (P.V., t. III, p. 221). Par ailleurs, dans son traité
sur les ordres, il consacre le premier chapitre à la manière de tracer les
moulures qui sont proches de la vue, avant d’exposer sa conception des
ordres. Les déformations optiques et la perspective, notions qui restent
d’ailleurs mêlées jusqu’au milieu du XVIIIe
siècle, restent au cœur de ses préoccupations. Il dispense d’ailleurs un
cours spécifique à deux reprises : en 1723, « M. Desgodets, professeur a
distribué les affiches qui marquent qu’il s’est proposé de donner pour
leçons aux estudians un traité de la commodité de l’architecture concernant
la distribution et la perspective des édifices. Il achèvera de donner la
dissertation sur le dessein et il donnera la seconde partie du nouveau
commentaire sur les articles de la Coustume de Paris qui ont du raport à
l’architecture », (op. cit., t. IV, p. 274) et en
1727 (17 novembre) : « M. Desgodets a présenté à l’Académie les affiches
pour les leçons publiques où il se propose de continuer le Traité de la
commodité, distribution et proportion des édifices publics et particuliers
[…] Ensuite il donnera une dissertation sur le dessein et la perspective et
un Traité de la coupe des pierres » (op. cit., Paris 1917, t. V, p.16). | |
Nous retrouvons ici le goût de Desgodets pour l’application de quelques
principes mathématiques simples aux proportions. | |
Desgodets veille à ce que les ordres utilisés dans et au dehors de l’église
soient identiques. Ils sont corinthiens puisqu’il s’agit d’une
cathédrale. | |
Il s’agit d’arcatures et non d’arcades selon notre terminologie actuelle.
Jean-Marie Pérouse de Montclos, Architecture : méthode et
vocabulaire, Paris, Imprimerie nationale, 1972. | |
D’Aviler : Vitrail « Grande fenêtre d’une église ou d’une basilique, avec
des croisillons de pierre ou de fer ». | |
Nous retrouvons les principes d’optique chers à Desgodets. | |
Autre référence à son Traité sur les ordres. | |
Desgodets fait une référence subtile à l’ouvrage qui l’a fait connaître, Les Édifices antiques de Rome (Paris, 1682) et
indique clairement qu’il a examiné précisément le Panthéon, qui est
d’ailleurs représenté dans de très nombreuses planches dans son livre
publié. | |
Desgodets n’est pas très précis dans cette référence ; il n’indique ni
l’ordre ni le dessin auquel il se réfère mais il s’agit certainement de
l’ordre corinthien présenté dans deux dessins (avec et sans piédestal).
| |
Desgodets donne une première forme de calcul. | |
Deuxième forme de calcul, plus simple. Desgodets montre ainsi non seulement
sa connaissance de l’architecture mais aussi sa maitrise des mathématiques.
Dans les premiers débats académiques auxquels il participe, il essaie
d’ailleurs à plusieurs reprises de rivaliser avec Philippe de La Hire,
membre très actif de l’Académie des sciences sur les principes optiques
notamment (16 novembre 1699, le 15 juin 1705, 30 juin 1705). | |
Desgodets prend en compte la diversité des ordres dans les églises en
fonction du statut de ces dernières (cf. infra). La deuxième méthode donnée
sera donc reprise dans tous ses modèles. | |
Desgodets apporte bien ici une règle générale pour les proportions de
l’ensemble des édifices religieux. Il s’agit aussi d’une troisième partie
de son cours sur les ordres, puisqu’il développe une nouvelle application
pratique de la disposition et de la proportion des ordres, cours qu’il
dispense parallèlement. | |
D’Aviler : « voûte dont les angles paraissent en dehors & qui est formée
par la rencontre de quatre lunettes égales ou par deux berceaux qui se
croisent ». | |
Il s’agit des voûtes en arc de cloître qui selon d’Aviler, (op. cit.) est « arc de cloître formé par quatre
portions de cercles et dans les angles en dedans font un effet contraire à
la voûte d’arêtes. C’est pourquoi elle est aussi appellée voûte
d’angle ». | |
Desgodets donne un élément propre à la construction. Cette mention est
d’autant plus importante qu’il pense alors dispenser un cours sur la
construction, comme l’indique le préambule. Mais dans la pratique, compte
tenu de l’intitulé des affiches dont nous disposons (voir note 1), il ne
semble pas l’avoir fait. | |
Desgodets adopte ici une vision restrictive de la notion d’attique, sans y
voir un ordre, comme il peut le présenter parfois. Il reprend donc la
définition de D’Aviler, op. cit. : « Tout petit
étage ou piédestal de maçonnerie ou de bois revêtu de plomb, qui sert de
garde fou à une terrasse ou plate forme ou belvédère (Louvre) ». | |
Desgodets ne parle de la descente des eaux pluviales que pour la cathédrale
qui peut constituer un modèle pour les édifices religieux pour lesquels il
se montre souvent un peu moins prolixe (églises paroissiales, monacales et
conventuelles surtout). | |
Desgodets donne quelques indications, très succinctes quant à la
charpenterie. Les architectes continuaient fondamentalement à se fonder sur
le Traité de Mathurin Jousse (La Flèche 1627) ,
d’autant que le prédécesseur immédiat de Desgodets, Gabriel-Philippe de La
Hire avait republié cet ouvrage tout en le modernisant (L’art de la charpenterie de Mathurin Jousse, corrigé et augmenté de ce
qu’il y a de plus curieux dans cet art et des machines les plus
nécessaires à un charpentier par M. D. L. H, le
tout enrichi de figures et de tailles douces, Paris, de la Moette,
1702). | |
Nous retrouvons ici encore un des principes du Concile de Trente qui a été
mis en œuvre dans l’architecture : la nécessaire visibilité dans le lieu de
culte non seulement pour pouvoir voir l’Eucharistie mais aussi pour pouvoir
lire le missel, livre inventé sous le pontificat de Pie V. voir M. Albaric,
Histoire du missel français, Brepols, 1986 ;
Robert Cabié, Histoire de la messe des origines à nos
jours, Paris, Desclée, 1990. | |
Desgodets va présenter les problèmes de stabilité pour les combles dans les
édifices religieux. Comme toujours il en énonce les principes généraux et
souligne l’importance du couvrement. Il commence par rappeler les principes
du bon sens (le climat) à la suite de ce qu’ont pu pratiquer les
théoriciens français notamment depuis Philibert de l’Orme (Le Premier tome de l’architecture, Paris, 1567), ou
Philippe de la Hire dans son cours d’architecture resté à l’état de
manuscrit (Londres, Royal Institut of British Architects, ms 725 et Paris,
B. Institut, Ms 8125). Ces principes visent à montrer, dans la pratique de
l’architecture, un nécessaire bon sens qui doit prévaloir sur toute
règle. | |
Desgodets accorde une place constante à la commodité, dans son sens
contemporain. | |
Desgodets apporte ici quelques principes constructifs à ses considérations,
toujours pour faciliter le travail de surveillance des travaux. | |
D’Aviler, op. cit. : « Portion triangulaire de voute
qui aide à porter la tour d’un dôme ». | |
Petit espace vide sans fonction définie ici. | |
Desgodets insiste ici sur la circulation dans l’édifice par le biais des
escaliers, part importante de la distribution verticale, surtout depuis la
Renaissance. | |
La « Niche » est le cul-de-four en fait. | |
Après les principes généraux applicables à tout édifice religieux, Desgodets
apporte des indications quant au modèle qu’il propose. | |
Cette notion de « dôme carré » peut surprendre. En comparant la description
au dessin, il semble que Desgodets n’évoque pas un dôme à pans coupés
(Paris, église Saint-Paul-Saint-Louis) mais plutôt le fait que la coupole
repose sur un plan carré. | |
Ce dessin qui est pourtant le plus grand dans la page conservé n’est pas
commenté par Desgodets. | |
Dans cette façade latérale, Desgodets semble s’inspirer de la façade sur
cour de la Sorbonne conçue par Jacques Lemercier, 1635-1642. Le dôme est en
revanche beaucoup plus haut et imposant et présente dans sa disposition une
parenté avec le dôme de l’église des Invalides édifié par Jules
Hardouin-Mansart (1677-1735). | |
On retrouve cette attention à la circulation verticale. | |
Il s’agit en fait du deuxième dessin. Desgodets n’apporte que peu de
précisions sur la façade principale, en dehors du dôme qu’il commente très
largement et à plusieurs reprises. | |
Desgodets présente exactement la coupe qu’il doit exposer parallèlement sous
forme de dessin aux élèves de l’Académie. Il va en faire une description
précise en s’attardant, une fois encore, sur les éléments qui ne pouvaient
être vus en plan. Ce dessin est bien conçu comme étant complémentaire des
propos qu’il a pu tenir précédemment. | |
Module adopté par Desgodets. | |
Desgodets fait régulièrement des rapprochements entre les proportions ou les
ordres à l’extérieur et à l’intérieur de l’édifice commenté. Ces propos,
dans la présentation générale de cette coupe, se fondent essentiellement
sur les justes proportions à apporter à l’édifice. | |
Desgodets ne s’attarde pas sur ces points qu’il vient de commenter
longuement, par l’étude des plans. | |
Dans l’étude de cette coupe, Desgodets s’attarde essentiellement sur les
proportions, les quelques principes constructifs étant rappelés par
ailleurs. | |
Desgodets semble ici ne pas donner des consignes trop précises, mais il
apporte, précédemment des indications sur les ordres à adopter dans les
édifices religieux, à l’intérieur comme à l’extérieur. Il donne donc bien
un modèle à suivre, mais sans entrer dans le détail, cette fois. | |
Desgodets apporte ici quelques consignes supplémentaires puisqu’il
s’intéresse plus spécifiquement au portail d’entrée. Il revient quelques
lignes plus tard sur ce sujet, puisqu’il s’agit ici d’une présentation
générale des masses. | |
Desgodets renvoie explicitement à ce qu’il a pu dire auparavant. Il rappelle
différentes notions déjà abordées, insistant par la même sur la difficulté
qu’il peut y avoir pour passer de manière harmonieuse, de l’extérieur à
l’intérieur d’un bâtiment. Par le plan adopté, plans multiples puis
extérieur, il insiste implicitement que le fait que le cœur de ses propos
reste la commodité, puisque traditionnellement, et notamment dans Les Édifices antiques de Rome, le commentaire
présente l’extérieur d’un édifice, puis l’intérieur. | |
Desgodets explicite à présent cette partie spécifique qu’est le portail. | |
Propos assez confus. Est-ce à dire qu’il faut un ordre spécifique pour le
portique ? qu’il doit être ionique comme le reste de l’édifice, ou
simplement qu’ayant plusieurs niveaux, il y aura une superposition des
ordres ? Quoiqu’il en soit, Desgodets souhaite présenter plusieurs
solutions. | |
Première option apparemment, mais Desgodets ne présente pas
d’alternative. | |
Desgodets laisse une grande latitude dans l’interprétation de ces
propositions. Il indique seulement les principes. | |
Se pose ici un problème majeur pour la superposition des ordres : le
portique d’une église pour Desgodets ne peut être en dorique semble-t-il et
le dôme ne peut être que corinthien. Pour le portique, il ne peut donc y
voir qu’un ordre composite au dessus du ionique, solution qu’il ne propose
pas dans son Traité des ordres. Dans ce cours en effet, il préfère proposer
une superposition plus sobre dans la partie basse (dorique, ionique, ou
toscan, dorique, ionique), ce qui permet de ne pas trop appporter
d’ornements dans les parties hautes. Mais le statut d’une cathédrale reste
très spécifique pour lui. | |
Desgodets fait référence ici au chapitre « des ordres mis l’un sur
l’autre ». | |
L’ordre du dôme, corinthien, étant au troisième et dernier niveau, Desgodets
place l’ordre composite, avant le corinthien alors que Palladio place le
composite, « plus égayé que le corinthien », au sommet. | |
Desgodets accorde une place importante à la déformation optique. | |
Desgodets s’intéresse, de nouveau, tout particulièrement aux proportions du
dôme, en reprenant le principe du module. | |
Desgodets rompt donc ici avec un principe constant : déformer optiquement
pour une meilleure proportion. Compte tenu de la spécificité de l’édifice
(une cathédrale) et de l’objet (un dôme), il revendique la nécessaire
absence de diminution optique et donc de proportion, par rapport à
l’ensemble de l’édifice… Il ne devait pas apprécier le dôme de
Saint-Paul-Saint-Louis, qui ne peut se voir que de loin… Cependant, le dôme
seul, doit avoir de bonnes proportions architecturales. Il est donc
envisagé pour lui-même. | |
Il s’agit donc d’un dôme nervuré, à l’imitation de celui du Val-de Grâce ou
de l’église du dôme des Invalides par exemple. | |
Desgodets précise ce qu’il en est des proportions, donnant ainsi de fait des
indications précises sur son modèle puisqu’il entre dans le moindre détail
et que certains éléments sont mis en relation avec d’autres parties de
l’édifice. | |
Type de moulure. Desgodets entre ici dans les moindres détails puisqu’il
prévoit les types de moulures, et leurs proportions. Il continue par la
suite dans le même sens lorsqu’il évoque les moulures de la lanterne. | |
Après les deux parties essentielles à la compréhension extérieure de
l’édifice, façade principale et dôme, qui fait partie de la perception de
la façade, Desgodets en vient aux façades latérales dont il va donner un
modèle. Il décrit le dessin qu’il donne par ailleurs. | |
Il en parle aussi au neuvième chapitre. | |
Selon D’Aviler (Op. cit.), une alette est une
« petite aile ou côté, face d’un piedroit depuis un pilastre ou une colonne
jusqu’au tableau ». Desgodets adopte donc une conception différente ici.
| |
Chapitre « Des balustres » du Traité des ordres. Desgodets donne un dessin
indiquant les proportions des balustres, en fonction de l’ordre (du toscan
au composite) de face et de profil. | |
Desgodets souligne ainsi l’utilité de ces balustrades. | |
Desgodets lie ici optique et proportion. | |
L’expression, « juste proportion corinthienne » est rare dans les propos de
Desgodets. L’auteur insiste sans doute sur l’importance qu’il y a à décorer
cette partie de l’édifice de l’ordre corinthien, seul ordre convenable pour
les parties hautes des cathédrales. | |
Desgodets n’indique pas de proportion précise pour la croix. Mais il
rappelle simplement son existence nécessaire dans cette partie de
l’édifice. C’est en commentant le dessin suivant (façade latérale) qu’il va
commenter la croix. | |
Desgodets montre qu’il connaît la pratique architecturale, même s’il
n’apporte pas de référence précise. Il ne donne pas un modèle dissocié de
la réalité architecturale. Il montre aussi qu’il connait aussi bien la
réalité architecturale parisienne qu’italienne. | |
Desgodets revient aux principes de proportion. | |
Desgodets précise ici que les règles optiques ne sont pas immuables, se
situant dans la continuité de ce que pouvait écrire Claude Perrault. Il est
fondamental pour les deux auteurs de tenir compte du lieu pour pouvoir
avoir un édifice beau et bien proportionné. Il s’agit de proposer des
règles pour une beauté positive. Herrmann Wolfgang, La
théorie de Claude Perrault, Bruxelles, Mardaga, 1980 ; Picon
Antoine, Claude Perrault ou la curiosité d’un
classique, Paris, Picard, 1989. | |
Desgodets apporte une précision quant à la stéréotomie, précision assez rare
chez lui mais qui est omniprésente, chez son prédécesseur Philippe de La
Hire (Cours de coupe des pierres resté à l’état de manuscrit). Ce sont les
traités de La Rue (Traité de la coupe des pierres ou
méthode facile et abrégée pour se perfectionner en cette science,
Paris, impr. royale, 1728) et surtout de Frézier (La
Théorie et la pratique de la coupe des pierres et des bois pour la
construction des voûtes ou Traité de stéréotomie à l’usage de
l’architecture, Paris, 1738, 3 vol.) qui apportent le plus de
renseignements sur la stéréotomie. Desgodets se montre en fait beaucoup
plus à l’aise pour aborder les proportions. Il est vrai que la précision
des proportions peut conduire un architecte à mieux chiffrer le coût de
construction. De plus, ces démonstrations « mathématiques » ont l’avantage
de faire entrer directement l’architecture dans les sciences, domaine dont
elle relève clairement pour François Blondel ou Philippe de La Hire, l’un
et l’autre n’ayant de cesse de revenir sur les principes mathématiques de
l’architecture. | |
Nous retrouvons ce souci de jouer sur les perceptions intérieur/extérieur de
l’édifice. | |
Desgodets explique la manière de concevoir cette calotte, tant en dessin
(sur papier) que pour le trait d’architecture (stéréotomie). Il s’y arrête
tout particulièrement puisque cette partie de l’architecture reste la plus
difficile à réaliser. | |
Desgodets rappelle ce principe fondamental à l’architecture, sur lequel il
fonde toute sa démonstration quant à la commodité. | |
Ordre colossal. | |
Pour D’Aviler, (op. cit .), cave d’église : « lieu
souterrain dans une Église, vouté et destiné aux sepultures comme la grande
cave de Saint-Sulpice, à Paris ». | |
Desgodets va donner une description du plan, en présenter la distribution et
étudier la construction. | |
Desgodets comme souvent accorde une grande importance aux détails mais il ne
définit les proportions et le système constructif que pour les parties en
pierre et non en serrurerie, alors que André Félibien, (Op. cit.) avait accordé un long chapitre à la serrurerie,
chapitre XX, p. 188-243. | |
Desgodets revient ici aux problèmes de distribution après avoir présenté les
proportions de cette partie de l’édifice. | |
Il s’agit de la première référence de Desgodets à un élément décoratif, qui
est totalement indépendant de l’œuvre proprement dite. | |
Desgodets présente ainsi une spécificité inspirée directement de la pratique
italienne qu’il a pu voir à Sant’Andrea della Valle par exemple et qui est
reprise dans la coupole « italienne » du Val-de-Grâce peinte par Mignard,
ou dans celle de l’église du dôme par exemple (1666), peinte par Charles de
La Fosse et Jean Jouvenet. Desgodets préfère donc le principe de la
peinture, assez rarement mise en œuvre en France à celui de la sculpture
que l’on peut trouver dans l’église Sainte-Marie de la Visitation de
François Mansart (1632), ou dans Saint-Paul-Saint-Louis (1627-41) | |
Desgodets se trouve obligé de placer le composite au-dessus du corinthien,
comme il l’explique précédemment. | |
Nous retrouvons ces préoccupations quant à l’optique. Desgodets donne en
1727 « une dissertation sur le dessein et la perspective » ((op. cit., Paris 1917, t. V, p.16). Il s’agit de
l’annonce d’un cours, dont il ne reste malheureusement pas de trace sous
forme de manuscrit. Par ailleurs, dès 1705 (30 juin), il était intervenu à
l’Académie à propos du surhaussement des voûtes suivant les distances
données par rapport à la hauteur de la voûte, à la clef. Les
questionnements de Desgodets quant à la perception des proportions sont
donc constants (P.V., t. III, p. 220 et 221). | |
Desgodets se penche de manière détaillée sur les principes décoratifs qui
doivent dominer dans les cathédrales. Il souligne l’importance que doit
prendre ce décor, son emplacement mais n’évoque que rarement les thèmes qui
doivent être mis en œuvre, excepté pour ces trophées d’église et les bustes
des douze apôtres. Cette attention au décor est liée aux aménagements
liturgiques et donc à la commodité. Les décors doivent respecter la
convenance et la bienséance. Ces quelques lignes sur le décor assurent une
transition avec son étude sur le mobilier liturgique, domaine qui n’est
jamais évoqué par les architectes mais par les seuls hommes d’Église. | |
Desgodets ne revient pas sur la fonction de chacun de ces espaces qui est
connu par les architectes d’autant qu’il ne lui convient pas de commenter
ce mobilier liturgique. Il va se contenter d’indiquer très longuement en
s’appuyant de manière implicite sur le traité de Charles Borromée (Livre I,
chap. 22), les proportions qui doivent régner dans le mobilier et entre ce
mobilier et l’architecture. Desgodets est un des rares architectes à écrire
sur ce sujet au XVIIIe, même les hommes
d’Église qui ont parlé d’architecture (Cordemoy, Laugier) ne s’intéressent
pas explicitement au mobilier liturgique. | |
Desgodets, par souci de clarté, annonce un de ses thèmes de prédilection, le
maître-autel dominant dans l’église, mais il préfère lui consacrer la fin
de son chapitre pour pouvoir exposer les proportions plus longuement. | |
Une fois encore, par souci de clarté dans sa démonstration, Desgodets
rappelle ce qu’il a pu exposer auparavant. | |
Desgodets ne spécifie pas quels sont ces saints patrons, mais il part du
principe que les statues doivent les figurer dès l’entrée dans l’église, ce
qui est d’ailleurs traditionnel. | |
Desgodets revient sur la construction de la charpente. | |
Desgodets part du principe que le baldaquin et l’ordre employé dans l’église
doivent être proportionnés. Cette proportion s’impose pour des raisons
optiques mais aussi pour des raisons de convenance. Desgodets part donc du
principe que le gros œuvre et le mobilier liturgique doivent être conçus en
même temps. Malheureusement, ce principe reste souvent un vœu pieux, y
compris pour les constructions d’importance (Saint-Roch à Paris). | |
Desgodets distingue explicitement ici, ce qu’il n’avait pas fait
précédemment, les « caves », espaces dans lesquels existent des sépultures,
du lieu dans lequel « sont renfermées les reliques & autres choses
précieuses » (D’Aviler, op. cit.). Surtout il
insiste sur la disposition traditionnelle, contrairement à ce que laisse
suggérer D’Aviler dans son Dictionnaire. | |
Desgodets montre ici sa connaissance de la réforme pronée pendant le Concile
de Trente et que Charles Borromée évoque dans son Instructionum fabricae et supellectilis ecclesiasticae, Libri II,
v. 1572. Pour Desgodets, il convient donc de supprimer les jubés, alors que
nombreuses sont les églises qui en possèdent. Les débats concernant la
destruction du jubé de Saint-Germain l’Auxerrois dessiné par Lescot font
rage en 1745, bien après la mort de Desgodets. | |
Problème constructif qui a des conséquences sur la distribution. | |
Desgodets présente les proportions générales. | |
Tous les éléments doivent être proportionnés les uns avec les autres :
coupole, dôme, lanternon, croix. | |
Alors que Desgodets a parlé à plusieurs reprises de cette croix, il en
précise pour la première fois les proportions. | |
Pour une raison optique, plus que constructive, les décors pouvant être
faits en stucs, Desgodets préfère incontestablement les décors peints. De
manière générale, Desgodets semble avoir un goût personnel beaucoup plus
marqué pour la peinture que pour la sculpture. | |
Desgodets lie toujours dans cette partie du chœur, pratique liturgique et
proportion, partant du principe énoncé en préambule, que l’architecture
doit répondre, voire se soumettre, à une commodité, ici la pratique
liturgique. | |
Une fois de plus, Desgodets rappelle sa grande connaissance de l’histoire
religieuse puisque l’autel majeur était placé traditionnellement au fond du
chœur, comme il l’a expliqué pour les églises paléochrétiennes. Au XVIIIe siècle, les architectes sont très nombreux à
reprendre cet emplacement. Ils le font, en suivant l’exemple romain
(Saint-Pierre) et développent une réelle inventivité en ce domaine comme le
montrent les dessins d’Oppenord pour l’église Saint-Germain de Prés par
exemple. Les recueils de gravure montrant de telles installations se
répandent au XVIIIe siècle. Voir Anne Le Pas de
Sécheval, « Entre hommage et trahison la réception et l’adaptation du
baldaquin de saint-Pierre », Ch. Grell, M. Stanic (dir.),
Le Bernin et l’Europe, Du baroque triomphant à l’âge romantique,
Paris, presses de la Sorbonne, 2010, p. 377-389. | |
Présentation du parti pris de Desgodets qui entend donner les proportions de
l’autel avec précision. Ces trois dessins supplémentaires indiquent aussi
combien Desgodets accorde une place fondamentale à la démonstration par le
dessin. Desgodets commence donc, comme pour le reste de son modèle
architectural, par donner les raisons de l’emploi de ce baldaquin avant
d’en étudier les proportions. | |
La présence d’un trône du roi peut étonner. Il n’est bien sûr par présent
dans les instructions de Charles Borromée. Desgodets entend-il ainsi
rappeler que le roi est le chef de l’Église de France depuis le Concordat
de Bologne (1517) ? Ou est-ce seulement pour garantir une parfaite symétrie
dans le chœur ? | |
Étonnement Desgodets propose un baldaquin soutenu par six colonnes. Il
s’émancipe du modèle de Saint-Pierre de Rome, mais aussi de la référence
prestigieuse en ce domaine, le Val-de-Grâce. La présence de ces nombreuses
colonnes ne peut qu’entraver une réelle visibilité du maitre autel. Est-ce
pour des raisons constructives qu’il opte pour ces nombreuses colonnes ou
pour offrir un modèle différent, digne d’une cathédrale en France ? | |
Desgodets va reprendre à nouveau les propos défendus par l’abbé Thiers (Dissertations ecclésiastiques, op. cit.) qui
revendique un dépouillement de l’autel pour une plus grande convenance et
qui abhorre le tabernacle. Desgodets ne va cependant pas aussi loin que le
religieux critique aussi l’usage du baldaquin. Pour l’usage de ces
derniers, Desgodets se fonde sur Cordemoy (op.
cit.). Avec Desgodets, nous sommes bien au cœur des débats théoriques
du XVIIIe siècle, et plus spécialement nous
percevons l’hésitation entre « la simplicité argumentée par celle des
évangiles et des premiers temps de l’Eglise, et un certain faste dans le
culte pour manifester la divinité. » (Émilie Roffidal-Motte, « Architecture
et théorie au XVIIIe siècle », op. cit., p. 238). | |
Cette précision montre combien Desgodets entend lier spécificité
architecturale et pratique liturgique. | |
Desgodets insiste beaucoup sur cette notion de visibilité, propre au concile
de Trente. De fait, il le fait beaucoup plus que Charles Borromée, un
évêque qui avait participé à ce concile. | |
C’est donc bien la pratique liturgique qui conduit Desgodets à proposer ce
modèle. | |
Desgodets s’intéresse à tous les détails liturgiques. Son principe premier
est de ne pas encombrer les autels et il entend ainsi pleinement se
démarquer de l’usage pratiqué dans de nombreux retables. Il va pousser
l’analyse très loin dans la disposition des objets liturgiques. Il ne va
d’ailleurs pas hésiter, contrairement à ce qu’il pratique par ailleurs, à
donner des mesures précises (table d’autel) et non relatives (modules). | |
Desgodets insiste sur ces mesures pour rappeler combien la bienséance est
indispensable dans ces édifices religieux. Toute l’architecture, dans ses
moindres détails doit répondre à ce principe | |
Ce principe rappelle qu’après le concile de Trente, il est d’usage de lire
un passage des Évangiles et une Épitre, mais non un passage de l’Ancien
Testament. Seuls les livres inspirés sont donc lus. | |
Desgodets présente ici un autel secondaire, qui est aussi dans le choeur.
| |
Desgodets ne précise pas le thème décoratif précisément mais en rappelle les
règles fondamentales fondées sur la bienséance, la convenance et la
dignité. | |
Il rappelle le principe réaffirmé lors du Concile de Trente, la
transubstantiation. | |
Desgodets a conscience de la grandiloquence de ce maître autel et précise
donc que ce type de décor, fragile se retrouve dans les théâtres, qu’il
oppose dans leur fonction. Il peut sembler étonnant qu’il s’y réfère
explicitement et qu’il ne soit pas plus explicite dans sa condamnation. | |
Desgodets prévoit tout l’aménagement liturgique mais il semble oublier les
stalles qui pourtant font partie du mobilier liturgique et sont utilisées
dans les cathédrales par les chanoines. Il en parle en revanche pour les
églises conventuelles et monacales. | |
Après avoir expliqué les principes de ce baldaquin, Desgodets va
s’intéresser précisément, et cette fois véritablement en architecte, aux
différentes parties constitutives de ce baldaquin. Il commence par la
partie la plus importante, l’autel. Cette forme d’autel tombeau s’inspire
directement de la pratique romaine. Desgodets présente donc un autel more romano, modèle qui pose question encore au
XVIIIe siècle. | |
Desgodets condamne l’emploi des colonnes torses pour des raisons d’optique
mais il semble méconnaitre la référence au temple de Salomon, que Le Bernin
avait voulu citer dans la construction du baldaquin de Saint-Pierre.
Desgodets cherche ainsi peut-être à s’émanciper du modèle romain, d’autant
qu’il prône le marbre blanc, très rare en France, pour l’autel, et les
colonnes du baldaquin. En revanche, en optant pour le bronze dans les
chapiteaux, il montre sa référence au baldaquin de Saint-Pierre et alourdit
quelque peu ses chapiteaux (lui qui veut les alléger) tant visuellement que
structurellement. | |
Desgodets évoque ici les surpenses eucharistiques qui sont encore largement
utilisées. Il réfute donc l’usage des tablernacles qui vont pourtant
souvent de paire avec l’utilisation du baldaquin puisqu’ils trouvent leur
origine dans le rite romain. | |
Gloire et décoration en stuc viennent compléter la perception de l’autel.
Pour cette référence, Desgodets pouvait se référer au vœu de Louis XIII, à
Notre-Dame de Paris, dessiné par Jules Hardouin-Mansart dès 1699 et repris
par Robert de Cotte (1708-1725). Pour une fois, Desgodets donne un
programme iconographique très précis. | |
Desgodets revient ici à un thème plus spécifiquement architectural, l’étude
des proportions. | |
Il livre une description précise des proportions, n’oubliant aucun élément
propre à la liturgie. | |
Desgodets revient sur les éléments liturgiques très précisément quant à leur
disposition, ce qui peut influer sur la distribution des différentes
parties qui se trouvent autour de l’autel. | |
Desgodets voulant être très précis dans sa description du mobilier
liturgique, il montre parfois une certaine redondance dans son discours. Il
a sans doute consience de ses répétitions mais veut insister sur le fait
que la connaissance de l’utilisation du mobilier liturgique est
fondamentale pour la conception de cet espace. Il faut rappeler qu’il est
le 1er architecte à s’intéresser à la pratique
liturgique. | |
D’Aviler (op. cit.) indique simplement : « petite
cave dans l’étage souterrain ». | |
Terme non utilisé par D’Aviler mais qui est une référence explicite à la
sépulture et aux reliques. Desgodets se réfère à l’utilisation historique
de ces espaces, dont il fait mention dans le premier chapitre de son
cours. | |
Pour le plan de sa cathérale, Desgodets reprend une disposition fréquente au
Moyen Âge dans le tour des saints : on descend par un escalier pour adorer
les reliques et l’autre permet de revenir dans l’église. | |
Les sols servent à exprimer la fonction des différents espaces. Une fois
encore, l’architecture est commandée par la pratique liturgique. | |
Desgodets évoque des éléments décoratifs, cette fois, des sculptures. Ses
propos tendent à montrer combien le travail du sculpteur de bas relief est
soumis au dessein de l’architecte. Une fois encore, Desgodets indique
quelques éléments quant au programme iconographique qui restent assez
vagues. | |
Desgodets insiste sur le fait qu’il opte pour une suspense eucharistique
pour son maître autel. Pourtant les suspenses eucharistiques tendent à
disparaître dans ces années alors que les tabernacles, apparus au XVIIe siècle à Rome, se développent. | |
Cette fois, Desgodets se montre très directif quant à la forme des
peintures, tout du moins pour les couleurs. Il laisse en revanche l’artiste
(ou le commanditaire) libre du programme iconographique précis. | |
Le baptistère Saint-Jean le Rond qui avait bénéficié d’une nouvelle façade
au XVIIe siècle sert de baptistère jusqu’au
XIVe siècle au moins. Il est détruit en 1748 au motif qu’il menace ruine,
les paroisses ayant par ailleurs réorganisées, notamment dans l’ile de la
Cité (Xavier Dectot, « Saint-Jean le Rond », A. Erlande-Brandenburg,
Jean-Michel Leniaud, François Loyer, Ch. Michel (dir.), Autour de Notre-Dame, Paris, DAAVP, 2003, p. 142-143. | |
Desgodets montre une fois encore sa bonne connaissance de l’histoire
religieuse. Il a pu voir le baptistère saint Jean-Baptiste, ou baptistère
de Constantin lors de son séjour à Rome ; il en fait d’ailleurs le relevé
(Recueil, p. 42). | |
Desgodets va longuement parler des baptistères dans son chapitre sur les
églises paroissiales. | |
Dans ce préambule, Desgodets explique la fonction de l’édifice qui permet
d’indiquer dans un second temps ce qui sera impératif pour la
distribution. | |
La décence et la convenance restent les maître-mots dans tout bâtiment, et
plus encore dans une construction religieuse. | |
Desgodets commence comme toujours par donner le plan de la partie la plus
importante de l’édifice, le rez de chaussée. Il suit les principes de
Charles Borromée, (Instructionum fabricae et
supellectilis ecclesiasticae, Liber II, v. 1572, cap. I-XVIII) qui
ne retient que le plan en croix latine, le plan centré étant « païen ». | |
Desgodets prévoit donc en plan en croix latine, une coupole sur pendentif
étant placée à la croisée du transept. | |
À partir du XVIe siècle, il arrive assez
fréquemment, à Paris, que les marquilliers fassent construire une chapelle
des communions ou une chapelle mariale, hors œuvre et dans l’axe
(Saint-Etienne du Mont, Saint-Eustache…) Cette chapelle est aussi parfois
contruite a posteriori (Saint-Jacques du Haut Pas, Saint-Laurent,
Saint-Médard). Dans l’église qu’il donne en modèle, Desgodets semble
surtout s’inspirer de Saint-Roch commencée en 1653 par Lemercier, reprise à
patrir de 1705 par Jules Hardouin-Mansart qui en profite pour ajouter une
chapelle de la Vierge greffée sur le chevet, comme dans le modèle de
Desgodets. | |
Desgodets veille à multiplier les accès dans l’église. | |
Desgodets reprend ici la définition traditionnelle donnée par D’Aviler. | |
Après voir apporté cette description générale de l’édifice, Desgodets entre
dans le détail de chaque partie de l’édifice et insiste ainsi sur les
aspects fondamentaux de la distribution. | |
Desgodets souligne ici la différence existant entre d’une part les églises
paroissiales et d’autre part, les églises conventuelles ou cathédrales.
Dans ces dernières, les religieux peuvent se réunir pour célébrer les
offices nuitemment alors que dans les églises paroissiales, le culte est
célébré toujours en présence de fidèles, laïcs. | |
Desgodets reprend les principes tridentins. | |
Nous retrouvons la même disposition que pour le maitre autel de la
cathédrale. Desgodets n’envisage de disposer qu’un autel à la romaine ; il
réfute l’emploi du retable. | |
Desgodets résume ici la fonction du tabernacle à celle de resserre pour les
malades. Desgodets reprend les dispositions déjà énoncées pour la
cathédrale mais il ne se montre pas très précis ici et ne suit donc pas les
dispositions préconisées par Ch. Borromée (Livre I, chap. 13). D’Aviler en
revanche élargit son rôle et place le tabernacle sur l’autel. | |
Desgodets lie intimement plan et dispositions liturgiques, indiquant bien
que la distribution de l’église paroissiale qu’il propose en modèle
correspond aux besoins liturgiques qu’il connaît. | |
Les termes ne sont pas fixes, Desgodets parlant de pupitres ou de lutrin
pour ce que nous nommons aujourd’hui ambon. Il se montre beaucoup moins
précis dans son descriptif que la cathédrale, sans doute parce qu’il l’a
déjà fait. | |
Desgodets reprend le même dispositif que pour les cathédrales, qui
correspond aux principes liturgiques, à savoir un lieu de lecture pour
l’Epître, où seront lus les actes des apôtres notamment et un espace pour
la lecture de l’Evangile. | |
Desgodets apporte une description très précise de son plan. Il procède de
même pour tous ces édifices et insiste systématiquement sur la
distribution, qui ne relève pas uniquement de la liturgie, comme ici. | |
Les escaliers sont donc multiples puisqu’ils permettent d’accéder aux
espaces d’inhumation, aux combles, au Trésor notamment. Une fois encore,
Desgodets reprend le même dispositif que pour la cathédrale. | |
Depuis le XVIe siècle, les Oratoriens donnant
une impulsion à la musique religieuse, les orgues prennent de plus en plus
d’importance dans la liturgie. Desgodets reprend donc ici le dispositif qui
se développe alors avec la tribune d’orgue placée au fond de la nef. | |
Desgodets présente des chapelles qui ont une affectation particulière, ce
qui ne trouve pas dans les cathédrales. Il reviendra aussi longuement par
la suite sur la chapelle des communions, axiale. | |
Desgodets s’inspire de la chapelle de la communion de l’église Saint-Roch
édifiée sur les plans de J. Hardouin-Mansart à partir de 1707. Avec le plan
de cette chapelle de la communion qui est presque hors œuvre, Desgodets
montre une chapelle qui est ouverte facilement sur l’extérieur, sans avoir
à passer dans l’ensemble de la nef, grâce aux accès latéraux. | |
Pour ce principe de lanterne, Desgodets peut s’inspirer de ce que F. Mansart
a mis en œuvre dans la chapelle de la Visitation de Paris (1632) | |
Jusqu’au XVIIIe, le charnier double la capacité
du cimetière qui prolonge toute église. Le charnier est un petit local où
l’on rassemble les os secs. Voir sur ce sujet, Madeleine Lassère, Villes et cimetières en France de l’Ancien Régime à nos
jours, le territoire des morts, Paris, L’Harmattan, 1997, p. 17.
Ce type de charnier est encore visible aujourd’hui à Saint-Etienne du Mont
par exemple. | |
Il s’agit donc d’un autel et de son retro-autel. | |
Desgodets souligne les fonctions variées que peut avoir ce charnier :
dégagement pour les grandes fêtes, espace pour le catéchisme ou les
communiants. À chaque fois la fonction des espaces est précisée, ce qui
montre une nouvelle fois une bonne connaissance de la liturgie qui ne
s’arrête pas à la lecture du traité de Borromée, ce dernier n’abordant pas
ces points précis. | |
Desgodets montre la pluralité des fonctions de cette chapelle qui sert à la
fois quotidiennement et pour les grandes fêtes religieuses. Des accès
multiples sont donc nécessaires pour assurer une bonne circulation,
indispensable pour l’organisation du culte. | |
Une fois encore, Desgodets se montre au fait des dispositions liturgiques
les plus récentes. La communion fréquente étant souhaitée, après le concile
de Trente, des lieux pour recevoir le sacrement de pénitence, indispensable
avant toute communion, toujours selon ce concile, deviennent fondamentaux
et doivent être en grand nombre. Ch. Borromée en rappelle l’importance
(Livre I, chap. 23) et donne une description très précise sur la forme et
les matériaux de confessionnal. Desgodets en reprend les termes mais se
montre moins précis que l’archevêque de Milan. D’Aviler donne une
définition de ces confessionnaux : « C’est dans une eglise ou une chapelle
un ouvrage de mensuiserie composé d’un siège ou tribunal quelque fois fermé
à jour et recouvert d’un dôme ou d’un chapiteau avec un prie-Dieu de chaque
côté pour la confession auriculaire ; le tout porté par un marche pied. Les
plus riches confesionnaux sont ornés d’architecture & de
sculpture ». | |
Desgodets ne reprend pas ici les consignes de Ch. Borromée (livre I, chap.
28) qui prévoit un petit autel pour que le prêtre puisse se recueillir
avant la messe, ni d’une tablette pour poser les vases liturgiques.
L’architecte ne parle pas non plus précisément de la garde-robe pour ranger
les vêtements liturgiques, peut-être parce qu’il s’agit uniquement de
menuiseries. En revanche, il rappelle l’existence la piscine ou lavabo. | |
Desgodets insiste sur la variété des personnes officiant dans les églises
parroissiales. A chacun, il faut prévoir un espace particulier. | |
Desgodets entre dans les moindres détails mais montre aussi combien
construction et distribution peuvent être liées. | |
En distinguant la sacristie pour les messes basses des messes solenelles,
Desgodets multiplie les espaces pour faciliter le déroulement des
manifestions liturgiques. Charles Borromée ne projetait qu’une seule
sacristie dans les églises paroissiales et dans les cathédrales.
L’archevêque ne parlait de deux sacristies que lorsque les desservants
étaient en très grand nombre, ce qui n’est pas le cas dans les églises
paroissiales. | |
Les sacristies ne sont donc donc pas strictement séparées du reste de
l’église d’un point de vue architectural. | |
Traditionnellement la chaire, qui occupe une place fondamentale dans la
liturgie tridentine, est placée à droite de l’autel dans les églises
paroissiales. Desgodets ne s’attarde cependant pas sur ce meuble, dont la
décoration tant à croitre énormément alors, mais il est vrai que
l’architecte ne se préoccupe pas toujours des décors. Ch. Borromée
étonnamment n’est parle pas alors que ce meuble est appelé à devenir
fondamental dans les lieux de culte ouverts à un large public. D’Aviler en
donne en revanche une définition précise (à « chaire de prédicateur ») :
« siège élevé avec devanture & dossier ou lambris, ornée d’architecture
& de sculpture, de figures rondes, quarrées ou à pas de pierre, de
marbre ou de fer, couvert d’un dais, soutenu d’un cul de lampe, où l’on
monte par une rampe » et donne les exemples de Saint-Etienne du Mont et de
Saint-Eustache. | |
Desgodets se montre plus explicite dans sa description de la cathédrale.
Dans ce chapitre, le professeur insiste surtout sur les spécificités des
églises paroissiales, par rapport aux églises cathédrales ; il n’entend pas
se repéter. | |
Après avoir présenté le plan et les spécificités de son modèle d’église
paroissiale, Desgodets en précise les proportions. | |
Desgodets reprend le principe du module et, comme dans la cathédrale, va
préférer le diamètre du pilastre corinthien, l’ordre le plus riche, le plus
adéquat pour un lieu de culte accueillant des fidèles. | |
Soit 130 m. environ. Son église paroissiale est donc immense, la longueur de
Notre-Dame de Paris étant de 127 mètres. | |
Desgodets indique comme toujours en premier lieu les proportions générales
avant de donner les détails des proportions. Comme pour la cathédrale, il
commence par donner les proportions à partir de l’entrée pour reprendre la
démarche du visiteur. | |
Desgodets veille toujours à créer un lien entre intérieur et extérieur de
l’édifice. | |
Nous retrouvons les préoccupations de Desgodets pour les problèmes de
perception optique. | |
Desgodets souhaite se concentrer sur les seules proportions, associées à la
beauté architecturale. | |
Après avoir donné les proportions à l’intérieur de l’édifice, Desgodets
explique quelles sont les proportions à l’extérieur du lieu de culte. Cette
séparation stricte est d’autant plus nécessaire que le module évolue :
Degodets passe du diamètre du pilastre corinthien à celui du pilastre
ionique. | |
Pour l’église paroissiale, Desgodets préfère l’ordre ionique au corinthien.
Ce choix formel lui permet de distinguer le statut des lieux de culte. | |
Desgodets a toujours la volonté d’expliquer précisément les raisons de ses
calculs pour que les élèves puissent le suivre pas à pas. Il ne faut pas
oublier en outre que Desgodets avait souhaité développer une théorie
complète sur les ordres, reflet des travaux académiques. C’est l’origine du
Traité des ordres, conservé à la bibliothèque de
l’Institut, qui est présenté au jeune roi Louis XV en 1717. | |
Desgodets montre tout son pragmatisme en tenant compte des éléents qui
peuvent se voir en même temps. | |
Desgodets se montre très précis dans cette description compte tenu de la
difficulté à dessiner cette forme, et donc à faire exécuter par des
maîtres-maçons. | |
Par cette remarque, Desgodets explique combien il convient de se fonder le
plus possible sur des mesures stables, reconnues. | |
Desgodets aborde dorénavant des problèmes constructifs, complémentaires de
la commodité. Les fondations constituent une partie essentielle de toute
construction de batiment mais n’ont pas de véritable règle. Philippe de La
Hire dans son cours d’architecture se montrait beaucoup plus explicite
quant aux fondations, mais n’évoquait que les édifices privés. | |
Desgodets est constant dans ses remarques puisqu’il explique la même chose
pour les cathédrales. | |
Desgodet accorde une attention continuelle aux fondations comme le montrent
par exemple ses interventions sur le pont de Pirmil de Nantes : « Le 25
juin 1714, après ce qui a été transcrit ci dessus au sujet du pont de
Nantes, M. Desgodets et M. de la Hire le fils ont fait voir des desseins
pour l’arche qu’on propose de rétablir à ce pont proche de la tour de
Pirmil », P.V., t. IV, p. 53 ; voir aussi
Rousteau-Chambon Hélène, « Le pont de Pirmil au XVIIIe siècle et l’académie royale d’architecture », Bulletin de la société archéologique et historique de Nantes et de
Loire-Atlantique, 2001, t. 136, p. 163-178. | |
Desgodets apporte une remarque élémentaire mais ne donne pas de consignes
très précises, contrairement à Philippe de La Hire qui, dans son cours,
avait consacré un chapitre entier aux fondations et livré nombre de données
pratiques et techniques sur la construction (RIBA, ms 825, B. Institut, ms
8125, f°105-106) | |
Salubrité et solidité peuvent être liées et participer l’une et l’autre à la
construction de l’édifice. | |
Desodets avait fait la même remarque pour les cathédrales. Il est entendu
que pour les églises paroissiales, le problème est accru puisque les
cimetières ne sont pas encore réellement de mise. | |
Desgodets reprend explicitement le plan de ses propos sur la cathédrale. | |
D’Aviler (op. cit.) : « ouverture en glacis entre
deux jouées rampantes pour donner de l’air et un peu de frais à une cave ou
à un cellier ». | |
Est-ce la fenêtre en abajour dont d’Aviler (op. cit.)
donne la définition : « espèce de fenêtre en forme de grand soupirail dont
l’usage est d’éclairer tout étage souterrain, comme cuisines, offices,
cours, etc. » ? | |
Desgodets est beaucoup plus explicite dans ses choix de voutement que dans
la cathédrale pour laquelle il précise simplement que la voute de cette
partie est « sphérique » (p. 67), semblant indiquer qu’il s’agit d’une
coupole , terme qu’il n’emploie jamais. | |
Desgodets n’explique pas précisément le choix de ces différents types de
voutement. | |
De nombreuses personnes se faisant enterrer dans les églises paroissiales,
les escaliers sont en nombre important. | |
Charles Borromée (op. cit., chap. XXIII) ne prévoit
pas de chapelle pénitentielle mais simplement des confessionaux qui doivent
être d’un accès facile et situés dans les collatéraux. | |
Desgodets reprend une fois de plus une explication donnée précisément dans
son cours parallèle sur les ordres. Le dessin d’un hémisphère étant
prticulièrement difficile à réaliser, il insiste sur la régularité
nécessaire à ce type de dessin. | |
Desgodets précise une fois encore l’intimité des relations entre la
commodité-distribution et la fonction des édifices. | |
Desgodets donne cette fois les proportions liées à la hauteur des
édifices. | |
Il s’agit de la coupe transversale. Desgodets donne toujours pour plus de
précision une coupe transervsale et une coupe longitudinale. Le vocabuliare
architectural est alors en pleine construction. | |
La proportion du modèle d’église paroissiale qu’il donne montre des
proportions de ½ (largeur du chœur/hauteur). Comme toujours Desgodets donne
les proportions générales, de cette partie de l’édifice cette fois avant
d’entrer dans les détails | |
Il s’agit d’un nouveau dessin pour bien comprendre l’organisation de
l’édifice dans se smoindres détails. Desgodets explique ces différents
éléments afin de bien que son modèle soit réellement pédagogique pour tous
ceux qui seront confrontés à la construction d’un édifice religieux, mais
aussi pour que tous puissent examiner précisément les édifices religieux et
examinent les proportions, détails… des élèves de l’Académie. Il dresse
l’œil des élèves de l’Académie en quelque sorte. | |
Après l’étude du couvrement, Desgodets présente la couverture de ces
édifices. Il insiste à la fois sur la construction de cette partie de
l’édifice, primordiale ici (il revinet d’ailleurs par la suite sur ce
sujet) avant de s’intéresser aux proportions. | |
Desgodets revient sur des problèmes pratiques de construction des
couvertures. | |
Les mentions de matériaux sont rares par Desgodets, sans doute parce qu’il
envisage essentiellement la pierre dans ce type d’édifice. Néanmoins, il
prend en compte la diversité des matériaux qui peuvent être utilisés dans
les toitures. Nous retrouvons un intérêt identique dans le traité des
Toisés, cours qu’il assure parallèlement et qui influent considérablement
sur le coût de construction. | |
Il s’agit de la coupe transversale. | |
Selon d’Aviler, la croupe de comble : « c’est un des bouts d’un comble qui
est formé de deuxarrestiers à un ou deux poinçons. » | |
Il est très rare que Desgodets ne mentionne pas ce dont il parle sur le
dessin qu’il donne d’autant que la tribune des orgues trouverait pleinement
sa place dans une coupe transversale. | |
Il s’agit d’une des rares descriptions iconographiques que Desgodets livre
dans ce cours. Sa démarche est d’autant plus intéressante qu’elle permet de
voir qu’un architecte peut avoir des idées précises quant aux imades
indispensables dans les lieux de culte, indépendamment des demandes du
commanditaire d’une part et des souhaits des sculpteurs ou peintre. | |
Desgodets indique une disposition identique à ce qui se pratique dans la
cathédrale. | |
Desgodets commente véritablement le dessin qu’ul donne en parallèle. Cette
démarche conduit à un certain nombre de redite par arapport à ce qu’il pu
apporter préalablement et peut donner une impression d’absence de
structuration des propos. | |
Croupe d’église selon d’Aviler (op. cit.) : « partie
arrondie du chevet d’une Eglise considérée par le dehors, comme celle de
Notre-Dame de Paris ». Pour cette présentation desgodets a tendance à
passer assez souvent de la description intérieure à celle de l’extérieure,
sans doute pour que les élèves comprennent bien l’articulation de
l’édifice. | |
D’Aviler, op. cit., « endroit où deux combles se
joignant en angle rentrant et qui fait l’effet contraire de
l’arestier ». | |
Desgodets accorde une place considérable à cette chapelle de communion. Dans
cette description, tant pour le plan que pour al décoration, il semble
s’inspirer de la chapelle mariale dessinée par Jules Hardouin-Mansart dans
l’église Saint-Roch à Paris. | |
Desgodets alterne présentation précise de l’édifice et étude des
proportions. | |
Desgodets termine ainsi la description de cette partie clef de l’édifice. Il
va ensuite s’intéresser à d’autres epsaces de moindre importance, le
charnier pour lequel il n’apporte que des réflexions que la construction,
et surtout les caves avant de revenir à quelques détails sur l’extérieur du
bâtiment. | |
Desgodets revient à l’extérieur de l’édifice en étudianr quelques parties
spécifiques. Il commence par le socle , en donnant des indications sur les
plintes et le smoulures notamment. | |
Desgodets s’attache toujours aux aspects pratiques de l’architecture. Il
fait part aux étudiants d’observations longues et anciennes, montrant ainsi
combien l’ordonnancement d’un édifice répond à des nécessités pratiques. En
ce sens, Desgodets reprend une démarche déjà experimentée par
l’architecte-ingénieur Vitruve. | |
Après une étude précise du portique, Desgodets étudie la coupole, dans ses
proportions précises. | |
Desgodets présente à présent son dernie dessin d’ensemble, une coupe
transversale qui va lui permettre de revenir sur quelques éléments
fondamentaux de la distribution et de préciser quelques aspects qui ne
pouvaient être vus dans les autres dessins. Par cette démarche il montre
aussi combien les différents dessins sont complémentaires. | |
Desgodets applique ses réflexions sur l’optique à des voutes et non aux
proportions. | |
Desgodets n’apporte rien de plus dans ce commentaire, par rapport à ce qu’il
avait pu dire dans sa présentation du plan de l’église paroissiale. Il
s’agit d’un danger du systématisme absolu qu’il met en œuvre dans cette
description qui devient redondante. N’oublions pas non plus qu’il s’agit
ici d’un cours, Desgodets peut donc aussi choisir sciemment de répéter
d’une mautre manière ce qu’il a dit aux élèves pour que tous comprennent
bien son message. | |
Ce principe est fondamental pour Desgodets : les proportions son non
seulement soumises à la fonction de l’édifice mais elles le sont aussi à la
construction. La beauté est donc inféodée à la solidité. Mais de fait par
cette reflexion, Desgodets montre avant tout son pragmatisme… | |
Desgodets est bien un homme du XVIIIe siècle qui
commence à s’intéresser aux problèmes de salubrité, autre principe
vitruvien de la théorie architecturale et d’hygième. | |
Par cette coupe transversale, Desgodets peut aussi présenter des détails
architecturaux, à commencer par le portail | |
Desgodets précise à nouveau ce que doit être une iconographie convenable. Il
faut remarquer que dans les différents sujets de concours pour le Grand
prix, les élèves ne spécifient pas précisément la nature des décors.
Desgodets pousse très loin son degré de précision. Parallèlement, pour lui,
les thèmes iconographiques de la façade, élément fondamental dans une
architecture d’église surtout, et du chœur vont de paire avec ses recheches
poussées sur la commodité. | |
Une fois de plus l’aspect pratique l’emporte sur toute autre considération
dans l’accès à l’église. | |
Desgodets apporte une rare remarque sur le bon goût, thème débattu à
l’Académie royale d’architecture assez régulièrement. Desgodets livre ainsi
sa propre définition du bon goût aux académiciens : « M. Desgodets a lu à
la Compagnie un escrit intitulé : Du bon goust d’architecture. II définit
que le bon goust est une convenance proportionnée du tout avec ses parties
et de toutes les parties entre elles et avec leur tout, qui plaist dans
tous les temps sans variation. Il entre ensuite dans les principes
d’architecture pour donner à sa définition tout l’éclaircissement
nécessaire. » Par ailleurs, dans son cours sur les ordres, il apporte une
définition sur le bon goût, en introduction dans le manuscrit conservé dans
une collection privée et en « conclusion » dans le manuscrit conservé au
Riba. Desgodets dans son texte sur la commodité s’intéresse beaucoup plus
aux problèmes de convenance et de bienséance. | |
Desgodets s’intéresse plus particulièrement à l’ordre attique dans le
chapitre 11 de son Traité des ordres (BNF est. Ha 23). Il commence par
donner un historique de cet ordre controversé pour mieux en expliquer la
légitimité. 3 dessins explicitent ses propos. | |
Traité des ordres (BNF est. Ha 23), chapitre 10, « la proportion des statues
par rapport aux ordres d’architecture. » Desgodets y spécifie que les
statues peuvent, voire doivent être utilisées cite dans les « palais de
princes », les « edifices publics » ou encore les hôtels de ville par
exemple. | |
Desgodets va en donner une description très précise suivant le dessin, comme
souvent. | |
Dans ce paragraphe Desgodets n’apporte que peu de précisions
supplémentaires et se montre assez redondant. Il entend essentiellement
compléter ses propos précédents. L’édifice grâce à ses diverses
descriptions est perçu sous toutes ses faces. | |
Pour terminer sur les églises paroissiales, Desgodets procède de même à ce
qu’il avait pu faire pour son modèle de cathédrale, il insiste sur le
maître autel « principal objet » d’un lieu de culte. | |
Desgodets prône un autel à la romaine mais il insiste aussi sur le retour
essentiel à la tradition de l’église, ce qui permet d’expliquer son premier
chapitre sur l’histoire de l’église. | |
Comme pour la cathédrale, Desgodets donne ici des mesures absolues et non
relatives. Pour lui, les dimensions du maître autel et du perron sur lequel
il repose ne peuvent donc variées ; elles sont immuables qu’elle que soit
la taille de l’édifice. | |
Desgodets insiste sur les aspects pratiques de l’architecture. C’est à ce
titre aussi qu’il peut défendre sa présentation du mobilier liturgique.
Mais il est aussi possible de comprendre cet intérêt par une prise en
compte du fait que Desgodets porte un intérêt personnel à la chose
religieuse. N’oublions pas d’ailleurs que sa fille est religieuse au
Val-de-Grâce. | |
Desgodets ne fait que rappeler ici des éléments iconographiques qu’il avait
déjà présentés. Il entre néanmoins dans le moindre détail. | |
Desgodets choisit de sélectionner la représentation de saint Jean pour tenir
la suspense eucharistique alors que c’est souvent l’image d’un ange ou
d’une allégorie de la foi qui est retenue. | |
Desgodets insiste sur le fait que le peintre, le sculpteur et le stucateur
dépendent de l’architecte. Mais le professeur souhaite aussi peut-être
insister par ce biais sur le fait que les élèves doivent pouvoir diriger
tous les artistes et artisans. | |
Dans ce chapitre, Desgodets, comme toujours va commencer par une
présentation générale de ce type de lieu de culte avant de s’intéresser
exclusivement aux églises monastiques. S’il apporte quelques éléments quant
à l’architecture conventuelle, il s’intéresse essentiellement dans ce
chapitre, plus court que les précédents, à l’église elle-même (plan,
distribution, proportion, en partant toujours du général pour se focaliser
sur quelques éléments architecturaux révélateurs, dont le chœur). | |
Les ouvrages généraux sur l’architecture monastique ou conventuelle des
Temps modernes restent très peu nombreux. John Evans, (Monastic architecture in France : from the Renaissance to
theRevolution, Cambridge, University press, 1964). Les études sur
l’architecture religieuse restent rares. | |
Le fait que certains hommes préfèrent se couper du monde pour vivre de leurs
prières a été évoqué par Desgodets dans son introduction. Il préfère donc
dans ce chapitre insister sur quelques éléments structurels propres à ces
lieux de culte. Mais il faut avouer qu’il ne se montre pas très explicite,
contrairement à ce qu’il pratique d’habitude. | |
D’Aviler (op. cit.) apporte une définition au
terme couvent : « mot dérivé du latin conventus,
assemblée. C’est une grande maison surement batie qui consiste en une
église, cour, chapitre, réfectoire, cloître, jardin, dortoirs &ct où
des personnes consacrées à Dieu vivent sous une même règle. Les couvents de
Filles sont différents de ceux de garçons en ce que le chœur est séparé de
l’Eglise & qu’il y a des parloirs grillés pour n’avoir communication
avec les gens du dehors. Les couvents sont aussi nommés monastères ».
D’Aviler se montre beaucoup plus explicite que Desgodets dans la définition
et dans les spécificités de ces établissements. Desgodets va en revanche
séparer les églises « monacales », destinées aux hommes des églises
« conventuelles » destinées aux femmes, ce qui ne correspond pas à notre
classification actuelle puisque nous entendons monastère à la campagne et
couvent, pour des maisons en milieu urbain. Desgodets va se montrer le plus
explicite quant à la fonction et à la distribution de l’église. | |
Desgodets reprend le plan qu’il utilise à chaque fois dans sa
démonstration : il commence par donner le plan général de l’édifice et de
ses différentes parties, en liant toujours description et fonction de
l’édifice. | |
Le choix de l’ordre ionique permet d’apporter une modification par rapport
aux modèles de cathédrale et d’église paroissiale, mais il peut paraître
étonnant pour un établissement habité par des hommes. | |
Desgodets montre par ces quelques éléments les différences entre les églises
séculières et régulières puisque dans les églises « monacales » une
séparation entre les laïcs et les religieux est nécessaire. | |
Desgodets semble s’être inspiré de la structure mise en œuvre par François
Mansart à l’église de la Visitation (1632-1634) dans laquelle des marches
permettent de séparer clairement les religieuses placées en hauteur des
fidèles qui peuvent se trouver dans la nef. | |
Nous retrouvons ce goût de Desgodets pour les baldaquins qu’il prône pour
les autels majeurs de tous les édifices religieux. | |
Nous retrouvons cette attention de Desgodets à une distribution
judicieuse. | |
La chaire de l’abbé se trouve ainsi dans la même position que le siège des
prêtres dans les églises paléochrétiennes. | |
Oratoire selon d’Aviler (Op. cit.): « maison près de
la chambre à coucher, un cabinet de retraite accompagné ordinairement d’un
petit autel et d’un prie-Dieu. On a commencé à appeler oratoire, les
petites chapelles jointes aux monastères où les moines faisaient leurs
prières avant qu’ils eussent des Eglises ». La conception de l’oratoire est
donc radicalement différente chez les deux architectes. | |
La juxtaposition des termes de préparation et actions de grâce peut paraître
étonnante, l’un se référant à une action liturgique mais qui reste
pratique, l’autre à une prière, et donc au domaine religieux. | |
Cette distinction dans la disposition diversifiée des confessionaux, en
fonction du sexe des religieux ne figure pas dans le texte de Ch. Borromée,
op. cit.. | |
Dans son modèle, comme dans celui de l’église paroissiale, Desgodets conçoit
que l’extérieur de l’église « monacale » soit moins riche que l’intérieur
puisqu’il préfère ici le dorique au ionique. Il est vrai que le dorique
rappelle selon lui la noblesse et la simplicité, ce qui est adéquat pour un
portique. Sur le problème des ordres en façade dans les lieux de culte voir
Armin Krauss, Tempel und Kirche : zur Ausbildung von
Fassade und « portail » in der französischen Sakralarchitektur des 17.
und 18 Jahrhunderts, Weimar, VDG, 2003. | |
Dans son édifice « monacal », compte tenu de la faible largeur de l’édifice
et de la nécessité d’installer les religieux de plein pied avec l’autel,
Desgodets prévoit deux tribunes permettant de séparer les hommes des
femmes. C’est la structure que nous pouvons encore voir aujourd’hui dans
l’église Saint-Paul-Saint-Louis à Paris par exemple. | |
Les escaliers sont une nouvelle fois prévus en grand nombre pour faciliter
la distribution. | |
La présence de ces logements particuliers étonne dans cette église. Mais il
es vrai que certains religieux peuvent avoir des fonctions précises
nécessitant un espace particulier. Desgodets se montre ici assez
laconique. | |
Ce sont les seules indications données par Desgodets permettant de voir
qu’il s’agit bien d’un monastère et non d’une église isolée. Desgodets
s’inspire ici de la définition du monastère donnée par d’Aviler, voir
supra. | |
Desgodets revient très vite à sa préoccupation principale, l’église. Comme
il en a déjà présenté le plan, il s’intéresse dorénavant à ses
proportions. | |
Desgodets opère ici uniquement une description des proportions. | |
Même si églises paroissiales et monacales n’ont pas la même dimension,
Desgodets part du principe que les dimensions de l’autel doivent être
immuables. | |
Desgodets prévoit une grande variété dans les ordres mis en œuvre dans cet
édifice puisqu’il prône à présent l’ordre corinthien. Pour lui donc,
l’ordre corinthien est le seul convenable pour le baldaquin entourant le
maître autel, quel que soit le statut de l’édifice par ailleurs. | |
Comme il avait pu le faire pour son modèle d’église paroissiale dans lequel
les pilastres de l’intérieur étaient corinthiens et ceux de l’extérieur,
ioniques, Desgodets prévoit un aménagement pour qu’il n’y ait aucun choc
optique entre l’intérieur et l’extérieur de l’édifice. | |
Ce nouveau dessin permet d’insister sur les justes proportions qu’il faut
apporter à l’édifice. | |
Dans les églises cathédrales et paroissiales, Desgodets commençaient par
apporter des précisions sur le chœur, cette fois il commence par la nef,
| |
Desgodets, après avoir indiqué des proportions générales va amender sa règle
continuellement, ce qui rend la description complexe à comprendre,
contrairement à d’habitude. | |
Ces quelques mentions rappellent son intérêt pour les moulures que l’on
retrouve dans son traité sur le toisé. Mais il ne fait jamais état à ce
cours qu’il prononce parallèlement. | |
Il s’agit ici du dessin de la coupole. | |
Desgodets donne ici les proportions très détaillées de ces moulures, ce
qu’il ne pratique pas pour les autres édifices religieux. | |
Desgodets indique très précisément ce qu’il faut faire pour un trait
harmonieux de cette coupole. Il insiste tout particulièrement sur cette
partie de l’édifice, très difficile à réaliser par ailleurs. | |
Desgodets reprend aussi ce principe dans les églises paroissiales. Comme
pour les dimensions de l’autel, Desgodets adopte certains principes
constamment, parce qu’ils sont particulièrement symboliques de
l’Eglise. | |
Après la présentation générale, Desgodets précise certaines proportions. Il
en est de même pour les proportions des petites arcades et pour les
vitreaux. | |
Contrairement à ce qu’il pratique le plus souvent, les éléments décrits se
réfèrent au dessin suivant (3e dessin) que
Desgodets annonce beaucoup plus tardivement. | |
Comme toujours, c’est l’ordre donné dans le chœur qui constitue la
référence, le module, pour l’ensemble de l’édifice. | |
Depuis la page 203, Desgodets explique en fait ce dessin qu’il annonce donc
très tardivement. | |
Ce changement d’échelle a pour but de rendre plus compréhensibles les
diverses proportions, tant intérieures qu’extérieures, mais il ne facilite
pas la compréhension générale des proportions plus aisée pour autant ; il
est vrai que les hommes des Temps modernes ont l’habitude de changer
d’échelle. | |
Exceptionnellement, Desgodets ne se montre pas très clair ici. Il est vrai
qu’il rappelle des éléments déjà analysés précédemment et n’en donne ici un
résumé. | |
Il s’agit du même principe de réserve eucharistique. Desgodets ne prône pas
l’utilisation du tabernacle et se cantonne à la disposition ancienne. | |
Le choix de l’ordre corinthien pour les colonnes du porche peut étonner
puisque Desgodets prone l’utilisation de l’ordre ionique dans l’ensemble de
l’édifice par ailleurs. Est-ce simplement par souci de symétrie, pour
répondre au décor du baldaquin, ou est-ce pour souligner l’importance qui
doit être accordée à la musique tout particulièrement dans les églises des
ordres religieux ? | |
Ces couvrements successifs se retrouvent dans l’église de la Visitation
Sainte-Marie à Paris. | |
Selon d’Aviler (op. cit.), le corridor est un « Mot
donné de l’italien corridore, galerie. C’est une
allée entre un ou deux rangs de chambres, pour les communiquer & les
dégager, comme les corridors de l’hôtel royal des Invalides à Paris. »
Desgodets utilise souvent ces formes de dégagements dans ces plans donnés
pour modèles. | |
Nous retrouvons une fois encore cette attention aux aspects pratiques de
l’architecture. | |
Desgodets présente les deux dessins de la même planche avant de décrire
chacun des dessins, démarche assez rare chez lui. | |
Desgodets continue la description du document mais surtout rappelle des
éléments déjà vus dans les autres dessins. Il se répète non seulement pour
se montrer systématique mais aussi sans doute dans un but méthodologique :
même s’ils ont été distraits un moment, les élèves ne peuvent manquer de
bien comprendre la distribution et la construction de l’édifice. | |
Desgodets précise ici des éléments nouveaux quant aux proportions, par
rapport à ce qu’il avait pu énoncer auparavant. | |
Desgodets se montre très précis quant aux moulurations qu’il n’a pas
évoquées précédemment. Rien n’est laissé au hasard dans son modèle. | |
C’est une nouvelle et rare référence au cloître, auquel il ne s’intéresse
pas véritablement. Est-ce parce qu’il considère que rien de nouveau ne peut
être apporté, ou parce que la distribution du cloitre diffère trop en
fonction des ordres ? | |
Desgodets n’apporte pas beaucoup de précision quant aux motifs
iconographiques qui peuvent être développés dans ces édifices. | |
Desgodets indique un programme iconographique très traditionnel mais aussi
pauvre ; est-ce par respect d’une certaine pauvreté dans les ordres
religieux ? Si Desgodets peut s’appuyer sur les principes généraux du
concile de Trente et la recherche de réforme d’un certain nombreux d’ordres
religieux qui visent à une plus grande pauvreté, au XVIIe siècle surtout, il ne tient pas véritablement
compte de la diversité des ordres religieux. | |
Ce chapitre concerne les licences d’architecture. | |
Desgodets revient brièvement une dernière fois sur les bâtiments
monastiques. Il se montre donc très décousu dans ses propos. De fait, ces
continuels allers-retours montrent clairement que Desgodets ne s’intéresse
pas véritablement aux batiments monastiques, préférant de loin l’église. Il
n’évoque d’ailleurs que très peu la distribution et les proportions de ces
bâtiments. | |
Desgodets s’intéresse dorénavant aux églises et couvents de femmes. Pour la
bibliographie récente sur els couvents de femmes voir L. Lecomte, « Ni voir ni être vue, clôture et cura
monialium dans les couvents français aux XVIIe et XVIIIe siècles », Cl. Mignot, M. Chastenet (dir.), L’architecture religieuse européenne au
temps des réformes, Actes des deuxièmes rencontres d’architecture
européenne, Paris, Picard, 2009, p. 261-274 ; Ch. Aravaca, Règles de | |
Desgodets reprend évidemment un principe déjà énoncé auparavant mais ici, il
insiste sur la spécificité et la difficulté dans la distribution des
couvents de femmes, la nécessaire communion et la séparation entre les
hommes et les femmes. Il n’est donc pas étonnant que Desgodets insiste
autant sur ces points dans sa présentation générale, car la distribution va
en dépendre. Sur les établissements féminins et notamment le chœur voir
Laurent Lecomte, « « L’église intérieure », le chœur des religieuses en
France à l’époque post-tridentine », S. Frommel, L. Lecomte (dir.), La Place du chœur, Architecture et liturgie du Moyen Age
aux Temps modernes, Paris, Picard, 2012, p. 201-226. | |
Comme toujours Desgodets commence par donner une description générale de
l’édifice, et surtout de l’église conventuelle, avant d’apporter des
précisions quant aux proportions et aux caractéristiques intérieures et
extérieures avant de s’arrêter sur des éléments fondamentaux du mobilier
liturgique. | |
Il est étonnant que Desgodet propose un ordre corinthien puisque c’est
l’ordre déjà mis en œuvre dans les églises cathédrales et paroissiales et
que les religieuses, comme les religieux, visent normalement à une certaine
simplicité d’une part, et que le ionique, d’autre part est l’ordre féminin
par excellence. Il est vrai que Desgodets veut certainement distinguer ici
les couvents masculins, pour lesquels il prone le ionique, des couvents
féminins. | |
Desgodets, dans son modèle d’église conventuelle, reprend les principes déjà
donnés pour l’église monacale. | |
Ces chapelles peuvent prendre une importance plus grande puisque des
religieuses y accèdent. | |
Cette cloture du chœur est fondamental pour les religieuses. Il s’agit d’une
des principes les plus strictes pour les religieuses. Voir L. Lecomte, « Ni voir ni être vue, clôture et cura
monialium dans les couvents français aux XVIIe et XVIIIe siècles », Cl. Mignot, M. Chastenet (dir.), L’architecture religieuse européenne au
temps des réformes, Actes des deuxièmes rencontres d’architecture
européenne, Paris, Picard, 2009, p. 261-274 ; Ch. Aravaca, Règles de | |
Desgodets connait parfaitement les pratiques des religieuses et donc les
nécessités architecturales propres aux ordres féminins. Il est vrai que sa
fille Marie Françoise était entrée chez les religieuses du Val-de Grâce en
1713, après y avoir fait son noviciat. Son père avait alors versé la somme
de 6000 livres (AN MC etude CXVIII-382). | |
Compte tenu des spécificités des ordres religieux féminins, Desgodets
insiste sur la distribution du couvent, contrairement à ce qu’il fait pour
les établissements d’hommes. | |
Desgodets se contente de décrire précisément la coupe qu’il apporte. | |
Desgodets renvoit au chapitre sur les établissements masculins, les
« églises monacales », indiquant par là même la parenté entre ces édifices
séparés du monde. | |
L’importance des fenêtres dans cet édifice montre combien Desgodets prévoit
de donner une grande lumière dans ce lieu de culte. Cette lumière est
d’autant plus nécessaire que les religieuses sont isolées de la nef par une
grille, voire un rideau ; il faut donc que la lumière parvienne jusqu’à
elles. | |
Desgodets en arrive aux proportions et précise comme toujours la manière de
dessiner précisément ce dôme, la sphère restant la partie la plus difficile
à réaliser. | |
Desgodets indique les moulures de cette partie de l’édifice. Leur dessin
diffère très largement de ce qu’il proposait pour les « églises
monacales », montrant ainsi une variété de solutions. | |
Les églises conventuelles sont les seuls édifices pour lesquels, Desgodets
prévoit un espace pour des peintures. Sa source d’inspiration principale
vient sans doute de l’église du Val-de-Grâce dont la coupole est peinte par
Mignard et qu’il a pu voir lors de la prise de voile de sa fille notamment.
Le Val-deGrâce est d’ailleurs un étalissement religieux réservé aux femmes.
L’argument que Desgodets avance pour l’emploi de peintures permet surtout
de distinguer édifice féminin et édifice masculin. | |
Desgodets explique ici parfaitement le lien entre la suspension
eucharistique et l’autel, et la raison de cette proximité. | |
Desgodets se montre à nouveau pour la première fois très prolixe dans le
domaine du décor des stalles et de la menuiserie d’une manière générale,
indiquant par là même combien le décor est très important ici. | |
Desgodets par ce second dessin, commente les parties hautes et notamment la
couverture de l’édifice, reprenant pour une part ce qu’il avait déjà prévu
pour les églises paroissiales. Son commentaire du 2e dessin reste assez succinct. | |
Degodets, comme toujours insiste sur le dôme, élément fondamental des
parties hautes. Cette description est d’autant plus importante que cette
partie est difficile à réaliser et en même temps, que le dôme est
véritablement symbolique. | |
Degsodets précise une nouvelle fois ce qu’il en est des proportions
nécessaires pour les pilastres et trumeaux. | |
Dans la longue description de ce 3e dessin,
Desgodets reprend tous les éléments énoncés précédemment. Cette analyse
permet de réaffirmer un certain nombre de principes qu’il a pu avancer dans
les descriptions précédentes, pour les églises cathédrales et paroissiales
notamment. | |
Desgodets revient sur l’importance des relations entre relique et maître
autel, déjà largement évoquées pour la cathédrale notamment. | |
Par tous les éléments décoratifs prévus par Desgodets dans cette église pour
les religieuses, l’architecte donne un décor presque aussi important que
dans la cathédrale. Ce sont ces propos qui ont pu influencer les élèves
lors de la remise des prix (notamment en 1725, plan pour une église de
couvent de religieuses et 1726, portail d’église en plan, élévation et
profil). | |
Desgodets opère ainsi une synthèse de la pratique quant au maitre autel dans
les différents édifices religieux, rappelant la variété des situations en
fonction du statut des édifices. | |
Par la description de cette figure, Desgodets reprend ce qu’il a pu dire
auparavant sur cette église des religieuses. | |
Si l’introduction a constitué une part importante des propositions de
Desgodets, en revanche, le professeur n’apporte aucune conclusion. | |
Desgodets apporte une présentation générale en guise d’introduction. Le
propos de Desgodets est une fois de plus très novateur puisqu’il n’existe
pas d’ouvrage sur l’ensemble de l’architecture publique alors. Mais, si
l’on compare cette courte introduction avec celle donnée pour les édifices
religieux, il apparaît clairement qu’il accorde une moins grande importance
à ce type de batiments qu’aux édifices religieux. Depuis quelques années,
les études sur la typologie des bâtiments (J.C. Croizé, J.-P. Frey, P.
Pinon, Recherches sur la typologie et les types
architecturaux, actes de la tabe ronde internationale, Paris,
L’Harmattan, 1991) et sur l’architecture publique (K. Ottenheym, K. De
Jonge, M. Chatenet, Public Builduins in early modern
Europe, Brepols, 2010) trouvent un nouveau développement. | |
Desgodets entreprend son chapitre par des considérations générales. | |
La structure hospitalière est constituée de deux types de bâtiments. Les
hôtels-Dieu, historiques, d’inspiration religieuse, et les hôpitaux qui
sont créés en 1662. A cette date, avait été décidée l’installation d’un
hôpital dans chaque ville importante du royaume. Même si ce projet
n’aboutit pas totalement, des hôpitaux furent édifiés dans toute la France.
Ces hôpitaux sont alors conçus comme des lieux d’enfermement pour les
mendiants, enfants trouvés, prostituées. Dans son Dictionnaire, d’Aviler confond les deux structures puisqu’à
l’occurence « hôtel-Dieu », il renvoit à « hôpital » (« Grande maison qui
sert de retraite aux pauvres & aux malades autant pour le secours
spirituel que pour le temporel, composé principalement de plusieurs salles
contenant deux rangées de lits. Elle doit être exposée au Levant »). Il
n’empêche qu’au XVIIIe siècle peuvent
co-exister dans une même ville hôtel-Dieu et hôpital général (Lyon, Paris).
L’intérêt de Desgodets pour ces structures hospitalières est d’autant plus
d’actualité qu’un incendie avait ravagé l’hôtel-Dieu de Paris dans la nuit
du 27 au 28 avril 1718. | |
Desgodets va entreprendre cette partie en évoquant un des batiments publics
les plus anciens, les hôtels-Dieu. Voir sur ce sujet Dix
siècles d’histoire hospitalière parisienne : l’Hotel-Dieu de
Paris, 651-1650, Paris, 1961 (8 H 3764) ; Murielle Jeorges, « La
structure hospitalière de la France sous l’Ancien Régime », Annales, économie, Société civile, 1977, p.
1025-1051 ; F. Béguin, B. Fortier, M. Foucault, B. Kriegel, A. Thalamy, Les machines à guérir : aux origines de l’hôpital
moderne, Bruxelles, P. Mardaga, 1979 ; J. Imbert, Histoire des hôpitaux en France, Toulouse, Privat,
1982 ; Jean Imbert, « L’évolution de l’architecture hospitalière », Bulletin de la société française d’histoire des
hôpitaux, n° 48, 1984, p. 25-38 ; Daniel Hickey, Local hospitals in ancient regime France, Montreal, Mc Gill,
1997 ; Pierre-Louis Laget, Claude Laroche, L’hôpital en
France, histoire et architecture, Lieux dits éditions, (coll.
cahier du patrimoine n°99), Paris, 2012. | |
Desgodets n’est pas le premier architecte à donner un modèle d’hôtel-Dieu
puisque Philibert de L’Orme en donne aussi un dans son Premier tome de l’architecture (1567). Dans son plan cependant,
Desgodets place une chapelle au centre de la composition, mais il ne
prévoit que 4 bras de la croix délimitant d’un côté un cloitre et des
petits espaces circonscrits par les 4 salles des malades. Les bâtiments
dévolus aux soignants ne sont pas réellement séparés de ceux des malades,
contrairement à ce que propose Desgodets. Il est vraisemblable que
Desgodets se soit inspiré de de L’Orme pour l’aspect isolé de l’édifice
charitable puisque dans les deux cas, un pont permet de séparer
l’hôtel-Dieu du reste de la ville, pour des raisons sanitaires. Dans
l’hôpital des Invalides aussi existe une séparation stricte entre la ville
et l’édifice. Mais il s’agit de l’unique point commun entre ces deux
bâtiments. | |
Desgodets, comme d’Aviler, ne souhaite pas opérer de distinction entre les
deux types d’édifice alors que leur fonction diffère. Notamment les
hôpitaux généraux abritent des valides, ce qui n’est pas toujours le cas
dans les hôtels-Dieu. Cette différence a pourtant des conséquences
immédiates sur la distribution des bâtiments. | |
Desgodets livre un plan idéal, à l’extérieur de la ville, ce qui lui permet
d’organiser son édifice comme il le souhaite. Cependant, seuls les édifices
conçus pour les contagieux étaient placés hors les murs (maladreries,
léproseries) comme le fut par exemple l’hôpital Saint-Louis à Paris
(1607-1612). Après l’étude des sépultures dans les églises, Desgodets
montre son intérêt pour l’hygiène. | |
Desgodets opte dans cette présentation pour le terme le plus ancien. Il veut
aussi insister sur le fait que des malades viennent y séjourner, ce qui a
des conséquences quant au plan choisi. | |
Comme toujours Desgodets présente les différentes masses de son modèle en
premier lieu, insistant par là même sur son implantation. | |
Desgodets vise évidemment à séparer les religieuses du reste du personnel
soignant. | |
Desgodets sépare par une cour les espaces dévolus aux religieuses, de ceux
des soignants laïcs, et souvent des hommes. Ces espaces occupent le tiers
de la superficie destinée à l’ensemble hospitalier. Les salles des malades,
très nombreuses sont elles-mêmes isolés de l’espace dévolu aux soignants.
| |
Desgodets commence par commenter les salles des malades, mais la fonction de
ces pièces et le plan parfaitement régulier le conduisent à être assez
succinct sur ce sujet, contrairement aux parties affectées aux
soignants. | |
Cet espace carré qui permet d’avoir une cour pour se promener à l’intérieur
d’un espace fermé se retrouve à l’hôpital Saint-Louis. | |
Les plans adoptés dans les hopitaux peuvent être divers mais ils doivent
répondre au principe de séparation entre les hommes et les femmes, principe
réaffirmé lors du concile de Trente. Les plans les plus fréquents sont ceux
en croix grecque (Charité de Lyon, 1622) ou cruciforme (Carcassonne,
Châlons sur Saône, Mâcon, Dôle). Desgodets s’inspire de ce dernier modèle.
| |
Desgodets va revenir par la suite sur cette chapelle qui domine l’édifice.
La fonction religieuse est ainsi plus clairement soulignée. | |
L’hôpital reste un lieu où s’exerce la charité publique et demeure donc un
établissement religieux. Les cérémonies religieuses continuent d’ailleurs à
rythmer la vie hospitalière et les grandes salles des malades sont souvent
installées dans la contituité de la chapelle dans les hôtels-Dieu anciens
(Bourges, Châlons XVIe siècle) ou plus récents
(Baugé 1643-1651, Saint-Riquier 1717-1719). Pourtant après l’édit de 1545,
les fondations de nombreux hôpitaux relèvent des municipalités et non plus
des religieux. Desgodets semble avoir pris pour source et synthétiser dans
le plan qu’il donne, les informations données par H. Sauval (Histoire et recherche des antiquités de la ville de
Paris, Paris, Charles Moette, 1724, t.I, Livre V, p. 519-528) sur
l’hôtel-Dieu (pour son personnel) et celui de l’hôpital général
(Salpétrière, pour son plan). | |
Dans son plan, Desgodets cherche à séparer les pathologies différentes. A
Paris, les pestiférés notamment avaient été séparés des autres malades avec
la construction de l’hôpital Saint-Louis (1607-1612) dans un espace bien
aéré, et loin de l’hôtel-Dieu. | |
Cette disposition reprend évidemment celle des cloîtres monastiques. | |
Nous retrouvons une fois de plus la volonté hygiéniste et pratique de
Desgodets. Il envisage des petits pavillons individuels pour les latrines
et prévoit des aqueducs pour vidanger ces mêmes latrines. | |
Bien qu’il s’agisse d’un espace occupé par les religieuses, Desgodets
insiste sur la fonction liée aux soins, et à l’hôpital de manière générale
pour chacune des pièces qu’il décrit. N’oublions pas qu’il place la
fonction de l’édifice et son fonctionnement au cœur de sa réflexion, avant
même le parti architectural à adopter. C’est la fonction qui doit conduire
à une forme d’architecture, qui permet de fonder une typologie. | |
Desgodets décrit précisément toutes les pièces de son plan, insistant à
chaque fois sur la fonction de ces espaces. Il s’agit d’espaces plus ou
moins grands mais qui sont toujours rectangulaires. Il n’essaie donc pas
d’innover dans la présentation de ces pièces, mais attribue à chaque espace
une fonction, expliquant dans le détail quels sont les destinataires de
cette pièce. Desgodets va préciser les moindres détails de chaque pièce,
mais cette drescription très longue, et parfois fastidieuse, va conduire le
lecteur à perdre parfois le fil, à moins d’une lecture très attentive pour
suivre son plan. Cette difficulté est sans doute liée, en partie, au plan
complexe que propose Desgodets. | |
Nous retrouvons le goût du détail de Desgodets, qui s’occupe même du linge
pour les malades… | |
Tout est une fois de plus expliqué. Desgodets adopte un point de vue
pragmatique dans la distribution de ces espaces privatifs que l’on a par
ailleurs dans les édifices privés. Le cours sur ce thème par Desgodets
n’ayant pas été retrouvé, nous pouvons nous référer à un modèle que
Desgodets connaissait, celui de Philippe de La Hire (RIBA, ms 725, B.
Institut ms 8125). Les deux professeurs entendaient insister sur la
commodité des édifices, ce qui constitue par ailleurs une réelle
préoccupation du XVIIIe siècle. | |
Nous retrouvons une structure proche de celle des couvents de
religieuses. | |
Il est étonnant que Desgodets ne le prévoie pas explicitement dans le plan
donné, les malades ne pouvant en revanche, sortir de l’enceinte
hospitalière. | |
Desgodets se montre très laconique quant aux proportions, mais il donne des
mesures précises, en pied et non un module. Comme pour la description
générale du plan il commence par les salles des malades qui indiquent le
gabarit de l’ensemble. C’est donc bien cet espace qui permet de comprendre
l’édifice selon lui, c’est aussi ce qui en assure la spécificité. | |
Il est étonnant que Desgodets n’ait pas évoqué précédement ce qui concernait
les aménagements intérieurs. Est-ce pour ménager une forme d’équilibre,
comme il a pu le faire parfois pour les églises (exemple de la croix dans
la cathédrale dont la proportion est donnée lors de sa dernière occurrence)
? | |
Desgodets en profite pour donner quelques éléments constructifs simples. | |
Desgodets montre sa volonté d’adaptation au site, ce qui peut sembler
contraire aux dimensions qu’il a donné préalablement pour la largeur des
salles, qu’il indiquait pour optimiser l’aménagement de l’espace. | |
A l’étage, les religieuses bénéficient donc d’un couloir direct pour les
mener dans la chapelle, ce qui n’est pas prévu au rez de chaussée.
Desgodets tient ici compte de la fonction de l’édifice d’une part et du
fait que les religieuses soient régulièrement amenées à se rendre à la
chapelle nuitemment pour les offices. Par la distribution indiquée,
Desgodets sépare clairement l’activité caritative des religieuses, au rez
de chaussée de leur activité d’ordre spirituel ou privatif à l’étage. Ce
sont donc les étages qui permettent de séparer les deux fonctions. | |
Desgodets prévoit un éclairage zénithal, rarement mis en œuvre alors. | |
Desgodets accorde une large place à la lumière et à la circulation de l’air
dans cet édifice. | |
Ces salles communes permettent d’assurer une séparation stricte entre
l’espace privé des religieuses et celui tout aussi privé dévolu aux
chapelains. | |
Desgodets ne précisant pas que cet hôtel-Dieu est un bâtiment religieux, il
doit s’agir d’un édifice municipal, répondant à l’édit royal. L’économe
peut donc être un laïc qui occupe un espace séparé de ceux dévolus aux
chapelains, mais dont la fonction conduit aussi à être séparé du corps
soignant. Il en est de même pour le bureau des administrateurs. | |
Cette disposition peut sembler étonnante car jusqu’au XIXe siècle, le médecin ne réside pas
continuellement à l’hôpital. Il ne vient que pour faire des visites et
répondre aux cas d’urgence. | |
Desgodets prévoit donc aussi une séparation stricte entre médécins et
chirurgiens, séparation qui s’affirme au cours du XVIIIe siècle, ces derniers depuis le XVIIe bénéficiant d’un appui royal : Louis XIV
avait ainsi chargé le chirurgien, Pierre Dionis, d’enseigner l’anatomie de
l’homme, enseignement ouvert à tous, dans les jardins du roi. Voir R.
Taton, Enseignement et diffusion des sciences en France
au XVIIIe siècle, Paris, Hermann, 1964 ; P. Dumaître, Histoire de la médecine et du Livre médical, Paris,
Pygmalion, 1978 ; P. Gorny, L’aventure de la
médecine, Paris, J.C. Lattès, 1991 ; J. Clair (dir.), M. Lemire,
« Fortune et infortune de l’anatomie et des préparations anatomiques
naturelles et artificielles », L’âme au corps, arts et
sciences 1793-1993, Grand Palais 1993, RMN-Gallimard-Electa, 1993,
p. 70-101. | |
Desgodets insiste sur le fait que traditionnellement les chirurgiens
pratiques des dissections et bénéficient même d’une protection royale en ce
domaine. Il participe indirectement à l’opposition entre les médecins et
les chirurgiens. | |
Malgré cette précision, Desgodets ne peut s’empêcher d’indiquer les
principes qui régissent l’organisation de ce lieu de culte, indiquant même
les proportions générales. | |
Desgodets donne quelques indications concernant l’articulation entre cette
église et le reste de l’hôpital. Le plan centré est incontestablement celui
qui permet l’accès pour toutes les salles et permet en outre de séparer les
religieuses des malades pendant les offices. Les proportions de l’église
sont aussi calculées en relation avec les salles des malades, pour
compléter cette heureuse harmonie entre les différentes parties de
l’ensemble architectural. | |
Couvrement qui s’impose compte tenu de la forme du lieu de culte. | |
Nous retrouvons les mêmes préoccupations quant à la visibilité de la
consécration dans cet édifice que dans les autres lieux de culte. | |
Cette précision vise-t-elle à indiquer que les malades les plus atteints
sont placés à l’étage ? | |
Nous retrouvons les mêmes préoccupations quant à la commodité, à
l’aménagement des pièces et à leurs proportions que pour les salles des
malades du rez de chaussée. Desgodets tend à se répéter dans cette
présentation et à décrire les dessins les uns après les autres. | |
Desgodets entend apporter quelques précisions quant au lieu de culte, qui ne
constitue pourtant pas la partie la plus spécifique de cet hôpital et qu’il
a déjà présenté auparavant. Il va avoir tendance à se répéter mais sa
démarche montre clairement combien il apporte d’importance aux lieux de
culte et à leur variété de fonction. Pour chaque lieu de culte, il founit
d’ailleurs des plans différents. | |
Ici Desgodets évoque clairement un ordre attique, ce qui fait l’objet de
débats en 1709 entre Desgodets, Bullet et La Hire. Dans son Traité sur les
ordres (BNF est., ms ha 23a, v. f° 290),
Desgodets le définit comme « une forme d’ordre qui a son caractère
particulier qui ne se confond point avec les autres ordres, quoique l’ordre
attique ne doive point être mis en parallèle avec les autres parce qu’il ne
peut point être employé aux mêmes usages […] n’ayant que des Pilastres
adossés contre le corps de l’Edifice, et aussy en ce qu’il ne convient pas
être posé au Rez de chaussée n’étant destiné que pour servir dexaussement
[sic] au dessus d’un autre ordre […] » et ajoute que « « les architectes
modernes ont beaucoup perfectionné l’ordre atique et luy ont donné une
forme d’ordre qui a son caractère particulier qui ne se confond point avec
les autres ordres ». | |
Desgodets évoque ici une structure très ordinaire pour la coupole | |
La décoration adoptée est donc particulièrement simple. Desgodets n’apporte
pas de réflexion très précise quant à la décoration, si ce n’est
l’utilisation des ordres, contrairement à ce qu’il a pu faire dans le
modèle de cathédrale par exemple, pour lequel il prévoyait des peintures et
des sculptures. | |
Desgodets fait référence à son chapitre sur les églises paroissiales. | |
Desgodets se montre très précis dans son étude sur les proportions de la
chapelle. Il s’y montre beaucoup plus précis que dans sa présentation des
bâtiments hospitaliers et développe des propos traditionnels pour un
architecte, mais aussi pour lui qui s’intéresse beaucoup aux lieux de
culte. | |
Ce sont des arcatures selon notre terminologie actuelle. | |
Desgodets aborde enfin les principes de couvrement, insistant sur leur
variété dans cet édifice. | |
Desgodets ne se montre pas très précis quant à la charpente utilisée, sans
doute parce qu’il y adopte une structure très traditionnelle. Il ne précise
pas non plus explicitement le type de couverture qui peut être posé sur les
salles, plusieurs techniques pouvant être adoptées dans les toits
terrasses. | |
Desgodets montre son souci d’uiliser tout l’espace de l’édifice, si
nécessaire. | |
Il restait à Desgodet de présenter l’aspect extérieur de cet hôpital qui
reste très sobre. L’utilisation de l’ordre ionique peut cependant étonner,
l’absence d’ordre ou le dorique n’auraient pas étonné pour ce type
d’édifice. | |
Desgodets joue légèrement sur les masses de l’édifice, dans la plus grande
tradition de l’achitecture française, mais son intervention reste ici
minime. Il insiste essentiellement sur la sobriété de la décoration
extérieure. | |
Desgodets explicite aussi les proportions qui doivent être données en
façade. | |
Si Desgodets n’a prévu aucune décoration pour la chapelle de l’hôpital
(est-ce un oubli ?), il en prévoir une, en revanche, pour le tympan. Il
propose une allégorie significative qui renforce l’effort typologique qu’il
mène dans la présentation de tous ses modèles. | |
Desgodets ne fait pas véritablement de conclusion sur l’hôpital-hôtel-Dieu
mais il conclut sur l’importance de la sobriété architecturale et
décorative qui doit régner dans ce type d’édifice. Le modèle de plan de
Desgodets semble avoir été repris, et simplifié, dans l’hôpital général
construit à Douai (1750-1761) par Michel-François Playez. Les salles de
« consultations » sont elles aussi conçues en avant d’un long quadrilatère
tandis que les salles des malades sont installées en croix, avec une
chapelle circulaire au centre. Dans cet hôpital cependant, il n’y a que 4
salles (dans les 4 bras de la croix) alors que Desgodets en prévoit le
double. | |
Desgodets rappelle ici l’origine même des hôtels de ville à savoir des lieux
de commerce. Ce rappel est fondamental dans le cadre de son propos, la
distribution. Il pourra ainsi s’intéresser plus explicitement à la
présentation des hotels de villes en relation avec leurs fonctions. Il est
possible qu’il se soit inspiré à nouveau de l’ouvrae de Sauval (op. cit., T. II, livre IX, p. 479-484). Pour la
bibliographie sur les hôtels de ville, voir, Pascal Liévaux, L’architecture des hôtels de ville en France au XVIIe siècle, Thèse soutenue sous la direction de C.
Mignot, 1992 ; J.-M. Pérouse de Montclos, Hôtels de ville
en France : de la curie romaine à la mairie républicaine, 20 siècles
d’architecture monumentale, Dexia Editions, Imprimerie Nationale,
2000 ; pour l’hôtel de ville de Paris que Desgodets doit mieux connaître,
J.-J. Levêque, L’hôtel de ville de Paris, l’histoire, le
musée, Paris, 1983 ; C. Steeves, The hôtel de
ville of Paris : the architecture, urbanisme and politics of François
I, Anne Harbor, 1996. | |
Desgodets fait peut-être référence à l’hôtel de ville de Marseille qui est
placé sur le port. Commencé en 1653, la construction se termine dans les
années 1670. La loge des marchands est installée au rez-de-chaussée tandis
que la salle du conseil est installée la salle du conseil municipal. | |
Par cette référence, Desgodets montre l’étendue et la variété de ses
connaissances. Il indique aussi combien l’économie s’est transformée depuis
le XVIIe siècle avec le développement du
commerce maritime. Les villes de Bordeaux ou de Nantes notamment profitent
tout particulièrement de ce développement. | |
Desgodets se contente d’évoquer la fonction commerciale dans les hôtels de
ville. Il oublie de rappeler l’origine des hôtels de ville, c’est-à-dire la
volonté d’émancipation des communes, vis à vis des seigneurs. Il est vrai
qu’à partir du XVIe siècle surtout, le roi
s’impose dans les villes par des interventions de plus en plus fréquentes.
Il n’est pas anodin d’ailleurs que Desgodets parle d’un modèle d’hôtel de
ville après celui d’un hôtel-Dieu. Dans son esprit, les hôtels de ville
doivent relèvent de l’autorité royale. D’ailleurs en 1692, Louis XIV avait
transformé les magistratures municipales en offices vénaux. | |
Desgodets explique d’emblée son choix : s’intéresser en premier lieu à
l’étage noble qui correspond le mieux à la fonction première du modèle
donné. Il ne procède pas tout à fait de la manière à ce qu’il avait fait
pour pour les édifices religieux ou pour l’hôtel-Dieu, mais se concentre
sans doute mieux ainsi sur son fil conducteur, la distribution. | |
Desgodets rappelle ainsi un principe élémentaire dans l’art de distribuer,
il faut commencer par le plus important. | |
Desgodets dans cette présentation reprend les plans de la Renaissance
italienne de Filarete, Francesco di Giorgio, comme cela est fait
communément, (voir Pascal Liévaux, L’architecture des
hôtels de ville en France au XVIIe siècle, Thèse soutenue sous la direction de C.
Mignot, 1992, p. 93). Il donne aussi la forme générale des hôtels de ville
qui se construisent le plus généralement aux XVIIe et XVIIIe siècles. En rentrant
d’Italie, il avait pu voir celui de Lyon (1646-1654, restauré au début du
XVIIIe siècle) notamment et connaissait
celui de Paris (1532-1549 puis 1606-1628) qui correspondent l’un et l’autre
à ce schéma général. Par ailleurs, l’architecte Le Carpentier reprend aussi
ce type de plan dans son projet pour l’hôtel de ville de Rouen, Vincent
Droguet, « Le projet d’hôtel de ville pour Rouen par l’architecte
Antoine-Mathieu le Carpentier », in Hélène Rousteau-Chambon (dir.), Jacques V Gabriel et les architectes de la façade
atlantique, Paris, Picard, 2004, p. 203-224 | |
Les nombreux escaliers visent à faciliter la circulation verticale mais
Desgodets veille évidemment à souligner l’importance de la convenance avec
des escaliers vastes et grands qui desservent les pièces nobles et les
escaliers. | |
Desgodets indique tous les espaces facilitant la distribution. | |
Desgodets n’indique que des proportions générales, assez banales. Voir F.
Bergot, L’Hôtel de ville de Rennes : une oeuvre de
Jacques Gabriel, Rennes, 1963 ; L. Jacquemin, Lyon, palais et édifices publics, ed. de la Taillanderie, 1987;
G. Fessy, L’Hôtel de ville de Lyon, 1998. | |
Desgodets mêle ici distribution et explication de la structure. | |
Desgodets rappelle de manière à la fois synthétique et précise, toutes les
fonctions de l’hôtel de ville. | |
Desgodets s’intéresse pour une fois très succinctement à la chapelle, dans
l’œuvre | |
Les décors éphémères sont toujours cruciaux dans les fêtes. A Lyon par
exemple, un peintre était rétribué annuellement pour des travaux de décors
peints. | |
De même que dans les édifices alors dessinés, le vestibule, dans le cours de
Desgodets, restait au centre de l’aile d’entrée et permettait d’accéder à
un escalier monumental. | |
Desgodets est donc constant quant au module à adopter pour les
proportions. | |
Par l’utilisation de l’ordre ionique, Desgodets souhaite montrer un côté
plaisant à ce bâtiment, lié fondamentalement au commerce, comme il l’a
indiqué d’emblée. | |
Desgodets suit les principes de description qu’il a toujours donnés, après
le plan de l’édifice, il en indique les proportions. | |
Desgodets montre combien son plan répond à la commodité. | |
La séparation entre les cours basses et cours d’honneur apparaissent dès les
premières années du XVIIe siècle en France ;
Desgodets adopte explicitement le même principe dans l’architecture
publique un siècle plus tard. | |
Desgodets multiplie les escaliers pour permettre une circulation verticale
aisée. Il insiste bien sur la nécessaire séparation entre l’espace de
réception, et l’espace dévolu aux fonctions administratives. | |
L’escalier monumental joue toujours un grand rôle d’un point de vue
architectural ainsi que pour les cérémonies et la pompe édilitaires (Pascal
Liévaux, L’architecture des hôtels de ville en France au
XVIIe siècle, Thèse soutenue sous la direction de C.
Mignot, 1992, p. 93) Ce type de perron se trouvait en façade du parlement
de Bretagne édifié par Salomon de Brosse en 1618, qui fut détruit par
Jacques V Gabriel, lors de la construction de la place royale pour que ce
perron ne gêne pas optiquement la visibilité de la statue de Louis XIV
(1725). Desgodets devait être au fait de cette modification. | |
Desgodets entre dans les moindres détails quant à la commodité. | |
Desgodets s’est aussi bien renseigné sur le fonctionnement d’un hôtel de
ville, mais il montre combien il est important de veiller au confort des
uns et des autres, par le biais d’une architecture adéquate. Il a pu une
nouvelle fois s’inspirer de l’Histoire de Sauval
(op. cit.) qui est cependant peu explicite quant au fonctionnement précis
de l’hôtel de ville. | |
Desgodets ne cherche pas à lui donner un nom précis. | |
Par cette description, Desgodets la diversité des tâches administratives
accomplies dans l’hôtel de ville. | |
Compte tenu de la précision de cette description, il semble que Desgodets
pouvait ne pas montrer de plan, ou encore qu’il se contentait de décrire le
plan qu’il avait sous les yeux aux élèves de l’Académie. | |
Le cours s’achève ainsi. Il manque donc à ce cours, les descriptions des
différentes élévations sur cours et sur rue, et vraisemblablement les
coupes. Il est vraisemblable aussi que Desgodets avait poursuivi son cours
par une étude approfondie de la chapelle de l’hôtel de ville, seul parti
pris résolument innovant dans le projet de Desgodets. Desgodets en effet,
contrairement à ce qu’il pratique pour les autres bâtiments, n’apporte que
fort peu de réflexions nouvelles aux élèves de l’Académie, en ce qui
concerne les hôtels de ville. Desgodets avait aussi prévu d’exposer la
distribution d’un parlement puisqu’il en présenta le plan le 10 mai 1728,
aux académiciens « M. Desgodets a fait voir à la compagnie un plan qu’il a
dressé d’un palais de parlement pour servir de leçon aux estudians de
l’Académie », (P.V., t.V, p. 25) mais il mourut
quelques jours plus tard. Il ne reste aucune trace de ce cours mais
subsiste la description qu’il en a faite aux académiciens : « Ce plan est
distribué de manière que toutes les juridictions renfermées à Paris dans
l’estendue du palais sont contenues dans un espace de dix sept arpens
seulement et ménagé de telle sorte, par la distribution, que toutes les
pièces nécessaires à chaque juridiction se trouvent dégagées et se
communiquent de plein pied par des galeries sans monter ni descendre » (Op. cit., p. 26). |
« Or Caïn dit à son frère Abel : Sortons dehors. Et lorsqu’ils furent dans
les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua. », , Chapitre 4, verset 8. | |
, p. 30. et Anthony Vidler. L’espace des lumières : architecture
et philosophie, de Ledoux à Fourier. Paris : Picard, 1995. 327 p..
Chercher ici les sources de Desgodets pour citer l’exemple du Nord.
Comparer également avec d’autres traités. La référence au climat est notable. | |
Hénoch, « Et ayant connu sa femme, elle conçut et enfanta Hénoch. Il bâtit
ensuite une ville qu’il appela Hénoch, du nom de son fils. », , chapitre IV, verset 17. | |
, livre... | |
Écrit "garderobe". |